Oui, ce que tu décris correspond à une situation de harcèlement, mais ça ne veut pas dire qu'elle va dégénérer ou qu'elle est insoluble.
Sinon j'ai bien ri, ce livre est ma bible. Sans parler de féminisme ou de cas d'agressions misogynes, il est surtout très utile quand on essaye de faire entendre sa voix. Je le conseille même aux hommes, pour te dire.
Si tu as le temps, essaye d'y jeter un coup d'œil, surtout dans les passages concernant les différents types de situation d'agressivité et les réponses adaptées. Il est plus question de désescalade et de neutralisation que de lattage de couilles. La partie sur l'autodéfense physique ne concerne que les cas de danger physique imminent (et d'ailleurs le coup de pied dans les parties est vivement déconseillé si on n'en a pas une pratique quotidienne). Dans le reste du bouquin, l'auteure évoque les situations les plus "banales". Ça m'a été très utile dans une dispute assez délirante avec des potes qui essayaient de me convaincre d'habiter avec eux dans des conditions qui ne me convenaient pas.
Concernant la parano qui peut en découler. On m'a offert ce bouquin après un vol avec agression physique et verbale et ça m'a plutôt aidée à arrêter la parano. Je suis définitivement décomplexée par rapport à mes agissements (j'aime me balader la nuit, porter des jupes courtes et draguer en soirée) et je ne me sens plus ni victime, ni coupable quand je remballe quelqu'un qui me fait chier. Le contenu est plutôt sans équivoque à ce sujet : ce n'est pas notre problème s'il y a des tarés, inutile de changer son mode de vie pour ça, inutile de vivre dans la peur. En revanche, il est plutôt conseillé d'écouter son instinct quand une situation nous met mal à l'aise et d'essayer d'y couper court sans monter dans l'agressivité.
Quoi qu'il en soit, je rejoins les conseils de splifstarz si jamais la confrontation calme en tête à tête ne porte pas ses fruits.
Pédagogie : être vue comme asexuée
Tout à fait d'accord.splifstarz a écrit :s'il te dit OK en face, il risque fort d'avoir un comportement différent en groupe.
Je vois où tu veux en venir mais je n'ai ni le temps (1h30 par semaine ça passe vite et c'est pas tellement régulier pour un travail de fond), ni l'envie (j'ai juste pas envie de parler séduction, ni de lui donner des conseils en la matière).splifstarz a écrit :- le calmer devant le groupe en lui disant (...) qu'en plus il s'y prend mal.
- lui expliquer, (...) tu pourrais même lui apprendre quelques tips qui plaisent aux femmes, pour qu'il évite de se griller tout seul comme il vient de le faire dans le groupe (et non pas avec toi sinon tu lui soumet l'idée qu'il aurait pu te plaire). Le faire évoluer quoi.
- attendre de voir si tu peux lui faire confiance et commencer à le responsabiliser (...)
En fait, moi aussi au début j'avais cette utopie qu'on peut les "changer", qu'on peut leur faire comprendre que le savoir est la meilleure des armes, que la violence ne résout rien, que l'esprit de revanche est à abandonner, etc. Mais qu'est-ce que ça voudrait dire finalement ? Vouloir les modeler à son image ? A l'image de la bourgeoisie ? Parce que finalement c'est ça, on voudrait les voir parler avec les mêmes mots que nous, etc. Je relativise en ce moment...
Et là c'est toute la conception de la femme qu'il faudrait métamorphoser dans leur tête. Et sincèrement, ce serait un travail de titan. J'ai pas la prétention d'en être capable. Il y a sans doute des profs géniaux comme dans Le Cercle des Poètes, oui ça existe mais là pour moi le béton a pris et c'est cuit. Je veux juste animer un atelier, faire plaisir et prendre du plaisir. Mais je peux pas me lancer dans un tel combat.
J'identifie dans ton post plusieurs malaises :
1. La posture
Le format atelier repose en général sur une "relation de confiance". Tu n'as pas la posture du prof. Tu dois constamment gérer une distance qui ne dit pas son nom puisqu'il n'y a pas derrière toi le poids d'une institution. L'enjeu pour te préserver, c'est de ne pas rentrer dans une opposition permanente avec la personne qui te lance des piques et ne pas lui accorder plus d'importance qu'au reste du groupe. Un recadrage fonctionne tant qu'il est précis, concis et ponctuel. Sinon on entre dans le conflit interpersonnel. Un bon truc serait de rediriger son énergie vers autre chose, si tu arrives à trouver un sujet qui le passionne vraiment. Je note aussi que tu ne parles pas beaucoup de ton partenaire masculin. Mais peut-être qu'en te concertant avec lui sur votre manière de travailler à deux, vous arriverez à résoudre les soucis de transmission que tu rencontres en ce moment.
2. Le contenu
Tu n'es pas là pour les convertir à des valeurs bourgeoise (ce sont des valeurs monopolisées par la bourgeoisie, mais elles ne sont pas essentiellement bourgeoises et portent leurs fruits dans des communautés plus démunies), tu es là pour apporter des outils qui peuvent les aider à mieux appréhender leur réalité. Je suppose que tu as une sorte de support pédagogique pour t'aider. Tu peux te montrer créative et essayer de leur apporter des références qui leurs parlent davantage. Bref, trouver un langage commun. C'est ce que je teste dans les cours de langues que je donne à mon frère. On a pu parler ouvertement pornographie, sport, image de la femme à travers des témoignages, des vidéos de youtubeurs et des articles trouvés sur le web. Et même si je sais que ce n'est pas encore gagné, je sais qu'une partie de lui à reçu le message. De la même façon, j'ai sensibilisé à la cause féminine un pote issu d'école d'ingé convaincu que la méritocratie expliquait le manque de femmes cadres. Je lui ai montré des conférences de femmes leaders qui exposaient les difficultés de leurs débuts de carrière. Si tu arrives à percevoir les centres d'intérêt des personnes à qui tu fais les ateliers, tu pourras certainement trouver des documents qui sont plus pertinents pour eux que "la méchanceté c'est pas gentil".
3. Sur la pérennité de ce que tu fais
Tu ne pourras jamais prévoir. C'est normal qu'ils t'opposent une résistance, ça fait partie du jeu. Mais assez bizarrement, les gens peuvent recevoir ce que tu dit même quand ils ne sont pas d'accord sur le moment. Je suis toujours très étonnée de retrouver des bribes de mon propre discours dans la bouche des gens qui m'ont fait chier pendant des mois à ne pas vouloir m'écouter sur un sujet précis. De la même manière, en fin d'année, il est courant que les pires cancres viennent remercier leur professeur et louer ses capacités d'enseignants alors même qu'ils lui ont fait vivre un enfer toute l'année.
4. Sur l'énergie que tu investis
La pédagogie n'est pas un truc magique. Ça demande de la niaque et de la patience. Et ça demande des vraies compétences en bricolage et en adaptation. Peut-être qu'une conversation avec quelqu'un de plus expérimenté te permettra de mieux identifier le problème. Mais ... tu as raison, c'est inutile de t'arracher les cheveux pour des temps aussi courts. Tu n'es pas wonderwoman. Fais ce que tu peux, ça sera déjà beaucoup mieux que rien du tout. Et tu verras bien à la fin de l'année si tu as envie de continuer ou pas.
1. La posture
Le format atelier repose en général sur une "relation de confiance". Tu n'as pas la posture du prof. Tu dois constamment gérer une distance qui ne dit pas son nom puisqu'il n'y a pas derrière toi le poids d'une institution. L'enjeu pour te préserver, c'est de ne pas rentrer dans une opposition permanente avec la personne qui te lance des piques et ne pas lui accorder plus d'importance qu'au reste du groupe. Un recadrage fonctionne tant qu'il est précis, concis et ponctuel. Sinon on entre dans le conflit interpersonnel. Un bon truc serait de rediriger son énergie vers autre chose, si tu arrives à trouver un sujet qui le passionne vraiment. Je note aussi que tu ne parles pas beaucoup de ton partenaire masculin. Mais peut-être qu'en te concertant avec lui sur votre manière de travailler à deux, vous arriverez à résoudre les soucis de transmission que tu rencontres en ce moment.
2. Le contenu
Tu n'es pas là pour les convertir à des valeurs bourgeoise (ce sont des valeurs monopolisées par la bourgeoisie, mais elles ne sont pas essentiellement bourgeoises et portent leurs fruits dans des communautés plus démunies), tu es là pour apporter des outils qui peuvent les aider à mieux appréhender leur réalité. Je suppose que tu as une sorte de support pédagogique pour t'aider. Tu peux te montrer créative et essayer de leur apporter des références qui leurs parlent davantage. Bref, trouver un langage commun. C'est ce que je teste dans les cours de langues que je donne à mon frère. On a pu parler ouvertement pornographie, sport, image de la femme à travers des témoignages, des vidéos de youtubeurs et des articles trouvés sur le web. Et même si je sais que ce n'est pas encore gagné, je sais qu'une partie de lui à reçu le message. De la même façon, j'ai sensibilisé à la cause féminine un pote issu d'école d'ingé convaincu que la méritocratie expliquait le manque de femmes cadres. Je lui ai montré des conférences de femmes leaders qui exposaient les difficultés de leurs débuts de carrière. Si tu arrives à percevoir les centres d'intérêt des personnes à qui tu fais les ateliers, tu pourras certainement trouver des documents qui sont plus pertinents pour eux que "la méchanceté c'est pas gentil".
3. Sur la pérennité de ce que tu fais
Tu ne pourras jamais prévoir. C'est normal qu'ils t'opposent une résistance, ça fait partie du jeu. Mais assez bizarrement, les gens peuvent recevoir ce que tu dit même quand ils ne sont pas d'accord sur le moment. Je suis toujours très étonnée de retrouver des bribes de mon propre discours dans la bouche des gens qui m'ont fait chier pendant des mois à ne pas vouloir m'écouter sur un sujet précis. De la même manière, en fin d'année, il est courant que les pires cancres viennent remercier leur professeur et louer ses capacités d'enseignants alors même qu'ils lui ont fait vivre un enfer toute l'année.
4. Sur l'énergie que tu investis
La pédagogie n'est pas un truc magique. Ça demande de la niaque et de la patience. Et ça demande des vraies compétences en bricolage et en adaptation. Peut-être qu'une conversation avec quelqu'un de plus expérimenté te permettra de mieux identifier le problème. Mais ... tu as raison, c'est inutile de t'arracher les cheveux pour des temps aussi courts. Tu n'es pas wonderwoman. Fais ce que tu peux, ça sera déjà beaucoup mieux que rien du tout. Et tu verras bien à la fin de l'année si tu as envie de continuer ou pas.
- Notes et commentaires reçus par ce post :
- [+1] Très intéressant le 12.02.15, 16h39 par Spring
Je sais pas comment t'en arrive a cette conclusion complètement " WTF " " Hallucinante " et plus que " douteuse ", permet moi de te rapeller que la bonne éducation, le respect, la culture et le savoir, n'a strictement rien a voir avec un soit disant modèle qui appartient a la bourgeoisie, comme a votre image. Là, tes juste en face d'un crétin qui aurait trés bien pu être fils de milliardaire.Sophomorex a écrit :En fait, moi aussi au début j'avais cette utopie qu'on peut les "changer", qu'on peut leur faire comprendre que le savoir est la meilleure des armes, que la violence ne résout rien, que l'esprit de revanche est à abandonner, etc. Mais qu'est-ce que ça voudrait dire finalement ? Vouloir les modeler à son image ? A l'image de la bourgeoisie ? Parce que finalement c'est ça, on voudrait les voir parler avec les mêmes mots que nous, etc. Je relativise en ce moment...