[A] Je rationalise tout

Je rationalise tout

20h : Bob reçoit un texto d’Aurélie

« Aurélie m’a envoyé un texto, est-ce que je dois lui signer « ciao » ou « bisous ». Si je signe « bisous » elle va penser que je suis accro. Oui mais en même temps, si je signe « ciao » elle va penser que je m’en fous d’elle. Elle m’a regardé, ça veut dire que je lui plais. Peut être qu’elle est marquée par son enfance… Je lui propose un verre ? Elle va peut être me trouver ringard ? C’est peut être trop tôt pour un rencard ? Ou alors je lui propose un ciné, ou une balade. Ah oui mais il ne faut pas répondre tout de suite au texto, ça fait AFC. Si je réponds tout de suite, elle va penser que je suis accro à elle. Je vais ne répondre que demain matin, comme ça elle pensera que je m’en fous d’elle et elle va être accro ».

23h30 : Bob est couché depuis déjà une heure :

« Bon alors, demain je l’appelle. Pas demain matin, mais demain soir, ça fait plus Hard to Get, et je lui dis… Et après je lui dis… Ou peut être pas, parce que sinon elle va croire que… »

…

Bob mettra encore une heure et demi à s’endormir sur ses interrogations. Il se réveillera avec le lendemain et s’interrogera toute la journée sur ce qu’il doit faire et dire. Et finalement, il ne fera RIEN.

Si vous vous reconnaissez dans l’esprit torturé de Bob, vous faites partie de ces gens qui se masturbent sans cesse la cervelle. Vous vous posez des questions sur tout, vous envisagez des tas de scénarii, catastrophistes la plupart du temps. Vous avez une immense tension intérieure qui se manifeste par une tendance à vouloir TOUT rationaliser, à vouloir calculer TOUS vos faits et gestes. Ces pensées inutiles peuvent vous handicaper dans vos actions, les paralysant totalement. Dans des cas plus poussés, cette masturbation intellectuelle peut amener à des déprimes et des dépressions.

La tension interne à l’origine de cette "suractivité neuronale", soit on nait avec, soit pas. Le but n’est pas de devenir quelqu’un qui ne pense pas, mais plutôt de tirer parti de cette intense activité intérieure.

DIMINUEZ LA TENSION NERVEUSE

· Pratiquez une activité physique modérée et régulière : pratiquer une activité physique modérée (marche, natation, quelques pompes…) permet de diminuer la tension nerveuse et d’être plus serein. J’insiste sur la modération et la régularité de l’activité physique. A l’issue de cette activité, vous ne devez pas être fatigué mais délassé.
· Réalisez des travaux manuels : Si vous avez de la tapisserie ou de la peinture à faire, faites-le. Votre esprit sera concentré sur la réalisation de quelque chose de concret. Pas de masturbation intellectuelle. Cela vous entraînera à penser utile, à penser concret. Par extension, je mets dans cette catégorie la pratique instrumentale, la peinture, la poterie, etc…, car ce sont des activités qui mobilisent la concentration de l’esprit pour les réaliser correctement.
· Pensez éventuellement à prendre du magnésium : Le magnésium est nécessaire à l’équilibre nerveux. Il aide à améliorer les transmissions d’informations entre les neurones. Les carences en magnésium sont fréquentes et provoquent irritabilité et stress (ce qui favorise la masturbation intellectuelle).

APPRENEZ LA SPONTANEITE

Soyez spontané, improvisez : Chaque situation est différente. Les évènements qui constituent la réalité s'enchainent de manière si complexe qu'il est impossible de prévoir les répercussions exactes de nos actions. Les nerdz croient à tort qu'il est possible de tout contrôler, et qu'il existe par conséquent une bonne solution qui va provoquer l'effet désiré. Il sont dans le calcul, la rationalisation, tout doit s'expliquer par une théorie. Or, il n'en est rien. Une théorie n'est là que pour fixer un cadre. Un cadre à l'intérieur du quel vous improvisez, sortant parfois de ce cadre. Apprenez à identifier vos émotions, et à vous en servir pour agir. Prenez en compte le ressenti, et non pas seulement le rationnel, pour guider vos actions.
Pratiquez une activité qui favorise l'improvisation : Il y a le théâtre bien sûr. Mais également la pratique instrumentale, ou encore le poker.

TIREZ PARTI DE VOTRE VIE INTELLECTUELLE INTENSE

· Lancez vous dans la création artistique, littéraire, l’invention, … : Tirez parti de votre foisonnement intellectuel pour créer. La richesse de votre vie intérieure vous permet de créer, d’innover. Créer, c’est vivre. L’énergie de votre tension interne ne demande qu’à être expulsée vers quelque chose de créateur.
· Réfléchissez utile : Enfin, une fois suivis les conseils développés plus haut, vous serez devenus plus sereins. Une réflexion utile est une réflexion sereine, et surtout une réflexion qui a un but. Se triturer les méninges oui, mais pas pour rien. Ne perdez pas de vue que l’action suit la réflexion. Réfléchir utile, c’est axer sa réflexion vers la réalisation d’un but concret.

Avec beaucoup de travail personnel, vous ne subirez plus vos pensées, au contraire, vous en tirerez parti pour devenir meilleurs. Tout le travail consiste à rediriger vers l’extérieur et à domestiquer une énergie interne que vous retournez contre vous-mêmes, à la rendre créatrice.

MAIS QUE DOIT FAIRE BOB ?

Pendant ce temps là, Bob se demande encore ce qu'il doit faire. Et bien, il doit être spontané, créer, innover une solution. S'il suit les conseils donnés dans cet article, il parviendra à improviser, car il aura compris que puisque chaque situation est différente, il est impossible de calculer ses actes et ce qu'ils vont exactement provoquer. Il sera devenu capable de répondre à ce sms, soit tout de suite, soit plus tard, soit par téléphone, mais en tous cas, sans se poser toutes ces questions ! Il sera devenu serein et capable de se fier à ses ressentis.

[posté quand le titre de la proposition d'article d'Electrik était encore "canaliser l'hyperactivité cérébrale"]

Hello Electrik.

Deux remarques :

- D'abord, je ne pense pas que la crise de "psychotage aigu" de Bob relève d'une hyperactivité cérébrale proprement dite. Ce n’est pas parce qu’il se pose des questions et imagine d’hypothétiques scénarios qu’il le fait avec la profondeur, l’obsession, et la « puissance » caractéristique d’un hyperactif cérébral… Loin, très loin s’en faut…

Pour te donner un exemple très parlant, j’ai un ami qui souffre d’une hyperactivité cérébrale diagnostiquée. C’est un joueur d’échecs assez exceptionnel, mais son cerveau tourne à un vitesse telle qu’avant une partie de tournoi, il doit se coller au minimum pendant 3h d’affilée devant sa console pour pouvoir aborder l’échiquier avec le « calme » nécessaire… (et massacrer son adversaire qui lui, au contraire, prend des psychoanaleptiques pour réfléchir plus vite)…

Dans ton exemple, Bob est absorbé par des ruminations qui n’ont rien de pathologique (car l’hyperactivité cérébrale EST pathologique). Il n’est pas malade ! Il est simplement stressé est inexpérimenté. Il psychotait très certainement de la même façon la veille du bac...

En clair, Bob, lorsqu’il avait 2 mois, ne psychotait pas, et s’il avait évolué dans un monde où l’AFC est roi, peut être qu’il n’aurait jamais rencontré de facteur externe potentiellement responsable d’une augmentation de sa tension interne. Et cette tension interne n’engendre pas une hyperactivité cérébrale associée selon toi à une « vie intellectuelle intense » et un « foisonnement intellectuel » (sans quoi tous les psychoteurs seraient des génies…), simplement une grande réactivité aux facteurs de stress.

Tout cela pour dire que Bob souffre d’une hyperréactivité cérébrale, pas d’une hyperactivité.

En espérant t’avoir été utile, vade in pace !

Ah, j'ignorais qu'une telle pathologie existait. Merci de l'information ! Je vais repenser à un autre terme qui permet de rendre compte du fait que Bob psychote.

Je pense toujours néanmoins que Bob a potentiellement un vie intellectuelle intense, une tension intérieure qui est mal canalisée. L'objet de mon article est d'apprendre à diriger cette énergie dans le bon sens., à savoir canaliser le flot de ses pensées au lieu de les subir (et qu'elle nous handicapent)

EDIT:

J'ai modifié le titre "Canaliser l'hyperactivité cérébrale" en "Je rationalise tout".

++

Superbe article, bravo ! Grâce à lui je me suis rendu compte que je souffrais exactement du problème que tu viens de décrire non pas dans ma vie sociale et sentimentale (où j'arrive à être très naturel et spontané sans trop me poser de questions) mais dans ma vie professionnelle, ou j'ai tendance à sur-stresser avant chaque "épreuve". Ex : la veille d'un jour où je vais devoir prendre la parole en publique devant tous les collègues au cours d'une réunion, je me demande invariablement : "Et si j'ai des maux de ventre pendant ma prise de parole ? Et si je bafouille ? Et si j'oublie mon texte ? Et si j'ai envie de pisser au moment de parler ?" etc...
Cet article m'a enfin permis de mettre un nom sur cette "pathologie" dont je croyais être le seul à être atteint, et ça me permet d'aborder désormais le problème avec beaucoup plus de sérénité =) (d'autant que je pratique déjà une activité physique régulière et que j'écris actuellement un bouquin).
Bref, merci beaucoup pour ces informations, je pense que ce serait une très bonne chose que l'article soit publié !