Sans que je tienne à entrer spécialement et in extenso dans le débat, je crois que l'amour libre, c'est surtout dans 90% le résultat du fait que l'un des deux ne laisse pas vraiment le choix à l'autre, lequel ne peut qu'accepter ou voir l'autre partir.
Je ne doute pas qu'il y ait des cas où, parmi les deux partenaires, les deux vivent autant l'un que l'autre des relations supplémentaires, mais je doute que ce soit la majorité.
J'ai plutôt tendance à croire qu'en général, d'un côté, on a celui qui a envie de batifoler (j'ai rien contre sur le fond, hein) mais qui n'a pas envie de (trop) se fixer, alors que de l'autre, on a celui ou celle (plutôt celle, en général, si on ne se ment pas), qui souhaite fixer le gars et qui accepte ça, dans le secret espoir que ça devienne un "vrai couple".
Alors, il est vrai que je n'ai pas d'expérience en matière d'amour libre/couple ouvert, mais au fond, ce type de relation n'est pas très différent qu'une relation de sex-friends. Du sexe sans engagement. Et dans pratiquement toutes les histoires de fuck-friendage que j'ai eu, il finissait par y avoir un déséquilibre, puisque l'un finissait par vouloir plus, ou finissait par faire comprendre qu'en fait, elle avait voulu plus.
Donc, j'y crois moyennement. J'ai surtout l'impression que l'amour libre, est un bon cache-misère pour une relation de pouvoir qui ne dit pas son nom. Et dont le "libriste" n'a d'ailleurs probablement souvent même pas conscience. Après tout, il a été clair et ouvert, il a sa bonne conscience pour lui, indépendamment du rapport de pouvoir qu'il ne voit pas, ou qu'il ne veut pas voir. Le rapport déséquilibré est pourtant bien souvent présent, et ça je l'ai vu.
Pour finir, @Blusher, si tu permets, deux remarques sur ton intervention:
1) Envisager un rapport de couple comme un rapport exclusif ne signifie pas nécessairement qu'on considère que l'autre nous "appartient" (comme tu le suggères par ce que je trouve être un raccourci).
2) Plus sur le fond: tu parles de ce qui est légitime ou non légitime, mais la légitimité est affaire de morale/éthique (par opposition au légal, qui a trait au droit) et dans ce sens, elle relève des valeurs propres à chacun. Ce qui est légitime pour toi ne l'est pas pour l'autre. Dans ce cas précis, si pour l'un (toi) la jalousie est fondamentalement illégitime, pour d'autres (ceux qui ont une vision classique du couple), ce qui est illégitime, c'est la relation non exclusive.
Attention donc à ne pas ériger en principe universel ce qui n'est autre chose que ton propre ressenti du juste/pas juste. La jalousie ne peut d'ailleurs pas être légitime/illégitime, pour la simple raison que la jalousie n'est rien d'autre qu'une émotion. J'ai déjà lu plusieurs de tes interventions où tu sembles considérer que la logique du couple exclusif n'est rien d'autre qu'une expression de jalousie. Je pense que de ce point de vue, tu te trompes totalement. Les modèles sociologiques (tels que le couple, mais aussi la famille, ou le rapport patron-employé) n'ont rien à voir avec (et ne sont pas l'expression de) une émotion quelconque. Considérer les choses ainsi serait sous-estimer la force de ces mêmes modèles

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La conception occidentale du couple (couple monogame librement choisi et consenti, et fondé sur un sentiment amoureux) repose sur un système de représentations (ce que les historiens auraient naguère appelé les "mentalité") et ceci n'a rien à voir avec une affaire d'émotions/jalousie mais plus généralement, bien au-delà, de culture. On est sur deux plans conceptuels totalement différents.
Tu remarqueras toutefois qu'après ce long détour, je te rejoins sur un point. La relation exclusive n'est pas plus "naturelle" qu'une relation non exclusive, puisqu'elle n'est autre chose qu'une construction culturelle. Contrairement à toi, en revanche, je ne crois pas que l'une soit plus juste que l'autre.
Bon, bah finalement à force d'edits, je suis quand même entré
in extenso ...
