[Film] Factotum (2005)

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le 15.06.2007 par cedd

0 réponses / Dernière par cedd le 15.06.2007, 02h48

Parce que des fois, on fait autre chose que regarder Netflix. Partagez et discutez ici de ce que vous aimez et de ce qui vous intéresse.
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FACTOTUM
(um se prononce ome) n. m. (pl. Factotums). XVIe siècle, factoton. Locution latine de la Renaissance, fac totum, signifiant proprement « fais tout ».Homme à tout faire ; employé qui, sans fonction précise, vaque à toute chose dans une maison, une entreprise, un domaine, etc.
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Cet apres midi, en charmante compagnie, j'ai décidé de regarder un film laissé longtemps aux oubliettes. Factotum.Bien m'en a prit. Un film drole, cynique, poignant et profondement humain. Une grande leçon de vie et de cinéma.

Factotum est l'adaptation du roman homonyme de Charles Bukowski publié en 1975. Ce n'est pas la première fois qu'une oeuvre de l'écrivain-culte, dévoré par l'alcoolisme, et décédé en 1994, est portée à l'écran. Il faut tout d'abord mentionner Barfly, dont Bukowski écrivit le scénario, et dans lequel il fait une apparition. Mickey Rourke y incarne un double de l'auteur, baptisé Chinaski -c'est aussi le nom que porte Matt Dillon dans Factotum. Parmi les cinéastes qui s'en sont inspirés, citons Marco Ferreri (Contes de la folie ordinaire), Barbet Schroeder , Patrick Bouchitey (Lune froide) et le Belge Dominique Deruddere (L'Amour est un chien de l'enfer). Par ailleurs, un documentaire retraçant le parcours de cette personnalité hors-normes, et intitulé Bukowski, est sorti en salles en 2004.

Factotum est un hymne à l'essence même de la vie par rapport aux milliers de choses accessoires dont on s'encombre pour avoir l'impression d'exister. Matt Dillon, plus Bukowsky que lui même, nous guide avec nonchalance dans un nouveau territoire existentiel en karcherisant avec délectation les valeurs fondatrices de nos sociétés modernes. Comme on aurait envie de le suivre si on était plus courageux.
Un film épuré, à l'abris des clichés qui rodent souvent autour de Bukowski. Car il n'est pas aisé de nous montrer un écrivain perdu, avaleur de bières sans tomber dans la caricature, le grotesque et la philo de comptoir. Et bien c'est réussi en tous cas. Les personnages sont attachants dans le sens où ils sont noyés dans un univers qui les dépassent et qu'ils subissent, tout en se persuadant du contraire. L'univers du célèbre écrivain est, à mon avis de lecteur, respecté (je pense à "Au sud de nulle part", par exemple). Et même si les vies des personnages oscillent entre pathétique et grotesque, on finit ça et là par surprendre un rictus aux bords de leurs lèvres: on est loin du tout glauque de rigueur de certains films pseudo-intellos. Inutile de préciser que Matt Dillon est, une fois de plus, le pillier du film, l'homme providentiel qui, loin d'osciller entre la brute et le gentleman, parvient à incarner les deux en même temps. Bref, je conseille fortement ce petit moment de bonheur à tous les amoureux des films simples mais riches, courts mais denses, lents mais captivants.

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Silhouette massive, ventre de bière, voix cassée par les clopes et l’alcool, démarche trainante, Matt Dillon incarne l'alter-égo de l’écrivain Charles Bukowski. Dillon y révèle une autre facette de son talent dans cette adaptation du roman autobiographique du vieux Hank. Il s’investit totalement dans ce role allant jusqu’à tenir sa cigarette de la meme façon que son modèle et surtout sans jamais tomber dans la caricature. Factotum c’est l’histoire d’un homme qui a pour principaux intérets les courses de chevaux, la boisson et les femmes. Il passe de petits boulots en petits boulots et espère que les nouvelles qu’il écrit et envoie à divers éditeurs soient un jour publiées. Aux cotés de Matt Dillon on retrouve Lili Taylor qui lui tient la dragée haute (dans la consommation d’alcool), surtout durant une scène de réveil désopilante mais typique des œuvres de Bukowski. Matt Dillon est l’incarnation inespérée de l’auteur américain. Bukowski, un homme libre, anar, n’obéissant à rien ni à personne mais terriblement attachant. Le réalisateur norvégien Bent Hamer privilégie l’ironie, pose un regard personnel presque désenchanté sur la société et s'attarde sur l'incommunicabilité. Des sujets très « bukowskiens » mais aussi très chers au réalisateur. Bent Hamer réalise un film profondément humain, poétique, tendre et bourré d’humour
en Bonus: une apparition lumineuse du trop rare Didier Flamand.

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Et j'ai rencontré Jan.
On a bu un verre,
elle m'a passé son numéro.
Trois jours après, je déboulais chez elle.

- T'es marié, Manny ?
- Surtout pas.
- Des femmes ?
- Parfois. Ça dure pas.
- Pourquoi ?
- C'est un boulot à plein temps.
Il faut choisir.
Moralement, c'est épuisant.
Physiquement, aussi !
Elles veulent baiser tout le temps.
- Prends-en une que t'aimes baiser.
- Elles se méfient des mecs qui boivent et qui jouent.
- Faut qu'elle aime boire, jouer et baiser.
- Tu parles d'une femme !
:mrgreen:

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"Si vous tentez le coup, allez-y à fond. Ou n'essayez même pas" affirme Chinaski en voix off à la fin du film.
L'idée pourra sembler banale. Incarnée, représentée par la moindre action de Dillon, elle prend une force dingue.
Bukowski a écrit :Si vous tentez le coup, allez-y à fond.
Ou n'essayez même pas.
Vous perdrez peut-être vos copines, vos femmes, vos proches, votre travail, voire votre tête.
Vous ne mangerez pas pendant 3 ou 4 jours.
Vous gèlerez peut-être sur un banc, irez en taule, serez exposé à la dérision, à la moquerie, à l'isolement.
L'isolement est un bienfait.
Tout le reste ne sert qu'à tester notre endurance, à vérifier notre motivation.
Et vous foncerez, malgré le rejet et les pires galères, ce sera mieux que tout ce que vous pouvez imaginer.
Si vous tentez le coup, allez-y à fond.
C'est une sensation unique.
Vous côtoierez les dieux.
Vos nuits brûleront rouge vif.
La vie ne sera qu'un long éclat de rire.
C'est le seul combat digne de ce nom.
si vous voulez en savoir plus sur Bukowski, allez faire un tour ICI par exemple...

enjoy !

cheers
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