Je sais, ces phrases font bateau, mais je pense qu'on est tous passés par là, et qu'on s'est tous imaginés un jour porter un short pailletté, sautillant sous les lumières des projecteur, enchaînant gauches et droites pour mettre son adversaire au sol.
Mais ce qu'on est peu à savoir, c'est qu'on tape comme des quiches et qu'en général, on n'a pas l'endurance ni la coordination pour tenir plus d'une minute, en étant de vraies passoires à coups.
Le combat, dans des conditions saines pour tous les participants, peut s'apprendre. Et une de ses formes les plus connues s'appelle la boxe anglaise.
Mesdames messieurs, mettez vos bandes, enfilez vos gants et mettez votre protège-dents et montez sur le ring pour que je vous parle du noble part !
La boxe anglaise : un article semi-subjectif
Un peu de contexte
Vous imaginez bien au titre de l'article, et si vous avez lu quelques unes de mes réflexions ici que de manière générale, que j'écris sur les sujets qui me concerne, expliquant en quoi je suis concerné.
Je vais prendre ici quelques lignes pour vous expliquer pourquoi je me suis mis à la boxe anglaise. J'avais déjà fait un état des lieux sur mon rapport au sport dans un vieil article sur Fizz Up, qui n'est plus à jour. Mais pour vous le faire en deux mots : je n'ai jamais été sportif durant mon enfance, entre les cours de sport que j'ai eu que je considère très peu axés sur une progression de chaque élève (ce qui semble actuellement changer dans la formation des profs) mettant alors une barrière entre les bons et les mauvais et une mère très peu sportive qui m'avait transmis sa non appétence pour le sport, il a fallu un bout de temps pour que je m'y mette via appli.
Cette étape a été très bénéfique pour moi intégrant une routine sport à mes activités. Cependant, Fizz Up s'avère de plus en plus limité pour moi, et tiendrait plus du produit bien marketé pour s'entretenir que d'une véritable activité sportive, une fois atteint un niveau correct de forme.
De plus, j'ai aussi deux points faibles : très peu d'endurance et aucune coordination, une des raisons qui explique que je n'aie pas de permis tant le pédalier d'une voiture me rend dingue.
Enfin, point nettement plus intime : je hais le confrontation. Pire, elle me fait peur, au point je pense que je camouffle sans m'en rendre compte cette dernière en goût pour la compréhension et le consensus. Qu'on se comprenne bien, dans l'absolu, ce sont des comportements que je valorise, bien plus que la provoc' ou l'intimidation. Mais de par les aléas de la vie, je suis dans une situation professionnelle tendue, avec un employeur, dont je parlais entre les lignes dans mon journal à propos de ma rupture en février :
Cette situation de burn out, je ne suis pas responsable : je travaillais avec quelqu'un de malhonnête. Mais ma peur de la confrontation n'a pas non plus aidé, et a peut-être même précipité les choses. Et mon ex me l'avait dit : "à quel moment tu tapes du poing sur la table ?".Est-ce que je le vis bien ? J'ai connu mieux, mais j'ai aussi connu bien pire. Disons que le tempo n'est pas non plus génial : je suis en burn out et ai aussi lancé une guérilla juridique contre mon employeur, donc le timing n'était clairement pas le bon. Mais bon, il y a-t-il un bon moment pour annoncer ce genre de choses en même temps ?
Partant de ce constat, et recevant une partie des thunes dues par mon employeur, j'ai décidé de pousser les portes d'un gymnase à dix minutes de chez moi. Mes objectifs :
- Travailler l'endurance
- Travailler la coordination
- Retrouver de l'énergie
- Sortir de ma zone de confort
- Apprendre à donner (et recevoir) des coups, au sens propre comme au figuré
Une fois la tenue enfilée au vestiaire, j'arrive dans la salle et là l'entraineur s'avance vers moi et me dit :
- Tu t'appelles comment ?
- Popovski
- Effectivement, ton nom est sur la liste. Prends une corde à sauter et mets toi avec les autres !
Loin des clichés : la boxe comme forme de danse
C'est comme ça que commence mon premier entrainement : en suant à la corde à sauter !
Eh ouais, avant de savoir donner des coups, la première qualité du boxeur, c'est d'être endurant ! Et pour ça, la corde à sauter fait des miracles ! Bien loin du cliché des cours d'école, la corde à sauter est une pratique épuisante, demandant pas mal de coordination ! D'ailleurs, la boxe est une porte d'entrée vers cette discipline relativement méconnue.
Et ce fut ma première surprise : chaque entrainement d'une heure comprend 10 à 20 minutes de cordes, entrelardées de pompes, shadow boxing, pompes et autres burpies ! Autant vous le dire : lors de la première séance, j'ai été rincé à la fin de cet échauffement, le coach me disant "vas-y à ton rythme, tu débutes, ne te tue pas non plus !".
Profitons-en pour faire un petit focus sur l'endurance. De ce que je commence à percevoir, c'est la pierre angulaire de la boxe. Un round dure trois minutes, et si au bout de trois minutes on est essoufflé, genre au bout de sa vie, il y a un souci. Et je pense qu'on serait tous étonnés de voir combien on s'essouffle très, très rapidement, et qu'on doit être très nombreux à ne pas avoir de souffle.
La boxe, si en finalité consiste à donner des coups, est fondamentalement une danse, qui se pratique à deux, qui demande de savoir s'adapter à son adversaire, parfois de lui imposer votre tempo. Et gare à celui ou celle qui perd le rythmeAutre focus : la coordination des jambes. Si marcher semble instinctif pour tout le monde, on a oublié que tout petit, on s'est rétamés la gueule de très nombreuses fois avant que ça ne devienne un mécanisme instinctif. La boxe vous apprend à "marcher" autrement, à tenir une garde, donc à s'orienter vers l'autre d'une certaine manière, donc à mouvoir ses jambes autrement que pour aller en avant.
Je le réalise en l'écrivant, on ne se sert dans la vie de tous les jours des jambes que de deux manières : aller en avant de face, prendre des virages plus ou moins larges, tourner sur soi, fléchir les genoux et éventuellement faire quelques bonds. En vrai, on se sert que d'une petite partie de leur mobilité. La boxe est très dépaysante pour ça : de part ses déplacements "en oblique", on redécouvre ses jambes et son potentiel, tout en devant se plier à de nouvelles contraintes
Bon, vous avez tenu jusque là ? On va passer un peu plus haut et continuer le cours de danse, en parlant de votre bassin. Vous avez peur de ne pas comprendre ? Je vais vous expliquer !
Une implication totale, une discipline du corps
Passé le cardio de cette première séance, le coach me prend à part et alors que les autres, habitués, partent sur des exercices, me voilà à ingérer une tonne d'informations ! Vous vous rappelez la cours d'école, celle où on s'amusait à imiter Goku contre Freezer ? On est encore loin du compte. Donner un jab (coup droit du bras avant) demande beaucoup de critères pour être bien réalisé. Il ne s'agit pas de lancer son bras en avant, mais bien de le projeter avec ses hanches ! si le coup est réalisé en une fraction de secondes, déplier le bras en le tournant vers l'intérieur n'est que la dernière étape.
Et je peux vous jurer que même sans soucis de coordination comme moi que c'est tout aussi dépaysant que le jeu de jambes. Donner correctement un coup sollicite tout le corps dans un mouvement fluide, commençant aux abdominaux, prenant appui sur le jambes, trouvant sa force dans les épaules en étant prolongé par le bras, le tout en un clignement des yeux, sans oublier de revenir en garde.
Je peux l’écrire après une dizaine de séance dans les pattes. Autant dire qu’il devra y en avoir bien d’autres pour bien comprendre et qu’au début je n’en menais pas large…
C’est ça que je trouve excellent dans la boxe : on réapprend des tas de choses ! Que ce soit à se déplacer ou à donner des coups, on se rend compte qu’on utilisait par le passé nos capacités à rendement réduit et qu’entre donner un coup et bien donner un coup, il y a un monde de différence.
On présente beaucoup les sports de combat asiatiques comme le summum de de la maîtrise de soi et du corps, du dépassement de ses capacités. Il doit y avoir une part de vrai dans ce jugement, mais je trouve qu’il est aussi hyper-marketé par l’attrait exotique de ces disciplines ; et si je ne veux en aucun cas les rabaisser, je pense qu’il faut cependant revaloriser nos pratiques de sports de combat qui demandent les mêmes exigences. Et ce n’est pas parce que la boxe anglaise ne demande de maîtriser « que » les poings » laissant de côté coudes, genoux ou pieds, que l’exigence de maîtrise de soi est moindre.
D’ailleurs, une bonne partie des entrainements, une fois que le coach a fait suer sang et eau à tout le monde est de bosser, sur suc ou en duel, des enchainements : gauche avant/droite avant/gauche avant, gauche/avant/droite avant/crochet du gauche, gauche avant/droite avant désaxé/crochet du gauche, encore, encore et encore. Et j’ai enfin compris pourquoi : pour nous inculquer des automatismes, pour qu’on ait à le faire à terme sans réfléchir à tourner le bassin, pivoter la jambe, revenir en position, se désaxer, … sans oublier, bien entendu, de tenir sa garde :wink :
Mais c’est bien gentil de parler de coups, qu’en est-il des risques ?
« Fais gaffe, tu vas te faire casser le nez ! »
Ne nous mentons pas, la boxe est un sport violent. Et nous devons parler de cet aspect. On a tous les images en tête de Mohamed Ali atteint de Parkinson, allumant la flamme des JO à Atlanta en 1984, et les nombreux coups reçus sur la tête y sont pour quelque chose. Oui, recevoir des coups sur la tête, même à petite dose et de faible intensité, genre une tête au foot ça produit des lésions neuronales. D’ailleurs, je vous conseille cette excellente vidéo de DTC sur le sujet :
Oui, tout sport qui implique de prendre des coups sur la tête d’une manière ou d’une autre altère vos capacités cognitives. Dit autrement, ça implique un risque pour votre santé. Et ce risque ne se limite pas à la santé mentale : tout sport qui implique de taper avec ses poings peut aussi représenter un risque pour les os du poignet, de la main, et vos articulations.
Alors du coup, la boxe, meilleur moyen de finir à l’hosto, psy ou non ?
Allez, on respire un coup et on passe ça en revue
Commençons par l’essentiel : si les boxeurs portent des gants, c’est pour se protéger et protéger leur partenaire/adversaire. Ses gants ont une valeur en Oz, un Oz valant environ 28gr. Et en fonction de votre poids et donc de la force potentielle que vous pouvez mettre dans un coup, vous porterez des gants avec une valeur en Oz plus ou moins élevée. Dedans, vous pouvez aisément compter le rembourrage.
D’ailleurs, vos gants doivent être un peu plus grands que vos mains pour une raison simple : la pose des bandages !Pour l’instant, je m’entraine avec des gants Décathlon, et j’attends d’avoir encore quelques dizaines de séances dans les pattes pour acheter une paire plus sérieuse : ce sont de bons gants pour essayer, mais ils sont assez inconfortable et de qualité assez médiocre. Mon but serait d’avoir une bonne paire, entre 60 et 120 € qui pourra faire quelques années et qui soit confortable. Mais vu ma faible expérience, je en vais pas encore me prononcer sur ce point

C’est quelque chose que j’adore faire, mettre mes bandages, je ne saurais pas dire pourquoi. Sans doute pour la sensation d’avoir les mains enveloppées. Ici, une petite vidéo qui vous montre ça :
Mais pourquoi les mettre ? La raison est simple : ils maintiennent vos articulations, votre avant-bras et protègent par cela vos os et enfin absorbent la transpiration ! En fait, il est hors de question de boxer sans bandes. Ce sont vos meilleures amies dans cette pratique !
Ensuite, pour ce qui est des risques physiques, il faut savoir que, contrairement aux grands matches pros qu’on a tous en tête, la plupart du temps, les boxers portent un casque, une coquille, voire des protège-tibias. Et à mon niveau et sans doute le vôtre, il est même inimaginable de faire le moindre combat, même harnaché de moultes protections

On n’envoie pas les gens à l’abattoir ! Si le risque zéro n’existe évidement pas, tant que vous n’avez pas une licence de boxer pro, les chances de finir en légume sont très faibles ! Même votre joli minois a peu à craindre de cette pratique. Avant de vous faire monter sur un ring, même pour de rigoler, on va s’assurer que vous sachiez faire le minimum, y compris pour vous protéger.
Point important, je parlais plus haut de la boxe comme d’une maîtrise de soi et j’insiste encore : il s’agit d’un apprentissage, pas d’un combat de rue entre saoulards. Si bien évidement en finalité on attend de vous de gagner des combats, il faut tordre le cou à un autre cliché : à moins d’être en boxe pro, c’est surtout les touches qui sont prises en compte, la boxe pro étant la seule qui insiste expressément sur la puissance des coup assénés et les KO pour remporter un combat. Et on n’atteint pas ce niveau de brutalité (qui se doit d’être contrôlée) sans une maîtrise préalable totale de la finesse. Et d’ailleurs, même atteindre le niveau amateur demande une sacrée condition, dont on est bien nombreux à être éloignés.
C’est une pratique exigeante, tant sur le plan physique que mental quand on vous pousse dans vos retranchements, mais ce n’est en rien comparable au tarés du King Of The Streets qui eux ont beaucoup trop regardé Fight Club, dans un délire viriliste…
Si vous êtes dans un club correct, vous n’avez rien à craindre, et on ne vous fera jamais monter sur un ring sans votre accord
Une conclusion temporaireJe reviens d’ailleurs de mon entrainement bi-hebdomadaire du samedi, deux gars du club ont fait un sparing après la séance et on a causé avec le coach : il y a bien des clubs de loisirs et d’autres qui préparent réellement à la compète, mon club est de la première catégorie. De plus, même pour faire un seul combat, à niveau amateur, il faut passer une batterie de tests médicaux, physique et d’endurance. On ne trouve pas les licences dans des Kinder Surprise, c’est bien encadré. Les deux gars de mon club sont chauds pour passer en compétitif, et même pour ça, alors que leur niveau est clairement supérieur au mien, il y a de la route à faire ! Tout ça pour vous dire que les risques de la boxe, s’ils sont réels, sont surtout présents à haut niveau, et qu’il y a plusieurs barrières formelles à franchir avant de s’y exposer ! Commencez par la boxe loisir, ça vous fera plus de bien que de mal![]()
Me voilà arrivé à la fin de cet article ! Gardez à l’esprit que mon expérience est très faible et que cet article ne vous parle que de mon ressenti qu’après une dizaine de séances, dans un club loisir.
Mais ce que je peux vous dire, c’est que ça vaut la peine, vraiment !
Et je suppose que vous le voyez venir, mais la boxe est un sport complet, qui travaille endurance, coordination et coups. Un sport qui va demander de nombreuses heures avant de faire rentrer les automatismes, et qui est exigeant même en boxe loisir. Mais qui est gratifiant. Le meilleur moment ? A la fin de la séance, quand on s’est dépensé et qu’on a intégré un nouveau mouvement, une nouvelle habitude, quelque chose !
D’ailleurs petit bonus, vu qu’on est sur un forum qui est historiquement orienté séduction : y’a pas mal de filles qui viennent en séance de boxe ! Mais un conseil, ne leur souriez pas bêtement les bras ballants, vous pourriez prendre une droite
