Chapitre III, laisse-moi t'apprendre quelque-chose, en France on s'embrasse sur la bouche pour se dire au-revoir
Mes journées à cette époque étaient presque parfaitement Moraviesques, c'est-à-dire faites d’ennui doux, et de disponibilité. En ouvrant « Le voyage à Rome » et « L’homme qui regarde », j’avais l’impression de lire un miroir. Je déambulais donc tous les jours entre le Boulevard Saint-Germain et l’avenue de l’Opéra, et c’est logiquement que j’ai fixé ma date au Mabillon, qui, à l’époque toujours, me paraissait un bon compromis entre branchitude (serveurs désagréables, musique électronique) et facilité d’accès.
L’année précédente, j’avais découvert cet endroit avec Elise, par hasard, un jour de pluie, et j’avais jugé malin, après deux mois de push and pull quotidien qui auraient déraciné un arbre, de la qualifier hors de proportion. La porte du bonheur s’était brutalement refermée sur mon nez, et la petite Elise était retournée auprès de son copain (qu’elle n’a plus jamais quitté par la suite). Ne jamais avouer, ne jamais avouer. Quand vous oubliez les fondamentaux, ce sont eux qui se rappellent à vous.
Comme je connaissais moins bien Paris, il m’arrivait d’être en avance aux rendez-vous. Et comme je n’avais pas encore de pantalons chers, il m’arrivait de m’asseoir sur un banc pour attendre. 30 secondes plus tard, son arrivée m’a collé une érection dont je me souviens encore.
Je ne pensais pas qu’autant de poitrine puisse tenir dans un petit t-shit en coton. Au début j’ai cru qu’il y en avait encore plus que la première fois, mais, consciamment ou inconsciamment, elle avait un petit subterfuge : la bretelle du sac bandoulière entre les seins, comme une ceinture de sécurité. En ce temps-là où mon énergie sexuelle approchait celle d’un camion de piles Duracell neuves et inépuisables, je me suis immédiatement fait le serment de la Fclose, quoiqu’il en coûte. Et il en a coûté. C’est comme les cuisines, entre le modèle d’exposition et le devis final chez vous, le prix monte, monte, monte, mais vous n’abandonnez jamais.
E : Yé démandé à MarieLuz (prononcer MarieLouce, avec la langue entre les dents) si elle voulait venir aussi, mais elle n’était pas libre
M (intérieurement) : Ouf, j’ai eu chaud. (A haute voix – candide) : Ah oui, c’est vrai, comment va-t-elle ?
E : Elle va bien, mais tu sais, il faut que je te dise quelquechose. C’est elle qui était intéressée.
M (léger direct du droit reçu à la machoire, petite douleur, mais il a fallu se ressaisir et se rendre bien vite à l’évidence : 1 – si elle n’était pas intéressée, elle ne serait pas venue ; 2 – quand une fille est intéressée, sa meilleure copine le devient forcément aussi, puisqu’elle lui a expliqué à quel point vous êtes génial) : Ah oui, mais alors vous m’aviez remarqué, dans le bus ? (tête d’enfant de chœur à la messe du dimanche)
E : Arrête, tu le sais très bien, on t’a regardé pendant le trajet, et toi aussi
M : Oui, je me demandais de quelle nationalité vous étiez. Espagnoles, c’est ça ?
Les espagnoles de Madrid ont cette double facette d’être un petit peu rondelettes (et d’habiter dans une ville assez moche), mais de jouer le Game avec une facilité et un naturel assez confondant. La belle madrilène de 30 ans est presque plus facile à gamer qu’un thon parisien de 18. Fluff sur l’Espagne, qui nous a permis de nous éloigner du sujet dangereux de la copine (colocataire, en fait), qui aurait pu la faire culpabiliser de prendre un verre avec moi. Je ne vous l’écrit pas, le fluff sur les villes et les pays, même bien mené, c’est toujours ennuyeux. A moins de demander où habitent les filles les plus sexy.
M : Tu as quel âge ?
E : Pourquoi ?
M : Parce que ! Avec les filles, je me suis fixé des limites d’âge : plus de 23, et moins de 25 (fausse piste : si elle se met à discuter de mes critères, alors elle se qualifie, donc elle rentre dans ma projection, et donc elle a dit oui, implicitement)
E : Ah, mais tou es un peu sévère, qu’est-ce qui se passe si on né rentré pas dans tes critères ?
M (intérieurement) : Yes ! (à haute voix) : dis-toujours, je verrai ce que je peux faire.
E : Yé 32, enfin pas tout à fait, yé 31 encore
M (intérieurement) : J’ai envie de t’attraper par les poignées d’amour et de te mettre à quatre pattes (à haute voix) : aie, tu perds un point. Ton score s’élève donc à … 2.
E : 2 points sour combien ?
M : Sur 10. Tu as gagné un bonus de 3 pour être arrivée en avance
E : Alors, tou fais quoi comme métier ?
Le meilleur moyen pour d’intéresser avec ses occupations, c’est d’en avoir vraiment, des occupations ; et intéressantes, si possible. J’ai donc expliqué que je suivais des cours de théâtre chez Cochet, en quoi c’était plus que de la comédie mais une éducation, une ligne de conduite, etc. Petit cut au montage, et nous voilà 20 minutes plus tard :
M : Cet été je vais faire du wake-board à Juan, et toi ?
E : Yé pars à Madrid pour 2 mois
M : (intérieurement) : hé merde ! (à haute voix) : ah, et tu pars quand ?
E : Demain. D’ailleurs Marie-Luz (Marie-Louce) vient avec moi, on va aller à…
M (intérieurement) : on s’en fout, de là où vous allez. Et c’est mauvais signe qu’elle remette la coloc dans la conversation. Il me faut un plan, et vite. Le temps presse, commençons à sexuer (à haute voix) : tu es prof, c’est bien ça ?
E : Oui
M : Comment tu fais pour écrire tout en haut du tableau, avec un tatouage en bas du dos ? Quelqu’un doit tenir le pull pour qu’il ne le découvre pas ?
E : hi hi, non, il se voit, mais c’est pas grabe. Il faut assumer ce qu’on fait.
M : Quand j’étais petit, je voulais faire 2 métiers. Pharmacien, parce que j’aimais le bruit de la bille du stylo sur les boites de médicaments, et tatoueur, pour pouvoir écrire ce que je voulais sur le corps des gens. Comme ça ils se souviendraient de moi toute leur vie.
E : …
M : Tu as dû avoir des déclarations d’amour de la part d’élèves, raconte la meilleure
E : Hmm, non pas vraiment d’amour
M : Allez, n’essaie même pas de dire non. Raconte.
E : Il y en a un qui s’est introduit dans la salle des profs pour me déposer un bouquet de fleurs dans mon casier, et puis un autre …
Pendant qu’elle se moquait de ces nigauds d’AFC qui pensaient se taper leur prof à coups de roses et de boites de chocolat, je rassemblais dans ma tête les éléments de l’énigme, et ça ne s’annonçait pas très bien
- elle partait le lendemain après-midi à l’étranger pour 2 mois
- le soir même, elle allait à un concert avec « un ami » (traduction : elle avait déjà une date)
- le lendemain matin, elle faisait ses baggages, forcémént
- sa coloc avait quand même mis, quoique je puisse faire, un « ticket de réservation » sur moi (voir mon article sur les openers), et elle se sentait coupable de la doubler
Mon plan était simple : pousser le plus loin possible jusqu’à son départ au concert (il restait peu de temps), et compter sur ce maigre hook pour laisser une trace persistante dans un coin de sa tête pendant deux mois. Chances de réussite : maigres. Qualité de la récompense si succès : énorme.
M : On va se promener ?
Quand la configuration vous empêche de kinoter, n’insistez pas comme un sourd, changez simplement de configuration. Boulevard Saint-germain, enserré de boutiques à droite et à gauche comme un sandwiche, il est facile d’attirer une fille vers les boutiques de chaque trottoir, en lui prenant le bras et en lui relâchant, comme surpris pas sa propre spontanéité. J’ai récemment vu un vendeur de chez Kiliwatch faire ça à une cliente, c’est démoniaque. Kino appuyé mais bref, puis rétractation avec l’expression de celui qui a fait une bêtise. Puis rebelotte. Puissant, en tous cas plus que le kino sournois de celui qui fait comme si de rien n’était. Malgré cela, elle ne s’abandonnait jamais, et je la sentais prête à se faufiler comme une anguille si je l’attrapais trop franchement. Et ça n’a pas loupé.
M : C’est quand même marrant, on dirait que les poignées d’amour ont été inventées pour poser les mains dessus (j’étais alors juste derrière elle, et je les ai posées, sur le même mode de jeu que ci-dessus)
E : Non, tu ne peux pas faire ça
M (intérieurement) : tu commences à me casser les couilles à me dire ce que j’ai le droit de faire ou pas (à haute voix) : pourquoi, tu transpires

? (prends ça)
E : Non mais pas maintenant
M (intérieurement) : qu’est-ce qui la bloque ? Sa date dans quelques minutes ? Sa coloc qui lui a dit « n’y touche pas il est pour moi » avant de partir ? Elle n’avouera pas, inutile de me le demander, et encore plus inutile de
lui demander. Continuons juste le plan sur des rails, en dépit des intempéries.
Shakespeare a écrit :Promised Land always comes on the other side of a wilderness
E : Bon, il est 18h, il faut que j’y aille
M : Laisse-moi t'apprendre quelque-chose sur le savoir-vivre en France : on s'embrasse pour se dire au-revoir…
E (m’embrasse sur la joue)
M : …sur la bouche
E : Non je ne peux pas faire ça
M (encore, mais c’est pas vrai ! Elle m’a bouffé des yeux dans le bus, elle est venue, elle m’a posé 157 questions persos, elle a les yeux dilatées comme la pupille d’un chat dans la nuit noire, le kissclose doit passer, peu importe sa coloc, sa date, le pape, et toute le reste
Quand vous n’avez vraiment plus d’idées, soit vous abandonnez, soit vous répétez « pourquoi »
M : Pourquoi ?
E : Parce qu’on ne se connaît pas assez, bla bla…
M (sourire accompagnant un « non » de la tête) : sérieusement, pourquoi ?
E : C’est moi qui suis venue mais c’est ma copine qui devait venir
M : Alors, pourquoi non ?
E : Parce qu’on est en pleine rue
M : Non, là on est sur le trottoir (la prenant par le bras) Maintenant, on est en pleine rue.
E : bla bla
M : Pourquoi ?
E : bla bla
M : Pourquoi ?
E : bla bla
M : Pourquoi ?
E : bla bla
M : Pourquoi ?
E : bla bla
M : Pourquoi ?
E : …
Kissclose
Re Kissclose
Rere kissclose
Insister ou ne pas insister, c’est du 90/10. 90% du temps, quand elle refuse le Kissclose, c’est que vous avez merdé avant, montrez de la classe et n’insistez pas. Mais dans 10% des cas, vous avez bien joué, vous avez eu des IOI indiscutables, et malgré tout le robinet bloque, ça résiste.
Si vous êtes sûr de vos IOI, et
si vous êtes sûr de n’avoir rien oublié par rapport à votre game habituel, tentez le tout pour le tout et, très calmement, avec une once de flegme, insistez. Une fois vos lèvres contre les siennes, et ses poignées d’amour dans la paume de vos mains, si vous sentez bon et qu’elle n’a pas été prise depuis quelques semaines (mois ?), tout va se décoincer, et s’accélérer.
Deux mois plus tard… (chapitre IV)
Un échange de mail uniquement durant tout l’été, dans lequel elle me demandait l’air de rien la date de mon retour ; j’ai évidemment annoncé une semaine plus tôt que la réalité, ce qui lui laissait le plaisir de se croire le prix, sans me faire attendre du tout. Le soir de ma descente d’avion, le temps de passer me changer chez moi et je l’ai emmenée au théâtre. Elle était bronzée, il faisait chaud, elle avait un décolleté, tout le monde se retournait sur elle dans le métro, et en rentrant j’ai simplement demandé si elle préférait aller chez elle ou chez moi. Sur mon canapé je lui ai demandé de me montrer son tatouage, je l’ai assise sur mes genoux, et elle m’a embrassé.
Spike a écrit :Viens, on sera mieux sur le lit, je n’aime pas les canapés
Elle s’était parfumée le corps à l’huile de noix de je-sais-pas-quoi et avait la trace de bronzage de la forme de son string. C’était bien superflu, j’avais envie de cette fille depuis la première fois que j’ai vue, à l’arrêt de bus. Quelques minutes à peine après l’avoir pénétrée, alors que je savourais le moment à la hauteur de la patience qu’il m’avait fallu pour l’avoir, elle a brusquement joui dans des spasmes violents.
E : Deux mois que j’attendais ça
M (joueur) : Depuis quand, exactement ?
E : Quand on s’est embrassés au milieu de la rue
Ce n’est pas la taille du crochet qui ferre le poisson, c’est sa forme, et la façon dont le poisson l’avale. Je l’ai retournée pour la prendre en levrette, les mains sur les poignées d’amour et les yeux sur le tatouage qui me faisait penser à un guidon de vélo (j’y connais rien en tatouages tribals/tribaux). Tout aussi soudainement que la première fois, son bassin s’est cambré et tout son corps a été pris de contractions jusqu’au vagin. J’avais rarement vu ça, et, même plusieurs années plus tard, j’ai toujours rarement vu ça. Après 3 orgasmes réels et violents, où elle semblait possédée, je n’avais toujours pas eu le temps de jouir.
Beatriz a écrit :Je vais te faire jouir autrement
Et là, avec un naturel assez déconcertant, comme les femmes de 30 ans et plus, elle a pris mon sexe, tout juste sorti du sien, l’a désencapuché et mis dans sa bouche avec l’intention claire d’aller au bout. Il lui a fallu moins que le temps d’une chanson (j’avais mis la musique) pour me faire jouir, mi dans sa bouche, mi sur sa joue.
Un de mes plus intenses souvenirs de Fclose, même si l’un des plus brefs. Elle est restée ma fuck-friend préférée pendant plusieurs années, flottant au gré des débuts et des fins de mes LTRs. Puis finalement, après une énième disparition (après l’amour, elle ne faisait rien et ne me donnait aucune envie de rester, un peu comme Cécilia dans l’ennui de Moravia, donc je disparaissais pour quelques semaines), elle a fini par se lasser et un jour elle ne m’a plus répondu au téléphone. Parfois, j’y repense, et elle me manque un peu. Il paraît que les muscles ont une mémoire. Les chairs aussi.