Sandy (SK)
Posté : 06.02.06
Les faits qui sont relatés ici sont anciens. Ils ont été datés grâce au carbone 14 à une ère ancienne (au delà de 5 ans). Ils sont maintenant prescrits, digérés et amortis. Ils sont néanmoins réels, même si, par respect pour les protagonistes de cette histoire, les noms ont été modifiés et les lieux ont été changés.
Une fin d’après-midi chargée. Les patients se suivaient, se ressemblaient, s’accumulaient, s’énervaient, puis partaient rassurés. Le téléphone était omniprésent.
L’assistante à qui il aurait fallu greffer trois bras supplémentaires fit irruption dans mon bureau.
- Docteur, Melle K en ligne poste 4
- C’est pourquoi ? demandai-je sèchement
- Perso.
- Comment ça perso ?
- Elle m’a dit « je voudrais parler au Dr H., c’est personnel »
- Proposez lui de me rappeler dans (je regardai ma montre, puis le listing de salle d’attente)….mmmm, 20 minutes.
- Ca fait trois fois qu’elle appelle.
- Fais ch…, dites-lui que je la rappelle dans 20 minutes.
L’assistante ressortit de la pièce, puis revint quelques secondes plus tard.
- Elle dit qu’elle appelle d’une cabine, qu’elle ne veut pas vous déranger et qu’elle en a pour quelques instants.
- P…, qu’est-ce qu’ils ont tous aujourd’hui ? Bon passez la moi. Et fermez la porte siouplait.
Je décrochais le combiné, tapais le 4.
- Allô, dis-je dans un soupir
- Bonjour Dr, c’est SK, euh, voilà, je vais être un peu « cash », mais j’aimerais bien vous voir en dehors du travail. Est-ce que vous êtes libre ce soir ?
- ….
- Euh, allo, vous m’entendez ?
- Oui, je suis là, disons que je suis un peu … surpris. C’est une drôle de question. Mais pourquoi pas ? Par contre, je ne suis pas libre ce soir, et je suis absent pour les deux semaines qui viennent. Si vous voulez, je vous rappelle à mon retour. On fait comme ça ?
- On fait comme ça.
- Je vais prendre votre numéro.
- C’est le 06 XX XX XX XX.
- C’est rigolo.
- Qu’est-ce qui est rigolo ?
- Vous appelez d’une cabine alors que vous avez un portable. Vous savez que ça marche à l’extérieur de la cabine aussi ?
- Naaaan, j’ai bouffé mon forfait. Vous foutez pas de moi.
- OK, à bientôt, je vous rappelle.
- Au revoir.
Je raccrochais. Puis inspirais à fond. Je fermais les yeux en retenant ma respiration. Je me disais :. « C’est une blague. Qu’est ce que c’est que ce plan ? Dans quelle embrouille es-tu en train de te mettre ? Bon, et puis tu verras bien au retour des vacances… »
SK était une de mes clientes. Ou plus exactement son copain de l’époque était client. Mais il n’avait jamais le temps de venir et c’est elle que je voyais. J’avais dû la recevoir deux ou trois fois dans les derniers mois. Assez pour savoir qui elle était.
Brune, grande, les yeux gris, une bouche aux lèvres pulpeuses et bien dessinées. Un corps de rêve malheureusement masqué par une tenue vestimentaire indescriptible. Une inspiration grunge-destroy-punk-metal- no future formant un assemblage invraisemblable. Je la trouvais amusante avec son air de petite fille dans un corps de femme, ses vêtements improbables et ses projets dont la portée ne dépassait pas l’heure à venir. Quand elle ne venait pas, elle appelait pour un conseil ; de temps en temps. Quel âge pouvait elle avoir ? 20 ans tout au plus ? 15 de moins que moi.
Les vacances passèrent comme je le prévoyais : comme un éclair. Un éclair parsemé de rêves, de doutes, de sensations agréables mêlées d’une légère gêne. Si quoi que ce soit devait se passer avec cette fille, j’aurais des aménagements à faire à la fois avec mon emploi du temps et avec ma conscience… Ma vie se déroulait à cette époque comme dans un abri enterré. Avec tous ses avantages, ses côtés prévisibles, sa sécurité et son confort. Mais aussi ses limites, son absence de fantaisie, une famille et une belle-famille omniprésentes.
Je m’étais donné trois jours avant de la rappeler. Trois jours prévus pour une ultime réflexion, mais monopolisés par des sujets d’une autre nature. Le retour au travail avait été plus difficile que prévu. Je partais toujours en vacances transporté par l’espoir de voir les dossiers laissés en souffrance spontanément résolus à mon retour, comme si un être suprême et bienveillant pouvait m’en débarrasser pendant mon absence. Rien de tout cela. Les deux semaines de répit les avaient fait croître, embellir et se multiplier comme de mauvaises graines. L’être suprême n’existait pas et je devais m’y résoudre.
Au soir du troisième jour, après avoir cherché et trouvé tous les prétextes pour repousser le moment de l’appeler, je me rendais à l’évidence : j’avais peur. Peur qu’elle ait changé d’avis, peur de bafouiller ou de ne pas trouver les mots, peur de donner l’image pathétique de l’apprenti séducteur, peur de ne pas être capable, de ne pas pouvoir gérer la situation. En composant son numéro, je sentais mon cœur battre dans ma gorge et ma bouche se secher.
Elle répondit dès la première sonnerie et nous prîmes rendez-vous deux jours plus tard, au CenterBar, en centre-ville. Un bar qui m’était totalement inconnu, comme tous les bars du centre-ville.
J’arrivais au CenterBar en avance d’un bon quart d’heure. Après un tour dans le quartier, pour ne pas arriver trop tôt, je finissais par pousser la porte. Elle était là, attablée ; elle avait sorti un sachet de tabac et tentait de rouler une cigarette. Je la regardai faire. Le froid de l’hiver devait lui avoir engourdi les doigts et le tabac s’échappait par les côtés et tombait en pluie sur la table. Je m’approchai.
- bonjour, je peux m’asseoir ?
- Ah, bonjour, oui, asseyez vous.
La conversation qui suivit était placée sous le signe de la plus grande banalité ou de la plus grande prudence. Le vouvoiement et la retenue de chacun d’entre nous rendaient la situation surréaliste. J’étais face à une fille superbe qui m’avait invité sous l’emprise d’un désir que je soupçonnais sans y croire vraiment et nous étions là, coincés, embarrassés à parler de la pluie et du mauvais temps : dehors, la neige menaçait. Je décidai de me lancer.
- On pourrait se tutoyer, ce serait plus simple, non ?
- Oui, ce serait mieux.
- Alors dis-moi, commençais-je en la regardant droit dans les yeux, tu voulais qu’on se voie, tu as sans doute envie de me dire quelque chose.
- Voilà, euh, c’est pas très facile à dire comme ça. En fait, je te trouve très mignon et je me sens vraiment attirée par toi. Je sais bien que tu es marié, que tu as ta vie, mais j’aimerais qu’on passe un moment ensemble de temps en temps. Même si ce n’est pas souvent.
- Tu sais, je suis marié, j’ai des gosses, un boulot de fou. Je te trouve très jolie, mais on se connaît à peine. Je ne sais pas quelle place je peux te faire dans ma vie. Tu comprends ? Ce que je peux te proposer, c’est qu’on passe un moment ensemble, qu’on apprenne à se connaître.
Ses yeux n’avaient pas quitté les miens.
- Tu veux un café ?
- Oui, me dit-elle avec un sourire.
J’appelais le serveur. Il avait la tête et l’habit du croque-mort de Lucky Luke. Je commandais deux cafés. Je repris la conversation.
- tu es venue comment ?
- J’ai pris le bus, je me suis gelée, d’ailleurs je n’arrive plus à rouler mes clopes.
- J’ai vu ça, tu t’en es foutu partout…
La conversation se détendait de minute en minute, elle me parlait d’elle, de ses goûts, de sa vie. Je répondais à ses questions le plus exactement possible. On décida de lever le camp.
- on va faire un tour ? je proposai.
- Oui, tu es garé loin.
- Non, dans le quartier. Tu connais le lac de LR ?
- Oui, tu veux qu’on y aille ?
En guise de réponse, je me levai pendant qu’elle réglait les cafés au croque-mort. On prit la voiture. Le temps devenait de plus en plus menaçant. Les nuages blancs et le froid annonçaient une neige imminente. La discussion continua dans la voiture. Je découvrais une fille attachante, passionnée, purement émotionnelle. Et qui commençait à me plaire. Quand je la regardai, je sentais une sorte de douceur m’envahir, comme si mon sang se réchauffait soudainement à sa vue.
A la sortie d’un carrefour je m’engageais dans une impasse comme pour faire demi-tour et je m’arrêtai.
- M…j’ai oublié quelque chose !
- Quoi ? me dit-elle, intriguée.
Ma main se glissa dans ses cheveux et je l’embrassais. Quand mes lèvres quittèrent les siennes, je répondis.
- J’avais oublié ça. Ca fait une heure que j’en ai envie.
- Mmmm, moi aussi, répondit-elle. Et on recommença.
On continua à rouler, sans rien dire. Les premiers flocons venaient mourir sur le pare-brise. Elle rompit le silence.
- j’ai peur qu’on ait froid au lac, tu ne veux pas qu’on reste dans la voiture plutôt ?
- C’est vrai qu’on va se peler. Je vais me garer par là.
J’empruntais le chemin d’accès à la forêt, à proximité du lac. La neige tombait de plus en plus et les champs alentour commençaient à se recouvrir d’une pellicule blanche comme une couche de sucre. Je m’arrêtais.
Les instants qui suivirent resteront marqués au feu dans ma mémoire : brûlants, intenses et violents.
Deux heures plus tard, je la déposai en ville et rentrai chez moi. Il était 17 heures, la neige avait recouvert les champs et la circulation devenait pénible et hasardeuse.
Arrivé chez moi, je pris une douche elle aussi très chaude puis je restai debout devant ma glace. Je regardai mon visage et essayai de réaliser ce qui venait d’arriver. La douce sensation de chaleur m’envahit à nouveau. Ma voix intérieure se ranimait :
« Toi, tu as la tête de celui qui vient de faire l’amour en plein jour, dans ta bagnole, avec une fille que tu ne connaissais pratiquement pas deux heures avant…Tu voulais de l’adrénaline ? En voilà. Mais ça fait peut-être beaucoup à la fois… »
SK venait d’entrouvrir la porte de mon abri et je m’étais engouffré dans cette brèche.
Ca ne faisait que commencer.
(à suivre)
Une fin d’après-midi chargée. Les patients se suivaient, se ressemblaient, s’accumulaient, s’énervaient, puis partaient rassurés. Le téléphone était omniprésent.
L’assistante à qui il aurait fallu greffer trois bras supplémentaires fit irruption dans mon bureau.
- Docteur, Melle K en ligne poste 4
- C’est pourquoi ? demandai-je sèchement
- Perso.
- Comment ça perso ?
- Elle m’a dit « je voudrais parler au Dr H., c’est personnel »
- Proposez lui de me rappeler dans (je regardai ma montre, puis le listing de salle d’attente)….mmmm, 20 minutes.
- Ca fait trois fois qu’elle appelle.
- Fais ch…, dites-lui que je la rappelle dans 20 minutes.
L’assistante ressortit de la pièce, puis revint quelques secondes plus tard.
- Elle dit qu’elle appelle d’une cabine, qu’elle ne veut pas vous déranger et qu’elle en a pour quelques instants.
- P…, qu’est-ce qu’ils ont tous aujourd’hui ? Bon passez la moi. Et fermez la porte siouplait.
Je décrochais le combiné, tapais le 4.
- Allô, dis-je dans un soupir
- Bonjour Dr, c’est SK, euh, voilà, je vais être un peu « cash », mais j’aimerais bien vous voir en dehors du travail. Est-ce que vous êtes libre ce soir ?
- ….
- Euh, allo, vous m’entendez ?
- Oui, je suis là, disons que je suis un peu … surpris. C’est une drôle de question. Mais pourquoi pas ? Par contre, je ne suis pas libre ce soir, et je suis absent pour les deux semaines qui viennent. Si vous voulez, je vous rappelle à mon retour. On fait comme ça ?
- On fait comme ça.
- Je vais prendre votre numéro.
- C’est le 06 XX XX XX XX.
- C’est rigolo.
- Qu’est-ce qui est rigolo ?
- Vous appelez d’une cabine alors que vous avez un portable. Vous savez que ça marche à l’extérieur de la cabine aussi ?
- Naaaan, j’ai bouffé mon forfait. Vous foutez pas de moi.
- OK, à bientôt, je vous rappelle.
- Au revoir.
Je raccrochais. Puis inspirais à fond. Je fermais les yeux en retenant ma respiration. Je me disais :. « C’est une blague. Qu’est ce que c’est que ce plan ? Dans quelle embrouille es-tu en train de te mettre ? Bon, et puis tu verras bien au retour des vacances… »
SK était une de mes clientes. Ou plus exactement son copain de l’époque était client. Mais il n’avait jamais le temps de venir et c’est elle que je voyais. J’avais dû la recevoir deux ou trois fois dans les derniers mois. Assez pour savoir qui elle était.
Brune, grande, les yeux gris, une bouche aux lèvres pulpeuses et bien dessinées. Un corps de rêve malheureusement masqué par une tenue vestimentaire indescriptible. Une inspiration grunge-destroy-punk-metal- no future formant un assemblage invraisemblable. Je la trouvais amusante avec son air de petite fille dans un corps de femme, ses vêtements improbables et ses projets dont la portée ne dépassait pas l’heure à venir. Quand elle ne venait pas, elle appelait pour un conseil ; de temps en temps. Quel âge pouvait elle avoir ? 20 ans tout au plus ? 15 de moins que moi.
Les vacances passèrent comme je le prévoyais : comme un éclair. Un éclair parsemé de rêves, de doutes, de sensations agréables mêlées d’une légère gêne. Si quoi que ce soit devait se passer avec cette fille, j’aurais des aménagements à faire à la fois avec mon emploi du temps et avec ma conscience… Ma vie se déroulait à cette époque comme dans un abri enterré. Avec tous ses avantages, ses côtés prévisibles, sa sécurité et son confort. Mais aussi ses limites, son absence de fantaisie, une famille et une belle-famille omniprésentes.
Je m’étais donné trois jours avant de la rappeler. Trois jours prévus pour une ultime réflexion, mais monopolisés par des sujets d’une autre nature. Le retour au travail avait été plus difficile que prévu. Je partais toujours en vacances transporté par l’espoir de voir les dossiers laissés en souffrance spontanément résolus à mon retour, comme si un être suprême et bienveillant pouvait m’en débarrasser pendant mon absence. Rien de tout cela. Les deux semaines de répit les avaient fait croître, embellir et se multiplier comme de mauvaises graines. L’être suprême n’existait pas et je devais m’y résoudre.
Au soir du troisième jour, après avoir cherché et trouvé tous les prétextes pour repousser le moment de l’appeler, je me rendais à l’évidence : j’avais peur. Peur qu’elle ait changé d’avis, peur de bafouiller ou de ne pas trouver les mots, peur de donner l’image pathétique de l’apprenti séducteur, peur de ne pas être capable, de ne pas pouvoir gérer la situation. En composant son numéro, je sentais mon cœur battre dans ma gorge et ma bouche se secher.
Elle répondit dès la première sonnerie et nous prîmes rendez-vous deux jours plus tard, au CenterBar, en centre-ville. Un bar qui m’était totalement inconnu, comme tous les bars du centre-ville.
J’arrivais au CenterBar en avance d’un bon quart d’heure. Après un tour dans le quartier, pour ne pas arriver trop tôt, je finissais par pousser la porte. Elle était là, attablée ; elle avait sorti un sachet de tabac et tentait de rouler une cigarette. Je la regardai faire. Le froid de l’hiver devait lui avoir engourdi les doigts et le tabac s’échappait par les côtés et tombait en pluie sur la table. Je m’approchai.
- bonjour, je peux m’asseoir ?
- Ah, bonjour, oui, asseyez vous.
La conversation qui suivit était placée sous le signe de la plus grande banalité ou de la plus grande prudence. Le vouvoiement et la retenue de chacun d’entre nous rendaient la situation surréaliste. J’étais face à une fille superbe qui m’avait invité sous l’emprise d’un désir que je soupçonnais sans y croire vraiment et nous étions là, coincés, embarrassés à parler de la pluie et du mauvais temps : dehors, la neige menaçait. Je décidai de me lancer.
- On pourrait se tutoyer, ce serait plus simple, non ?
- Oui, ce serait mieux.
- Alors dis-moi, commençais-je en la regardant droit dans les yeux, tu voulais qu’on se voie, tu as sans doute envie de me dire quelque chose.
- Voilà, euh, c’est pas très facile à dire comme ça. En fait, je te trouve très mignon et je me sens vraiment attirée par toi. Je sais bien que tu es marié, que tu as ta vie, mais j’aimerais qu’on passe un moment ensemble de temps en temps. Même si ce n’est pas souvent.
- Tu sais, je suis marié, j’ai des gosses, un boulot de fou. Je te trouve très jolie, mais on se connaît à peine. Je ne sais pas quelle place je peux te faire dans ma vie. Tu comprends ? Ce que je peux te proposer, c’est qu’on passe un moment ensemble, qu’on apprenne à se connaître.
Ses yeux n’avaient pas quitté les miens.
- Tu veux un café ?
- Oui, me dit-elle avec un sourire.
J’appelais le serveur. Il avait la tête et l’habit du croque-mort de Lucky Luke. Je commandais deux cafés. Je repris la conversation.
- tu es venue comment ?
- J’ai pris le bus, je me suis gelée, d’ailleurs je n’arrive plus à rouler mes clopes.
- J’ai vu ça, tu t’en es foutu partout…
La conversation se détendait de minute en minute, elle me parlait d’elle, de ses goûts, de sa vie. Je répondais à ses questions le plus exactement possible. On décida de lever le camp.
- on va faire un tour ? je proposai.
- Oui, tu es garé loin.
- Non, dans le quartier. Tu connais le lac de LR ?
- Oui, tu veux qu’on y aille ?
En guise de réponse, je me levai pendant qu’elle réglait les cafés au croque-mort. On prit la voiture. Le temps devenait de plus en plus menaçant. Les nuages blancs et le froid annonçaient une neige imminente. La discussion continua dans la voiture. Je découvrais une fille attachante, passionnée, purement émotionnelle. Et qui commençait à me plaire. Quand je la regardai, je sentais une sorte de douceur m’envahir, comme si mon sang se réchauffait soudainement à sa vue.
A la sortie d’un carrefour je m’engageais dans une impasse comme pour faire demi-tour et je m’arrêtai.
- M…j’ai oublié quelque chose !
- Quoi ? me dit-elle, intriguée.
Ma main se glissa dans ses cheveux et je l’embrassais. Quand mes lèvres quittèrent les siennes, je répondis.
- J’avais oublié ça. Ca fait une heure que j’en ai envie.
- Mmmm, moi aussi, répondit-elle. Et on recommença.
On continua à rouler, sans rien dire. Les premiers flocons venaient mourir sur le pare-brise. Elle rompit le silence.
- j’ai peur qu’on ait froid au lac, tu ne veux pas qu’on reste dans la voiture plutôt ?
- C’est vrai qu’on va se peler. Je vais me garer par là.
J’empruntais le chemin d’accès à la forêt, à proximité du lac. La neige tombait de plus en plus et les champs alentour commençaient à se recouvrir d’une pellicule blanche comme une couche de sucre. Je m’arrêtais.
Les instants qui suivirent resteront marqués au feu dans ma mémoire : brûlants, intenses et violents.
Deux heures plus tard, je la déposai en ville et rentrai chez moi. Il était 17 heures, la neige avait recouvert les champs et la circulation devenait pénible et hasardeuse.
Arrivé chez moi, je pris une douche elle aussi très chaude puis je restai debout devant ma glace. Je regardai mon visage et essayai de réaliser ce qui venait d’arriver. La douce sensation de chaleur m’envahit à nouveau. Ma voix intérieure se ranimait :
« Toi, tu as la tête de celui qui vient de faire l’amour en plein jour, dans ta bagnole, avec une fille que tu ne connaissais pratiquement pas deux heures avant…Tu voulais de l’adrénaline ? En voilà. Mais ça fait peut-être beaucoup à la fois… »
SK venait d’entrouvrir la porte de mon abri et je m’étais engouffré dans cette brèche.
Ca ne faisait que commencer.
(à suivre)