Constant99 a écrit :McClure a écrit :
Mais c'est dans mon caractère et je conçois aisément que ce ne soit pas ancré pour tout le monde. Et si c'est ma vérité, elle n'est pas universelle.
C'est déjà mieux que "il n'y a pas plusieurs façons de concevoir la compétition"
Même si ça peut paraître antinomique, il ne peut y avoir pour moi 2 façons d'aborder une compétition.
Une compétition est jouée pour être gagnée.
Constant99 a écrit :C'est clair que si je ne viens pas pour gagner le tournoi, je ne vais pas le gagner. D'un autre côté, si je viens pour le gagner, je vais quand même perdre, simplement parce que j'ai commencer à pratiquer le Go à l'âge adulte, et qu'en face il y a des anciens pros chinois qui jouent depuis qu'ils ont quatre ans. Le fossé est réellement infranchissable.
Un tournoi tel que tu le décris n'est pour moi pas une compétition. En ce sens que, pour jouer d'une image pugilistique, c'est comme si tu mettais sur un ring Vladimir Klitscho face à un régional en poids coq. Une compétition se doit d'être régie d'une équité plausible en plus du règlement de jeu ou sport en lui même. Par contre, peut être dans ce type de tournoi existe-t-il des "classements" catégoriels auquel cas ce sont eux qui forment la compétition (par exemple dans de nombreux sports ouverts (triathlon, marathon, certaines compets de voile, ski alpinisme) tu as des catégories et effectivement tu n'arriveras pas à court terme (et peut être jamais) à remporter l'Iron Man d'Hawai, mais tu viseras la gagne de ta catégorie. C'est la confrontation, l'amélioration et la gagne qui fera qu'au tournoi suivant tu seras dans la catégorie supérieure.
Dans ton cas et s'il n'y a pas de catégories différentes, c'est un "sport" loisir sous forme de tournoi. A rapprocher des échecs mais pour ce dernier, les tournois sont soit "loisirs" soit il s'agit de compétitions officielles (championnat de France) où effectivement tout le monde peut s'inscrire mais c'est un leurre, la compétition réelle ne démarre qu'en tableau élevé.
Constant99 a écrit :
Il y a ça aussi au jeu de Go, parce qu'une partie normale, c'est au minimum une heure de concentration intense, et une partie de tournoi de haut niveau peut durer plusieurs jours, donc il y a vraiment un travail de préparation physique et psychologique. Je ne m'étais jamais posé la question du dopage au jeu de Go, mais je ne serais pas surpris d'apprendre qu'à haut niveau ça se pratique.
C'est pour cela que je faisais le lien avec le poker ou les échecs puisque les dimensions de mental, de concentration et d'endurance y sont importantes.
Constant99 a écrit :Cependant, en tout cas chez moi, à chaque fois que je me suis préoccupé de mon classement, ça a été au détriment de l'audace et de la qualité du jeu. Et, ne voyant pas de raison de jouer mal, juste pour augmenter un chiffre sans signification, j'ai arrêté.
Pour un jeu tel que le Go, je ne sais pas si l'intérêt s'y trouve. Mais sur la durée d'une compétition, tu dois bien changer de tactique, t'adapter à l'adversaire, à la durée, à ton état physique ou psy. Faire le raccourci du mal jouer pour gagner n'est pour moi qu'une considération tactique. Et dans ces cas là, peux tu te contenter du "bien jouer" quand tu sais que tu va directement à ta perte? Le principe d'une compétition est de surpasser l'adversaire. L'entraînement est là pour te donner les outils nécessaires à cette finalité. Ces outils peuvent être un jeu d'attente et de contre (j'imagine que cela existe aussi au Go), un jeu de blitz ultra offensif etc et une fois que tu as ces outils dans ta caisse(à outils), ce qui va faire la différence avec l'adversaire c'est ta capacité dans le feu de l'action à te dépasser, à utiliser tes outils (un, plusieurs, en alternance, et le cas échéant de choisir le bon timing). Et c'est dans ces éléments psy que résident souvent la différence entre un bon joueur et celui qui gagne.
Pour poursuivre sur l'analogie du noble art, lorsque je combattais, je partais avec un handicap qui pouvait être retourné à mon avantage. Pour la faire courte, j'ai toujours été très lourd pour ma taille. Je boxais en catégorie amateur mi lourd (75/80 kg) voir lourd (80/90 kg) alors que je ne mesure que 1,74. Donc j'ai fait 90% de mes combats contre des mecs qui mesuraient 10 cm voir plus que moi. Comme dit plus haut c'est un handicap qui t'oblige à adopter une tactique particulière. Selon certains adversaires (les plus longilignes) j'utilisais le côté psy du pré combat pour lui montrer qu'il allait morfler. Et le 1er round tu le fais en blitz complet, harcèlement partout sur le carré. Tu démolis le plus possible sa confiance en lui. Et crois moi, là il faut aussi une sacrée confiance en soit et un bon mental parce que pendant 3 minutes tu harcèles mais pour passer la garde t'en prends plein la poire. Et tu fais le pari psychologique qu'il va craquer mentalement avant que tu ne craque physiquement. Et si tu le peux tu tiens encore un round de plus et ce jusqu'au bout. Mais si tu tombes sur un mec vraiment fort physiquement, tu sais que tu tiens pas 3 minutes. Donc tu "joues" mal. Mobilité, accrochage, trucage (dans la limite règlementaire bien sûr), et là tu paries sur le coup dur. Mais dis toi que j'ai du faire peut être 2 ou 3 combats avec la possibilité de proposer une boxe propre, le reste du temps tu mets tous les autres ingrédients. Et tu ne peux pas te permettre de "bien jouer", sinon ça fait très mal.
Tout ce laius pour dire que le beau jeu n'existe en compétition, que s'il est efficace.