[A] Créez une bonne conversation

Avant propos

Tout petit j’étais très timide avec les personnes que je ne connaissais pas, par exemple, le simple fait de devoir répondre au téléphone me rendait terriblement mal à lèse.
Converser avec un(e) inconnu(e) rendait ce caractère officiel à la discussion et j’essayer en vain de me focaliser uniquement sur la conversation ce qui avait pour effet catastrophique de me bloquer littéralement sans rien avoir à dire autre chose que ‘euh… ?’
Je pense avoir compris cette gène : c’était la peur de n’avoir rien à dire face à mon interlocuteur et j’ai réussi à m’en libérer avec les deux trois techniques qui suivent.

J’insiste ici sur la forme car j’assume que vous avez un potentiel d’idées et que vous vous êtes souvent dit après coup : ‘j’aurai du parler de ça etc.…’ Justement, essayez de réécrire le contenu de vos conversations comme un field report et voyez où ça a coincé, comment vous auriez pu rendre cette conversation plus attrayante avec vos propres sujets ; ceci est très enrichissant. Essayez.

Enrichir ses expériences

Si toutefois vous ne vous savez pas par où commencer pour vous enrichir en ‘sujets de discussion potentiels’ voici comment vous constituer une petite base de données. Pensez chaque fois à ces deux personnages suivants:
Le premier qui n’a jamais quitté sa région natale et le second est un globe-trotter qui a vécu quantité d’histoires. Avec qui voudriez-vous discuter ?
Vous savez ce qu’il vous reste à faire, mais rassurez-vous on peut avoir de la conversation sans forcément avoir voyagé bien que ce genre d’expérience soit irremplaçable. Voici quelques exemples :

- Des expériences (sportives, sociales, voyages)
- Avoir de bonnes lectures. L'article d'Oxymore est pas mal, regardez plutôt ici.
- Observer les conversations dans les films où il y a des alphas (Le Parrain, Fight club...) ou simplement regarder ARTE, il y a souvent des émissions avec des gens qui s’exprime bien en racontant leur histoires (le storytelling).
- Des routines comme le canned stuff du site
- Savoir parler de votre personne et de ses passions
- Humour, des valeurs sures Coluche, Desproges ou le dernier Gad Elmaleh
- Savoir apprendre à décrire une sensation, un moment (patterning)
- Développer son sens de l'observation

Comme on le dit beaucoup, il faut privilégier le pragmatisme et à cette fin il vaut mieux initier des conversations plutôt de les imaginer. Partez confiant et dites vous que les conversations, le dialogue que vous allez entretenir sont tout aussi enrichissants. (Votre interlocuteur à surement vécu des choses que vous n’avez pas faites). Notez bien le sens mot dialogue, « Le dialogue est une communication entre deux ou plusieurs personnes ou groupes de personnes. » Ne négligez pas cette partie importante : nous conversons avec les personnes et à cette fin, si vous voulez bien communiquer vous devez écouter ce que les autres ont à vous dire et apprendre à bien rebondir sur leurs sujets de prédilection (ex. leurs passions) en posant les bonnes questions.
Je vous invite à cette fin à lire le chapitre sur l’écoute active de « Comment se faire des amis » de Dale Carnegie.
Gardez à l’esprit que vous n’êtes pas seul et que votre récepteur va créer cette discussion avec vous et que si jamais vous avez un blanc ce dernier pourra (surement) vous aider.


La pratique

J’ai eu l’idée de cette conversation partant sur la cuisine. Voici le dialogue complet :

Jean : J’espère au moins que tu sais cuisiner !
Marie : J’adore la cuisine.
Jean : Qu’est ce qui te plait dans la cuisine ?
Marie : Je ne sais pas peut-être cette douce alchimie qui fait que tous nos sens y sont conviés. J’adore me cuisiner des salades avec des tomates en rondelles avec une pincée de sel et une goutte d’huile.
Jean : Tu rajoutes de pas Salakis avec de la ciboulette ? C’est tellement bon, ça me rappelle qu’en j’étais à x.
Marie : Tu ne serais pas allé en Grèce par hasard ?
Jean : Oui effectivement, j’ai…
[Discussion sur ce fabuleux pays]

1. Ecoute active

[Ecoute active]
Jean : J’espère au moins que tu sais cuisiner !
Marie : J’adore la cuisine !
Jean : Qu’est ce qui te plait dans la cuisine ?
Marie : Je ne sais pas peut-être cette douce alchimie qui fait que tous nos sens y sont conviés. J’adore me cuisiner des salades avec des tomates en rondelles avec une pincée de sel et une goute d’huile.
[Ecoute active]

Notez dans ce paragraphe qui a le plus parlé ? C’est sans doute Marie, Jean a toute suite compris l’intérêt que marie portait à la cuisine et il l’a simplement écouté.
Jean n’y connait rien à la cuisine, mais en posant cette question judicieuse ‘Qu’est ce qui te plait dans la cuisine ?’ il a d’une pierre de coup :

- Occupée entretenu la discussion pour un bon ¼ d’heure sur un sujet que Marie aime.
- Prouvé qu’il s’intéresse sincèrement à Marie.

2. Enrichir la discussion

Votre interlocuteur parle d'un sujet, rajouter des détails permettront de faire partager votre expérience (d’où l’importance d’en avoir) afin d’enrichir la conversation. Notez qu’à ce moment vous n’êtes pas maître de la discussion, c’est votre interlocuteur qui la mène, vous ne faites que vous ‘greffer’ sur ses propos. Vous êtes dans son cadre, sa ‘frame’.

Jean : [Détail]Tu ne rajoutes pas de Salakis avec de la ciboulette ? C’est tellement bon[Détail]

3. Transitionner, détournez le sujet initial

• 3.1 Première technique

Quand vous enrichissez le sujet vous rajoutez des exemples en rapport avec le sujet mais aussi vous pouvez en inclure d’autres plus imprécis qui amener votre interlocuteur à rebondir sur ce dernier.

Jean : [Précision] Tu rajoutes de pas Salakis avec de la ciboulette ?[Précision][Détail imprécis qui va permettre de rebondir] c’est tellement bon, ça me rappelle qu’en j’étais à x. [Détail imprécis qui va permettre de rebondir]
Marie : [Marie rebondit] Tu ne serais pas allé en Grèce par hasard ?[Marie rebondit]
Jean : Oui effectivement, j’ai…
[Discussion sur ce fabuleux pays]

Bien sur, ceci assume que Jean soit allé en Grèce ou qu’il possède quelques détails croustillants à raconter.

• 3.2 Une autre technique

Une autre technique consiste à trouver un sujet approchant qui vous tient à cœur, vous pourrez par exemple l’introduire avec ces mots clefs :

C'est comme…
Ca me fait penser à…
Ca me rappelle…

Ces mots-clefs appellent à vos expériences vécues, pensez à piocher dans vos expériences visuelle ou sonore, kinethique suivant votre sensibilité.

Marie : Je ne sais pas peut-être cette douce alchimie qui fait que tous nos sens y sont conviés. J’adore me cuisiner des salades avec des tomates en rondelles avec une pincée de sel et une goute d’huile

Jean : Ca me rappelle cet épisode de Friends […] Tu regardes souvent les séries TV ?

Félicitation vous êtes passé du coq à l’âne en moins de 30 secondes! Vous pouvez multiplier ces digressions à volonté, ce qui aura pour effet de rendre vos conversations interminables et captivantes.

4. La pile

Jean a discuté pendant 45 minutes avec Marie et il a effectué 2 transitions. Arrive un moment critique où son dernier sujet est épuisé, il ne sait plus quoi rajouter. Là vous vous dites que c’est fini, Jean peut dire au revoir à Marie et retrouver de nouveaux sujets de discussion pour la prochaine fois. Et non! A chaque fois que Jean a fait une transistion vers un autre sujet il a en quelque sorte laissé en plan les deux sujets précédents. Jean n’a alors plus qu’à rebondir sur les autres sujets pour continuer la discussion. Pour en revenir à l’image de la pile, dans le début de votre conversation vous empiler peu à peu les différents sujets puis lorsque le dernier commence à s’épuiser vous la dépilez et recupérez ainsi le sujet précédent. Rien ne vous empêche alors de faire une nouvelle digression à partir de ce dernier.

5. Ne garder que les sujets intéressants

Lorsque vous ‘dépilez’ sachez aussi repérer quand un sujet est mort ou inintéressant (Proscrivez au passage tout sujet sur la religion et la politique si vous voulez draguer) : repartir sur le sujet de la recette de la salade de Marie n’aura aucun intérêt mais maintenant que vous sachez que Marie adore la cuisine pourquoi ne pas luis parler chocolat, de votre dernière visite dans la chocolaterie ou encore de ses effets aphrodisiaques ?

6. Sans transition

Marie : Je ne sais pas, peut-être cette douce alchimie qui fait que tous nos sens y sont conviés. J’adore me cuisiner des salades avec des tomates en rondelles avec une pincée de sel et une goutte d’huile.
Jean : As-tu écouté les infos ce matin ?

Si vous voyez que la conversation est inintéressante vous pouvez choisir de la terminer en parlant d’un sujet tout à fait différent ou bien pourquoi pas un coldread si vous voulez jouer avec votre cible. Faites cependant attention à ne pas changer trop souvent de conversation car sinon votre interlocuteur sera débousolée et ne saura pas où donner de la tête.

7. Contrôler la conversation
Maintenant que vous êtes à l'aise dans la conversation pourquoi ne pas la diriger en 'aspirant' votre interlocuteur dans votre réalité, le faire rentrer dans votre cadre (le fameux 'frame'). Pour cela le simple fait de poser les questions ne suffit pas car comme nous allons le voir, cela ne vous donne pas l'ascendance sur la conversation.
Mais pourquoi vouloir contrôler la discussion? Si vous êtes assez habile vous parviendrez à établir une discussion intéressante avec votre interlocuteur. La prochaine fois, il vous sollicitera surement se rappelant du bon temps qu'il a passé avec vous lors de votre dernière discussion. Vous devenez alors quelqu'un d'agréable avec qui on recherche le rapport; en somme vous êtes le prix.

• 7.1 Contrôle du frame

Toute à l'heure, quand Jean demandait à Marie si elle aimait cuisiner il la faisait entrer dans son monde (où cuisiner était une valeur à laquelle il fallait se adhérer). Marie s'y est conformée et est rentrée dans le cadre de Jean. Ca c'est le cas ou tout se passe bien.

Jean : J’espère au moins que tu sais cuisiner !
Marie : J’adore la cuisine !

• 7.2 Perte du frame

Maintenant si Marie était du genre indomptable et un peu joueuse, elle aurait pu répondre ceci, refusant ouvertement le frame de Jean:

Jean : J’espère au moins que tu sais cuisiner!
Marie : Tu n'as pas de chance je déteste ça!
J'espère que toi au moins tu sais le faire car sinon on ne va pas s'entendre!

• 7.3 Reframer

Là non seulement, Jean perd sa frame, mais sa frame se retourne sur lui! C'est Marie qui domine à présent. Deux solutions s'offrent alors à lui:
- Accepter la frame de Marie (non! vous n'êtes pas une lavette). "Oui bien sur je te cuisinerais tout ce que tu veux"
- Activer ses méninges et reframer, c'est à dire vous arranger pour donner un sens différent à la conversation qui vous permettra de reprendre l'ascendant.

Jean : J’espère au moins que tu sais cuisiner!
Marie : Tu n'as pas de chance je déteste ça! J'espère que toi au moins tu sais la faire car sinon on ne va pas s'entendre!
Jean : Tu veux dire que tu n'as pas assez d'audace et de génie pour oser cuisiner!
Marie :

Et hop, d'un coup de baguette magique vous avez changé la donne. Vous contrôlez à nouveau la discussion. Cette technique est très puissante mais ne l'utilisez pas systématiquement en veillant à ce que votre interlocuteur 'gagne' de temps en temps, cela lui permettra d'être à lèse avec vous et évitera de vous cataloguer comme quelqu'un qui veut toujours avoir raison.

Je pense que vous avez maintenant toutes les clefs en main pour entretenir de bonnes discussions. Have fun!

La dernière question (sur les infos) me fait penser à autre chose: reprendre le contrôle de la frame en continuant la même discussion, le même sujet.
Exemple, poser une question qui n'a rien à voir (comme là), mais en rapport avec le sujet. La question paraît n'avoir aucun rapport, mais en fait si.

Jean : As-tu écouté les infos ce matin?
...
Ils ont parlé de la cuisine à la mode, et justement les salades plaisent de plus en plus. Tu rajoutes pas de Salakis avec de la ciboulette ? C’est tellement bon, ça me rappelle qu’en j’étais à x.

Marie : Tu ne serais pas allé en Grèce par hasard ?

Jean : Oui effectivement, j’ai…
[Discussion sur ce fabuleux pays]

Vous ne faites que rebondir sur ce qu'elle dit, mais en intercalant une question étrange qui met l'interlocuteur en attente, qui la surprend. C'est elle qui vous écoute, alors que c'est son sujet de conversation à la base. Et ensuite vous pouvez plus facilement changer de sujet (ici le voyage en Grèce) puisque c'est vous qui dirigez à nouveau.

bon post nixon

à ajouter aussi qu'on apprend à avoir de la bonne conversation , en faisant un maximum de connaissance des gens et en les écoutant . il est toujours bon d'écouter les expériences , pour les exposer à d'autre . par exemple , quand quelqu'un me raconte quelque chose d'amusante , je la raconte à d'autres personnes pour pimenter un peu les conversations .

avoir une bonne conversation c'est d'abord vouloir s'interesser aux gens.

il est interessant d'ajouter qu'avoir une bonne conversation vous facilite à avoir de la répartie , chose essentiel pour bien maitriser les dynamiques sociales . làvous serez capable de placer la bonne réplique au bon moment et ça aide et ne pas se faire marcher dessus .

SL

Voila ZE post que j'attendais de lire depuis une eternité.

Mon problème est bien que je n'arrive pas a trouver les discutions a avoir avec les autres, et que je stalle souvent, meme avec mes potes... Alors qu'elles etaient la, sous mon nez, il suffisait de jouer avec les "interrogatoires" pour avoir une liste de sujets a aborder ... et rebondir d'un a l'autre...


Merci !