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Quatrième de couverture
Les chevaliers connaissaient l'art d'"alourder" les femmes ; Villon a plus que tout autre "galé" du temps de sa jeunesse folle ; tour à tour les garçons ont "séduit", "conté fleurette", "coqueté", "flirté" ou dragué.
Au sens strict, la drague est indissociable des années 1950, mais ses ruses et ses mécanismes psychologiques sont millénaires. Ses démarches sont multiples, ses références variables, quant aux conceptions... Peut-on parler de la même manière à rame d'une jeune fille ou à son ça inconscient ? On ne tient pas le même discours si l'on se fie à son coeur ou à ses phéromones. En interrogeant les arts de séduire depuis Ovide jusqu'aux Pick-up artists, en étudiant les tactiques d'Alcibiade à Casanova, ce livre tente de comprendre comment, depuis toujours, garçons et filles ont sauté le pas le plus hasardeux : le premier.
Présentation du livre
«Le sujet d'étude est foisonnant, fascinant. Une seule constante : la réponse n'est jamais assurée, et le premier pas est celui du risque. Le refus, la gifle, le ridicule guettent le séducteur le plus confirmé. Même si l'on se blase, même si le taux de réussite bat des records, on n'est jamais indifférent au succès du premier pas. C'est en cela que l'homme n'est pas une machine à séduire ; c'est en cela qu'il m'intéresse». P.10
Jean-Claude Bologne analyse le phénomène de la séduction par une approche socio-historique, à partir de manuels de séduction (dont soixante-trois sur cent datant d'avant 1980, très intéressant), de journaux intimes, de Mémoires, de correspondances amoureuses et d'archives judiciaires sur les dragues interdites (homosexualité et rupture de fiançailles).
« La drague doit donc connaître les codes pour les transgresser, dans un sens ou dans l'autre ». P.12
C'est un livre passionnant retraçant de façon poussée l'histoire de la drague, très documenté et regorgeant d'exemples.
Le livre est organisé en 7 parties principales sur environ 370 pages :
1. Les origines, préhistoire et mythologie
2. L'art d'aimer, la Grèce et Rome
3. Séduire ou épouser, le Moyen-Age
4. L'âge d'or de la galanterie, Renaissance et Grand siècle
5. De nouvelles stratégies, les Lumières
6. La codification de l'approche amoureuse, le XIXème siècle
7. Du flirt à la drague, le XXème siècle
Dans la dernière partie, il est question de la figure du macho, du dragueur, de la séduction scientifique, psychologique, des pick-up artist, d'Alain Soral et l'auteur fait même référence à FrenchTouchSeduction.com
Allez je vous ai préparé un petit résumé de la 2ème partie, la drague chez les Grecs et les Romains.
Antiquité
Les Grecs
Le consentement d'une femme passe au second plan, le désir est à sens unique.
« L'acceptation de la femme n'est pas plus utile que celle du poisson que l'on pêche ». P.29
C'est plutôt le père de la belle qu'il faut convaincre. Il y a bien sûr à cela quelques exceptions, comme l'on en trouve dans le Roman de Leucippé et Clitophon (IIème siècle Ap JC). Clitophon demande des conseils de drague pour s'approcher de Leucippé et a recours à un stratagème digne de FTS : il fait semblant d'être piqué par une abeille sur la lèvre et va demander à la fille de prononcer une suite de paroles magiques sur la blessure et l'embrasse dès que celle-ci se rapproche de ses lèvres.
Les Grecs connaissaient-ils la drague ? Oui, et pas qu'un peu ! Sauf qu'ils l'appliquaient sur des hommes. En effet, l'homme étant libre du consentement de son père, pour le convaincre, il faut le séduire. Le bel Alcibiade séduit ainsi Socrate, mais sans succès. C'est dans ce contexte d'homosexualité que se développent certaines techniques de drague. En est témoin la ruse de Sophocle pour arriver à ses fins avec un jeune grec : il feint qu'une brindille est tombée dans sa coupe et demande au jeune homme de souffler dedans pour l'ôter en profitant de se rapprochement pour l'embrasser.
Les Romains
Les Romains n'accordent, non plus, pas beaucoup de place au consentement. Et la littérature homosexuelle y est mineure. Les actes de copulations sont encadrées par des lois sévères entre les citoyens romains, la relation est vénale. Pourtant, c'est chez eux que l'on retrouve le premier manuel de séduction : L'art d'aimer d'Ovide, poète latin. L'acte de persuasion est important, il y décrit alors un certain nombre d'astuces afin de convaincre ses cibles. Voyons-en quelques unes :
- Tout d'abord il parle de terrain de chasse. Il faut l'étudier, connaître ses spécificités. Son terrain favoris était les théâtres et les cirques. Il est intéressant de noter que la métaphore de la chasse, de la pêche a traversé les siècles. « Tu n'as qu'à tendre tes filets » qu'il nous dit ! Est-ce un hasard si hamare en latin (prendre avec un hameçon) et l'homonyme d'amare (aimer) ? Et que le terme draguer veut à l'origine dire pêcher huîtres et coquillages, qu'une drague est un filet raclant les fonds marins ?
- Le premier contact est physique et se joue sur la maladresse (bousculade ou autre), il est ainsi ensuite aisé de commencer la discussion.
- Lui offrir du vin, cette boisson décomplexe. Faire un baiser symbolique en buvant à la même coupe, juste sur l'endroit où elle a auparavant déposé ses lèvres
Tel est le premier manuel du séducteur !

