Pour ce qui est de la plume, je pense qu'il faut distinguer la belle plume de la bonne plume : si les deux ne sont pas exclusives, ce sont néanmoins deux choses différentes.
La belle plume, c'est le fait de savoir bien écrire d'un point de vue formel, d'avoir du vocabulaire, s'exprimer de manière soutenue, académique, superlative, d'avoir poncé auteurs et poètes et soi-même noirci quelques dizaines de pages. Dit autrement, c'est le mariage de la technique et de la culture.
Mais le risque avec, c'est que la belle plume pour la belle plume, ça peut vite devenir très chiant. Jai une connaissance qui ambitionne de vivre de sa plume et qui passe plusieurs heures par jours à écrire et qui nous a pondu un roman épistolaire retraçant la correspondance entre ses deux protagonistes épris l'un de l'autre. C'est formellement parlant très bien écrit, mais bon Dieu, qu'est-ce qu'on s'emmerde quand on lit ça !
Le gros souci vient du fait que le gars s'est focus à mort sur le style, ce qui donne comme résultat que ses deux protagonistes ne sont que les porte-manteaux sans épaisseur réelle affublés du perruques pour les distinguer l'un de l'autre auxquels il accroche son style certes travaillé mais lourdingue as fuck, manquant de faire basculer ses porte-manteaux à chaque fin de ligne sous le poids de sa pompe.
En fait, ses personnages sont des prétextes pour étaler son style, des marionnettes. ils n'ont
aucune vie propre une fois les pages du roman refermées.
Et les passages de loin les plus gênants de cet ouvrage sont les tirades essayant de faire dans l'érotisme : c'est là qu'on réalise que le gars n'a pas créé de personnages à proprement parler ni créé de lien avec le lecteur... et q'il n'a probablement pas beaucoup d'expérience en la matière. Ces passages sonnent profondément fake.
C'est là qu'on arrive à la bonne plume : le fait de pouvoir toucher la personne à laquelle on écrit, réussir à établir un dialogue entre absents, avec le lecteur, en insufflant du vivant et du spontané ans son écriture.
Lire doit éveiller des sentiments chez l'autre, dans le dialogue, le capter. Je rejoins Speedy Smile sur ce qu'il dit : écrire, c'est ajouter un supplément d'âme et de vivant à une suite de lettre formant des suites de mots formant des suites de phrases.
Alors oui, culture et technique littéraire peuvent aider à se distinguer de la masse, notamment sur les apps; mais il faut toujours le faire au service du dialogue, de la volonté résolue de vouloir parler avec l'autre et de ne pas juste se faire kiffer
