[A] La dépression : symptômes, causes, prises en charge

Note : 8

le 20.01.2010 par Dams007

5 réponses / Dernière par cyberseb le 14.11.2011, 12h11

Etat d'esprit / psychologie / dev perso / vie intérieure.
Un forum pour celles et ceux qui s'intéressent au dev perso, à l'équilibre intérieur, à la psychologie. Surmonter ses blocages, ses croyances limitantes, nourrir et développer ses forces, etc.
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La dépression : synthèse

Il n'y a pas, à ma connaissance, de récent article ( < 2008 ) sur le forum qui traite de la dépression, alors en voici un.

Sujets abordés : symptômes, causes, prises en charge et principales psychothérapies de la dépression


La dépression est l'une des maladies psychiques les plus fréquentes : en France, la proportion des personnes dépressives est de l'ordre de 15 pour cent.
D'après les données épidémiologiques, le nombre de personnes dépressives est en augmentation : celui des nouvelles dépressions déclarées a été multiplié par six depuis 1970.
Le risque de présenter une dépression au cours de la vie varie de 10 à 25 pour cent pour les femmes et de 5 à 12 pour cent pour les hommes ( variation en fonction des études ).

Principaux symptômes


Il y a des différents types de signes :

- affectifs : humeur triste, auto-dépréciation, sentiment d'inutilité, anhédonie ( perte du sentiment de plaisir ), indifférence affective, angoisse
- physiques : troubles du sommeil et de l'appétit, perte de l'énergie, diminution libido ( désir sexuel ), ralentissement physique et psychique
- cognitifs : trouble de la concentration et de la mémoire
- psychiques : désintérêt, désespoir, idées suicidaires

Pour que l'on parle de dépression, il faut constater les deux critères suivants :
les symptômes doivent être présents pendant au moins deux semaine consécutives, et l'épisode doit être accompagné d'une souffrance marquée ou d'une altération du fonctionnement social et professionnel.

Un épisode dépressif peut se manifester brutalement, mais, en règle générale , une dépression se met en place progressivement, en quelques jours, voire en quelques semaines.

Les causes


Depuis une soixantaine d'années, de nombreuses études montrent qu'il existe une vulnérabilité génétique ( héréditaire ) vis-à-vis de la dépression : on estime que le poids de l'hérédité génétique oscille entre 30 et 70 pour cent.

Par ailleurs, à chaque état psychologique correspond un état physiologique.
De nombreuses études ont montré la présence de différents dysfonctionnements chez les sujets déprimés, mais ces déséquilibres ne sont pas pour autant nécessairement la cause du trouble de l'humeur. On sait aujourd'hui qu'un cercle vicieux s'installe, où chaque facteur influence d'autres et les aggrave : les pensées négatives perturbent l'humeur, ce qui déséquilibre probablement la chimie du cerveau, ce qui influe sur l'humeur, ...

Conjugaison de facteurs

Les ruptures et expériences de deuil, les conflits conjugaux, ... peuvent conduire à une certaine fragilité psychique. Mais il n'est toutefois pas rare qu'une dépression apparaisse sans raison apparente.

Quoi qu'il en soit, la dépression, comme la plupart des troubles psychiques, résulte d'une combinaison de facteurs biologiques, psychiques et environnementaux. Ainsi, il existe au départ une fragilité biologique , marquée par la diminution de certains neurotransmetteurs. A cette fragilité biologique s'ajoutent une fragilité psychologique, qui se traduit par une personnalité vulnérable, et les facteurs environnementaux, notamment le stress.
Lorsque ces trois ensemble de facteurs se conjuguent, la personnalité présente des risques d'être submergée par la dépression.

La prise en charge

Un entretien avec un spécialiste permet de clarifier la situation. La personne dépressive reçoit alors des informations sur sa maladie et son traitement.
Si la personne est agitée ( car elle est angoissée ) ou qu'elle présente des troubles du sommeil, on dispose de médicaments calmants qui agissent rapidement ( hypnotiques ou anxiolytiques ). En cas de délire ( dans certaines formes graves de dépression ), un antipsychotique peut être prescrit.

Les principaux symptômes de la dépression sont traités par des antidépresseurs. Un seul médicament est généralement prescrit ( pour éviter les associations de substances ).
Il faut attendre une quinzaine de jours pour que l'état du patient s'améliore, l'évolution du sujet étant souvent marquée, au début du traitement, par des améliorations suivies de rechutes.
Si, au bout de trois semaines de traitement, l'état du malade ne s'améliore pas, alors le médecin en prescrit un nouveau.
Il est préconisé de poursuivre l'antidépresseur six mois après la disparition complète des symptômes dépressifs. Donc, en général, on conseille aux patients de prendre leur médicament pendant environ neuf mois.

Il y a deux phases dans le traitement médicamenteux d'une dépression : la première phase, dite phase d'attaque, où le médicament est pris pour aller mieux; et une seconde phase, dite de consolidation ou d'entretien.
Parfois, certaines formes chroniques, récidivantes ou cycliques, nécessitent un traitement plus long ( plusieurs années ).
Lors d'une dépression grave, le recours à un antidépresseur est indispensable en raison du risque suicidaire.

Des dépressions légères et de courte durée peuvent être contrôlées par des moyens thérapeutiques variés, une psychothérapie pouvant alors être suffisante.

Il y a plusieurs psychothérapies de la dépressions, voici les trois principales.
Les TCC ( thérapies cognitivo-comportementales )
, qui visent à éviter les pensées négatives du patient. Pour ce faire, ce dernier doit les examiner , les confronter à la réalité et apprendre à développer de nouvelles de façon de penser et d'agir ( c'est donc un travail sur le présent, à faire avec le thérapeute et chez soi ).
Les TCC durent en moyennent une quinzaine de séances et ont pour objectif d'améliorer l'estime de soi du patient, de lui donner confiance en lui, de réduire les symptômes et de modifier les schémas de pensées automatiques qui entretiennent la dépression.
Les thérapies familiales, car la dépression étant aussi liée à des difficultés relationnelles, ce type de thérapie améliore ces relations. Le sujet doit prendre conscience des enjeux relationnels, au moyen de jeux de rôle, et apprend à sa mettre à la place d'autrui pour relativiser sa propre situation ( c'est donc aussi un travail sur le présent ).
Une thérapie familiale dure en moyenne une vingtaine de séances, et vise à modifier les automatismes relationnels : le sujet adopte de nouveaux comportements facilitant ses relations à autrui.
La psychanalyse, car la dépression serait aussi liée à des conflits non résolus durant l'enfance. Le sujet va tenter de mettre au jour des mécanismes inconscients grâce au travail avec le thérapeute ( c'est donc un travail sur le passé et sur le présent ).
La durée de l'analyse est souvent illimitée. La méthode vise à se libérer de sentiments parasites liés à l'enfance ou à des deuils douloureux.

Jérôme PALAZZOLO ( psychiatre )

in " Cerveau & psycho " n°37 ( 01-02/2010 ), pp92-93

Pour aller plus loin :
- " Dépression et anxiété, mieux les comprendre pour mieux les prendre en charge "; du même auteur que l'article
- " Aider vos proches à surmonter la dépression "; du même auteur que l'article
- " Je déprime, c'est grave docteur ? "; P. LEMOINE
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+2] Intéressant le 06.11.11, 16h21 par Trip Fontaine
  • [0] Ca va mieux en le disant le 06.11.11, 18h59 par BowBow
  • [+3] Instructif le 09.11.11, 01h35 par MaryMorgane
  • [+2] Post de qualité le 14.11.11, 12h12 par cyberseb
Rien à rajouter, si ce n'est un lien vers un thread traitant incidemment d'un traitement de la rechute dépressive.

meditation-laique-vt22995.html

Vous avez pratiquement une chance sur 2 de connaitre un épisode dépressif dans votre existence.

Si cela vous arrive, les chances de connaitre un second, voire un 3° etc sont exponentielles.

Cette maladie est une vraie saloperie récidivante qui peut détruire les êtres les plus solides au monde.

Il est très important de se faire suivre si vous traversez ou avez traverser un épisode dépressif.

Sans dire qu'elle est une solution miracle, la MBCT permet efficacement d'apprendre à contrôler ce qui déclenche et alimente vos 'cycles négatifs'.

Cette thérapeutique issue des TCC (thérapies comportementales) est spécialement conçue pour éviter la récidive de dépression en vous dotant d'instruments spécifiques (détecter toute accumulation de tension, apprendre à la dissoudre, être capable de vider son esprit, accepter la réalité plutôt que de sur-compenser...)
Voilà ce que j'en pense après être passé plusieurs fois par ces périodes. La dépression n'est pas une maladie à proprement parler. Elle est le résultat d'un cumul de stress auquel on ne peut plus faire face et qui a pour conséquence de modifier négativement notre état d'humeur. Lorsque les causes du stress sont résolues, la dépression disparaît peu à peu. L'importance d'une vie active et dynamique est considérable dans l'amélioration (et non la guérison puisque ce n'est pas une maladie) de l'état de santé.

En somme, je définis la dépression comme une intoxication au stress.

A+
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] Pas convaincu le 06.11.11, 18h59 par BowBow
Bien que le terme "d'intoxication au stress" ne soit pas fausse, je crois que le problème est un peu plus compliqué à cela.

La dépression a également des effets sur votre physiologie, des conséquences neuro-chimique, des séquelles (moindre sécrétion de sérotonine à long terme...)

Bref, ce n'est pas forcément juste qu'un épisode qui s'efface quand on éloigne le stress.

Croyez moi, prenez la dépression au sérieux. Traitez-là tôt. Ne soyez ni indulgent, ni agressif vis à vis d'une personne qui traverse ce genre d'épisode (personne qui a toutes les chances d'être vous même)

Et tirez-en les conséquences.

Et parmi ces conséquences, une thérapie adaptée est au moins aussi valable qu'un évitement d'une accumulation de stress.

Surtout sur le long terme.
Attention quand je parle d'une intoxication à un cumul de stress et non d'une maladie, je n'en réduis pas les dommages causés sur notre organisme, mais que je n'ai simplement pas mentionnés (envies suicidaires quotidiennes, aucun intérêt pour rien, etc.). J'ai juste parlé des causes ou plutôt de LA cause qui engendre ce dérèglement hormonal, le facteur stress. Les conséquences après c'est vivre un enfer, on est d'accord.
Je comprend assez ce qui pousse Mooner à voir les choses comme cela ; Il y a une interaction entre le biologique, la façon de fonctionner du psychique ... Et les causes de la dépression sont souvent multifactorielles.
Mais pour les dépressions légères, on peut tout de même ressentir très fortement au fond de soi que la cause réelle initiale, au début de la dépression, est purement environnementale avec le stress subi et débordant la capacité de faire face ...
Et je pense que lorsqu'on a connu ça, coller une étiquette de "maladie" n'est pas forcément approprié , cela peut se discuter : je pense même que cela peut, en quelque sorte géner la guérison pour certains cas.

Dans l'étiquette "maladie", il y a une notion qui "enferme" une personne dans son état, le fige là-dedans : d'où le malaise que ressente certains à se laisser enfermer dans cette étiquette, et le sentiment qu'on les enferme dans un état au lieu de les aider à en sortir.
Se reconnaitre "malade" en étant porteur de dépression au sein de son environnement, si les gens de l'entourage n'y connaisse rien, c'est prendre le risque que ces gens de l'entourage se persuade que cette personne est différente, pas normal, puisqu'elle est malade, et donc finisse par se comporter différemment avec elle.
A mon sens, c'est un cercle vicieux qui ne peut que plonger la personne encore plus profond, au lieu de l'aider à s'en sortir.

Pour les dépressions légères, à mon avis, il ne faut pas TROP médicaliser, ce qui est un peu le mal français dans beaucoup de domaine, et le plus important est de responsabiliser la personne, lui faire prendre conscience qu'elle a des ressources en elle et qu'elle peut s'en sortir ...

Biensûr, dans ce que je dis en haut, il ne s'agit pas de "dénier" être dépressif. Il faut savoir le reconnaître. Mais pas forcément, dans les dépressions légères, le reconnaître comme une maladie, même s'il y a des interactions avec le biologique dans la dépression.

Perso, c'est le sentiment que j'en ai retiré, apres que, vers l'âge de 20 ans, et aussi vers l'age de 24 ans, j'ai pris quelques séances avec une psychiatre.

Elle était très compétante, mais au cours d'une séance, je l'avais trouvé "un peu lourde" car elle avait voulu me coller des médicaments, alors que je ressentais fortement au fond de moi, que c'était pas ce qu'il me fallait. Comme elle était intelligente, elle avait pas insisté en voyant mon refus réitéré.
Le problème de coller des médicaments, de coller une étiquette "maladie", de donner trop d'importance à la part du biologique ( qui est réelle ) est que si c'est fait sans finesse, sans écoute du vécu, de façon trop automatique, on PEUT ( si le thérapeute est pas bon ) en arriver à une aberration qui est de déresponsabiliser le patient ( c'est biologique, donc j'y peux rien, donc je reste passif et je prend mon médicament, et je justifie mon inaction devant mon entourage parce que je suis malade ) et l'enfoncer au lieu de l'aider à sentir en lui ses propres ressources ...


D'ailleurs, c'est un peu aussi , je trouve, le travers auquel on peut arriver avec la psychanalyse. J'ai pu rencontrer une fille qui avait fait 5 ans de psychanalyse, et à son contact, j'en ai retiré la conviction que la psychanalyse lui avait fait plus de mal que de bien. Alors que je pense que cela peut être une très bonne technique pour certains. Mais à un moment, il faut savoir aussi s'arrêter, passer à autre chose. 5 ANS pour elle, à raison d'une ou deux séances par semaines, c'était beaucoup, beaucoup trop, ça l'avait maintenu et renforcé dans un état psychique de dépendance, déresponsabilisant, ou elle était convaincu que l'issu pour aller mieux était une prise en charge (je me fais prendre en charge ---> déresponsabilisant ). Une cause mystérieuse enfoui dans le passé, "un conflit" , serait à l'origine de mon mal-être. Et au bout de 5 ans, elle ne l'avait toujours pas trouvé, à raison de deux séances par semaine... Et comment elle en parlait, elle trouvait cette méthode "séduisante" par la finesse d'analyse ... Et c'était clair qu'elle était dépendante de son thérapeute ...

En fait, le lien que je vois entre la psychanalyse et les psychiatre ( qui sont les deux indispensables ) est que par leur fonction, la relation qu'ils nouent avec leur patient n'est pas équilibré : il y a une relation de père à enfant : d'un côté, celui qui sait, de l'autre le patient. Lorsque la dépression est à un certain niveau, ou que la personne est trop fragile, elle a besoin de passer par une période de "prise en charge", avec un cadre strict et rassurant, ... Mais passé un certain stage, le thérapeute doit prendre la responsabilité d'aiguiller son patient vers d'autre technique ou type de relation thérapeute/patient plus équilibrée, égalitaire (d'adulte à adulte car c'est plus responsabilisant).
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