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We are men

Posté : 16.07.13
par Citeriae


J'ai hâte de regarder cette série qui débuttera début septembre, et de voir tous les clichés dont elle regorge! :lol:

(le synopsis d'allocine: "Les exploits d'un jeune homme qui apprend sur la vie au contact d'hommes plus âgés et expérimentés au sein du complexe de location où il travaille...")

Qu'en pensez-vous?

Re: We are men

Posté : 17.07.13
par Phoebus13
Je dois regarder la télé 30 minutes par mois à tout casser, donc les séries télé pas pour moi.

Par contre, j'ai vu la bande annonce à partir de ton lien, et apparemment c'est encore une Xième production américaine sur le thème : "Vous vous êtes tellement fait piquer vos nanas par des mâles alpha, à vous maintenant d'apprendre à devenir un mâle alpha".
Non seulement c'est un grand classique US, ça fait partie des choses qui se vendent le mieux, mais en plus c'est la base même de tous les manuels de séduction... et des forums de séduction dont celui où nous sommes.
Alors, quand il m'arrive (rarement) de regarder la télé, c'est quand je fais du repassage, vraiment pour avoir un truc en toile de fond (et oui, je repasse moi-même... encore un truc qui ne me met pas dans la catégorie "alpha"...). Et là parfois je tombe sur des documentaires animaliers (c'est encore plus adapté au repassage que les séries policières allemande ou les Feux de l'Amour, je me demande même si ce n'est pas fait exprès pour ça).

Et on apprend beaucoup de choses, dans les documentaires animaliers.
Que ce soit chez les singes, les lions, les loups, etc, les animaux qui vivent en meute sont structurés en mâle alpha, mâles dominants secondaires, mâles dominés, femelle alpha, femelles dominantes secondaires, femelles dominées. Quiconque a un animal domestique, quand il l'emmène chez un dresseur, l'une des 1ères approches du dresseur sera de déterminer si cette bête est "dominante" ou "dominée", dans son comportement par rapport aux animaux de la même espèce.

Le mâle alpha (le chef de la meute), il se tape la plupart des femelles, mais il en laisse quelques unes aux mâles dominants secondaires (parce qu'ils peuvent lui servir d'appui en cas de lutte avec un autre clan, pour la chasse, etc). Les mâles dominés, ils ne se reproduisent pas, parce qu'ils se font sans arrêt éjecter par le chef de la meute ou par l'un de ses sbires, dès qu'ils approchent une femelle.
La femelle dominante, c'est elle qui décide qui parmi les autres femelles doit se reproduire. Elle essaye toujours d'y passer en 1er (sauf si elle est une femelle alpha trop âgée pour ça), et elle bénéficie de la protection du mâle alpha. Les autres femelles sont "réparties" entre chef de la meute et les mâles dominants secondaires.

La position du mâle au sein du groupe (alpha, dominant secondaire, dominé) est déterminé par la force. Certains seront des dominés de naissance, une blessure peut faire qu'un "dominant" est rétrogradé à "dominé", et le mâle alpha, lorsqu'il est trop vieux, peut se faire éjecter du groupe à la suite d'un combat en duel, où un autre "dominant" a pris sa place.
C'est la loi de la nature.

Maintenant, il a été observé la chose suivante dans un zoo, où les singes formaient un groupe d'une centaine de membres. A partir d'un certain seuil, ce n'est plus la force qui fait la position du mâle. Le groupe est dominé par plusieurs alphas, qui ont chacun leur harem, mais pour fédérer tous ces alphas sous la même autorité, il y a un chef, un ancien alpha devenu plus âgé, mais qui au lieu de se faire éjecter, a su utiliser la ruse et la persuasion pour se maintenir au pouvoir. Et un peu de diplomatie aussi : il a fait comprendre aux autres mâles alpha, plus jeunes, que malgré sa faiblesse liée à l'âge, il peut encore servir de chef puisque c'est lui qui fédère tout le monde, qui assure la paix dans le clan, etc.
=> On pense que c'est de là qu'est né le langage, la politique, mais aussi la séduction.

Chez les hommes de la Préhistoire, on sait que très tôt les tâches étaient réparties entre les mâles : certains avaient la force physique, d'autres avaient l'ingénierie (fabriquer des outils), d'autres le sens politique (ils faisaient croire qu'ils avaient le don de parler aux dieux, etc, en fait ils avaient un rôle d'observateurs de la nature et d'organisateurs, pour trouver les bons plans pour suivre les troupeaux de gibiers, pour connaître les saisons, etc).

Chez l'homme actuel il n'y a pas que la force qui compte. Il y a aussi l'intelligence pure, et l'intelligence relationnelle. Les mecs qui ont de la tchatche, sans être très baraqués et sans être bardés de diplômes, en général ils ont plus de succès, et professionnels et auprès des femmes. Le patron qui fantasme sur "le mec que je vais embaucher pour tel poste, je voudrais qu'il soit bardé de diplômes", et qui finalement embauche un bonimenteur qui l'a bluffé, c'est très fréquent. La fille qui rêve d'un mec au physique de surfeur australien, et qui se fait tirer par le 1er dragueur de rue venu, c'est assez fréquent aussi.

Donc, en fait, il y a mille et une façon chez un homme de devenir un "dominant". Etre un "dominé" n'est pas une fatalité lié à la force physique comme dans le règne animal.
Par contre, ce qui est toujours recommandé (plus ou moins consciemment) dans les manuels de drague (mais aussi dans tous les manuels sur le thème "comment réussir"), c'est de laisser parler le côté animal qui est en nous (ne pas trop analyser, ne pas trop avoir peur des risques, etc).

Idem pour les femmes. Je ne développe pas ici parce que le sujet partait des mecs, mais on peut dire à peu près la même chose sur "comment devenir une femme dominante".

Re: We are men

Posté : 17.07.13
par Terrigan
Pas besoin d'avoir des aprioris négatifs sur cette série. On verra bien ce que ça donne, notamment si c'est écrit avec un minimum de finesse.

Ceci dit, parce que les aprioris négatifs c'est quand-même rigolo:

@Phoebus: si la série se met à mélanger la masculinité avec la dominance, je crois que je regarderai la série pour m'endormir. A défaut de moutons qui sautent la barrière, je compterai les clichés qui bondissent fièrement sur l'écran...

Et sinon je pense que c'est un signe des temps. La pop culture vient de passer une cinquantaine d'années à décrire la femme comme une sorte de héros mythologique, sortie aux prix de combats épiques de son statut de potiche domestique pour se heurter aux problèmes contradictoires de la vie active et de la maternité, je crois que par effet de bande, on est bien partis pour une bonne cinquantaine d'années à voir sur les écrans les questionnements intimes et parcours initiatiques de mecs qui essayent de retrouver ou réinventer l'image d'épinal du mec à poigne...

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Le bon vieux temps...

Sur le principe ce n'est pas plus con qu'autre chose.
Petit plus produit: la vielle ficelle narrative de l'émergence d'un héros...

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Mélangée avec la ficelle de l'ironie de la vie en général et du bordel de la vie amoureuse en particulier

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Avec une grosse dose de mec pas doué pour augmenter les effets comiques:

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Une recette qui a fait ses preuves.

A l'heure où l'organisation de cinq putains de dîners qui servent à rien est mise en scène comme l'aventure de toute une vie, (très bonne idée au demeurant, qui renouvelle complètement le format des émissions de cuisine) quelque-chose me dit qu'il y a de quoi chier de la pellicule au kilomètre :mrgreen:

Dernière remarque: si la série est bien ficelée, ça peut être aussi pertinent que Desperate Housewives par exemple. Et Dieu sait que le principe de départ, des mères de familles qui se font chier dans leur quartier résidentiel, ne donnait pas faim :blbl:

Re: We are men

Posté : 17.07.13
par Phoebus13
Terrigan a écrit : si la série se met à mélanger la masculinité avec la dominance, je crois que je regarderai la série pour m'endormir
(...)
ou réinventer l'image d'épinal du mec à poigne...
En fait "dominant" ne veut pas forcément dire "à poigne".
Si j'ai parlé des animaux au-dessus, c'est pour rappeler que l'homme a inventé le langage, en grande partie pour le substituer au rapport de force.
=> Je connais énormément de mecs qui n'ont rien de particulier sur le plan intellectuel, mais une bonne dose de sens de la stratégie + une surdose de tchatche, et qui réussissent très bien dans leur vie professionnelle (le mec qui a le sens de la stratégie sans la tchatche, ça s'appelle un spin doctor ou un mec de l'ombre).
=> Je connais énormément de mecs qui sont des personnages dignes d'un sketch des Inconnus, rien dans la cervelle, rien dans les bras, mais que de la tchatche, qui réussissent auprès des nanas (attention : pas auprès de toutes les nanas, mais auprès de celles qui sont attirées par les tchatcheurs).

Mais attention ça ne fait pas tout.
Un piège dans lequel tombent pas mal de mecs sur ce forum (et ailleurs), celui de la validation : "Elle a rit de ma blague pourrie, donc c'est que je lui plais".

Dans mon métier il m'arrive souvent d'être dans des phases de négociation, avec d'un côté moi + d'autres personnes (y compris des femmes, de tous âges je précise), et de l'autre côté un autre groupe (idem).
Lorsqu'en face il y a un mec qui est hâbleur (tchatcheur) et essaye de nous embobiner sur un dossier, les femmes de mon "groupe" tombent pratiquement tout le temps "sous le charme"... mais sur l'instant, et uniquement lorsqu'elle sont face à ce mec. Mais immédiatement après la phase de "confrontation", lorsqu'on en discute entre nous, le rationnel reprend le dessus, et ce retour au rationnel est formulé par l'une des femmes comme :
"Oh là là vous avez vu le mec ! (rires entre femmes) Lui il nous a fait un de ces shows, on a bien rigolé, hein !? (sourire en coin aux autres femmes)... Bon mais c'est pas tout parce que ce type nous a menti sur tel et tel aspect du dossier (acquiescement des autres femmes)"
Bref : les femmes adorent qu'on leur fasse un petit numéro de séduction (séduction dans le sens drague, ou dans un sens "professionnel"), mais elles ne sont pas forcément dupes, le rationnel est toujours là même si elles laissent paraître le contraire, et surtout, elles remarquent des détails que nous ne voyons pas.

Prenons la situation inverse : dans une négociation, dans le groupe en face celle qui mène la négociation est une nana qui, en plus d'avoir bac++, est dotée d'un très beau physique.
=> Les mecs se laissent plus facilement embobiner, prennent plus facilement des vessies pour des lanternes. Donc s'il y a des femmes dans leur groupe à eux pour les calmer dans leurs ardeurs, ça évite de prendre de mauvaises décisions et de se faire embobiner par le groupe en face.

(Anecdote un jour négociation sur un dossier qui pesait plusieurs millions, la femme en face est polytechnicienne + physique 9/10 + bagout extraordinaire. Je me rends compte qu'elle ment effrontément sur un truc, je ne la lâche pas, je démonte point par point son argumentation... Elle me fait le coup des yeux limite au bord des larmes... J'ai dû passer la relève à une femme qui était à côté de moi, et qui a continué à démonter son argumentaire)

Moralité : dans une négociation, il faut toujours avoir des femmes de son côté.

Bon, mais quel rapport avec cette série ?

Encore un truc où on fait croire aux mecs que "ce qui compte avec les nanas, c'est d'avoir de la tchatche, du bagout, de l'assurance, etc" (en tout cas c'est ce qui ressort de la bande annonce)
Or ce n'est pas suffisant.
(Et c'est pourquoi je ne crois pas du tout au street pick up, ça fait vraiment petit rigolo qui fait rire les filles, mais passe quand même pour un rigolo de service).
Les femmes ne veulent pas forcément des "mecs à poigne", ni des mecs qui les font rigoler, elles veulent surtout des mecs qui savent s'affirmer, qui ne se laissent pas prendre trop facilement à leurs jeux de séduction ou de contre-séduction.
(D'où les nombreux push-pull)

Par contre, là où ce genre de série peut avoir du succès...
"Desperate Housewife", ou "Un dîner presque parfait", c'est exactement le genre de séries où la nana (et éventuellement le mec) regarde, non pas pour le contenu en lui-même, mais plutôt parce que ça permet ensuite d'aborder tel type de conversation avec les copines. Tel personnage de "Desperate Housewife" ressemble à tel personnage que l'on connaît dans la vie réelle, tel dîner en ville que l'on a fait, on le compare à "Un dîner presque parfait" (le nombre de fois où t'es invité, qu'il y a les mêmes verrines que dans "Un dîner presque parfait"...).
Bref ce n'est pas le contenu qui compte, mais la façon dont ça fait parler.