[Auteur] Henry de Montherlant

Note : 0

le 10.09.2005 par Spike

73 réponses / Dernière par Quetzalcoatl le 17.12.2007, 01h04

Parce que des fois, on fait autre chose que regarder Netflix. Partagez et discutez ici de ce que vous aimez et de ce qui vous intéresse.
Dans ce post j’ai envie de faire partager aux happy few les raisons de mon admiration pour un de mes trois écrivains préférés. Montherlant est notamment l'auteur de la tétralogie "Les jeunes filles" dont il est souvent question sur le forum, par exemple [pitie-pour-les-femmes-avis-vt3820.html]ici[/url].
Comme nous allons le voir, sa vie ne fût pas moins pleine de panache que celle de son héros Pierre Costals[/i].


Un été, Montherlant affronta en duel Mr Raoul de Roussy de Sals. En guise d’explication, il donna : « affaire de famille, survenue 6 mois plus tôt » . A la cinquième reprise, Montherlant fonça droit sur son adversaire et le toucha de l’épée à la main droite, lui paralysant un doigt. Les docteurs mirent fin au combat, qui aura duré 15 minutes, pendant lesquelles l’admiration du public avait été croissante. Montherlant avait 9 ans.


A 12 ans, il volait aux étalages, emportant un stylo en or au comptoir d’une vente de charité. Il forçait aussi certaines boites aux lettres pour en lire la correspondance.


A l’école Saint-Pierre de Neuilly, il défendit un cadet contre des « grands ». C’était Louis Aragon.


Au collège Sainte-Croix, il écrivit une dissertation sur la guerre, dont voici un extrait :
« La guerre est une nécessité. Elle existe depuis Caïn et Abel. La nature la demande. Celui qui veut n’être pas dévoré doit dévorer. La force prime le droit, tout le monde sait cela, et il n’y a que 3 ou 4 vieilles barbes séniles pour le contester. « Paix éternelle » ne doit être écrit que sur les tombes. Et la guerre est nécessaire parce qu’elle est une bonne chose (...). L’esthétique sanctionne la guerre. La guerre nous permet d’aller nous emparer des chefs-d’œuvre artistiques de notre voisin, et de les installer dans nos musées ; la guerre nous permet de délivrer la terre d’une tourbe d’hydrocéphales et de cagneux qui ne vivent que pour blesser nos yeux et nous donner des haut-le-cœur. La guerre est splendide parce qu’elle est noble, sauvage, brutale. L’homme doit prendre de temps en temps – et c’est le principe des courses de taureaux – un bain de jeunesse et d’animalité. A une époque de décadence, telle que la nôtre, une guerre serait de la plus haute nécessité »
Il avait 13 ans.


Dans la cour de récréation, seuls deux élèves n’étaient pas fascinés par les photographies de femmes nues qui circulaient clandestinement : Jean Renoir, qui voyait depuis toujours son père peindre des femmes nues, et Henry de Montherlant, qui préférait s’entraîner à la corrida.


Au devoir « quels sont les personnages historiques qui ont eu le plus d’influence sur vous ? », il répondit : « Pyrrhon (le doute philosophique), Aristippe (le goût du plaisir), et Regulus (les règles de vie) ».


Il faillit ne pas se présenter au baccalauréat. Ses parents plaçaient si haut l’honneur de la famille qu’ils jugeaient inacceptable de « laisser examiner leur fils par des inconnus dont on ne savait pas d’où ils sortaient ».


A suivre

Ce topic a pu passer pour un bide à tes yeux, les happy few étant plus few que happy, et te faire renoncer à la suite; si une réponse te suffit pour continuer, me voici :D

Salut Spike
Serait-ce possible d'avoir la dissertation en entier ? ou un lien vers un site qui en parle. Ca m'interesse.

Merci

je suis en train de lire les Jeunes filles , autant commencer par le debut :)

Cep a écrit :je suis en train de lire les Jeunes filles , autant commencer par le debut :)
Je conseille pourtant toujours de commencer par le deuxième.
JohnBrian a écrit :Salut Spike
Serait-ce possible d'avoir la dissertation en entier ? ou un lien vers un site qui en parle. Ca m'interesse.

Merci
Malheureusement non, je ne l'ai pas, seulement cet extrait.

Il avait donc si peu de mémoire qu'il réussit le baccalauréat avec des formules d'algère écrites sur les manches de sa chemise et sous ses ongles. Il sera recalé à l'oral de philosophie. Tout en passant le baccalauréat, il esquissait la pièce "La ville dont le prince est un enfant", qui sera montée 39 ans plus tard.

En 1914 il voulut rejoindre l'armée. "Attends que je sois morte", lui demandit sa mère, qui mourut un an plus tard. Au combat il reçut des débris d'obus dans les reins, blessure qui l'envoya à l'école militaire. Dans la cour, assis sur des poubelles, il travailla à son premier livre, "La relève du matin". Lors d'une permission à Paris, il ne put convaincre un membre de l'Institut de le parrainer chez Calmann-Lévy.

Pendant 2 ans, Montherlant, qui avait perdu ses parents, fut agent d'assurances ; dans ses moments de loisir, il écrivit sa pièce "L'exil", qu'il alla présenter à celui auquel il voulait ressembler, Francois de Curel. Ce dernier lui répondit : "votre pièce, c'est bien, mais apprenez votre métier et débrouillez-vous". Refusée par 11 éditeurs, il fut publié à compte d'auteur.

En 1924, le succès des "Olympiques" lui permit de voyager. En espagne, s'entraînant dans une arène, il fut blessé par un taureau. Publié dans "La nouvelle revue francaise", Montherlant souhaitait y tenir une rubrique de boxe mais Gide lui en demanda une sur l'athlétisme féminin. Le projet fut abandonné.

Spike a écrit : Je conseille pourtant toujours de commencer par le deuxième.
Peut etre mais que veux tu j ai souvent tendance a faire les choses a mon idee :)

Etrangement, les gens se souviennent surtout de Montherlant comme un dramaturge; son homosexualité ainsi que ses romans ont largement été passé sous silence.

Je me permets de faire référence à Paul Morand, un proche de Montherlant, qui a notamment écrit des récits de voyage.

Mr. Eddy a écrit : ses romans ont largement été passé sous silence.
Pas sur ce forum ;) !

« La guerre est une nécessité. Elle existe depuis Caïn et Abel. La nature la demande. Celui qui veut n’être pas dévoré doit dévorer. La force prime le droit, tout le monde sait cela, et il n’y a que 3 ou 4 vieilles barbes séniles pour le contester. « Paix éternelle » ne doit être écrit que sur les tombes. Et la guerre est nécessaire parce qu’elle est une bonne chose (...). L’esthétique sanctionne la guerre. La guerre nous permet d’aller nous emparer des chefs-d’œuvre artistiques de notre voisin, et de les installer dans nos musées ; la guerre nous permet de délivrer la terre d’une tourbe d’hydrocéphales et de cagneux qui ne vivent que pour blesser nos yeux et nous donner des haut-le-cœur. La guerre est splendide parce qu’elle est noble, sauvage, brutale. L’homme doit prendre de temps en temps – et c’est le principe des courses de taureaux – un bain de jeunesse et d’animalité. A une époque de décadence, telle que la nôtre, une guerre serait de la plus haute nécessité »
Ca me rappelle étrangement George Orwell (1984) ca...

il est né en quel année ton bonhomme Spike ?

en 1984, tu crois ?

FrenchKiss a écrit :en 1984, tu crois ?
en meme temps 1984 ca n'a pas vraiment été écrit cette année la...

bon, je viens de zieuter sur le net, H de M. est né en 1896, donc si inspiration il y a eu, c'est plutot dans l'autre sens

deplacé...

Le 27 novembre 1927, Montherlant fut provoqué en duel par Philippe Barres, estimant q'il avait dépassé les droits du critique littéraire. Il refusa en exprimant dans une longue lettre son admiration pour Maurice Barres.


"Les jeunes filles" (1936), furent refusées par Emmanuel Berl, rédacteur en chef de Marianne. "Ce n'est pas assez public". Le deuxième tome, "pitié pour les femmes", fut écrit en 1 mois, sur la route de Nice. Il se corrigeait tout en marchant (Note de Spike : c'est mon préféré).


Montherlant passa un jour par semaine à "s'occuper de l'exploitation de sa personne", écrivant des articles sur lui-même ou des "conversations" toutes prêtes pour les journalistes. Quand Pierre Dumayet vint l'interroger, Montherlant lui remit un texte sous forme de questions réponses ou, "par courtoisie", il avait laissé les questions en blanc.


Dans son essai "Montherlant, bourreau de soi-même 1949", Michel de Saint-Pierre l'avait jugé corpulent, adjectif que Montherlant n'apprécia pas du tout. L'épouse de l'essayiste proposa "trapu", et le livre parut ainsi corrigé. Quelques jours plus tard elle recevait un magnifique bouquet de fleurs : "A Jacqueline de Saint-Pierre qui, d'un doigt de fée, a fait tomber ma corpulence en un instant. Bibendum reconnaissant".


En 1950, à la mort de sa mère, Roger Peyrefitte raconta sa peine dans un livre. Montherlant lui envoya ce télégramme : "Soyez fort. Ne vous mariez pas., n'entrez pas dans les ordres, ne partez pas pour l'Afrique. Achetez un chat."


En 1954 il écrivit à l'académie française : "je ne poserai jamais ma candidature. On ne pose pas sa candidature à quelque chose qu'on ne recherche pas." Il sera élu en 1960 sans avoir fait de visites. Il refusa de se faire offrir une épée par souscription, préférant en acheter une chez un antiquaire.


Dans le jardin des Tuileries, alors qu'il allait et venait un livre à la main, on lui demanda :
- Ce que vous lisez parait passionnant, pouvez vous me dire ce que c'est ?
- Mon premier livre, madame.

Plus tard il jeta dans la Seine le journal qu'il tenait depuis sa 12ème année, puis sa correspondance avec sa mère.


Le 21 septembre 1972, il se suicida dans son appartement du quai Voltaire en avalant une ampoule de cyanure tout en se tirant une balle dans la bouche. Il avait 76 ans et ne supportait pas de devenir aveugle.

boulster a écrit :Ce topic a pu passer pour un bide à tes yeux, les happy few étant plus few que happy, et te faire renoncer à la suite; si une réponse te suffit pour continuer, me voici :D

Et voila pour les happy few ;-)

En parlant des littérateurs, un autre moins sauvage que Costals mais quand même, ça interpèle

Romain Gary :

"C’était sûr. Mais je ne le savais pas. Ce fut seulement aux abords de la quarantaine que je commençai à comprendre. Il n’est pas bon d’être tellement aimé, si jeune, si tôt. Ca vous donne de mauvaises habitudes. On croit que c’est arrivé. On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte là-dessus. On regarde, on espère, on attend. Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu’à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu’une femme vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. […] Vous êtes passé à la source très tôt et vous avez tout bu. Lorsque la soif vous reprend, vous avez beau vous jeter de tous côtés, il n'y a plus de puits, il n'y a que des mirages […] Je ne dis pas qu'il faille empêcher les mères d'aimer leurs petits. Je dis simplement qu'il vaut mieux que les mères aient encore quelqu'un d'autre à aimer.
Si ma mère avait eu un amant, je n'aurais pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaine "

Eut-ce été moins stylé, c'eut pu être du Soral.

Spike a écrit :Eut-ce été moins stylé, c'eut pu être du Soral.
Pas encore toucher à fond un Soral (que des bribes) on doit surement être plus dans le scientifique et dans une vision qui se veux objective des choses (le coté sociologue et ancien coco)

Aie aie la façon qu' il avait de dire à sa soeur "mais non tu ne m' aimes pas"
Taquin ou fond de vérité ...

Précisons que Romain Gary restera marqué toute sa vie par un amour rendu impossible par la schizophrénie de son amour de jeunesse, lequel amour impossible finit par le tuer lorsqu'en 72 il se suicide, ne supportant plus de "mourir de soif".
Romain Gary a écrit :Ce fut seulement aux abords de la quarantaine que je commençai à comprendre. Il n’est pas bon d’être tellement aimé, si jeune, si tôt. Ca vous donne de mauvaises habitudes. On croit que c’est arrivé. On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte là-dessus. On regarde, on espère, on attend. Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu’à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu’une femme vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. […] Vous êtes passé à la source très tôt et vous avez tout bu. Lorsque la soif vous reprend, vous avez beau vous jeter de tous côtés, il n'y a plus de puits, il n'y a que des mirages […] Je ne dis pas qu'il faille empêcher les mères d'aimer leurs petits. Je dis simplement qu'il vaut mieux que les mères aient encore quelqu'un d'autre à aimer.
Si ma mère avait eu un amant, je n'aurais pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaine
Pour ceux qui ont trouvés ce passage joli, voire, émouvant, sachez que le livre dont il est extrait, La promesse de l'aube,
est le plus beau livre du monde, écrit par le plus magnifique de tous les menteurs.

Fin du HS, rendons à Montherlant ce qui est à Montherlant.

prince_grave_chiant a écrit :
Spike a écrit :Eut-ce été moins stylé, c'eut pu être du Soral.
Pas encore toucher à fond un Soral (que des bribes) on doit surement être plus dans le scientifique et dans une vision qui se veux objective des choses (le coté sociologue et ancien coco)

Aie aie la façon qu' il avait de dire à sa soeur "mais non tu ne m' aimes pas"
Taquin ou fond de vérité ...
Et dans Misère Du Désir quand il lui fait ses adieux. Sacré Soral, j'ai bien hâte de lire le roman qu'il nous pond en ce moment.

Pour en revenir au sujet, pardon,

Montherlant est cool.

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