Il y a quelques temps, j'avais commencé à traduire un séminaire de
Jung sur Ainsi parlait Zarathoustra. Pour diverses raisons, le travail est toujours en cours. Toujours est il que je vous copie colle le début; il concerne le passage dont parle SoO-krate. Je m'excuse d'avance pour les fautes d'orthographes qui sont passées à travers les mailles du filet.
J'ai tailladé la conférence - suite à une remarque de SoO-krate -pour plus de facilité de lecture.
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Nous allons maintenant commencer le premier chapitre, le discours d'introduction du surhomme, le dernier homme :
Lorsque Zarathoustra fut âgé de trente ans, il quitta son pays et le lac de son pays et s’en alla dans la montagne. Là il jouit de son esprit et de sa solitude et ne s’en lassa point durant dix années. Mais enfin son cœur se transforma, et un matin, il se se leva avec l’aurore, s’avança devant le soleil et lui parla ainsi :
« Quel serait ton bonheur, ô grand astre ! si tu n’avais pas ceux que tu éclaires ?
Depuis dix ans que tu viens vers ma caverne, tu te serais lassé de ta lumière et de ton orbite, sans moi, mon aigle et mon serpent.
Mais nous t’avons attendu chaque matin, nous t'avons pris ton superflu et nous t’en avons bénis.
Voici ! Je suis dégoûté de ma sagesse, comme l’abeille qui a recueilli trop de miel. J’ai besoin que des mains se tendent vers moi.
Je voudrais donner et distribuer, jusqu’à ce que les sages parmi les hommes redeviennent heureux de leur folie, et les pauvres, heureux de leur richesse.
Nous devons d'abord essayer de construire la situation psychologique. Comme je l'ai dit, je vais prendre en main ces chapitres ou ces expériences comme les visions. Ici, l'histoire de Zarathoustra commence. L'homme qui parle, ou écrit, est Nietzsche; c'est comme s'il était l'historien de Zarathoustra, décrivant ce qu'il a fait précédemment. Zarathoustra est manifestement objectivé ici, l'auteur ne semble pas identique avec lui. Maintenant, il est dit qu'il avait trentes ans quand il quitta sa maison. A quel fait renvoie ces trentes ans ? Aussi bien que je m'en souvienne il n'y a pas de chronology définie dans la vie de Zarathoustra, excepté l'age auquel il mourut, soixante dix septs ans.
Mr Allemann : C'est en référence à l'âge du Christ.
Dr Jung : Oui, l'age légendraire du Christ, quand il commenca sa carrière de prédicateur; ici il créé une identité entre Zarathoustra et le Christ. C'est une identité qui est communément reconnue historiquement, à savoir, que dans les enseignements zoroastriens tous les milles ans - ce qui signifie simplement une période indéfinie à l'échelle du monde, environ un demi mois d'une année platonicienne - un Saoshyant apparait (c'est un faucheur, un sauveur) qui enseigne au peuple une nouvelle révélation, une nouvelle vérité, ou qui rajeunit les vérités anciennes, un médiateur entre les hommes et Dieu. C'est définitivement une idée qui est passée dans l'enseignement chrétien où elle a prise une forme différente : dans le chirstianisme, l'idée d'éniantiodromie intervint. Après que l'enseignement du Christ ai fait son effet, alors une chance est donnée à Satan, comme vous l'avez appris dans le livres des Révélations, "pour deux périodes et une demie période" - également une période indéterminée durant laquelle il est apparemment censé se réjouir, préparant toutes sortes de maux. C'est l'une des origines de la légende de l'Antechrist, dont il est prouvé qu'il a déja existé durant le premier siècle. C'est pratiquement dans les mêmes circonstances que celles dans lesquelles le Christ est né que son frère obscur, l'Antechrist serait né, et il pratiquerait les mêmes miracles, mais dans le but de séduire l'humanité. Il serait une sorte de Saoshyant négatif, apparaissant quand le reigne négatif du Christ arriverait à sa fin. En accord avec le calcul perse, le règne de l'Antechrist commencerait après un mois d'une année platonnicienne, environ 1100 ou 1200 après J.C. De concret, nous savons qu'à cette époque, il y avait une grande agitation à cette époque dans le monde chrétien parce qu'ils supposaient que la fin du monde allait surgir en l'an 1000 - en accord avec cette vieille idée qu'après milles ans une nouvelle révélation prendrait place, ou que quelque chose allait arriver au monde. Mais apparemment rien ne se produisit. C'est vrai, néanmoins, qu'à cette époque, le pouvoir de l'église atteignit son apogée et les pouvoirs temporels étaient pratiquement soumis. Et peu après, ils commencèrent à remonter et l'église fut sur son déclin; et ca continua, le pire fut atteint vers le 16ème siècle, quand eut lieu le schisme au sein de l'église : le Protestantisme.
Maintenant, l'idée du Saoshyant était évidemment entrée dans l'esprit de Nietzsche: son Zarathoustra est un Saoshyant qui apparait une fois que les milles ans sont écoulés - bien sur pas exactement mais à peu près. On était seulement en 1883, malheureusement, mais les pouvoirs divins sont parfois irréguliers - peut être que l'horloge fonctionne de manière discontinue au paradis, personne ne sait exactement - donc le Saoshyant arriva un peu en avance, une réincarnation sous la forme de Zarathoustra .Et il s'engage dans sa carrière de manière similaire aux précédents Saoshyants, que ce soit le Christ ou l'Antéchrist. On sait bien par les écrits de Nietzsche - même si l'on ne connait simplement que le titre de ses oeuvres - qu'il avait l'idée d'un Antéchrist fortement ancré en tête.Il a bien sur raconté raconté une grande histoire sur son antichristianisme, et se prit lui même pour l'incarnation de l'Antéchrist - non pas simplement comme un frère diabolique et destructeur du Christ, mais plutot comme un nouveau Saoshyant. Il détruirait les valeurs anciennes à coup sur, mais pour quelque chose de mieux, pour une moralité plus haute que la moralité chrétienne. Il se considérait comme un Saoshyant positif, malgré qu'il acceptait le titre "d'immoraliste" et "d'Antechrist". En Inde aussi il y a l'idée d'un sauveur ou d'un faucheur qui apparait tous les milles ans, dans la série des bodhisattavas incarnés; par exemple le bodhisattava du monde passé, Bouddha Amitabha, et Bouddha Sakya Muni celui du monde actuel, et Bouddha Maitraya, celui des mondes à venir; et il y en a pleins d'autres parce qu'il y a eu de nombreux mondes. Bouddha Amitabha est l'un des plus importants. Particulièrement adoré au Japon, c'est le Bouddha de la clarté, de la vérité; et Maitraya, qui est encore à venir, est le Bouddha de l'amour parfait. C'est la même idée de périodicité. Et elle est basée sur des expériences comme celle de la figure archétypique du vieil homme sage de Nietzsche: c'est une figure vraiment historique qui amène avec elle le parfum historique des siècles passés, le sentiment d'une présence actuelle venant des temps passés, comme si le temps était complètement arrêté, et que 5000 ans avant J.C. était la chambre juste à coté de 2000 ans après J.C. Je suis quasiment certain, de ce que Nietzsche a dit à propos de Zarathoustra, qu'il l'a lui même expérimenté comme une identity en lui qui avait eexisté des milliers d'années avant lui, qui avait toujours été. Quand cette figure apparait elle émerge simplement d'un arrière fond qui a toujours été là; Il en est appelé par le besoin d'une époque, par l'urgence de l'époque actuelle. Ce Zarathoustra est dit avoir trentes ans, donc ca laisse entrevoir une identity avec le Christ.
Ensuite, nous avons une allusion sur le lieu où il a vécu, "il quitta le lac de son pays". Pourquoi une telle petite chose doit être mentionnée ? C'est un détail plutot insignifiant, mais si vous appliquez les regèles de l'interprétation des rêves à ce symbole, c'est psychologiquement plutot charmant. Qu'est ce que peut être le lac du pays de quelqu'un, et où quelqu'un va t'il quand il quitte son lac ?
Miss Hannah : Le lac de son pays ne peut il pas être interprété comme étant son inconscient personnel qu'il quitte pour l'inconscient collectif ?
Dr. Jung : Tout à fait. Le lac es limité et confiné en contradiction avec la mer qui est supposé être illimité. La mer, par ailleurs, est toujours un symbole de l'inconscient collectif qui n'a aucune limite, nulle part, tandis que le lac est coincé dans une terra firma qui symbolise toujours la conscience. Ca pourrait être la somme d'inconscience qui est coincé dans sa conscience, une pièce parfaitement controlable d'inconscience. Donc le lac du pays de quelqu'un est son inconscient personnel qui lui est familier, cette partie qui relie quelqu'un avec son père, sa mère et ses frères, et ses tantes, ses conditions ancestrales, et ainsi de suite; c'est une belle, une place bien connue avec son histoire qui forme le début de la vie d'une personne. Ensuite Zarathoustra va dans les montagnes. Que dire à ce propos ?
Mme Crowley: Pour se receuillir.
Dr. Jung: Oui, mais vous pouvez vous receuillir aussi bien près d'un lac. Au Tibet, la condition ordinaire pour un sage est une colline d'un coté, et de l'autre un lac, inter collem et aquam.
Dr. Bahadurji: Il veut être à un plus haut niveau, par dela l'humanité en général.
Dr. Jung: Oui, il y a évidemment une analogie avec le rishis, les sages légendraires qui vécurent sur les hauteurs des montagnes de l'Himalaya au Tibet; Ces gens vécurent aussi dans un lieu désolé, plutot terne entre l'eau, de préférence un lac ou une rivère, et lun flanc de montagne, loin au dessus des gens ordinaires. Ce sentiment joue un grand rôle dans le cas de Nietzsche. Quand il était à Sil Maria qui est environ à six milles pieds au dessus du niveau de la mer, il était habitué à parler d'être à six milles pieds par delà bien et mal - par delà l'humanité ordinaire, donc. Il se sentait particulièrement bien en Engadine - qui était à un niveau élevé. Cela signifie qu'il quitte les conditions ordinaires et dominées de son quotidien, la psychologie familière, et s'élève lui même à un degré particulièrement élevé où il élargit son horizon, comme les sages vont dans de tels endroits pour le bien de l'élargissement de leur conscience et de leur horizon, pour se détacher eux mêmes du chaos des évènements dans le but de voir clairement. Ainsi que l'a dit Lao Tseu: celui qui se détache et voit de loin voit clairement. Et ici il possède son esprit dans la solitude et pendant dix ans il ne s'en lassa pas. Ici, il y a un autre détail, dix ans.
Mr. Allemann: Trentes plus dix, cela donne l'âge de Nietzsche quand il écrivit.
Dr. Jung: Oui, il avait trentes and quand il parti, et quarantes quand il a accompli l'accumulation de sa sagesse. Ici il y a un détail dans l'histoire de sa vie que vous ne savez probablement pas, c'est que pendant ses dix premières années, il n'avait pas d'élèves et s'en inquiétait - même s'il en avait eu un, un de ses jeunes cousins. C'est seulement bien plus tard qu'il réussit à convertir des gens à sa sagesse. Ces dix ans peuvent facilement avoir à faire avec ce fait, mais je ne suis pas sur. Mais il y a aussi le fait psychologique qu'il avait juste atteint l'âge auquel il a commencé à écrire Zarathoustra, Le moment où il quitte les montagnes. Il décrit ici comment il va aller délivrer son message à l'humanité, son coeur ayant, à tout le moins, changé. Et alors intervient l'invocation du soeil. Maintenant, comment comprenez vous cette invocation ? C'est le premier évènement, la première expérience ou aventure. Ce n'est pas aussi simple que nos visions; ici nous avons un certain code, mais aussi des eaux inexplorées.
Mrs Fierz: Si être haut dans les montagnes signifie être plus haut que le commun des mortels, le soleil serait le symbole d'une conscience plus qu'humaine, dans laquelle il a regardé et de laquelle il voudrait maintenant parler. Donc, en un sens, il voudrait être plus qu'une conscience humaine et saluer le soleil permettrait de le sentir, ou de le réaliser.
Dr. Jung: Vous voudriez comprendre le symbole du soleil comme une objectivation de sa conscience suprahumaine, qu'il a acquis au cours de sa vie ce haut niveau ? Oui, le soleil est surement le symbole du centre de la conscience, est le principe de conscience parce que c'est la lumière. Quand vous comprenez une chose, vous dites: "je vois" - et pour voir, vous avez besoin de lumière. L'essence de la compréhension, de la réflexion a toujours été symbolisée par la lumière du soleil, la sagesse ou l'omniscience du soleil qui bouge autour de la terre et voit tout grâce à sa lumière. Donc il est possible qu'il parle ici à sa conscience personnifiée. C'est là une performance quelque peu inhabituelle, mais si vous essayez de vous mettrre vous même dans l'état d'esprit d'un homme qui est toujours seul, comme Nietzsche, vous réalisez que votre propre conscience commence à regarder votre propre visage. Vous êtes toujours votre propre locuteur et votre propre auditeur; vous regardez toujours votre propre lumière, vos propres yeux. Et donc vous pouvez aisément personnifer votre conscience comme votre partenaire quotidien, une apparition quotidienne; vous pouvez même maudire votre conscience comme votre seul compagnon.
Donc, Nietzsche, dans les années après 1879, quand il a abandonné ses occupations académiques à Basel errait abondamment, vivant dans de petits hotels et des pensions, parfois sur la Riviera francaise ou italienne, et l'été en Engadine aidé par des certains amis riches, parce qu'il n'avait pas de moyen propres. Toujours seul, il ne pouvait supporter les gens. Il était désireux d'avoir des amis, toujours à la recherche d'un ami, mais quand pareil pauvre gars arrivait, il n'était jamais assez bien et Nietzsche s'impatientait de suite. Je connais des gens qui ont connu Nietzsche personnellement, parce qu'il a vécu dans ma propre ville, Basel, et j'ai entendu de nombreuses anecdotes de ce genre.Par exemple, dans une de ses conférences de la Grèce et de la Grèce antique dans les termes les plus enthousiastes, et après la conférence un jeune homme qui n'avait pas compris une chose qu'il avait dite - comme ces étudiants ordinaires ne pouvaient evidemment pas suivre le prodigieux esprit de Nietzsche - alla voir le professeur pour lui demander. Mais avant qu'il eut pu formuler son humble requête, Nietzsche a dit :" Maintenant vous êtes cet homme! Ce ciel bleu d'Hellas! Voyageons ensemble!" Et le jeune homme
pensait: "Comment puis je voyager avec ce professeur illustre et où aurais je l'argent pour ?" Et il s'éloigne de plus en plus, Nietzsche vient vers lui et parle du sourire éternel des cieux d'Hellas et de Dieu sait quoi, jusqu'à ce que le garcon se trouve repoussé dos au mur.Alors soudain Nietzsche réalise qu'il est effrayé par son enthousiasme, et fait demi tour abruptement et ne lui parla plus jamais. C'est la manière dont il se comportait avec les amis, il était absolument incapable de s'adapter aux gens et quand ils ne le comprenaient pas sur l'instant, il n'avait pas de patience du tout.Il était aussi excessivement impatient avec lui même. Il était terriblement, imprudemment capricieux. Il aimait être invité à certains rassemblements mondains, mais s'il y avait un piano, il jouait frénétiquement; il restait dessus jusqu'à ce que ses ongles le fassent saigner. Ce n'est pas de l'éxagération, c'est un fait. De l'autre coté,il était assez marrant. A Basel, il succomba à sa fantaisie d'apparaitre en société comme un élégant anglais. A cette époque, les anglais étaient considérés comme le summum de tout ce qui était merveilleux, et ils étaient habitués à porter des gants gris et un haut de forme gris; Donc Nietzsche venait en redingote grise, avec un haut de forme gris et des gants gris et pensait qu'il ressemblait à un anglais. Et avec cette moustache ! Nous devons connaitre ces contrastes pour comprendre le langage de Zarathoustra.
Nous pouvons supposer, alors, que ce soleil auquel il parle est réellement l'intense lumière qu'il a recu et avec laquelle il parle tous les jours, est evidemment la grande clarté de sa conscience isolée. En accord avec ce fait, que le soleil est sa conscience, il lui dit " Que ferais tu sans moi? Je peux continuer encore à exister malgré cette conscience" Quand vous êtes seul avec vous même, une telle conscience devient écrasante qui fait fait que finalement vous oubliez qui vous êtes en dehors de cette pure conscience. Donc il y a des gens qui ont une conscience pathologique d'eux même qui annihile leur propre existence, ils n'essayent pas d'être; ils restent debout dans leur propre lumière, parce qu'ils sont ecrasés dans leur propre conscience. Ici, il est plus que satisfait, il en est devenu malade d'être seulement conscient et dit :" Que serait tu si je n'étais pas avec toi ? Moi, accompagné de mes animaux, mon aigle et mon serpent ?" Qu'est ce que ca signifie ? Pourquoi s'oppose t'il au soleil de la conscience ?
Mrs Bailward: Les instincts.
Dr. Jung: Oui, les animaux signifient les instincts, mais que serait l'aigle ? Et le serpent ?
Mrs Schlegel: L'aigle serait l'intuition et le serpents les puissances chtoniennes.
Dr. Jung: Que voulez vous dire par les puissances chtoniennes ?
Mrs Alleman: L'esprit de la nature, la sagesse chtonienne.
Dr. Jung: On pourrait dire l'esprit, mais nous devons savoir ce que signifie chtoniens. Lisez le nouveau livre de Keyserling, La Révolution Mondiale. où il parle de la révolte des forces telluriques. C'est chtonien. Mais qu'est ce psychologiquement ?
Miss Hannah: Si l'aigle est l'intuition, je suppose que c'est la sensation.
Dr. Jung: C'est vrai. Ca peut aussi être pris d'une facon générale comme un esprit aérien. Donc l'aigle serait l'esprit et le serpent serait le corps parce que le serpent est une très ancienne représentation des mondes inférieurs, du ventre avec ses satisfaction et des intestins, par exemple. C'est le mouvemen persistaltique, c'est une personnification du système sympathique, comme ici. Et il y a toujours des personnifications de tout ce qui vient du corps, la sexualité et toutes les fonctions physiques; De même, toutes ces évènements de la réalité, cette chose qui coute de l'argent, ou votre chambre qui est surchauffée, ou votre lit qui est dur, ou ces habits qui sont chers, que vous n'ayez pas recu une certaine paye: toutes ces choses sont chtoniennes. Et nos relations de toutes sortes, avec des gens qui nous ennuient ou nous rendent joyeux est chtonien, tout ce qui est à la surface de cette terre et qui est si banal qu'on ose à peine en parler. De l'autre coté, l'aigle s'élève haut, il est près du soleil. Il est le fils du soleil - merveilleux. L'oiseau de lumière, c'est une très haute pensée, un grand enthousiasme. Par exemple quand Ganymède, le messager de Zeus, est soulevé par l'aigle jusqu'aux hauteurs olympiennes, c'est le génie et l'enthousiasme de la jeunesse qui le saisit et l'emporte à la hauteur des dieux. Donc on pourrait dire que c'était une envolée, une puissance spirituelle. Vous savez, l'aigle est connu pour pour descendre et emporter des moutons ou même des petits enfants; nous avons de telles histoires en Suisse. C'est ce que l'esprit peut faire - un émoi spirituel, un enthousiasme spirituel; soudain, après avoir rodé dans la foule un temps, l'esprit s'empare de quelqu'un et le porte par très haut. Et le serpent serait la force terrestre. Maintenant, que signifie que quand confronté avec sa conscience de laquelle il est épuisé, ces deux symboles apparaissent à ses cotés ? Vous vous rappelez, ils sont souvent avec lui, dans le livre.
Mr Nuthall-Smith: Il n'est pas conscient d'être controlé par les forces chtoniennes et spirituelles; il est inconscient de leurs existences.
Dr Jung: Bien, ils vont se révéler là des sortes de puissances utiles. Vous voyez, elles jouent toujours un role bénéfique et plus tard nous en arriverons à un passage où le serpent et l'aigle seront entremêlés, ce qui signifie une réconciliation des opposés. Quand dans un rêve vous êtes accompagné par un animal, qu'est ce que cela veut dire ? Ca arrive très souvent.
Mr Alleman: Ca veut dire que vos instincts sont avec vous.
Dr Jung: Oui, mais ce n'est pas toujours le cas, vous savez; très souvent, nous allons contre nos instincts, ou nous sommes dans une position oblique par rapport à eux. Donc quand le texte dit que Zarathoustra est avec le serpent et l'aigle, cela signifie, comme dans les rêves, qu'il est dans la même direction que ses instincts; il est juste, regardant aussi bien du coté spirituel que d'un point de vue chtonien. Ici, il est droit dans ce qu'il fait actuellement, en disant à sa conscience qu'il est devenu fatiguée de celle ci; il aspire à se détacher de ce trop plein de conscience. Vous voyez, ca peut être l'état d'un homme qui a vécu par et dans la conscience seulement, sans prêter attention à ces instincts. Où il pourrait peut être dire qu'il pensait par sa conscience seulement; vivant par son intelligence consciente, sans réaliser l'existence d'un inconscient, ici représenté par un aigle et un serpent. Il se situe ici du coté de l'inconscient quand il dit à sa conscience: je pense que nous ferions mieux de nous quitter. Alors il suivra son inconscient. Et si quelqu'un devient malade de sa conscience et choisit une autre voie, quel type de symbole suivra t'il inévitablement ? Quelle est la prochaine étape ?
Dr. Reichstein: La lune.
Mr Nuthall-Smith: Le coucher.
Dr Jung: Oui, le coucher, quand vous dites au revoir au soleil, naturellement le soleil se couche, ou vous vous couchez ou les deux; c'est la tombée de la nuit. La lune est présente. Donc le travail de Zarathoustra commence avec l'idée de son coucher, comme le soleil, der Untergang Zarathoustras. Et il descend vers quoi ?
Mr Allemann: Dans le monde de l'humanité ordinaire, de la collectivité.
Dr Jung: Oui, il est sur que quand il quitte le soleil de la conscience, il va en arriver à une certain forme de l'inconscient. La question est maintenant, évidemment, si l'inconscient sera alors projeté ou dans sa forma pura? Si dans sa forme pure, il n'est pas projeté, il entrera alors dans l'inconscient. Ca peut être un voyage en mer de nuit. Donc comme vous dites, c'est la descente dans le monde ordinaire dans lequel l'inconscience est une règle déterminante, la conscience dans le monde ordinaire joue un très petit role. Mais nous ne serons pas autorisé à dire s'il descendra dans l'inconscient pur ou le projeté si nous n'avions pas lu le passage où il dit ses intentions. Il va vers les êtres humains, vers l'humanité. Et le texte ici dit qu'il va enseigner aux sages parmi les hommes et aux pauvres. "jusqu’à ce que les sages parmi les hommes redeviennent heureux de leur folie, et les pauvres, heureux de leur richesse." Donc que veut il enseigner ?
Mme Crowley: Les opposés.
Dr Jung: Exactement. Il va produire l'éniantiodromie, il va fournir à l'humanité ce qui lui manque, avec ce qu'ils haïssent ou ont peur ou méprisent, avec ce que les sages ont perdu, leurs folies, et les pauvres leurs richesses. En d'autres mots il va apporter la compensation. Maintenant, je pense que nous aurions mieux fait de prendre le symbolisme au niveau subjectif, et alors ca signifierais que quand Zarathoustra, malade de sa conscience, descend à niveau plus bas de l'humanité, il sera le sage qui est compensé pour sa sagesse par la folie. Donc nous voyons que dans sa montagne emplie de lumière et il approfondi sa sagesse et perdu sa folie - et très pauvre, il a perdu toutes ses richesses.