Le football
Posté : 27.08.14
Souvent, en ces lieux, le football a l'image d'un sport de beaufs. Le supporter, c'est l'hydrocéphale qui beugle devant sa télé, bière à la main et rouston hors du short. C'est le kéké qui se ballade avec un maillot du PSG dans la rue. C'est celui qui bave devant les gros plans de supportrices à gros seins pendant la coupe du monde ou autre raout mondialisé. On ne compte pas les esprits se sentant fins et intelligents en parlant de "milliardaires qui jouent à la baballe olololol" (qu'ils se rassurent sur leur esprit : ce n'est pas le cas).
A mon sens, c'est une immense connerie que de juger ce sport par rapport à l'image biaisée qui en est donnée.
D'un point de vue personnel : je viens du football amateur. J'ai pratiqué pendant une bonne dizaine d'années. J'y ai connu la passion du jeu, la convivialité, l'autodérision (à bas niveau, nous sommes tous des chèvres), j'ai été tour à tout entraîneur pour les plus jeunes et arbitre officiel. Alors que l'on nous bassine avec les Valeurs du Rugby©, les valeurs du football amateur sont tout aussi présentes et défendables. J'y ai vu des solidarités tangibles, de saines rivalités qui disparaissaient aussitôt la fin du match sifflée et qui se réglaient par une tape dans le dos et un verre à la buvette ("club house", dit-on maintenant, bizarrement), mais surtout un amusement, un plaisir de se retrouver, de jouer entre potes, un vrai tissu social qui participe à la vie locale, souvent dans des villages isolés qui n'ont que ça, le bar et le marché une fois toutes les deux semaines. Bien loin des bagarres perpétuelles et de l'esprit bas du front dont on se repaît ici ou là. Les soucis existent, ce serait stupide de le nier, mais sont explicables par des biais sociologiques et psychologiques. (Spectateur comme joueur, le football a une vertu cathartique, avec tous les excès que cela engendre.)
Le jeu en lui-même : le résumer à un simple pousse-baballe est une facilité de pensée. On dit le footballeur con. (Le footballeur professionnel vient à 80% de milieux populaires où la culture vient essentiellement de la TV? Rien à voir, il est con qu'on vous dit!). Le football, comme nombre de sports co, développe l'intelligence spatiale, celle de se repérer par rapport au terrain, à l'adversaire, le timing, on y apprend la stratégie, la coordination, à écouter son corps et à s'en servir. Un match de football de haut niveau, entre deux équipes menées par de fins tacticiens, présente tout autant de rebondissements, et peut être aussi cérébral qu'une partie d'échecs. Naturellement, ce n'est pas de ça que l'on parlera en premier, en France du moins, la culture tactique étant inexistante.
Ils ne sont pas curieux? Certes. Cela s'explique, comme je le disais plus haut, par le milieu social et la culture dont ils sont majoritairement issus. Mais leur donne t'on l'occasion de l'être? S'il y a matière à s'indigner, c'est plus sur le système qui les couve(combien de clubs ont des employés qui s'occupent de toute la paperasse civile pour que les joueurs n'aient rien d'autre à s'occuper que le terrain?), qui les marchande, sur cette poignée de clubs qui sont devenus des multinationales, sur la FIFA qui est une mafia subventionnée, sur un système ultra-libéral fonctionnant principalement sur la dette et le mécénat. Le système est pourri, clairement. Mais faut-il en blâmer les joueurs? Est-ce que ce n'est pas là l'effet pervers du professionnalisme, que l'on peut tout autant observer dans le rugby ou d'autres sports?
Le football, c'est une passion, quelque chose d'irrationnel, une dramaturgie. Celle du jeu, des besogneux comme des artistes. Celle des matches où le petit peut coller une raclée au grand, ses petites et ses grandes histoires, son impact social (le football est un sujet de sciences humaines à part entière en Angleterre, Allemagne, Brésil...). C'est la passion de ce jeu où il suffit d'une boule de chiffon et de deux vestes posées à terre pour commencer une partie endiablée qui dure des heures.
Que l'on aime pas le football, ça arrive et ce sont les goûts de chacun. Mais, à mon sens, il faut voir plus loin qu'un simple attrape-gogos mondialisé.
A mon sens, c'est une immense connerie que de juger ce sport par rapport à l'image biaisée qui en est donnée.
D'un point de vue personnel : je viens du football amateur. J'ai pratiqué pendant une bonne dizaine d'années. J'y ai connu la passion du jeu, la convivialité, l'autodérision (à bas niveau, nous sommes tous des chèvres), j'ai été tour à tout entraîneur pour les plus jeunes et arbitre officiel. Alors que l'on nous bassine avec les Valeurs du Rugby©, les valeurs du football amateur sont tout aussi présentes et défendables. J'y ai vu des solidarités tangibles, de saines rivalités qui disparaissaient aussitôt la fin du match sifflée et qui se réglaient par une tape dans le dos et un verre à la buvette ("club house", dit-on maintenant, bizarrement), mais surtout un amusement, un plaisir de se retrouver, de jouer entre potes, un vrai tissu social qui participe à la vie locale, souvent dans des villages isolés qui n'ont que ça, le bar et le marché une fois toutes les deux semaines. Bien loin des bagarres perpétuelles et de l'esprit bas du front dont on se repaît ici ou là. Les soucis existent, ce serait stupide de le nier, mais sont explicables par des biais sociologiques et psychologiques. (Spectateur comme joueur, le football a une vertu cathartique, avec tous les excès que cela engendre.)
Le jeu en lui-même : le résumer à un simple pousse-baballe est une facilité de pensée. On dit le footballeur con. (Le footballeur professionnel vient à 80% de milieux populaires où la culture vient essentiellement de la TV? Rien à voir, il est con qu'on vous dit!). Le football, comme nombre de sports co, développe l'intelligence spatiale, celle de se repérer par rapport au terrain, à l'adversaire, le timing, on y apprend la stratégie, la coordination, à écouter son corps et à s'en servir. Un match de football de haut niveau, entre deux équipes menées par de fins tacticiens, présente tout autant de rebondissements, et peut être aussi cérébral qu'une partie d'échecs. Naturellement, ce n'est pas de ça que l'on parlera en premier, en France du moins, la culture tactique étant inexistante.
Ils ne sont pas curieux? Certes. Cela s'explique, comme je le disais plus haut, par le milieu social et la culture dont ils sont majoritairement issus. Mais leur donne t'on l'occasion de l'être? S'il y a matière à s'indigner, c'est plus sur le système qui les couve(combien de clubs ont des employés qui s'occupent de toute la paperasse civile pour que les joueurs n'aient rien d'autre à s'occuper que le terrain?), qui les marchande, sur cette poignée de clubs qui sont devenus des multinationales, sur la FIFA qui est une mafia subventionnée, sur un système ultra-libéral fonctionnant principalement sur la dette et le mécénat. Le système est pourri, clairement. Mais faut-il en blâmer les joueurs? Est-ce que ce n'est pas là l'effet pervers du professionnalisme, que l'on peut tout autant observer dans le rugby ou d'autres sports?
Le football, c'est une passion, quelque chose d'irrationnel, une dramaturgie. Celle du jeu, des besogneux comme des artistes. Celle des matches où le petit peut coller une raclée au grand, ses petites et ses grandes histoires, son impact social (le football est un sujet de sciences humaines à part entière en Angleterre, Allemagne, Brésil...). C'est la passion de ce jeu où il suffit d'une boule de chiffon et de deux vestes posées à terre pour commencer une partie endiablée qui dure des heures.
Que l'on aime pas le football, ça arrive et ce sont les goûts de chacun. Mais, à mon sens, il faut voir plus loin qu'un simple attrape-gogos mondialisé.