Mental et Vie intérieure

Le regard des autres : mieux le gérer, mieux l’accepter

Le regard des autres, on est nombreux à le subir au quotidien, mais rien ne le justifie vraiment. Dans cet article, on va voir comment, très simplement, chacun peut apprendre à BIEN gérer le regard des autres, plutôt que le subir en permanence.

Le regard des autres.

Il peut être un puissant moteur de dépassement de soi et d'amélioration personnelle : il peut nous aider à trouver de la motivation, de la volonté, du courage; il peut nous aider à nous dépasser, à affronter nos craintes et les défis qui se présentent.

Mais il peut aussi nous écraser, nous déstabiliser, voire carrément, nous laisser de graves cicatrices et faire de nous de véritables champs de ruines.

Le regard des autres : deux pièges

Le regard des autres est quelque chose qu'il faut apprendre à maîtriser, sous peine de rester exagérément fragile et vulnérable à l'âge adulte.

En général, on observe deux réactions possibles chez ceux qui ont du mal à accepter le regard des autres.

  • Soit ils s'effondrent complètement : ils préfèrent s'isoler plutôt que devoir se retrouver en situation de devoir gérer le regard des autres (et on se retrouve alors avec des tendances à la phobie sociale)
  • Soit ils sur-compensent complètement, en décidant qu'au lieu d'apprendre à interpréter correctement le regard des autres (et l'accepter, dans une certaine mesure), ils vont tout faire pour le heurter, par bravade. On se retrouve alors avec des gens dont le comportement se radicalise, et qui s'affirment non pas en s'intégrant, mais en se marginalisant, ce qui nuit énormément à la qualité de leur vie future…

Évidemment, ni l'une ni l'autre de ces réactions n'est saine. Le regard des autres, il faut apprendre à le gérer et à l'interpréter à sa juste mesure.

On ne connait jamais vraiment le regard des autres : juste, on l'imagine (et souvent, on l'exagère)

Le regard des autres n'est pas quelque chose qu'on peut mesurer. C'est une pure vue de l'esprit : on ne peut se faire qu'une IDÉE du regard que l'autre porte sur nous – et bien souvent, on a tendance à noircir le tableau et à se faire des films, surtout quand on manque de .

=> On se fait une idée déformée de nos défauts, et on a l'impression que les autres ne voient que ça.

Une chose à intégrer pour éviter ça :

  • Réaliser que les gens sont généralement trop préoccupés par eux-même pour accorder trop d'importance à vos petits défauts (à propos desquels, souvent, vous seul vous formalisez)
  • Les vrais gros cons existent, mais ils sont rares. Les gens sont – globalement – moins malveillants et méchants qu'on peut le penser. Ils sont parfois maladroits, bêtes et inutilement brutaux, mais peu d'entre eux souhaitent vraiment faire du mal.

=> Si quelqu'un tient des propos blessants vous concernant et que vous ne parvenez pas à passer à autre chose, dites-leur en face : souvent, en les confrontant (calmement), ils réaliseront leur maladresse ou leur bêtise, et se confondront en excuses, et vous réaliserez qu'ils ne pensaient pas vraiment ce qu'ils ont pu dire ou laisser entendre sur vous.

Le regard des autres n'est qu'une opinion (et souvent : gratuite et sans réel fondement)

Et quand bien même l'autre aurait un regard négatif, voire parfois, brutal et blessant sur vous, ça ne veut pas dire qu'il a raison et que vous ne valez rien : ça veut juste dire que CETTE personne a du mal avec vous – pour une raison qui la regarde (et qui ne tient probablement pas à grand chose de concret).

Et alors ?

C'est juste une information sur son opinion, et pas une vérité sur ce que vous valez réellement.

Ne vous laissez pas atteindre. Dans votre vie, vous croiserez des gens qui vous apprécieront, et d'autres qui ne vous aimeront pas (et la plupart du temps : par bêtise ou intolérance, ou parce qu'un jour sans faire exprès vous avez froissé leur égo, ou parce que pour une raison X ou Y, valable ou non, vous titillez l'une de leurs ).

=> On ne peut pas plaire à tout le monde, et c'est ok; et il est important d'accepter cette idée pour commencer à s'affirmer.

La chose importante à intégrer, c'est que « les autres » ne sont pas une espèce de tribunal qui a toujours raison, et dont l'avis fait force de loi.

Les « autres » ne sont que des GENS.

Chacun avec son caractère, ses insécurités, ses peurs et failles secrètes.

Des gens imparfaits, avec des réactions et des opinions souvent imparfaites elles aussi.

Et ce n'est pas parce qu'ils sont plus nombreux, ou plus grands, ou plus bruyants, ou plus âgés qu'ils ont raison.

Donc leur avis ne vaut pas forcément grand chose, surtout s'il est teinté par leurs propres problèmes.

*  *  *  *

En écrivant cet article je me suis souvenu d'un truc qui m'est arrivé quand j'avais 14 / 15 ans.

Je sortais du lycée à la fin de la journée, et je rentrais chez moi, sans rien demander à personne.

En face de moi arrivaient deux filles. Je ne les connaissais pas, je ne leur avais jamais parlé. Elles étaient particulièrement excitées : elles racontaient n'importe quoi, poussaient des cris, faisaient de grands gestes sans se préoccuper de ce qui se passait autour d'elles; bref, des pintades en chaleur.

Et soudain, au moment où on se croise, l'une d'entre elle demande à sa copine si elle veut sortir avec moi.

Stupeur de ma part : moi j'ai rien demandé à personne, laissez moi tranquille, merde.

Évidemment, réponse immédiate de l'autre : « Ah nooooooon berk plutôt mourir hihihi ».

Allez bim, râteau gratuit, totalement méchant.

Je me rappelle que ça m'avait fait mal, et poursuivi pendant longtemps.

Ça n'aurait pas du : ces filles étaient manifestement stupides, immatures et insensibles; leur avis n'aurait pas du compter à mes yeux. Et surtout, il est évident que pintade n°2 avait répondu ça parce que c'était ce qu'attendait pintade n°1 comme réponse.

Mais bon, j'étais jeune, pas encore très sûr de moi, je n'avais pas encore appris à prendre du recul par rapport aux gestes idiots que peuvent avoir les autres, et la moindre gifle faisait très mal à l'époque.

Sans même le penser, sans même le vouloir, elles m'avaient méchamment blessé – par pure bêtise (mais aussi parce que je n'avais pas su interpréter ça comme une phrase sans aucune portée, et que j'y avais vu une agression, alors que non, vraiment pas).

Tout ça pour dire qu'assez souvent, quand quelqu'un fait ou dit un truc méchant vous concernant : ça ne vous concerne pas vraiment.

Comment se blinder ?

Je résume.

  • Le regard des autres n'est que l'idée (souvent déformée) que l'on se fait de l'opinion des autres
  • Quand bien même leur opinion serait défavorable : elle ne reflète finalement que leur degré d'ouverture d'esprit, leur caractère, leurs croyances, et le reflet de leur vous concernant (si vous les mettez mal à l'aise, ils auront tendance à avoir un avis plus critique, par pure réaction de protection de leur égo)
  • Un excès de sensibilité ou un défaut de confiance en soi ont tendance à faire qu'on accorde trop d'importance à ce que pensent « les autres », et à exagérer les critiques. La moindre remarque devient blessure, mais il faut apprendre à prendre du recul par rapport à ça, pour se blinder.
  • Bien souvent, le regard des gens se détend considérablement lorsqu'on fait leur connaissance (il est facile de juger un inconnu, et bien plus naturel d'apprécier la personnalité et les différences de quelqu'un en apprenant à le connaître)
  • Sachez faire preuve d'esprit critique sur vous même quand il le faut, mais ne laissez personne vous faire douter de votre valeur.

Dans ce cas, le meilleur moyen de gérer la situation, c'est de se dire :

  • Ok, cette personne dit des choses blessantes sur moi
  • Peut-être que j'exagère la situation, et que j'accorde trop d'importance à une phrase sans réelle portée ?
  • Peut-être qu'elle a dit ça sans réellement le penser, parce qu'elle croit que c'est ce qu'elle doit dire ou penser de vous pour être cool ou se sentir plus acceptée elle aussi ? Ou parce qu'elle était de mauvais poil ce matin ? Ou parce qu'un jour, sans m'en rendre compte, je l'ai blessée moi aussi, et que depuis, elle ne me porte pas dans son coeur ?
  •  Peut-être qu'effectivement, ma gueule ne lui revient pas ?
  • Et alors ? Dans tous les cas, ce n'est que son avis très subjectif – surtout si c'est de la pure méchanceté. Aucune raison de se sentir exagérément blessé. Vexé, à la limite, mais blessé, surtout pas.

Faut-il ignorer complètement le regard des autres ?

Faut-il en conclure que le regard des autres ne sert à rien, et l'ignorer complètement ?

Pas si vite.

Le regard des autres peut être blessant si on lui accorde plus d'importance et d'autorité qu'il n'en a réellement, mais ça ne veut pas dire qu'il n'est pas important.

N'allez pas vous transformer en espèce de sociopathe qui n'a plus rien à faire de choquer ou de mettre les autres mal à l'aise.

Pour peu qu'on arrive à faire preuve d'un peu de recul, et à l'interpréter de manière dépassionnée (et à ne pas noircir exagérément le tableau par excès de sensibilité), le regard des autres est très indicateur de la justesse et du caractère approprié (ou non) de notre attitude.

  • Parfois, il vous indiquera que votre attitude, votre personnalité ou ce que vous représentez aux yeux des gens titille leur égo, leur intolérance et leurs insécurités  (c'est donc leur problème et absolument pas le vôtre).
  • Et parfois, il vous indiquera que vous manquez de finesse au niveau des règles et codes de la vie en société, et que votre intelligence sociale pourrait être affutée; et ce sera alors l'occasion de faire preuve d'un peu d'esprit critique sur votre façon d'être.

Ignorer le regard des autres et n'en faire qu'à sa tête sans se préoccuper des convenances est le meilleur moyen de faire n'importe quoi et de s'enfermer dans un rôle marginalisant, par réaction à une qu'on préfère provoquer, plutôt que digérer.

(et se mettre à faire n'importe quoi en se disant qu'en faisant ça, on s'affranchit du regard des autres n'est qu'un coup d'égo mal placé : s'affirmer, oui, mais pas si ça doit nous marginaliser, le but c'est de trouver sa place, pas de s'exclure tout seul par fierté, par refus d'accepter une norme qui nous fait ressentir nos difficultés).

=> Plutôt que fuir ou braver le regard des autres, plutôt que voir des agressions partout, mieux vaut apprendre à se servir du regard des autres comme d'une boussole, et utiliser cette boussole pour ajuster notre comportement afin de faciliter nos relations aux autres – quand c'est justifié.

*  *  *  *

Il est souvent difficile de savoir si le problème vient de vous ou des autres, mais ce qu'il faut retenir, c'est que :

  • Le regard des autres n'est qu'une opinion (souvent très subjective), et jamais une vérité absolue (il n'y a donc aucune raison de se sentir exagérément blessé)
  • Plutôt que l'ignorer ou le braver, il est plus intelligent d'apprendre à l'interpréter de manière rationnelle (et surtout pas émotionnelle : ne laissez pas l'opinion des autres heurter vos émotions ou votre égo, ça ne ferai que compliquer les choses)
  • Si vous sentez que les gens ont du mal à vous comprendre, peut être est-ce parce qu'ils ne vous connaissent pas assez. Bien souvent, en mettant son égo de côté et en faisant le premier pas pour essayer de faire leur connaissance, on voit leur attitude et leur opinion se détendre, et peu à peu, devenir bien plus acceptante.
  • Et si vraiment vous tombez sur une personne bête et méchante, dites vous que son opinion ne peut pas compter, et contentez-vous de rayer cette personne de votre vie. Vous croiserez tout un tas de personnes méchantes dans votre vie, et vous ne pouvez pas vous permettre de les laisser vous faire mal à chaque fois : apprenez à vous blinder contre leurs petites tentatives de vous faire mal, et allez de l'avant pendant qu'eux moisissent dans leur vie de merde.

Et évidemment, les cas d'acharnement (d'une personne ou d'un groupe) sont bien réels : si ça vous concerne réellement, ne restez pas sans rien dire, demandez de l'aide auprès de personnes extérieures. Si nécessaire, déposez plainte, le moral est un délit.

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