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[Auteur] Henry de Montherlant

Posté : 10.09.05
par Spike
Dans ce post j’ai envie de faire partager aux happy few les raisons de mon admiration pour un de mes trois écrivains préférés. Montherlant est notamment l'auteur de la tétralogie "Les jeunes filles" dont il est souvent question sur le forum, par exemple [pitie-pour-les-femmes-avis-vt3820.html]ici[/url].
Comme nous allons le voir, sa vie ne fût pas moins pleine de panache que celle de son héros Pierre Costals[/i].


Un été, Montherlant affronta en duel Mr Raoul de Roussy de Sals. En guise d’explication, il donna : « affaire de famille, survenue 6 mois plus tôt » . A la cinquième reprise, Montherlant fonça droit sur son adversaire et le toucha de l’épée à la main droite, lui paralysant un doigt. Les docteurs mirent fin au combat, qui aura duré 15 minutes, pendant lesquelles l’admiration du public avait été croissante. Montherlant avait 9 ans.


A 12 ans, il volait aux étalages, emportant un stylo en or au comptoir d’une vente de charité. Il forçait aussi certaines boites aux lettres pour en lire la correspondance.


A l’école Saint-Pierre de Neuilly, il défendit un cadet contre des « grands ». C’était Louis Aragon.


Au collège Sainte-Croix, il écrivit une dissertation sur la guerre, dont voici un extrait :
« La guerre est une nécessité. Elle existe depuis Caïn et Abel. La nature la demande. Celui qui veut n’être pas dévoré doit dévorer. La force prime le droit, tout le monde sait cela, et il n’y a que 3 ou 4 vieilles barbes séniles pour le contester. « Paix éternelle » ne doit être écrit que sur les tombes. Et la guerre est nécessaire parce qu’elle est une bonne chose (...). L’esthétique sanctionne la guerre. La guerre nous permet d’aller nous emparer des chefs-d’œuvre artistiques de notre voisin, et de les installer dans nos musées ; la guerre nous permet de délivrer la terre d’une tourbe d’hydrocéphales et de cagneux qui ne vivent que pour blesser nos yeux et nous donner des haut-le-cœur. La guerre est splendide parce qu’elle est noble, sauvage, brutale. L’homme doit prendre de temps en temps – et c’est le principe des courses de taureaux – un bain de jeunesse et d’animalité. A une époque de décadence, telle que la nôtre, une guerre serait de la plus haute nécessité »
Il avait 13 ans.


Dans la cour de récréation, seuls deux élèves n’étaient pas fascinés par les photographies de femmes nues qui circulaient clandestinement : Jean Renoir, qui voyait depuis toujours son père peindre des femmes nues, et Henry de Montherlant, qui préférait s’entraîner à la corrida.


Au devoir « quels sont les personnages historiques qui ont eu le plus d’influence sur vous ? », il répondit : « Pyrrhon (le doute philosophique), Aristippe (le goût du plaisir), et Regulus (les règles de vie) ».


Il faillit ne pas se présenter au baccalauréat. Ses parents plaçaient si haut l’honneur de la famille qu’ils jugeaient inacceptable de « laisser examiner leur fils par des inconnus dont on ne savait pas d’où ils sortaient ».


A suivre

Posté : 16.09.05
par boulster
Ce topic a pu passer pour un bide à tes yeux, les happy few étant plus few que happy, et te faire renoncer à la suite; si une réponse te suffit pour continuer, me voici :D

Posté : 17.09.05
par JohnBrian
Salut Spike
Serait-ce possible d'avoir la dissertation en entier ? ou un lien vers un site qui en parle. Ca m'interesse.

Merci

Posté : 17.09.05
par Cep
je suis en train de lire les Jeunes filles , autant commencer par le debut :)

Posté : 17.09.05
par Spike
Cep a écrit :je suis en train de lire les Jeunes filles , autant commencer par le debut :)
Je conseille pourtant toujours de commencer par le deuxième.
JohnBrian a écrit :Salut Spike
Serait-ce possible d'avoir la dissertation en entier ? ou un lien vers un site qui en parle. Ca m'interesse.

Merci
Malheureusement non, je ne l'ai pas, seulement cet extrait.

Posté : 17.09.05
par Spike
Il avait donc si peu de mémoire qu'il réussit le baccalauréat avec des formules d'algère écrites sur les manches de sa chemise et sous ses ongles. Il sera recalé à l'oral de philosophie. Tout en passant le baccalauréat, il esquissait la pièce "La ville dont le prince est un enfant", qui sera montée 39 ans plus tard.

En 1914 il voulut rejoindre l'armée. "Attends que je sois morte", lui demandit sa mère, qui mourut un an plus tard. Au combat il reçut des débris d'obus dans les reins, blessure qui l'envoya à l'école militaire. Dans la cour, assis sur des poubelles, il travailla à son premier livre, "La relève du matin". Lors d'une permission à Paris, il ne put convaincre un membre de l'Institut de le parrainer chez Calmann-Lévy.

Pendant 2 ans, Montherlant, qui avait perdu ses parents, fut agent d'assurances ; dans ses moments de loisir, il écrivit sa pièce "L'exil", qu'il alla présenter à celui auquel il voulait ressembler, Francois de Curel. Ce dernier lui répondit : "votre pièce, c'est bien, mais apprenez votre métier et débrouillez-vous". Refusée par 11 éditeurs, il fut publié à compte d'auteur.

En 1924, le succès des "Olympiques" lui permit de voyager. En espagne, s'entraînant dans une arène, il fut blessé par un taureau. Publié dans "La nouvelle revue francaise", Montherlant souhaitait y tenir une rubrique de boxe mais Gide lui en demanda une sur l'athlétisme féminin. Le projet fut abandonné.

Posté : 18.09.05
par Cep
Spike a écrit : Je conseille pourtant toujours de commencer par le deuxième.
Peut etre mais que veux tu j ai souvent tendance a faire les choses a mon idee :)

Posté : 18.09.05
par Mr. Eddy
Etrangement, les gens se souviennent surtout de Montherlant comme un dramaturge; son homosexualité ainsi que ses romans ont largement été passé sous silence.

Je me permets de faire référence à Paul Morand, un proche de Montherlant, qui a notamment écrit des récits de voyage.

Posté : 18.09.05
par Spike
Mr. Eddy a écrit : ses romans ont largement été passé sous silence.
Pas sur ce forum ;) !

Posté : 21.09.05
par cézatisso
« La guerre est une nécessité. Elle existe depuis Caïn et Abel. La nature la demande. Celui qui veut n’être pas dévoré doit dévorer. La force prime le droit, tout le monde sait cela, et il n’y a que 3 ou 4 vieilles barbes séniles pour le contester. « Paix éternelle » ne doit être écrit que sur les tombes. Et la guerre est nécessaire parce qu’elle est une bonne chose (...). L’esthétique sanctionne la guerre. La guerre nous permet d’aller nous emparer des chefs-d’œuvre artistiques de notre voisin, et de les installer dans nos musées ; la guerre nous permet de délivrer la terre d’une tourbe d’hydrocéphales et de cagneux qui ne vivent que pour blesser nos yeux et nous donner des haut-le-cœur. La guerre est splendide parce qu’elle est noble, sauvage, brutale. L’homme doit prendre de temps en temps – et c’est le principe des courses de taureaux – un bain de jeunesse et d’animalité. A une époque de décadence, telle que la nôtre, une guerre serait de la plus haute nécessité »
Ca me rappelle étrangement George Orwell (1984) ca...

il est né en quel année ton bonhomme Spike ?