Cedd apporte une pièce du puzzle en parlant de ce qu'il a pu voir dans les clubs, alors je peux apporter une autre de ces pièces en exposant ce dont j'ai pu être témoin il y a quelques années.
Je suis bisexuel (disons plutôt 90% hétéro, 10% homo), et à cette époque, j'étais en couple avec un gars 100% homo, qui me faisait fréquenter "le milieu" (je n'aurais jamais eu l'idée d'y aller par moi-même, n'ayant pas d'instinct secto-grégaire).
Il a même réussi une fois à me traîner dans une discothèque, mais je ne peux pas dire que cette expérience fut concluante, et je laisse donc l'autorité à Cedd à ce sujet.
Par contre, j'ai eu droit à toutes les déclinaisons des situations stéréotypées classiques : l'association de gays et lesbiennes, le vieux couple de goudous un peu aigries, le jeune couple de goudous totalement déjantées (elles étaient fabuleuses, pas moyen de s'ennuyer avec elles !), le vieux pédé avec le (très) jeune éphèbe, les folles avec leurs interminables scènes de jalousie, les mecs typés YMCA, j'en passe et des meilleures.
Toutefois, dissimulés au gré de toute cette faune pittoresque se trouvaient bon nombre d'homos (hommes ou femmes) d'une banalité rassurante, avec des histoires sentimentales (à peu près) calmes et épanouies.
Et pour tout vous dire, je trouve que les différentes méthodes de séduction de tout ce petit monde étaient assez fascinantes. Mystery, DeAngelo, Jeffries et consorts peuvent aller ranger leurs e-books et WS, car toutes leurs règles étaient allègrement transgressées. Ou plutôt, ces règles étaient contournées, pliées, embrouillées, tiraillées dans tous les sens, les situations parfois renversées (genre "j'essaie tout puis son contraire le lendemain"), sans compter que d'un côté, certains étaient d'excellents lecteurs de la Matrice, tandis que de l'autre côté, d'autres étaient de purs AFCs (ben oui, contrairement à un lieu commun qui traîne sur ce forum, être homo ne fait pas forcément de vous un membre de la "secret society").
De cette situation résultait une richesse toujours renouvelée de ce game sous stéroïdes. En effet, les rapports entre homos sont loin d'être aussi simples et "naturels" qu'on pourrait le croire. Ceci, pour deux raisons.
La première, paradoxalement, est la plus grande liberté (sociale, mentale et sexuelle) de beaucoup d'homos. Cette liberté mène à des situations assez extrêmes, telles que celles que j'ai pu décrire un peu plus haut. Et ces démesures ne sont pas pour simplifier les choses, bien au contraire...
La deuxième raison, la plus intéressante à nos yeux, est celle de la déclinaison des genres sexuels, et surtout des rapports entre genre sexuel physique et genre sexuel psychologique.
Pour la majorité de la population, les genres sexuels physique et psychologique correspondent à peu près (un esprit d'homme dans un corps d'homme, un esprit de femme dans un corps de femme). Il existe aussi beaucoup d'homos (toujours hommes et femmes, s'entend), pour qui c'est le cas : je ne parle pas là de préférence sexuelle, mais uniquement de l'identité sexuelle.
À côté de ça, il existe une multitude de variations dans cette fameuse identité sexuelle : certaines personnes, bien qu'elles se sentent plutôt en accord avec leur genre physique, ont parfois tendance à se sentir du sexe opposé dans certaines situations où à certaines périodes de leur vie. Pour d'autres, le genre physique et le genre psychologique sont totalement opposés, ce qui résulte en un mec follassone ou bien une femme genre Terminator avec des boucles d'oreilles.
Encore une fois, l'identité sexuelle n'est pas forcément calquée sur les préférences sexuelles : un mec très efféminé peut préférer les femmes, et il existe certaines personnes qui, après avoir changé de sexe, restent hétéro (ou plutôt deviennent homo, puisque maintenant elles sont du même sexe que les personnes qui les attirent — vous suivez ?). De plus, l'attirance envers un sexe ou l'autre peut concerner uniquement les sentiments, ou le sexe, ou les deux (pour ma part, par exemple, je suis attiré par certains mecs mais je sais que je serais absolument incapable de tomber amoureux d'un homme ; par contre je n'ai aucune limitation avec les filles, elles m'attirent aussi bien sexuellement que sentimentalement).
Mélangez ça avec les variations dans les préférences sexuelles, et vous obtenez une infinité de possibilités difficiles à cerner.
(Et maintenant, je vous autorise à prendre un cachet d'aspirine pour faire passer tout ça).
"Mais quel rapport y a-t-il avec les méthodes de séduction ?" me direz-vous... J'y viens.
Pour faire (très) simple, ce qui attire une fille "standard" (hétéro et féminine), c'est un mec viril, et vice-versa. C'est la situation prise comme postulat de départ sur FTS, et qui convient parfaitement à la majorité des cas. De ceci découle un game joué dans cette optique : montrer de hautes valeurs de Survie, être plutôt dominant, assumer d'être un mâle, etc.
Mais qu'en est-il concernant les personnes citées un peu plus haut ? (et ça ne concerne pas que les homos !)
Cette vision dualiste ("moi Tarzan, toi Jane") ne colle pas
toujours à la réalité des faits, qui sont bien plus nuancés.
Pour prendre mon propre cas comme exemple, depuis que je connais FTS je me comporte de manière tout à fait virile avec les filles, et ça me réussit dans la très large majorité des cas. En outre, je ne ressens pas l'impression d'aller à l'encontre de ma nature profonde avec un tel comportement, c'est même le contraire (je me sens beaucoup plus moi-même). Pourtant, lorsqu'il s'agit d'une relation avec un homme, j'adopte un comportement typiquement féminin (sans aller jusqu'à faire la folle non plus) ; je n'ai aucune envie de me montrer viril mais je veux que le gars d'en face le soit à 100%, je ne suis pas du tout attiré par les mecs efféminés. Je crois même pouvoir dire que n'importe quel bon PUA pourrait me gamer en suivant la M3, en retour il aurait droit à la totale : EC, shit-tests, ASD, LMR (enfin peut-être pas la LMR

). Pourtant, il m'est aussi arrivé de fréquenter des lieux de drague homo uniquement pour tirer un coup vite fait, ce qui est, je crois, typiquement homo et masculin — très peu de femmes auraient un tel comportement. Bref, tout n'est pas blanc sur noir.
Pour prendre l'exemple d'un mec intéressé par un autre, il doit :
- détecter si l'autre est homo
- accoster avec beaucoup de délicatesse (selon la situation, et ce n'est pas toujours le cas)
- déceler si l'autre est actif ou passif, ou les deux (ce qui n'est pas évident, car ça n'a rien à voir avec le degré de virilité ou de féminité du mec)
- faire savoir ses préférences à l'autre
- adapter son game en conséquence
- prier pour que l'autre fasse de même
- le cas échéant, savoir se contenter de ce qu'il a sous la main si l'accord n'est pas parfait (le pire des cas étant 2 mecs actifs ou passifs, avec d'autre problèmes envisageables)
Il y a bien entendu des problèmes du côté des lesbiennes aussi, bien qu'ils soient d'un autre ordre (ce sont souvent de vraies s... entre elles, et leurs scènes de jalousie font passer la seconde guerre mondiale pour un simple divertissement).
Voilà donc où se situe le problème des méthodes de séduction dans ce domaine. Pour deux hétéros, il est assez facile de se compléter et de composer un game en conséquence, mais c'est bien plus difficile pour deux homos, pour qui le calibrage est bien plus compliqué. Voilà pourquoi certains sont très directs et annoncent la couleur dès le début, pour ne pas perdre de temps en screening. Et voilà pourquoi, dans les autres cas, il ne peut pas exister de méthode simple qui pourrait s'appliquer à toutes les possibilités, ce qui donne ce grand n'importe quoi auquel j'ai pu assister, voire même participé.