Quelles sont les limites entre cicatrices et « LSE » ?

Depuis mon inscription sur le forum, je passe pas mal de temps à lire les posts, essayer de comprendre le jargon etc. j'ai été particulièrement surprise par un article parlant de filles avec un manque d'estime de soi. « Oh mais c'est un peu moi ça ?! » Moi qui essaye de changer, mais je pense que quelque part ça sera toujours moi, un peu, au fond. Je me demandais à quel point ça pouvait jeter un discrédit sur une éventuelle relation ?

Je parle avec un gars sur OkCupid, première conversation vraiment intéressante sur le site. Le mec a un profil « original » : il avait choisi de ne pas répondre aux questions, mais de placer des liens vers des vidéos à chaque fois. J'ai souris, ça m'a touché aussi, j'ai trouvé ça engageant, j'avais envie d'en savoir plus donc je lui écris un message.

On discute le soir même, on commence par parler musique, il parle, je parle, conversation équilibrée, dingue : ce mec a l'air normal et suscite mon intérêt. Je ne sais ni comment, ni pourquoi, la conversation, très légère et drôle s'est transformé en un truc très « solennel ». Il me raconte qu'il avait rencontré sur le site il y a peu de temps une fille à tendance perverse narcissique dont le père était décédé, et qu'il était maintenant sur ses gardes par rapport aux hypothétiques rencontres qu'il pouvait faire. Je ne sais pas pourquoi, j'aurais bien pu me taire, mais je lui dit « j'ai perdu mon père l'année dernière ». Peut-être pour dire « t'as vu je suis saine d'esprit malgré tout, ne mélangeons pas tout ».

Il me répond « Ah, l'histoire ne se répète pas, elle bégaie ». J'aurais presque eu honte d'avoir perdu mon père tiens: LOL. J'ai eu instantanément l'impression d'être ramenée à "une fille à problèmes" alors que c'est ce que je cherchais à éviter en affirmant ça. Je ne pense pas que c'était volontaire de sa part m'enfin, je me suis sentie mal à l'aise sur le coup. La suite n'apportera rien donc j'en viens à mon interrogation de départ: est-ce qu'avoir des cicatrices c'est être une fille à problèmes ? A partir de quel moment on passe de personne qui manque de confiance de façon pathologique, difficile à vivre, à femme avant tout être humain qui a donc des zones d'ombre comme tout le monde ? La femme qui manque d'estime pour elle-même est-elle un monstre irrécupérable dont il faudrait à tout prix se débarrasser (impression donnée en lisant articles/posts) ? La femme à faible estime peut-elle espérer partager des relations saines ?

"avoir des cicatrices" n'est pas un problème, au sens où tout le monde a un passé... Tout dépend ce que tu en fais, si tu cherches à en tirer de la reconnaissance, de la pitié etc...

Le fait d'avoir perdu ton père ne fait pas de toi une "fille à problèmes il me semble.
Et avoir peu de confiance en toi ne t'ammene pas forcément à manipuler les gens... pour moi la frontière est là

Salut Tana,

Alors déjà : Non! Le fait d'avoir vécu des épreuves difficiles ne signifie pas que tu es forcément LSE manipulatrice. Au contraire, cela peut même te faire mûrir si tu arrive à prendre suffisamment de distance sur ton passé.

Pour ton expérience sur OkCupid, le mec a effectivement pas été classe dans sa réponse, mais je pense que toi aussi tu as été maladroite en lui repondant que toi aussi tu avais perdu ton père. Même si je comprends le message que tu essayais de lui faire passer, si tu te mets à sa place, tu peux comprendre qu'il a pu y avoir malentendu.

Le message qu'il voulait te faire passer, ce qui le dérange, est qu'il est tombé sur des filles LSE malsaine, pas sur des filles qui ont perdu un parent jeune. Tu vois?

Tu sais ce qui est vraiment malsain ? De se confier à une inconnue sur un site de rencontre et de sous-entendre qu'elle ressemble à une personne toxique sur un point de détail. (Non mais sérieux ?) Je lis tes interrogations et je me dis qu'il a réussi à te retourner le cerveau sur un truc aussi intime que la mort d'un proche. C'est pas un peu pervers, ça, comme technique ?

Ce type semble amalgamer le fait d'être réellement victime d'un coup dur et le fait de se victimiser. C'est une confusion courante, mais ça ne laisse pas présager une grande sagesse de sa part. De même, la confiance en soi que l'on perçoit chez l'autre n'est pas forcément annonciatrice d'emmerdes.

"Filles à problèmes", "LSE", ce sont des termes qui ne veulent absolument rien dire. Je remarque ces derniers temps sur le forum, qu'on emploie plutôt "personnes toxiques" ou "manipulateur/trices", ce qui est déjà plus juste. Les choses qu'on ne peut pas contrôler dans nos vies ne définissent pas notre identité ou nos comportements.

Une personne ayant des comportements toxiques / manipulateurs pourra les justifier par un vécu difficile ou une image de soi problématique. C'est même le B-A - BA de la manipulation. Les gens toxiques sont ceux qui utilisent (sciemment ou non), les autres pour se dédouaner de tout ce qu'ils font.

Je pense que l'archétype de la LSE a été inventé pour éviter certains écueils dans les relations. Les relations qui se muent en opération de sauvetage / thérapie gratuite peuvent devenir parfois très malsaines (même si une relation peut vraiment aider à trouver du courage / de la force, mais ce n'est pas la solution miracle). N'oublie pas que tout ce jargon là n'a pas de fondement théoriques sérieux. Ce sont des théories qui ont été développées pour la pratique et qui ne sondent pas bien loin dans la psyché humaine.

N'oublie pas non plus que les mêmes coach / PUA qui dénoncent la manipulation féminine ont parfois une visions très floue de la limite entre drague et manipulation.

En attendant, OKCupid regorge de mecs plus cools et plus sains que ça, donc go girl, et amuse-toi.

Ploum, j'ai lâché l'affaire avec OkCupid, ça m'a vite saoulé, une impression étrange de parler avec des photocopies de gars, comme si y avait un nouveau standard de "mec cool" auquel tout le monde se conforme et que personne n'avait eu la gentillesse de m'informer. N'allez pas croire que je cherche l'originalité absolue, mais je ressentais souvent un manque d'authenticité, chais pas... globalement les conversations ne me plaisaient pas. Soit, une impression qui vaut ce qu'elle vaut.

Mais bon, la séduction, comme disait mon prof de philo, c'est suggérer et non pas dévoiler (parler d'amour 8h/sem pendant 1 an ça marque).

Bref, bref, bref. En vertu de ne pas se dévoiler dans une phase de séduction pour qu'elle reste séduisante, il serait sûrement bon de ne pas chercher à être claire, et de « laisser croire » ? Je pense avec le recul que j'ai mal joué, comme le suggère Baijin, j'aurais dû ne rien dire. Je me suis placée moi-même en comparatif, alors que je dis toujours que la comparaison me déplaît, pas maline.

Merci pour vos messages ça m'a aidé à y voir plus clair dans ce que recouvrait réellement le terme « LSE ».

Je suis tout à fait d'accord avec Ploum sur ce qu'elle a dit.

N'oublions pas un truc : une "fille a problemes" c'est un surnom qu'on donne surtout aux filles "qui créent des problemes" en se servant de leur passé.

Je peux te jurer que certaines dramatisent des trucs mille fois plus bénins, ou simplement rentrent dans ce jeu de manipulation toxique sans avoir de cicatrices, comme tu dis.

Si je devais filer la métaphore, je dirais qu'on a tous des cicatrices, apres il y a ceux qui les exposent pour se faire plaindre, ceux qui les cachent et ceux qui vivent sans trop y penser.

De plus il faut faire attention à ce qui est lu et décrit.
Les articles décrivant les LSE par exemple, sont des textes volontairement assez généralistes.
Leur but est de décrire un type de comportement, les traits y sont forcés afin de clairement présenter le sujet décris. C'est un modèle archétype qui regroupe divers éléments pourmieux comprendre leur comportement.

Il ne reflète pas pour autant à priori une réalité absolu.

Il y a des degrés différents dans un état de souffrance comme le manque d'estime,
ou le besoin de reconnaissance.

Le degré de conscience de l'individu sur son propre état influe beaucoup sur le reste aussi.

En outre si les expressions semblent dure contre les LSE c'est que dans une démarche de recherche et de séduction agréable et de rencontres mutuellement stimulantes.
Le groupe ne peut que recommander une grande vigilance face à ce type de personnes, qui ont tendances à finir par faire souffrir leurs partenaires, si ils ne sont pas assez fort où engagé dans la relation.

Tana a écrit :La femme qui manque d'estime pour elle-même est-elle un monstre irrécupérable dont il faudrait à tout prix se débarrasser (impression donnée en lisant articles/posts) ? La femme à faible estime peut-elle espérer partager des relations saines ?

Bien sûr que oui, seulement il faut qu'elle prenne conscience de son état, et qu'elle accepte l'aide qui peut lui être apportée, et que ce combat ne peut et ne dois pas être menée uniquement par son partenaire qui se trouvera suffisamment fort et stable pour l'aider.
Il y a un vrai travail de sa part à mener pour revoir sa perception d'elle même, et retrouver son équilibre personnel en tant qu'individu.

Malherbes a écrit : C'est bien je le confesse une juste coutume.
Que le coeur affligé, par le canal des yeux vidant son amertume,
cherche d'être allégé.

Quand il advient que la tombe sépare ce que nature à joint.
Celui qui ne s'émeut à l'âme d'un barbare, ou n'en a du tout point !

Mais d'être inconsolable et de dans sa mémoire l'enfermer en ennuie.
N'est ce pas se haïr pour acquérir la gloire de bien aimer autrui ?