[film] L'Histoire de Richard O. (2007)

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le 19.09.2007 par cedd

0 réponses / Dernière par cedd le 19.09.2007, 12h57

Parce que des fois, on fait autre chose que regarder Netflix. Partagez et discutez ici de ce que vous aimez et de ce qui vous intéresse.
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En proie à son désir pour les femmes, Richard O. explore les arcanes sinueux de l'érotisme, à travers Paris au mois d'août et ses habitantes estivales.
13 rencontres, 13 femmes, 13 expériences...


L’érotisme, ce point de fuite où l’être humain se perd, et où, paradoxalement, il affirme en même temps sa vitalité maximale, son énergie brute, portée à incandescence par le corps immédiat de l’autre… Est-ce là ce que cherche Richard O., dans le dédale de ces multiples rencontres de hasard, en plein Paris ?
Le nouveau film de Damien Odoul, avec Mathieu Amalric, explore sans tabous le labyrinthe du désir, où chaque nouvelle femme aimée s’ouvre comme une même énigme aux variations infinies.

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Celle dont le fantasme est d’être violée en plein sommeil. Celle qui aime se faire insulter pendant l’amour. Celle aux seins énormes, et dont s’est le métier. Celle de l’étage en dessous. Celle de l’immeuble d’en face. D’autres encore, beaucoup d’autres, toutes les autres… Et celle enfin, qui veut un enfant, et qui sait qu’il faut accepter de perdre l’autre, de laisser l’autre se perdre dans ses fantasmes inassouvis, dans sa quête impossible, pour espérer le retrouver finalement. Une « histoire » ?... Il n’y a, dans le film, d’autre histoire que celle de ces éclats de jouissance obstinément arrachés au mouvement perpétuel de la vie. Si bien qu’on ne peut s’empêcher de penser, à propos de L’histoire de Richard O., moins à la sulfureuse Histoire d’O. que Dominique Aury signa sous pseudo (Pauline Réage) pour séduire un certain Jean Paulhan, qu’à l’Histoire de l’œil que Georges Bataille signa du nom de Lord Auch en 1928. Un film pseudonyme, alors… Peut-être : O. comme Odoul, en effet, cet autre soi, c’est peut-être le personnage de Richard, alter ego interprété par Mathieu Amalric.
Chez lui, si peu d’épaisseur ou de détermination : Richard, l’irrésolu, ne cherche rien d’autre qu’à atteindre cette « joie de ne plus tenir compte d’aucune limite » dont parlait Bataille. On le voit justement faire la roue comme un gosse, nager dans une fontaine, boire, hurler, rire. Faire l’amour aussi. Obsessionnellement. « Je suis un animal », répète-t-il. Manière de remiser sans cesse au placard ce costume d’adulte que la société veut le voir enfiler et dont il ne veut pas. Le sexe, incompréhensible loi où, dans l’instant, les désirs font désordre.

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Mais il y a aussi « Le Grand » (Stéphane Terperaud), cette espèce de benêt filiforme qui révèle l’amitié, lui donne une allure et une profondeur inattendues. C’est lui qui part en quête des nouvelles « proies ». Lui aussi qui promène Richard sur son vélo, d’un côté à l’autre de la Seine. Lui également, le partenaire de lutte. Alter ego encore, mais alors interne au film, cette fois… On pense d’abord à une sorte de Charon burlesque. Un passeur, de ceux qui rendent les choses possibles aux autres. Pourtant, à la grandeur dévoyée du mythe, le film préfère finalement une autre sortie, plus surprenante, car c’est lui qui saura trouver l’amour, et qui saura pleinement le vivre.

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Vrai que L’histoire de Richard O. n’évite pas tous les poncifs (la vie, la mort, etc.) et s’égare parfois dans des réflexions ou des métaphores (la lutte) plus ou moins originales. L’interrogation, plus subtile, qu’il pose sur la question du désir et de sa possible représentation (par l’estampe, l’ombre chinoise, la statue antique…) suggère une mise en abyme qui met en question la raison d’être du film. Et c’est là, peut-être, que la proposition de Damien Odoul s’avère moins convaincante, lorsqu’elle ne parvient pas à propager la fièvre dont elle se veut animée. Qu’elle reste davantage, même bardée de qualités - au premier rang desquelles sa stupéfiante audace -, simple proposition de cinéma, qui s’adresse autant à l’intellect qu’au corps immédiat du spectateur. Et qu’elle se révèle en définitive bien trop peu « contagieuse » pour qu’en sortant de la salle, la ville, les rencontres de hasard, cette femme, ce regard croisé… conservent encore quelque chose de l’érotisation généralisée du monde de Richard O.

cheers
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