Mental et Vie intérieure

La procrastination, fléau de notre génération : comment reprendre le contrôle et arrêter de se laisser couler (avant qu’il ne soit trop tard)

La procrastination est un mal dont nous sommes nombreux à souffrir, et qui peut avoir de sérieuses conséquences. Hors de question de se laisser couler, il est temps de (re)prendre les choses en mains. Voici comment.

Affalé sur votre canapé (dans une position qui n’est pas sans rappeler celle du phoque échoué sur la plage), vous comatez devant un téléfilm sur la TNT

(une passionnante histoire de météorites géants qui menacent toute la planète, une production franco-allemande de très grande qualité dont vous tenez absolument à voir la fin)

tout en culpabilisant vaguement à l’idée de ce que vous devriez faire à la place.

Vous savez, toutes ces choses importantes et ces papiers urgents qui s’empilent dans un coin.

Mais rien à faire, votre esprit atteint des sommets de créativité lorsqu’il s’agit d’éviter tout ça.

Crises de ménage, gros coups de flemme, ranger votre disque dur, faire le tri dans vos placards, soudaines envies de bosser sur autre chose de considérablement moins important…

L’esprit a souvent des réactions bizarres face à ce mal mystérieux qu’est la procrastination (et qui semble toucher énormément de gens de notre génération).

Si vous êtes concerné, vous êtes en train de vous auto-saboter, et il est vraiment important d’essayer de surmonter ça.

Comprendre les tenants et aboutissants de la procrastination

La procrastination est sans doute le résultat de plusieurs angoisses qui s’entremêlent – raison pour laquelle il est si difficile d’en tracer un contour précis.

Quand on y réfléchit bien, on s’aperçoit que la procrastination a deux visages.

  • La procrastination qui concerne les petites tâches un peu chiantes du quotidien (envoyer ce foutu courrier aux impôts, nettoyer la salle de bain, appeler Tata Monique, faire le tri dans ses papiers, ranger le garage, …) => plus communément appelée « la flemme »
  • La procrastination qui concerne les choses importantes de votre vie, celles qui peuvent avoir un impact décisif sur la suite, et qui pour le coup, peut avoir des conséquences vraiment graves

La flemme, procrastination du quotidien

La flemme, il nous arrive à tous d’y céder de temps en temps.

Les plus aguerris sentent venir la crise de flemme à l’avance, et savent réagir pour éviter les dégâts.

D’autres, avec moins de réflexe, se font avoir à chaque fois ou presque. Avec en bonus, un méchant sentiment de culpabilité lorsqu’ils s’apercevront du temps de perdu bêtement, et de la merde dans laquelle ils se sont mis.

Cette flemme, elle s’appuie principalement sur deux choses :

  • La réticence à affronter la contrainte : personne n’aime affronter des contraintes, surtout si elles n’apportent pas grand chose en retour. Mais ce n’est pas pour autant qu’elles peuvent être négligées. Sortez vous les doigts, arrêtez de tergiverser, arrêtez de réfléchir, mettez-vous au boulot et vous verrez : la plupart du temps, le plus difficile c’est de s’y mettre. Juste, faites taire votre cerveau et mettez vous au boulot.
  • Sans doute un petit côté paresseux / un manque de vaillance – qui ne vous honore pas, mais qui n’a rien de définitif. Juste, à vous de décider une bonne fois pour toute d’arrêter de vous montrer négligeant et nonchalant, et de devenir un peu adulte et responsable (c’est vraiment un déclic qui doit venir de l’intérieur)

Bref, cette flemme, elle se surmonte essentiellement grâce à la volonté. Pour ça, pas de recette magique, désolés : l’envie de vous prendre en mains et de ne plus vous laisser impressionner / déborder par des broutilles, doit venir de vous.

Peut être qu’une bonne chose à faire est de développer certains réflexes : si l’idée même de plier ce truc qui traîne depuis trop longtemps vous angoisse, au lieu de vous replier lâchement vers une activité de diversion, essayez de vous faire violence, et d’affronter le truc en frontal, une bonne fois pour toutes.

En mode courageux. Sans réfléchir (ce qui vous donnerait l’occasion de trouver des excuses pour esquiver).

Éteignez le cerveau, affrontez la bête sur un coup de tête. Ici, la réflexion est votre ennemi, passez en mode impulsion.

Vous vous sentirez soulagé après coup, promis.

La vraie procrastination, celle qui touche à des angoisses qui font mal

La flemme, c’est la procrastination du petit joueur.

La vraie procrastination, c’est celle qui vous empêche de finir ou de faire les choses importantes dans votre vie.

Quand on réfléchit un peu au sujet, on réalise qu’elle est due aux choses suivantes :

  • Un manque de perspective et de focus qui laisse trop de place au doute, à la perplexité et au découragement
    Quand on sait ce que l’on veut, qu’on sait ce qu’on doit faire et qu’on a VRAIMENT envie que ça arrive, en général, on a pas besoin de se forcer pour avancer. Paradoxalement, ce sont souvent les gens qui souffrent le plus de procrastination qui sont aussi les plus capables de se donner à 300% sur des tâches complexes… quand ils sont vraiment impliqués, décidés et motivés.
  • Une angoisse de l’inconnu, et une crainte d’être insuffisant : on parle souvent de peur de l’échec, ou de peur de la réussite.
    Moi, je pense que ces deux « peurs » sont les deux faces d’une seule et même pièce : l’angoisse de « ce qui vient après si je fais ça », qui elle-même camoufle la peur de ne pas être à la hauteur, l’angoisse qui fait croire qu’on ne saura pas gérer, qu’on sera débordé par les évènements et confronté à ses limites

Devant ces angoisses existentielles, il est tentant d’éviter ce qui pique, alors on trouve mille et une façons de s’occuper l’esprit autrement, et de se contenter de mettre la poussière sous le tapis en espérant que tout s’arrange tout seul.

(ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’un des grands classiques de la procrastination est le ménage ou le rangement de l’ordinateur : le fait de ranger / nettoyer est un parfait moyen de se redonner l’illusion du contrôle et de l’efficacité)

Mais les choses ne s’arrangent jamais toutes seules, surtout quand on laisse pourrir la situation.

Seule solution : travailler le mal à la racine.

Combattre la procrastination à la racine

Si on part du principe que la procrastination est le symptôme de deux maux qui se croisent (l’angoisse de ne pas être à la hauteur / de ne pas savoir gérer + le manque de perspective), logiquement, on peut se dire qu’en bossant sur ces deux problèmes on va pouvoir peu à peu sortir de cette torpeur coupable.

Le manque de perspective, il se travaille avec un peu d’organisation et de logique.

Organisation et méthode

Lorsque c’est l’apparente complexité d’une situation qui vous bloque (et l’impression que tout ça vous échappe, que c’est trop compliqué pour vous, et que ça va vous emmener dans des endroits où vous n’êtes pas sûr d’être capable d’aller), vous avez besoin de mettre les choses à plat et de décortiquer le problème pour mieux vous le réapproprier.

Personnellement, je n’ai rien trouvé de plus efficace que la technique du papier et du stylo.

Quand une situation me parait trop complexe ou trop anxiogène, je la pose sur papier, et je la décortique (le fait de le faire par écrit permet de se distancier par rapport à ses émotions, et de faire preuve de bien plus de rationalité).

Découpez le problème complexe et anxiogène en plusieurs sous-parties que vous comprenez, faciles à gérer et moins flippantes. Cartographiez-le pour mieux le comprendre, et mieux le dominer.

Puis, une fois que vous avez bien mappé ses différents tenants et aboutissants, repérer les différentes étapes à suivre, ou les différents angles d’attaque possible… puis attaquez par le bout le plus simple.

Pourquoi ?

Parce que le bout le plus simple, vous n’aurez pas peur de vous y mettre, la contrainte (les pros parlent de « friction » = « ce qui freine ») est minimale.

Et bien souvent, une fois lancé, on oublie ses angoisses et on arrive à se mettre en mode boulot, et à enchaîner les tâches.

Bien souvent, le gros problème du procrastinateur, c’est que ses angoisses latentes l’empêchent de COMMENCER.

COMMENCER, c’est le plus dur, parce que ça demande de mobiliser son temps et sa volonté.

Mais une fois que c’est fait, on est pris dans le truc, et on se rend compte que plus rien ne justifie la réticence : la difficulté n’existait que dans notre tête, c’était un sous-produit de l’angoisse.

Le premier pas est toujours le plus dur, les autres sont quasi-mécaniques.

Alors mappez le problème pour mieux le comprendre, attaquez par le bout facile, et enchaînez, et faites en un maximum tant que vous pouvez, avant que la paralysie ne vous gagne à nouveau.

Travail sur soi, pour surmonter ses angoisses

La méthode et l’organisation vous permettront de surmonter vos difficultés à COMMENCER – mais ne règleront pas le problème définitivement.

Je pense que si – comme beaucoup de gens – moi y compris – vous avez une tendance à la procrastination, l’aide d’un thérapeute pourrait vous être bénéfique : il vous aidera à identifier les pensées cachées qui nourrissent vos angoisses de ne pas y arriver, de ne pas être à la hauteur.

Vous pouvez y arriver seul si vous avez une bonne capacité d’introspection, mais ça peut ne pas être le cas de tout le monde, auquel cas l’aide d’un pro peut vraiment être une bonne idée.

En parallèle, vous pouvez user de stratagèmes d’automotivation pour vous forcer à dépasser vos réticences.

  • Découpage des tâches + récompense à chaque fois que vous finissez l’une de ces tâches (avec, pourquoi pas, des bonus si vous arrivez à faire plus que prévu)
  • Adoption d’un système où vous vous obligez à bosser pendant XX minutes sans distraction et sans interruption (éteignez le WiFi, le téléphone et retirez les piles de la télécommande de la télé)
  • Repérez les moments de la journée où la motivation est à son maximum (moi c’est tôt le matin, bizarrement, j’ai toujours du jus pour la paperasse le matin entre 8 et 10h)
  • Faites-vous violence : à la manière de ce que j’expliquais dans mon article sur la course à pied, vous avez peut être besoin de développer le réflexe de savoir dire « Ta gueule » au doute qui essaie de vous empêcher d’avancer dans votre vie. Le meilleur moyen pour ça, c’est d’intégrer le fait que cette petite voix qui essaie de vous décourager, ELLE VOUS VEUT DU MAL, et que si vous l’écoutez, vous êtes foutu. Alors apprenez à lui dire ta gueule, et à avancer, en mode « on s’en fout / je verrai bien / j’en suis capable ». Shut up and go.

… mais ne négligez pas pour autant les racines profondes du problème, sans quoi tous vos stratagèmes reviendraient à planquer la poussière sous le tapis.

La procrastination est un problème complexe qui risque de vous pourrir la vie si vous ne le prenez pas au sérieux :  outre le merdier que ça peut provoquer dans votre vie si vous ne prenez pas les choses en mains, ça peut aussi aboutir à une estime de soi sérieusement écornée, voire, à de sévères dépressions liées au fait que vous sentez que vous n’arrivez pas à piloter votre vie.

Alors ne laissez pas la procrastination polluer votre vie, réagissez.

Vous n’y arriverez pas à chaque fois (et c’est ok), mais la procrastination est une habitude négative qu’il vous faut remplacer par une habitude positive (celle de surmonter la réticence grâce à votre force de caractère).

Ce genre de chose se fait grâce à une succession de petites victoires, jusqu’à ce que se bouger devienne un réflexe plus fort que la réticence.

Un pas après l’autre, une victoire après l’autre.

Si vous êtes concerné, avez-vous identifié des raisons particulières à cette tendance à la procrastination ? Avez vous mis en place des techniques et astuces efficaces pour vous obliger à vous y mettre ?

Les commentaires sont fermés.