Retour d'Expérience
Posté : 25.09.16
FTS fait parti de mon histoire, comme on garde une trace d’une maladie avec des cicatrices. Un truc dont on a honte, à la fois aveu de faiblesse et de crédulité. Pour certaines c’est juste d’avoir eu une période Tokyo Hotel, ou un d’avoir été la victime, en 5ème, de s’être fait prendre en flag’ entrain de se branler devant la webcam, c’était des ados. Mon expérience se rapprocherait plus d’avoir été embrigadé dans une secte, avec le côté spirituel et irrationnel en moins, c’est carrément plus embarrassant, surtout à 24 ans. Quelque chose qu’on garde secret, lorsqu’au hasard des conversations le sujet tombe et les gens expriment leur sidération et leur pitié pour le ridicule du phénomène.
Je me rappelle très bien comment j’ai connu FTS. Lors de mes études j’avais décidé de l’ignorer d’entrée de jeu et de faire comme si elle n’existait pas, pour m’éviter une énième déception amoureuse. Cette stratégie avait si bien fonctionné que j’en étais devenu obsédé. Je lui envoyé un mail pour lui faire des aveux, dans l’idée que ça n’aurait pas beaucoup de conséquences après mon suicide. Sauf que n’ayant pas eu le courage de passer à l’acte, j’ai atteint le summum, alors que je tapais le mot magique «séduction» sur internet, prolongeant la gêne jusqu’à avoir de nouveau l’ambition de la conquérir.
Évidemment et et heureusement d’ailleurs pour elle, cela passait bientôt au second plan; les premiers conseils du site étant de «nexter son one itis», je les appliquais religieusement et entamais avec de grandes attentes le sacro saint «Oh damned boot camp», qui était en vigueur à l’époque sur FTS, et que je n’ai a ce jour pourtant jamais terminé. Le sentiment d’aventure et de toute puissance, tourna à l’angoisse, lorsque chaque soir de la semaine je devais exécuter une mission dans des endroits sordides fréquentés par les jeunes filles en abondance comme les gares, le métro, à la poursuite d’un objectif aussi insignifiant que tétanisant, comme dérouler un script et espérer que les filles répondent comme dans le scénario, le tout hanté au fond par la peur d’être surpris, comme lorsqu’on s’apprête à commettre un forfait. Plus tard ça serait les deadlines pour remplir des objectifs navrant comme coucher avec une fille avant la fin de l’année, sous l’emprise d’auto-menace d’en finir si le but n’était pas atteint par exemple, ou de brulures de cigarettes, douche avec rasoir pour me punir de n’avoir pas eu les couilles de remplir tel ou tel sous objectif de merde.
Prenant contact avec des membres de FTS j’ai chaque fois eu l’impression de m’enterrer un peu plus dans la médiocrité et d’être de plus en plus éloigner de la «bonne voie»: mon école, les gens sympas, cultivés, bien dans leurs pompes, intéressants et marrants. Pour me retrouver avec des gens qui n’avaient rien voir avec moi, ma tranche d’âge, ma culture, centres d’intérêts, milieu social etc, et de sortir dehors dans des bars ou autre pour remuer tous les bootscamp, canned stuff, ebook appris en se passant bien d’aborder, ne parlons même pas de brancher une fille, ni même de baiser. Ce qui m’a rapidement sauté aux yeux, c’était la scission qui s'opérait systématiquement entre les mecs chelous dont je faisais parti, et les mecs qui baisaient pour de vrai, ce qui finalement revenait à retrouver sa place dans la société réelle, ou les mecs cools ne fréquentent pas les pauvres types, le langage ésotérique hérité de FTS et consorts en trame de fond. En résumé, FTS permettait juste aux mecs déjà à l’aise avec les femmes de rencontrer d’autres mecs à l’aise comme ils l’auraient fait au ping pong, et de comparer leurs kékettes, pour le fun; alors que pour les cas désespérés, ça faisait juste encore plus de délires à rajouter à la collection d’un monde complètement clos et aberrant, des mecs encore plus bizare, une sorte de cataliseur en fait, avec peut être pour vertu je le concède, de faire de la concurrence aux témoins de Jéhovah.
Appelez ça du masochisme, mais je voulais aller au bout de ce que j’avais entrepris. Doutant continuellement de l'efficacité de ce que je découvrais, j’enchainais les ateliers S-Flow ainsi que leur relooking. S pour sodo, mais je me bornais à me répéter le contraire. Pour ceux qui se rappellent, c’était celui qui rendait la comu disons sceptique, et qui était en fait complètement loupé, dilapidant au passage en une journée tout le salaire de mon job d’été. J’étais tellement débile à l’époque que j’ai même refusé de me faire relooker gratuitement par un «wing». Ironie, lorsque je l’ai mis pour un rendez-vous, une fille m’a même carrément demandé si je m’habillais «toujours comme ça en hivers». Et j’ai vraiment pu rebooster ma confiance en soi, en écoutant les «coach» dispensant à l’époque largement leurs pubs et contributions sur FTS (tous coupains à l’époque), se foutre de la gueule de leurs clients. J’étais ravi également d’apprendre par exemple que malgré mes efforts pour plaire à la gente féminine, j’avais définitivement une tronche de geek. J’imagine que lorsqu’ils ont eu pris conscience de la clientèle et des cas psychiatriques notamment (je cite), ils ont vite déchanté, et sous l’effet d’un cas de conscience, ou de la flippe au pire, ont pris le large, manifestement. Cette aparté professionnel n’a d’ailleurs jamais existé, si personne n’est au courant.
Bref, je n’ai jamais percé dans le monde nocturne de Paris, ni de 10, comme tous les ebooks me l’avais promis, ni même de 6 une fois tous les six mois merde; et si j’en étais resté là, j’aurais pu prendre tout ça pour une gueule de bois qui a duré 5 ans, ou un châtiment pour ma crédulité. Mais je ne voulais pas retourner à l’époque ou ma seule porte de sortie était la sortie tout court. J’ai donc persévéré avec des lectures toujours plus discutables comme confession d’un dragueur, dont je me suis inspiré pour me fabriquer un modèle. A ce moment de ma vie, au chômage la plupart du temps, je trainais seul dehors, avec des lignes de conduites limites, parfois même criminelles, remarques sur le physique, tenir la jambe à une fille sur plusieurs mètres, toujours aussi infructueuses mais me permettant de gaspiller à présent l’intégralité de mon temps à ça.
Et puis j’en ai eu mare de passer mon temps à rager contre le 11 septembre et compagnie, à défaut de pouvoir baiser, de me retrouver dans un délire de complotisme et de jalousie, parce que mon bazar de séduction était une impasse. Alors j’ai été bosser à Lille, par nécessité, j’ai cru pouvoir tout recommencer et prendre un nouveau départ là bas. En fait j’y ai vécu l’enfer, je vois mal comment les choses auraient pu être pire en y repensant; et puis finalement j’imagine qu’il y a toujours pire.
Que je peux encore faire pire, même aujourd’hui, alors que je vis de nouveau chez mes parents à 33 ans comme une grosse merde. Je suis retourné d’où je venais: un trou paumé dans la campagne. Je me lève le matin pour aller faire un job qui n’a rien à voir avec mes études, ni même mon parcours, les gens autour de moi me semblent interchangeables. Des épées de Damoclès tournent encore au dessus de ma tête. J’en suis à mon troisième psy, mais celle là je sens que c'est la bonne. Je ne sais même pas si je pourrais trouver un logement avec ma paye sur Paris, ressortir à nouveau, peut-être disons, pour juste rencontrer des gens. Boire un verre avec des gens à une terrasse, même dans une petite ville. Je ne parle même pas de fille, j’ai du apprendre à m’arrêter, au moins. Aujourd’hui, ma vie est bien merdique, mais je sais que ça peut encore être pire. Parce que parfois, c’est juste ce que je souhaite.
Je me rappelle très bien comment j’ai connu FTS. Lors de mes études j’avais décidé de l’ignorer d’entrée de jeu et de faire comme si elle n’existait pas, pour m’éviter une énième déception amoureuse. Cette stratégie avait si bien fonctionné que j’en étais devenu obsédé. Je lui envoyé un mail pour lui faire des aveux, dans l’idée que ça n’aurait pas beaucoup de conséquences après mon suicide. Sauf que n’ayant pas eu le courage de passer à l’acte, j’ai atteint le summum, alors que je tapais le mot magique «séduction» sur internet, prolongeant la gêne jusqu’à avoir de nouveau l’ambition de la conquérir.
Évidemment et et heureusement d’ailleurs pour elle, cela passait bientôt au second plan; les premiers conseils du site étant de «nexter son one itis», je les appliquais religieusement et entamais avec de grandes attentes le sacro saint «Oh damned boot camp», qui était en vigueur à l’époque sur FTS, et que je n’ai a ce jour pourtant jamais terminé. Le sentiment d’aventure et de toute puissance, tourna à l’angoisse, lorsque chaque soir de la semaine je devais exécuter une mission dans des endroits sordides fréquentés par les jeunes filles en abondance comme les gares, le métro, à la poursuite d’un objectif aussi insignifiant que tétanisant, comme dérouler un script et espérer que les filles répondent comme dans le scénario, le tout hanté au fond par la peur d’être surpris, comme lorsqu’on s’apprête à commettre un forfait. Plus tard ça serait les deadlines pour remplir des objectifs navrant comme coucher avec une fille avant la fin de l’année, sous l’emprise d’auto-menace d’en finir si le but n’était pas atteint par exemple, ou de brulures de cigarettes, douche avec rasoir pour me punir de n’avoir pas eu les couilles de remplir tel ou tel sous objectif de merde.
Prenant contact avec des membres de FTS j’ai chaque fois eu l’impression de m’enterrer un peu plus dans la médiocrité et d’être de plus en plus éloigner de la «bonne voie»: mon école, les gens sympas, cultivés, bien dans leurs pompes, intéressants et marrants. Pour me retrouver avec des gens qui n’avaient rien voir avec moi, ma tranche d’âge, ma culture, centres d’intérêts, milieu social etc, et de sortir dehors dans des bars ou autre pour remuer tous les bootscamp, canned stuff, ebook appris en se passant bien d’aborder, ne parlons même pas de brancher une fille, ni même de baiser. Ce qui m’a rapidement sauté aux yeux, c’était la scission qui s'opérait systématiquement entre les mecs chelous dont je faisais parti, et les mecs qui baisaient pour de vrai, ce qui finalement revenait à retrouver sa place dans la société réelle, ou les mecs cools ne fréquentent pas les pauvres types, le langage ésotérique hérité de FTS et consorts en trame de fond. En résumé, FTS permettait juste aux mecs déjà à l’aise avec les femmes de rencontrer d’autres mecs à l’aise comme ils l’auraient fait au ping pong, et de comparer leurs kékettes, pour le fun; alors que pour les cas désespérés, ça faisait juste encore plus de délires à rajouter à la collection d’un monde complètement clos et aberrant, des mecs encore plus bizare, une sorte de cataliseur en fait, avec peut être pour vertu je le concède, de faire de la concurrence aux témoins de Jéhovah.
Appelez ça du masochisme, mais je voulais aller au bout de ce que j’avais entrepris. Doutant continuellement de l'efficacité de ce que je découvrais, j’enchainais les ateliers S-Flow ainsi que leur relooking. S pour sodo, mais je me bornais à me répéter le contraire. Pour ceux qui se rappellent, c’était celui qui rendait la comu disons sceptique, et qui était en fait complètement loupé, dilapidant au passage en une journée tout le salaire de mon job d’été. J’étais tellement débile à l’époque que j’ai même refusé de me faire relooker gratuitement par un «wing». Ironie, lorsque je l’ai mis pour un rendez-vous, une fille m’a même carrément demandé si je m’habillais «toujours comme ça en hivers». Et j’ai vraiment pu rebooster ma confiance en soi, en écoutant les «coach» dispensant à l’époque largement leurs pubs et contributions sur FTS (tous coupains à l’époque), se foutre de la gueule de leurs clients. J’étais ravi également d’apprendre par exemple que malgré mes efforts pour plaire à la gente féminine, j’avais définitivement une tronche de geek. J’imagine que lorsqu’ils ont eu pris conscience de la clientèle et des cas psychiatriques notamment (je cite), ils ont vite déchanté, et sous l’effet d’un cas de conscience, ou de la flippe au pire, ont pris le large, manifestement. Cette aparté professionnel n’a d’ailleurs jamais existé, si personne n’est au courant.
Bref, je n’ai jamais percé dans le monde nocturne de Paris, ni de 10, comme tous les ebooks me l’avais promis, ni même de 6 une fois tous les six mois merde; et si j’en étais resté là, j’aurais pu prendre tout ça pour une gueule de bois qui a duré 5 ans, ou un châtiment pour ma crédulité. Mais je ne voulais pas retourner à l’époque ou ma seule porte de sortie était la sortie tout court. J’ai donc persévéré avec des lectures toujours plus discutables comme confession d’un dragueur, dont je me suis inspiré pour me fabriquer un modèle. A ce moment de ma vie, au chômage la plupart du temps, je trainais seul dehors, avec des lignes de conduites limites, parfois même criminelles, remarques sur le physique, tenir la jambe à une fille sur plusieurs mètres, toujours aussi infructueuses mais me permettant de gaspiller à présent l’intégralité de mon temps à ça.
Et puis j’en ai eu mare de passer mon temps à rager contre le 11 septembre et compagnie, à défaut de pouvoir baiser, de me retrouver dans un délire de complotisme et de jalousie, parce que mon bazar de séduction était une impasse. Alors j’ai été bosser à Lille, par nécessité, j’ai cru pouvoir tout recommencer et prendre un nouveau départ là bas. En fait j’y ai vécu l’enfer, je vois mal comment les choses auraient pu être pire en y repensant; et puis finalement j’imagine qu’il y a toujours pire.
Que je peux encore faire pire, même aujourd’hui, alors que je vis de nouveau chez mes parents à 33 ans comme une grosse merde. Je suis retourné d’où je venais: un trou paumé dans la campagne. Je me lève le matin pour aller faire un job qui n’a rien à voir avec mes études, ni même mon parcours, les gens autour de moi me semblent interchangeables. Des épées de Damoclès tournent encore au dessus de ma tête. J’en suis à mon troisième psy, mais celle là je sens que c'est la bonne. Je ne sais même pas si je pourrais trouver un logement avec ma paye sur Paris, ressortir à nouveau, peut-être disons, pour juste rencontrer des gens. Boire un verre avec des gens à une terrasse, même dans une petite ville. Je ne parle même pas de fille, j’ai du apprendre à m’arrêter, au moins. Aujourd’hui, ma vie est bien merdique, mais je sais que ça peut encore être pire. Parce que parfois, c’est juste ce que je souhaite.