Comme nous allons le voir, sa vie ne fût pas moins pleine de panache que celle de son héros Pierre Costals[/i].
Un été, Montherlant affronta en duel Mr Raoul de Roussy de Sals. En guise d’explication, il donna : « affaire de famille, survenue 6 mois plus tôt » . A la cinquième reprise, Montherlant fonça droit sur son adversaire et le toucha de l’épée à la main droite, lui paralysant un doigt. Les docteurs mirent fin au combat, qui aura duré 15 minutes, pendant lesquelles l’admiration du public avait été croissante. Montherlant avait 9 ans.
A 12 ans, il volait aux étalages, emportant un stylo en or au comptoir d’une vente de charité. Il forçait aussi certaines boites aux lettres pour en lire la correspondance.
A l’école Saint-Pierre de Neuilly, il défendit un cadet contre des « grands ». C’était Louis Aragon.
Au collège Sainte-Croix, il écrivit une dissertation sur la guerre, dont voici un extrait :
Il avait 13 ans.« La guerre est une nécessité. Elle existe depuis Caïn et Abel. La nature la demande. Celui qui veut n’être pas dévoré doit dévorer. La force prime le droit, tout le monde sait cela, et il n’y a que 3 ou 4 vieilles barbes séniles pour le contester. « Paix éternelle » ne doit être écrit que sur les tombes. Et la guerre est nécessaire parce qu’elle est une bonne chose (...). L’esthétique sanctionne la guerre. La guerre nous permet d’aller nous emparer des chefs-d’œuvre artistiques de notre voisin, et de les installer dans nos musées ; la guerre nous permet de délivrer la terre d’une tourbe d’hydrocéphales et de cagneux qui ne vivent que pour blesser nos yeux et nous donner des haut-le-cœur. La guerre est splendide parce qu’elle est noble, sauvage, brutale. L’homme doit prendre de temps en temps – et c’est le principe des courses de taureaux – un bain de jeunesse et d’animalité. A une époque de décadence, telle que la nôtre, une guerre serait de la plus haute nécessité »
Dans la cour de récréation, seuls deux élèves n’étaient pas fascinés par les photographies de femmes nues qui circulaient clandestinement : Jean Renoir, qui voyait depuis toujours son père peindre des femmes nues, et Henry de Montherlant, qui préférait s’entraîner à la corrida.
Au devoir « quels sont les personnages historiques qui ont eu le plus d’influence sur vous ? », il répondit : « Pyrrhon (le doute philosophique), Aristippe (le goût du plaisir), et Regulus (les règles de vie) ».
Il faillit ne pas se présenter au baccalauréat. Ses parents plaçaient si haut l’honneur de la famille qu’ils jugeaient inacceptable de « laisser examiner leur fils par des inconnus dont on ne savait pas d’où ils sortaient ».
A suivre