Données élémentaires sur les aspects acoustiques, physiologiques, phonétiques, évolutifs et psychologiques de la voix
La voix et les mots
Quand vous parlez à quelqu’un, vous faites deux choses à la fois : vous parlez avec des mots et vous parlez avec votre voix. Vous dites deux choses en même temps et ce n’est pas forcément la même chose. Les mots que vous employez veulent dire quelque chose dans une langue précise, ils ont un sens linguistique. Par exemple quand vous dites « Comment allez-vous ? » vous employez trois mots de la langue française liés par une formule interrogative par laquelle vous êtes censé vous inquiéter de l’état général de la personne à laquelle vous vous adressez. Mais vous savez bien qu’avec la même formule vous pouvez dire des tas d’autres choses que vous le vouliez ou non. Vous pouvez employer ces trois mots comme une banale formule de politesse ; vous signifiez simplement que vous avez enregistré une rencontre et il n’y a plus la moindre question. Vous pouvez vouloir signifier la froideur, l’indifférence la plus totale ou au contraire chercher consciemment à séduire votre interlocuteur, homme ou femme, avec des inflexions, des couleurs dont vous imaginez qu’elles pourront toucher. Et dans ce que vous dites passent encore bien d’autres choses qui peuvent vous échapper complètement ; votre interlocuteur peut y sentir l’affection ou la haine, la maladresse, le dégoût, l’envie, le désir sensuel, la force ou la faiblesse de votre caractère etc. Ces différentes significations ne dépendent pas de mots de la langue mais de votre voix. La voix est ce qu’il y a derrière les mots.
Différents aspects de la voix
La voix a toujours deux faces : par l’une elle est son, musique ; par l’autre elle est corps, mouvement corporel, entrée en vibration du corps. Et qui dit « corps » ne dit pas seulement réalité matérielle ou mécanisme cybernétique plus ou moins complexe mais bien « être vivant », c'est-à-dire aussi ce que le vieil Aristote appelait « âme », je ne sais trop quoi qui distingue le vivant, même plante, de la matière inanimée.
La voix est le propre du vivant et même semble-t-il, du vivant relativement évolué. Elle est liée, de toute évidence, à la communication et sert à l’existence sociale. Mais elle n’est jamais utilisée uniquement pour transmettre des sortes de messages codés de type linguistique. En l’homme elle est profondément liée à la libido et, comme telle, échappe à toutes nos tentatives de rationalisation. Elle se tient toujours, dans sa partie essentielle, du côté de l’inconscient, de l’irrationnel, de la magie.
Chez les mammifères déjà, la voix transmet ce qui est de l’ordre des ressentis : le désir, la peur, la tristesse, la colère. Et chez nos cousins les chimpanzés elle paraît liée, comme elle a dû l’être chez les premiers hommes, à l’ébauche de rites magico-religieux.
Analyse acoustique
Pour ne parler que de la voix humaine, on y rencontre trois catégories de sons : les harmoniques purs, sur lesquels nous construisons les voyelles ; les bruits purs, comme certaines consonnes (s, ch, p, f, t, h) ; et les mélanges de bruits et de sons harmoniques tels que les consonnes dites « voisées » (z, j, b, v, d, g), ou, souvent, les voyelles.
Pour la voix on parle aussi de couleurs, au moins en noir et blanc, puisqu’on dit de certaines voix qu’elles sont blanche, claire, sombre, noire.
La couleur d’un son ne dépend pas d’abord de sa hauteur mais de la manière dont nous répartissons l’énergie sur l’échelle des harmoniques. Si je représente chaque son comme une sorte de boule, cette boule peut être remplie seulement dans le bas par des harmoniques graves : dans ce cas le son est entendu comme « sombre », « noir » - ou bien, au contraire, la boule est remplie essentiellement d’harmoniques aiguës et dans ce cas le son est entendu comme « clair ». Le même si à 250 Hertz peut être entendu comme sombre ou clair.
Puissance et portée de la voix
Logiquement, plus on fournit d’énergie musculaire, plus le son devrait être fort. Mais la voix ne marche pas comme notre logique pour plusieurs raisons, et en particulier parce que l’oreille humaine ne perçoit pas l’intensité des sons proportionnellement à l’intensité physico-acoustique émise. La relation entre l’intensité physique et l’intensité perçue par l’oreille est extrêmement complexe puisqu’elle varie avec la hauteur des sons et avec chaque individu. Grosso modo, on peut dire que la sensibilité de l’oreille ne cesse de croître de 16 à 2000 Hz et de décroître de 4500 à 16000.
Il y a donc un seuil de sensibilité maximum de l’oreille entre 2000 et 4000 Hz. Les savants ont découvert ces propriétés de l’oreille depuis cinquante ans mais les musiciens les connaissent depuis longtemps puisque ce qu’ils appellent le timbre d’un instrument de musique ou de la voix (voix bien timbrée, qui a du timbre) n’est rien d’autre qu’un renforcement des harmoniques aiguës entre 2000 et 4000 Hz. Cette zone de renforcement fait la portée de la voix. Et ce qui va donner l’impression subjective de puissance vocale est une certaine relation entre cette zone de renforcement des harmoniques aiguës et un renforcement des harmoniques graves.
Cet article est un concentré d'écrits recensés dans "trouver sa voix" de Louis Jacques Rondeleux, la suite (exercices etc...) arrive bientôt.
[A]La voix et sa composition
Pour celles et ceux qui veulent discuter et demander des conseils rencontres et séduction; comment faire avec cette fille ou ce mec; et plus généralement, comment pécho / trouver l'amour à l'ère du swipe left, notamment quand on est ni mannequin, ni un ninja de la drague.