Vicky Cristina Barcelona
Une sérénade catalane à trois...voir quatre.
Vicky et Cristina sont d'excellentes amies, avec des visions diamétralement opposées de l'amour : la première est une femme de raison, fiancée à un jeune homme respectable ; la seconde, une créature d'instincts, dénuée d'inhibitions et perpétuellement à la recherche de nouvelles expériences sexuelles et passionnelles.
Lorsque Judy et Mark, deux lointains parents de Vicky, offrent de les accueillir pour l'été à Barcelone, les deux amies acceptent avec joie : Vicky pour y consacrer les derniers mois de son célibat à la poursuite d'un master ; Cristina pour goûter un changement de décor et surmonter le traumatisme de sa dernière rupture.
Un soir, dans une galerie d'art, Cristina "flashe" pour le peintre Juan Antonio, bel homme à la sensualité provocante. Son intérêt redouble lorsque Judy lui murmure que Juan Antonio entretient une relation si orageuse avec son ex-femme, Maria Elena, qu'ils ont failli s'entre-tuer.
Plus tard, au restaurant, Juan Antonio aborde Vicky et Cristina avec une proposition des plus directes : s'envoler avec lui pour Oviedo, consacrer le week-end à explorer les beautés de la ville, à boire du bon vin et à faire l'amour. Vicky est horrifiée ; Cristina, ravie, la persuade de tenter l'aventure...

Après avoir offert l’un de ses meilleurs drames en arrivant à Londres Match Point (2005), voilà que la rayonnante ville de Barcelone sert de cadre à l’une de ses plus séduisantes comédies. Avec Vicky Cristina Barcelona, le vétéran auteur-cinéaste, dont les deux précédents films, Scoop et Cassandra’s Dream ont plutôt déçu, retrouve ici sa très belle forme.

Allen ne perd pas de temps pour plonger au cœur de son sujet. À peine arrivées dans la capitale catalane pour y passer leurs vacances d’été, le temps notamment de rendre visite à une amie (Patricia Clarkson), deux touristes américaines, Vicky (Rebecca Hall) et Cristina (Scarlett Johansson), font très vite la rencontre de Juan Antonio (Javier Bardem). Cet artiste peintre les drague sans détour dans un restaurant en leur offrant de mettre à leur disposition un petit avion privé qui les conduiraient vers son village d'Oviedo. Là, elles pourraient passer le week-end en sa compagnie avec, au centre des activités promises, des rapports sexuels passionnés. Avec l’une ET avec l’autre. Il s’agit du moyen qu’a trouvé Juan Antonio pour se «guérir» de l’amour qu’il porte toujours à son ancienne femme, l’impétueuse Maria Elena (Penélope Cruz). Et ce, en dépit du fait que cette dernière l’a déjà poignardé…
Allen orchestre un tourbillon sentimental en misant d’abord sur les différences «d’approche» entre les deux amies. Déjà fiancée à un type qui ne peut lui offrir autre chose que la perspective d’un mariage sans éclat, Vicky préfère renoncer à l’aventure. En revanche, Cristina s’y laisse tenter, recherchant plutot dans ses rapports avec les hommes une passion destructrice. Les tergiversations s’étirent. Il faudra d’ailleurs attendre un petit moment avant que le récit reprenne son élan après cette période de flottement. (Cependant ce flottement est intéressant dans le sens où vous pourriez prendre exemple sur ce qu'il faudrait faire lors d'un day2 : un rendez-vous ACTIF, où la fille apprend à vous connaitre sans que vous racontiez votre vie autour d'une table).

Dès que Maria Elena entre dans le décor, l’histoire prend une tournure explosive. Interprétée avec fougue par Penélope Cruz, Maria Elena est une caractérielle. S’étant toujours sentie flouée, tant dans ses amours que dans sa carrière d’artiste peintre, cette femme blessée a un aspect tragique auquel l’actrice donne toute la dimension. Ce qui ne l’empêche aucunement d’être aussi très drôle. Allen réussit parfaitement son dosage à cet égard. L’un des gags récurrents du film consiste d’ailleurs en une insistance de tous les instants de la part de Juan Antonio pour que Maria Elena et lui se parlent en anglais dès qu’ils sont en présence de Cristina, qui ne comprend pas un traître mot d’espagnol. Or, le naturel prend évidemment vite le dessus. Les dialogues en espagnol – souvent improvisés – sont pour le moins savoureux.
Les deux vedettes espagnoles, emblèmes de la réussite espagnole dans le cinéma mondial, enlèvent ici le morceau. Bardem est parfait en se glissant dans l’archétype du latin lover ultra machiste, dont les fragilités deviennent vite apparentes, et Penélope Cruz vaut à elle seule le déplacement, tant par sa beauté fatale que par son jeu précis et juste.

L’atmosphère dans laquelle baigne tout le film est empreinte de sensualité; la ville ressemble à une carte postale. Woody Allen y emprunte le regard des touristes et s'amuse des clichés de la capitale catalane (l'architecture de Gaudi, les vins capiteux, les peintres au tempérament de feu,etc.); et la situation, plus inusitée sur le plan intime (Cristina, Marie Elena et Juan Antonio vivent sous le même toit), permet au cinéaste d’y aller de l’un de ces imbroglios romantiques dont il a le secret. Le climat musical est aussi très séduisant avec cette petite chanson récurente "Barcelona" de Giulia y los Tellarini.

Vicky Cristina Barcelona se laisse ainsi savourer comme un amour de vacances. Ou peut-être même, comme une belle aventure…
Que vous soyez fan du cinéma de Woody Allen ou non, je ne peux que vous conseiller d'y aller ne serait-ce que pour la scène du restaurant où Javier Bardem aborde les 2 filles à leur table...et les séduit tour à tour...Elles ont l'air ravies



à voir en VO bien sur !
Cheers