Je prends le temps de remonter un peu le topic parce que c'est un sujet qui me tient à coeur.
Ça me surprend de lire :
Oui.... mais non. Pas dans le cas du harcèlement. Quand on est positionné comme balai à chiotte, on reste un balai à chiotte. Le "rien s'en foutre" c'est valable quand on a une certaine assiste et affirmation de soi qui est visible de la part des autres et que le harcèlement ne concerne pas un effet de groupe.En bref le mieux à faire est de s'en foutre. Quand les gens te font des plaisanteries et qu'ils voient que tu t'en fout ils s'arrêtent tout seuls.
Dans quel monde professionnel est-ce que vous vivez?Il faut que tu prennes conscience que tu trouveras (à différents degrés bien sur) ce type de comportement partout. Il va falloir que tu apprennes à faire avec..
Même si ça te semble peu évident dans l'immédiat, l'idéal reste de les ignorer
Je n'ai pas du tout eu à faire systématiquement à ce genre de comportement. On peut très bien atterrir dans une équipe bienveillante et productive. On peut aussi apprendre à se faire respecter et faire respecter ses droits. Qu'il y ait deux trois cons dans une entreprise ok, on ne peut pas sauver tout le monde de la bêtise. Mais le harcèlement professionnel, c'est juste pas possible à accepter "parce que c'est le travail". Est-ce qu'on apprend réellement à "faire avec" ou est-ce qu'à un moment donné on apprend à s'affirmer et à dire stop?
Mais absolument!On ne peut pas partir en vacances avec tout le monde, mais le respect doit rester.
Expérience perso:
J'ai vécu du harcèlement lors d'un stage de la part de ma supérieure (pour vous dire que je n'avais quasi aucun recours possible). Ce que j'en ai retiré, c'est que comprendre les causes du harcèlement est une bonne façon de savoir comment le contourner, et qu'il faut absolument apprendre à s'affirmer et avoir confiance en sa valeur.
Si ma chef me descendait plus bas que terre, ce n'était pas parce que j'étais une belle merde, mais parce qu'elle me craignait. Elle avait peur de mes compétences (qu'elle n'avait pas), de mes connaissances (qu'elle n'avait pas), peur de ma capacité à refonder-souder une équipe, de proposer des solutions innovantes auxquelles elle n'avait pas pensé et savoir me faire apprécier de l'ensemble du personnel, d'animer de nouvelles passions. C'était SON entreprise. Que les résultats soient meilleurs, que l'équipe se sente mieux, elle s'en foutait, c'était pur égo.
J'ai tenté durant une période de l'ignorer, mais le harcèlement est beaucoup trop pesant. Je songeais tous les soirs à quitter ma formation, ça me dégoûtait du métier. Quotidiennement avoir la boule au ventre pour des remarques déplacées et injustifiées, c'est non. "C'est pas une histoire de gagnant-perdant", oui et non. En tout cas j'ai décidé de me battre parce que ce diplôme je le méritais. Quand j'ai compris ses insécurités, j'ai décidé de ne plus me laisser faire par ses menaces (parce qu'elle avait un poids considérable dans l'obtention de mon diplôme). J'ai décidé de rester cohérente, compétente, respectueuse, droite, jusqu'à être irréprochable professionnellement. Je me suis affirmée pour qu'elle comprenne que ses menaces ne m'atteignaient plus et que j'étais prête à me défendre devant le jury. Comme c'était son arme principale, elle n'avait plus rien contre moi. A aucun moment je ne lui ai manqué de respect, je suis restée professionnelle malgré mes revendications, ce qui fait qu'elle n'avait aucune autre défense que l'attaque personnelle et injustifiée. J'ai continué à agir positivement pour la structure et j'ai monté des actions qui dessinaient des faits indémontables et j'ai appris mon métier. Oui, j'ai eu un mauvais bilan, mais déplacé, jugeant, avec des attaques personnelles qui ne pouvaient juste pas être objectivement recevable pour un jury. J'ai été tellement cohérente et efficace dans mon parcours que finalement, c'est elle qui s'en est pris plein la gueule et moi qui suis sortie grandie de cette expérience. J'ai gagné le respect, envers moi-même et envers les autres, et je n'ai pas eu forcément besoin de la descendre pour ça: je me suis reposée sur des faits.
Maintenant qu'elle n'est plus ma supérieure, quand je la croise dans la rue ou qu'elle tombe sur moi au téléphone, je la vois paniquée, précautionneuse, je vois qu'elle a perdu le pouvoir qu'elle avait envers moi et toutes ses insécurités ressortent dans nos échanges. Malgré ses menaces initiales (parce qu'elle avait beaucoup de contact), je n'ai aucun problème pour trouver du travail et on reconnait mes compétences. Elle sait que j'ai de très bonnes relations avec une bonne partie des professionnels du territoire et qu'elle ne peut plus vraiment m'atteindre.
Opinion perso:
Le travail ce n'est pas la vie. La vie ce n'est pas le travail. Le travail est un gagne pain. Ça peut être une passion, certes, mais ça reste un gagne pain avant tout. Se faire bouffer de l'extérieur comme de l'intérieur, stagiaire ou non, ce n'est pas quelque chose de normal qu'on accepte d'encaisser parce que "c'est le monde professionnel". Il y a des lois qui encadrent ce genre d'abus, ce n'est pas pour rien.
Le burn-out, on a vite fait de le friser dans ce type de contexte malsain. Ce genre de comportement, ça peut profondément dégoûter du métier/du monde professionnel auquel on essaye de se former. Je ne suis pas du tout d'accord pour dire que c'est le cas partout et qu'il faut l'accepter tel quel, parce que ce n'est juste pas vrai.
Je pense qu'il faut faire la part des choses entre la distance et le recul professionnel et la protection de son identité individuelle. Se laisser marcher sur les pieds en attendant que ça passe, ne jamais apprendre à se défendre, à dire non, ou stop, c'est pour moi le meilleur moyen de perpétrer un comportement contre productif pour soi. Parce qu'on ne peut pas faire constamment semblant que ça ne nous atteint pas en tant qu'être humain. Parce que le monde professionnel demande également à développer une estime et une affirmation de soi, à moins de vouloir être sans cesse reléguée au rôle de souffre douleur sans jamais apprendre à s'en sortir.