L'appel à la nature serait sans doute disqualifiant aussi, mais en effet, on devrait tous avoir de cela
Ton exemple de terrasse ça me fait penser à ton sujet sur les cabanes (au Canada). Il y a un peu de ça.
L'homme veut abriter son clan, symboliquement ou pas.
Il doit être fort, décideur, créateur parce qu'il est en charge. Etc.
Après nous sommes des animaux cultivés, on a élaboré depuis nos instincts, et puis les instincts de toutes les espèces ne sont pas similaires (les lions tuent les lionceaux d'autres pères quand ils prennent la tête d'un autre clan. À part Genghis Khan je n'ai pas de souvenir spontané de ça).
Mais derrière l'art s'est souvent trouvé une pulsion de reconnaissance par l'autre, un besoin de démonstration de valeur, en dehors du fait qu'il a été un moyen de subsistance. Il y a eu je crois un intéressant livre sur ça même si ce serait réducteur...
Quant à la construction sociale, oui, mais c'est un peu un "effet Barnum", dans ce qui nous est proposé on ne réagit pas tous pareil, on ne reconnaît pas tous les mêmes choses, les filles vont se reconnaître souvent plus dans le mimétisme et l'interaction sociale par tendance naturelle (c'est vrai même chez de très jeunes enfants, et dans leurs cerveaux, par exemple dans la reconnaissance des expressions faciales), les garçons vont souvent plus se reconnaître dans l'action comme un moyen d'apprendre à maîtriser leur corps et dominer leur environnement (c'est peut-être dur pour ceux qui ne peuvent pas, mais c'est souvent plus une défaillance psychique que physique, j'ai connu beaucoup de gamins plus petits qui étaient de vrais leaders et des teignes. Eux ils avaient fait de leur modèle le dépassement et avaient laissé de côté l'aspect physique. Moi qui suis naturellement grand, j'aurais préféré avoir moins cette facilité d'identification parce que même si ça joue dans le regard des autres, pour moi qui suis dans l'intellect la manifestation physique est bien moins importante que la capacité à se dépasser - le physique c'est "fini", et même si c'est un atout au premier regard vaut mieux 1m60 droit et fier qu'1m90 courbé et défait).
Après c'est bien qu'on ait élaboré et qu'on dépasse le carcan biologique, si une femme a envie de comprendre son environnement et le dominer, ça peut aussi être une bonne chose (merci Ada Lovelace), Heidi Lamaar, Marie Curie, Émilie Noether...), car cette certaine fierté à ne pas comprendre certaines choses comme la technologie (voire une aversion à le faire et à interagir de manière approfondie avec) c'est pesant, chiant pour nous, et ça n'est déjà qu'une déviance de la tendance naturelle à être sociale et empathique, ou ce stéréotype "petit !=pas masculin" c'est réducteur et nocif pour les garçons qui ne comprennent pas qu'ils peuvent aller au delà de l'enveloppe.
Mais la nature est obstinée. Beaucoup de choses qu'on a retrouvée dans la nature ne sont des moyens que de favoriser la propagation et la perpétuation de l'espèce. Il y a un livre, "le gène égoïste", qui en parle.
Pas étonnant donc qu'on ait des instincts forts et des comportements stéréotypés. On a des câblages qui influencent notre approche au monde. Et même si on est des animaux intelligents et que se laisser dominer par ses instincts c'est limitant, on peut très bien cohabiter en harmonie avec.
Et être fort c'est pas une tare, pas plus que de se comporter de manière masculine. Ceux qui se sentent écrasés par ça ne sont écrasés que par le poids de leurs failles, ou par celui d'autres qui n'ont pas compris et qui dévient (dans la compétition ce qu'on recherche normalement c'est un moyen de se dépasser pas d'écraser les autres membres du clan. Compétition c'est "avec", au départ. C'est en bonne intelligence, même si le sens aussi a dérivé.). Mais normalement quand on s'accomplit on apprend aussi à ne pas céder au poids de ses responsabilités, et à la pression des autres.
Et les modèles inventés pour se démarquer de ça et ne pas accepter d'être l'homme "conventionnel/ instinctif" peuvent avoir du bon comme du moins bon, du dandy ou de l'homme moderne qui savent faire preuve de raffinement et de goût et ne pas considérer leur environnement que comme défi et terrain de conquête, au "flocon de neige" androgyne qui supporte aucune contrainte, a en horreur tout défi, toute rigueur, et ne respecte que ses propres valeurs (ça c'est le côté négatif de la construction de modèle dont finalement on choisit les règles. S'il n'y a plus de tronc commun avec les autres tu finis comme un boulet, une loque ou un désaxé).
Et ce dont tu parles n'est à mon avis pas incompatible avec l'analyse sociétale: aujourd'hui on est passés d'une absence de modèles à quelque chose qui veut redéfinir les modèles et les couper de leurs racines, et y intégrer des valeurs diamétralement opposées (qui ne sont pas celles de la féminité mais de la gaminerie pervertie et incomplète, qui place le déni de la réalité comme pilier de son système de valeurs). Et à voir les dernières générations et les effets de ce matraquage,
Je salue ces pères old school qui cultivent leurs enfants avec des valeurs vraies et pas cet amas de merde. Je ne sais pas qui a dit qu'on apprenait avant aux filles à se taire (à respecter les codes et les impératifs que tous ont en société oui), parce qu'on leur a le plus souvent appris à être des personnes aussi fortes et responsables que les hommes. Mais on leur apprenait aussi à tous à ne pas être des gamins capricieux. Finalement toute cette merde c'est le résultat d'un infantilisme exacerbé : refus des contraintes, des choix qui engagent; donc de l'identification, de la responsabilité, etc ("je veux devenir un homme parce que je crois que c'est mieux, mais je veux enfanter" c'est un peu l'une des extrémités de ce délire; même s'ils vont sans doute aller plus loin)
C'est d'ailleurs incroyable le nombre de gamins avec qui c'est devenu impossible de bosser parce qu'ils pensent qu'ils doivent avoir le droit de choisir et d'éviter toute chose désagréable. Ce n'est pas "remettre en cause les schémas établis", à ce niveau c'est renier la réalité et ses aspects déplaisants. C'est bien joli la CNV, mais comme toutes les constructions de cet univers de bisounours ça oublie que la réalité c'est intrinsèquement violent et que pour que certaines choses se fassent on doit parfois passer par des étapes qui demandent de l'effort, de l'abnégation, de faire taire son opinion individuelle, sa susceptibilité etc. Et normalement si tu es pas d'accord avec ton institution qui est normale par ce que tu n'es pas adéquat le problème vient de toi, pas d'elle, tu te casses mais tu tolères son existence. Ne pas la supporter et vouloir la changer ou la faire disparaître c'est un truc de pensée magique de gamins (C'est un peu ce qui se passe avec l'écriture inclusive aussi, on rejette et transforme le langage parce que c'est une contrainte et qu'on ne la comprend pas, et qu'on veut redéfinir le sens)
Je trouve ça triste qu'on en vienne à déprécier les boulots alimentaires parce que ceux qui les font ont décidé de s'assumer et d'assurer pour les autres, et en soi c'est déjà une forme d'accomplissement même si c'est sûr que quelqu'un qui réussit sur ce plan et fait aussi de ses passions son job sera plus globalement satisfait. Mais ça aussi ça fait partie de ces redéfinitions qui accompagnent la perte de modèles et le reniement de tout ce qui nous définit de manière interne ou externe en dehors de notre volonté.
Si on veut être des hommes pour commencer on doit éviter de se laisser parasiter par ça, et de ce point de vue ton approche impénitente/ sans complexe et rationnelle (elle n'est pas juste motivée par le désir d'être original mais tu la justifies très logiquement) est essentielle. Tu parlais de Yin, c'est aussi à ça que je faisais référence en parlant du fait qu'avec le Yang les deux se complètent et sont essentiels à l'équilibre (et c'est le Yang le masculin d'ailleurs).
Finalement il y a des choses qu'on devrait utiliser dans la sagesse millénaire de la même manière que dans l'herboristerie traditionnelle, ça devrait faire partie de nos clés de compréhension moderne. Que ce soit le taoïsme (et pas son dérivé confucianiste qui est trop empreint de morale et donc trop imprégné d'une chose qui n'a rien à voir avec nos natures profondes mais avec un souhait d'organisation d'une société selon la vision d'un auteur), la lecture d'Ovide, ou celle de Nietzsche (le surhomme n'est qu'un homme accompli, mais Nietzsche n'était sans doute pas le plus grand des optimistes), il y a des choses importantes à lire et à transmettre (c'est sans doute pour ça que la cancel culture veut nous les faire oublier).
Plutôt qu'à vouloir détruire les modèles, on ferait mieux de les comprendre pour analyser leurs déviances comme celle que je citais sur la technologie et les femmes ou celle qui fait que les hommes par "force" mais irrationnalité vont ne pas aller voir un médecin en cas de problème. Ce que certains appellent "masculinité toxique" (voir critiques ici:
https://en.m.wikipedia.org/wiki/Masculinity), et qui l'est, mais qui est très loin d'être assimilable à tout ce qui fait le masculin (on devrait aussi voir ce qui relève de la féminité toxique, et là je ne parle pas des procès faits aux modèles de beauté - désolé mais non on est pas tous beaux ou belles, c'est chiant car ça nous determine, mais plutôt que de s'attaquer à ça il vaudrait mieux changer l'influence que ça a sans chercher à nier la beauté ou à donner une médaille en chocolat à tout le monde. Et il faut éviter de répondre favorablement à tout le marketing qui tente d'exploiter cette modification de sens --Dove, Darjeeling et leurs "modèles" moches et gros -- J'ai rien contre les gens en surpoids, c'est pas toujours leur faute, mais ça reste pas sain et le promouvoir comme la normalité comme un petit bisou d'acceptation c'est de la merde-, mais de l'égocentrisme, du rejet de la compréhension et de la rationalité, de l'appel permanent à l'illusion du naturel, au mépris des cadres et des contraintes - d'ailleurs le fait de ne pas accepter son physique et de vouloir le transformer, c'est très féminin. Quand c'est un coup de mascara et une paire de talons c'est sympa, quand c'est de l'anorexie, la chirurgie esthétique à répétition ou les piercings/tatouages sans autres buts que de se transformer c'est délirant et nocif, idem pour l'apathie face à la mollesse physique voire même sa promotion aujourd'hui).
Parce que pareil je vois pas en quoi c'est masculin d'être qu'un gros bouffeur de barbaque qui fume des cigares et enquille des verres de cognac, il y a un monde entre l'esthétisme et l'appréciation des plaisirs qui nous correspondent; et la conformité à des modèles Hollywoodiens faits pour la pub (placement du tabac, de l'alcool, des modes vestimentaires de merde...), ou à des modèles fantasmés (on leur a dit que Rabelais avait fait de Pantagruel un superlatif et une exagération délibérée?) Ou dérivés de la contrainte sociale et environnementale extrêmes (parce que oui les travailleurs de force, les mineurs, les paysans, les mecs qui bossent par moins vingt ont peut-être le sentiment qu'ils tirent de la force de ça, et que se mettre un coup d'antigel ça permet de bien démarrer la journée, mais ils en paient le prix et c'est débile de les singer quand on est pas obligés).
Et c'est bien dommage car actuellement la plupart des mecs qui luttent contre le féminisme promeuvent ça et des modèles caricaturaux (merci les gars comme Baptiste Marchais et sa galerie de potes aux valeurs douteuses) qui nous reviennent dans la tronche, et en plus c'est même pas par conviction parce que tu as toujours un coaching ou un tunnel de vente derrière.
Faut se méfier et trier.
Le "vrai" c'est comme le naturel, c'est un mot très valorisé mais pourtant mal compris. On peut être "vrai" dans son attitude, sincère, et déviant pour autant des principes fondamentaux, de son instinct. La question c'est quelle est la bonne distance entre son instinct et sa projection culturelle.
On ne peut faire le tri que par l'analyse, la rationalité.
Je dirais qu'on peut faire des erreurs et des essais, tant que c'est nuisible ni à soi ni au groupe ce n'est pas un problème.
La bienveillance c'est pareil. Surtout que ça n'a émergé comme principe que récemment avec toute cette merde pseudo progressiste. Il ne faut pas confondre le respect, la tolérance, la bénévolence, avec l'acceptation de n'importe quoi et une gentillesse crasse par défaut, l'absence de regard critique ou de tout propos qui pourrait être choquant ou rugueux.
Un groupe sain est aussi prêt à te mettre une gifle de réalisme ou à l'index si tu es trop un connard; un taré ou une merde. Pas à te "tolérer" parce qu'on est un groupe "bienveillant" et c'est un "safe space". Les gens confondent la solidarité et l'absence de jugement moral (qui est souvent inutile car irrationnel et fait avec des règles qui sont purement pas constructives ou dédiées au bien-être des individus) avec cette pseudo tolérance forcenée.
Après faut pas oublier, un état, ça s'atteint et ça se maintient. C'est un travail et une recherche de tous les jours que d'être. C'est pour ça qu'il vaut mieux être en accord avec ce à quoi on passe son temps et les gens avec qui l'on s'entoure au risque de se sentir aliéné.