
INTO THE WILD (2007)
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_g ... 10101.html
Tout juste diplômé de l'université, Christopher McCandless, 22 ans, est promis à un brillant avenir. Pourtant, tournant le dos à l'existence confortable et sans surprise qui l'attend, le jeune homme décide de prendre la route en laissant tout derrière lui.
Des champs de blé du Dakota aux flots tumultueux du Colorado, en passant par les communautés hippies de Californie, Christopher va rencontrer des personnages hauts en couleur. Chacun, à sa manière, va façonner sa vision de la vie et des autres.
Au bout de son voyage, Christopher atteindra son but ultime en s'aventurant seul dans les étendues sauvages de l'Alaska pour vivre en totale communion avec la nature.
Into the wild est l’adaptation d’un roman de John Krakauer intitulé en français Voyage au bout de la solitude. L’auteur y relate l’histoire vraie de Christopher McCandless, fils prodigue d’un père tyrannique et d’une mère soumise qui largue les amarres après avoir passé son diplôme universitaire et prend la route, seul.Au fil de ce périple à travers une Amérique sauvage peuplée de marginaux, il a beau croiser des gens auxquels il s’attache, il finit toujours par les quitter pour progresser vers son but ultime : l'Alaska.

Face au matérialisme d’un monde dont il refuse les compromissions, après s’être soumis à ses règles jusqu’au terme de ses études, ce jeune homme ni révolté ni dépressif incarne une alternative qui prend un sens très fort dans une Amérique en léthargie. Il convient de préciser que l’action se situe au début des années 90, c’est-à-dire sous la présidence de George Bush (père) et alors que l’Amérique vit le traumatisme consécutif à la première Guerre du Golfe. Or on connaît l’engagement politico-pacifiste de Sean Penn et c’est bel et bien un miroir qu’il tend à ses compatriotes à travers cet itinéraire aussi singulier qu’emblématique. Au fil de ce récit morcelé et des gens que rencontre Chris McCandless, on découvre peu à peu le sens de sa démarche par son acharnement à refuser les attaches, que ce soit l’amour éperdu d’une jeune fille ou la protection d’un père de substitution. Ce film-là est semblable à un fleuve (il dure tout de même près de 2h30) qui charrierait des émotions, sans jamais tricher avec les sentiments.
Rather than love, than money, than faith, than fame, than fairness... give me truth.

Comme beaucoup de Road Movies, Into the Wild repose sur une succession de rencontres de longueurs inégales et plus ou moins intenses qui forgent le caractère du jeune homme, mais ne contribuent qu’à renforcer sa détermination à aller jusqu’au bout de son rêve. Il y a dans ce personnage qui refuse le cynisme du monde adulte pour en avoir trop longtemps enduré les effets dans son cercle familial quelque chose du héros de L’attrape-cœur, roman culte de J. D. Salinger dont l’auteur vit en reclus depuis plusieurs décennies. L'auteur s’attache à des marginaux et à des parias : des naturistes, des babas-cool (le couple de danois bien allumés !), des hippies, un vieil ermite ancien Marines, des hommes qui ont choisi de vivre au contact de la nature, en se détachant résolument de la valeur phare de l’Amérique moderne : le matérialisme.
The core of mans' spirit comes from new experiences.

Ce discours-là sous-tendait déjà des films tels qu’Easy Rider(1969), Thelma & Louise (1991) ou Diarios de motocicleta (2004) chacun en leur temps. Il atteint ici un absolutisme désespéré et sans concessions qui flirte parfois avec le nihilisme absolu, quand le personnage se retrouve seul dans une carcasse d’autobus. À ce titre, le plan final du film qui nous montre une photo du véritable Chris McCandless tout sourire est l’un des plus émouvants qu’il nous ait été donné de voir sur un écran depuis longtemps. On pouvait reprocher à Crossing Guard et même The Pledge (2 films de sieur Penn) une théâtralisation mélodramatique des sentiments parfois complaisante. En épurant son style, Sean Penn vient tout simplement de signer son plus beau film. Chapeau.
Sans toutefois faire de spéculation, quelques messages clairs peuvent être tirés de ce prétendant à un Oscar; le besoin de se prouver à soi-même qu'on peut réussir, devenir un homme meilleur (s'il peut survivre sans rien, il peut survivre n'importe où), la recherche de la spiritualité et du bonheur, et peut etre courir après ses problèmes familiaux, l'aventure ou l'expérience...When you want something in life, you just gotta reach out and grab it.
Après un dernier trimeste 2007 bien triste cinématographiquement, voici un début d'année qui commence TRES fort avec un film que je ne peux que vous conseiller, pour l'interprétation d'Emile Hirsh, mais aussi pour les messages et les formidables images que ce film propose. Si vous aimez le cinéma, le vrai, allez voir Into the wild, vous n'en sortirez que meilleur.
Happiness is only real when shared

cheers