Audience : *APPLAUSE*
Ça c’était un petit mensonge, aujourd’hui est un jour tout à fait ordinaire. Enfin, c’est un samedi, c’est quand-même le jour le plus cool de la semaine ! Et puis dans un souci de bonne tenue de mon journal, je me dois d’y inscrire ce qu’il s’est passé ces derniers mois.
Je vous entends dans ma tête les gars c’est chaud !Audience : *SIGHT*
Sud-Ouest.
Première nouvelle : le chômage a eu un effet incroyable sur mon niveau d’escalade. Ca et le fait que les deux copines de mon ami Nuno étaient toujours motivées pour aller grimper en falaise. Donc on s’est fait pas mal de sorties tous les quatre, où le soir on campait dans les montagnes !
Les paysages de ma région m’avaient un peu manqués au Japon. Aujourd’hui je les trouve d’une beauté que je n’avais jamais soupçonnée. J’ai profité de cet œil nouveau et du soleil pour explorer ma région, du tourisme local quoi. Essayer d’apprécier un peu plus mon lieu de vie, et d’y déposer de beaux souvenirs un peu partout. Ça m’a beaucoup aidé pour tenir la situation dans laquelle je suis : chez ma mère, à la recherche d’un emploi en manque chronique de ma vie au Japon.
J’avais passé un entretien pour une thèse de ouf, dans un labo de ouf, sur un sujet de ouf. Le message me disant que j’avais pas été retenu est arrivé deux jours après un message de Koko, qui mettait à nouveau, un terme à notre relation. C’était pour de bonnes raisons ; envie d’avancer seule, perte d’intérêt à cause de la distance. Mais brutalement ; dans un seul message elle m’annonce que c’est fini, pourquoi, et qu’elle doit me bloquer de tout réseaux sociaux. Heureusement que j’avais toujours son mail sinon je n’aurais pas pu la prévenir du chlamydia qu’elle m’avait laissé. Bah comme ça j’étais soulagé : la probabilité qu’une merde me tombe sur la gueule était drastiquement réduite.
La pote de Nuno avec qui j’ai grimpé tout l’été, m’a invité à un petit trip de quatre jours, avec des amis à elle pour aller à un festival. Bon plan en perspective !… Je suis rentré chez moi sept jours après, en stop sur 400km.
J’ai rencontré une nana sur la scène psytrance au festival et elle est venue m’écrire son numéro sur le corps devant mes potes poker face. Bref, rien de concret mais c’était fun. Avec la bande on a débloqué un achievement d’ailleurs : être le dernier groupe de pote à sortir du festival. Le lendemain du festival je me suis fait récupérer en camion par des potes du Japon pour aller dans les calanques de la méditerranée. C’était bien cool cette expédition en tante et hamac tout cas !
Toujours en recherche d’emploi à mon retour, le temps se fait long et angoissant. Heureusement que j’ai un entourage qui sait me divertir ; je devais recevoir un couple d’amis du Japon pendant quatre jours. Je leur avais tellement bien vendu la France et surtout le Sud-Ouest que je me devais de leur concocter le séjour parfait ! Nous avons visité ville et campagne, mangés au restau et en famille et fait la fête ! Beaucoup fait la fête.
J’avais postulé quelques jours plutôt à une offre pour un poste intéressant, en CDI en France. Chose très rare, car trouvant la plupart des postes d’ingénieur correspondant à mon profil inintéressants, je postule à des thèses ou des volontariats internationaux. Heureusement car les journées à la maison et moi on ne fait pas très bon ménage : réveil, envoi de quelques candidatures dont la qualité se dégrade à même que ma motivation, bédo dans le jardin, lourd moment de nostalgie, et enfin je trouvais le moyen d’emmerder un pote pour remplir ma vie.
Mais cette candidature m’avait décroché un entretien à Bordeaux ! Je me suis donc offert un petit weekend de tourisme. J’ai dormi dans ma tente – avec un « e » – la veille de l’entretien et j’ai retrouvé presque par hasard la pote australienne que j’avais hébergé la semaine passée. Nous avons bu du vin et mangé du fromage sur les quais, pour finalement dormir dans un même lit chez l’habitant. Je crois que c’était la première fois que je dormais avec une pote. Ça avait l’air normal, j’ai pas mouru. Le lendemain on est allés à la plage puis je suis rentré chez moi, non sans avoir proposé un date à la jolie fille de mon covoit’ ! Elle s’est tapé une barre et m’a pas répondu.
Capitale.
Septembre, c’est la rentrée. Voilà plus de deux mois que je comble ma vie comme je peux : petites virées, chill intense et beaucoup de questionnements sur mon futur. Dans cette situation, les filles et la baise étaient le dernier de mes soucis ! Et ça faisait du bien d’ailleurs, de ne plus se prendre la tête pour ça. Je pense que me faire larguer par Koko – une deuxième fois – a également contribué.
L’entreprise à Bordeaux m’avait rappelé pour me dire qu’ils avaient sélectionné un autre candidat, malgré la qualité de ma candidature. Ils me laissent un espoir en disant qu’ils allaient confronter ma candidature à celles des futures sessions de recrutement. Pour me changer les idées je m’étais organisé un périple très prometteur…
J’accompagnais mon pote Nuno faire sa rentrée à Vichy et en profitait pour visiter la ville et y dormir. De là, je devais partir en stop jusqu’à Paris pour y retrouver une amie, puis filer en Champagne pour faire les vendanges.
Cette amie c’est Rinnie, on s’est rencontré au lycée et sommes devenu un bon groupe d’amis, elle, Guytk, une autre fille et moi. Rinnie et moi ne nous étions jamais réellement retrouvés rien que tous les deux, jusqu’à récemment en début d’été… Dans l’incapacité de conduire après une soirée en ville je m’étais retrouvé à devoir dormir chez elle. L’alcool, sa robe et ses yeux qui regardent parfois droit dans les miens m’ont fait sentir comme une attraction envers elle. Elle m’avait plus à notre rencontre aussi, il y a huit ans, mais c’était vite passé sans que je tente quoi que ce soit. Et ce soir-là j’avais envie de tenter quelque chose ! Le truc c’est que Rinnie c’est le genre de fille qui aime boire, et faire boire… Elle m’a éclaté au bière-pong et achevé avec un dernier verre ultra-fort... Val → Dodo
Bref, retournons à Paris, où mon énième voiture me dépose. Je retrouve Rinnie, à l’aube, dans un café. Je sortais d’une nuit chez le pote d’un pote et elle sortait de sa nuit en service à l’hôpital. Elle avait quand même assez d’énergie pour parler en continue sans me laisser en placer une ! Mais elle a des histoires folles à raconter donc ça va. Rien ne s’est passé entre nous ce jour-là, faut dire qu’à part initier un peu de contact physique, je n’ai rien tenté. En tout cas j’étais super content car je n’avais jamais vu Paris, la tour Eiffel, les gens pressés et les pains au chocolats à 1,30€. Bref, j’ai fait ma petite visite improvisé, me suis retrouvé avec mon sac et ma verte de SDF devant le Palais de l’Élysée et les vitrines à 16 000 balles. Wow, ça m’a fait un choc. Il est temps de quitter Paris et me voilà parti pour dix jours de vendanges. Logé dans une vielle ferme avec vingt inconnus, ça promet d’être fun !
Champagne.
Vous voulez vivre un truc génial ? Allez faire les vendanges avec une équipe de punk sans chiens, de zadistes, d’immigrés illégaux et d’écolos engagés.
Le milieu du squat était assez nouveau pour moi, mais je l’ai vite apprécié. Le secret pour bien vivre là-bas : laissé sa dignité à l’entrée et porter un regard nouveau sur la crasse. Je veux dire qu’on vivait comme des pouilleux, mais vraiment. Et en cohabitation avec 12 chiens. C’est cette image qui m’a fait réaliser : quand tu sors, sale, de chiottes puantes avec une demi-bière et un joint de shit mal roulé, et que la scène que tu vois c’est un mec qui dort entre deux camions, son collègue qui colle une douille, des cadavres de bière partout et deux chiennes qui se niquent dans le vide presque sur la table à manger. C’est là que j’ai réalisé que j’avais laissé ma dignité loin derrière moi.
Le truc cool c’est que j’avais aucun problème avec ça et qu’on passait toujours de bons moments. Les gens étaient adorables, nous avions deux bons cuisiniers, des guitaristes, une danseuse et quelques chanteurs. Je vous laisse imaginer les soirées tartiflette et chansons qu’on se payait !
Forcément, y’a une fille qui m’a tapé dans l’œil, sinon c’est pas drôle. Cette fille c’est Flow : de grands yeux bleus clairs, d’impressionnants cheveux frisés, des tatouages bien sexy et assez de place dans le soutif pour en faire son panier de raisin. Forcément quand une fille me tape dans l’œil comme ça, on retrouve mon schéma classique : je suis stupéfait par sa sexytude, tous les mecs la bavent, elle a une (très) grande gueule, elle est plus âgée que moi de quatre ans et… Je me transforme en chouchou !
Donc Flow n’a pas attendu longtemps pour faire de moi son chouchou / souffre-douleur / mec gentil. J’ai très vite vu le truc venir mais je n’ai pas su l’éviter, pas au début du moins. Flow elle voulait chopper un autre gars, un mec de mon âge mais qui a l’air d’avoir beaucoup plus. Elle le disait ouvertement à tout le monde, lui compris. Quelle séductrice ! En tout cas ça n’a pas marché pour elle, pour d’obscures raisons il refusait jours après jours, de la baiser. Et moi j’étais passif à faire le chouchou quand elle venait dormir dans mon lit (pour des raisons pratiques). Les câlins du matin j’aime ça, mais merde au bout d’un moment, j’suis plus un gosse !
Pour des raisons pratiques une autre nana dormait avec moi, une nuit sur deux. Donc c’était cool ça, de dormir en alternance avec deux nanas différentes. Sans parler de sexe ou d’affection, c’est plus de la chaleur humaine.
Bref, ces nanas qui dormaient avec moi me voyaient clairement comme un bébé inoffensif, et ça, ça m’a gavé ! Surtout la Flow qui commençait à abuser de son emprise sur moi. J’ai décidé de la laisser de côté pour une journée. Dans les vignes je lui ai même dit que ça me gavait qu’elle me chouchoute et se foute de ma gueule avec ça. Le soir je l’ai ignoré et j’en ai profité pour bien rapproché d’autres mecs du groupe. Comme par magie, elle est revenue me parler normalement, sans se foutre de ma gueule et elle cherchait désespérément mon intérêt. Elle s’est presque disputée avec une autre nana pour avoir mon attention. Elle a posé sa main sur ma cuisse, pour me provoquer ou me déstabiliser, je sais pas. Mais je sais très bien ce qu’elle est en train de faire, elle me veut à ses pieds et ça je refuse.
Ce soir-là c’était à son tour de dormir avec moi et nous avons un peu conversé sur l’oreiller. Elle m’a parlé de ce mec qui l’avait refoul et on a parlé de moi, qui en avait marre d’être un chouchou. Elle m’a conseillé de me faire percer et tatoué pour avoir l’air d’un mec. Pfffeuh ! Elle m’a demandé ce que c’était pour moi « une nana qui a de la gueule », car j’avais dit plus tôt que c’était mon type de meufs. Là j’ai bafouillé un truc super nul alors que j’avais surement une perche, elle m’a dit « bon courage » puis s’est tournée pour dormir.
Après ça mon attitude au sein du groupe a changé, j’étais plus avec les mecs, moins sous le contrôle des filles, moins en chien de leur attention, et tout le monde l’a remarqué et me l’a dit. J’ai gagné le respect de mes chefs dans les vignes et de mes collègues à la ferme. Jusqu’à ce que je clou le bec à Flow dans les vignes. Elle l’avait cherché aussi, elle savait très bien que les propos qu’elle tenait visaient à me couper les couilles en place publique. Tout le monde entendait ce qu’elle racontait.
De ma part, c’était inattendu. Surtout pour elle qui pensait vraiment que j’allais m’écraser par timidité. Notre relation commençait à changer, elle n’était plus en contrôle et le savait. Sans parler de la séduire ou quoi que ce soit, ça m’a fait plaisir de réussir à sortir de cette position de chouchou asexué pour avoir celle d’un gars normal.Flow : Val il travaille trop bien, il nous vide toujours nos paniers sans qu’on lui demande.
Macouille : C’est parce qu’il veut vous baiser ça.
Flow : Mais non, il veut pas nous baiser Val !
Val : Ehuu… Si Flow, quand même.
Un soir je me suis retrouvé rien qu’avec Flow et sa pote, dans mon lit. On a parlé de pas mal de choses, dont de ma bite. Et quand sa pote a lâché un « Bah vas-y Val, montre nous ta bite ! », je me suis écrasé. Damn Val ! Mais les câlin ça y allait, bref. Val chouchou, rebelote. Vers la very fin du séjour, Flow était de plus en plus limite avec moi. Elle me sautait dessus dans le lit en me disant que ça m’excitait, elle se foutait de ma gueule en public en poussant des « Mmmmmh Val, j’ai la culotte toute humide. », et elle s’est même mise à me mordiller l’oreille. Bon là j’ai pas menti, peu importe les gens autours « Flow là tu m’excite ! ». J’avais droit à des mordillages d’oreille sur demande après ça. Super bizarre ahah !
Ah, et le dernier jour, après que l’amant de la pote à Flow soit parti, cette dernière s’est montrée ultra-tactile avec moi. A venir faire la sieste contre moi, poser sa main sur ma cuisse, mettre sa tête… sur ma bite, clairement. Bref, mais j’avais pas tant envie de sexe ce jour-là. Je sais pas vraiment enfait. J’avais trop la flemme de l’accompagner au lit, de faire ça devant tout le monde, de devoir assurer et tout. Bref, je le sentais pas, j’ai pas foncé. Et s’il le faut elle n’avait aucune envie de me baiser.
Bon je vous ai parlé plus de cette nana que des moments hilarants passés dans les vignes, des cuites monumentales au ratafia-champagne, des bastons, de la drogue, des camions, des chiennes en chaleurs et de l’ambiance chaleureuse qui résidait au sein de l’équipe. Oui, des bastons et une ambiance chaleureuse. C’est juste que c’est des gars qui partent au quart de tour, surtout quand passent la journée à taper du speed.
Je suis content de moi à la fin de ce séjour. Je suis arrivé comme le nouveau qui ne tiendra pas la saison, qui se fera chouchouté par tout le monde, sage et innocent. Et je suis reparti en mec indépendant, moteur et qui a démontré une des meilleures forces de travail de l’équipe. Même les autres filles ont vu un changement radical en dix jours et me l’ont dit. C’est peut-être la dureté de l’environnement dans lequel la plupart de l’équipe vit, qui m’a poussé à changer mon attitude.
Le jour de paye arrive et j’ai été désigné comptable, avec deux autres filles. Je vous raconte pas le délire quand tu comptes et répartis 20 000€ en CA$H, dans un vieux camion avec du shit et des bières autour de toi. Puis j’ai dû rentrer dans le sud précipitamment. Mon plan de repasser par Paris pour tenter un truc avec Rinnie est tombé à l’eau et me revoilà seul, face à ma recherche d’emploi.
Montagne.
Le Japon me hante, en particulier la saison que j’ai passé à la montagne. Environ vingt fois par jours, une musique, une couleur, une odeur, une température ou tout simplement une luminosité particulière me renvoie au Japon l’espace d’une fraction de seconde. Ca me manque, la chaleur du chalet dans lequel je vivais me manque. Les gens et les nuits froides me manquent et je rêve presque d’y retourner. Mais je n’ai plus droit au visa vacances-travail.
Je me suis mis activement à la recherche d’un plan pour passer l’hiver sur les pistes. N’ importe où mais je veux de la neige, de la montagne, du froid, des chalets chaleureux et du snow. Ce n’est pas une solution à long terme mais rester chez ma mère plus longtemps va me rendre fou !
Jusqu’à la semaine dernière où j’ai reçu un coup de fil inattendu de cette société à Bordeaux. Il se trouve qu’ils ont vraiment apprécié ma candidature, malgré des lacunes techniques, et me propose un moyen d’insertion dans l’entreprise un peu particulier. En gros ils me proposent de me former chez eux pendant trois mois, tout en percevant mes allocations chômage, et s’engagent à me recruter en CDI au terme de cette période. Je leur donne un grand « oui », sans hésitations. D’ici un an, ce poste devrait comporter des missions à l’étranger de un à six mois, avec possibilité de partir au Japon. Je ne m’emballe pas, ce ne sont que des mots. Mais j’ai quand-même très envie de prendre cette opportunité. Je gagnerai de l’expérience, de l’argent et je serai actif. Tout cela devrait m’aider à avoir une meilleure estime de moi, un nouveau cercle social et une situation stable. Par extension, retrouver sérieusement l’envie de baiser et de draguer. Cette promesse d’embauche est un soulagement et un boost d’égo. Réussit à me projeter « ingénieur », a été un processus assez long qui a commencé il y a un an, par le refus de devenir ingénieur. Si ça ne me plait pas, je peux toujours démissionner et choisir la voir attrayante du nomade qui fait des saisons un peu partout. Mais celle-ci est bloquante et incertaine.
Je n’abandonne pas mon désir de retourner dans le nord du Japon, de retrouver de temps en temps mes amis du monde entier, de faire des saisons à 35 ans et de foutre un minimum le bordel dans ma vie. Parce que si tout roule, pour moi, c’est chiant.
En somme, j’ai passé un bon été. Et comme je brise mes codes, voilà deux musiques au lieu de une ou de trois !
La bise !
Imany – Slow Down
Yodelice – Fade Away