Mon premier message de nouveau membre… semi-timide.

Ce sujet a pour principal but de vous livrer mon expérience. Elle est destinée aux actuels timides ou timides en phase de changement. C'est un moyen à la fois pour moi de faire un bilan, de vous livrer les recettes qui ont marché pour moi, et d'apprendre de vous. Le texte est long, il aborde plusieurs phase de ma vie, les plus intéressantes étant à la fin (!)
J'ai voulu rédiger ce message suite à la lecture de l'article "Timidité" qui reste le plus populaire du site. Il parle à beaucoup de monde, car il n'est pas axé sur un groupe en particulier (débutant ou Gamer), et peut servir autant aux personnes souhaitant se connaitre plus, qu'aux gens désirant séduire.
Depuis quelques années, je fais un travail sur moi-même pour tenter de résoudre un problème qui est ancré en moi: la timidité. J'ai compris au fil du temps que la timidité est avant tout un manque de confiance en soi. L'article m'a éclairé sur certains aspects des mécanismes du problème, qui affecte en réalité une grande partie des gens, à plus ou moins grande échelle. La phrase qui me parait essentielle à retenir est "le narcissisme combiné à une faible estime de soi".
Chercher la cause de sa timidité ?
On peut toujours s'interroger du pourquoi : pourquoi celui ci a une telle aisance, pourquoi suis-je réduit à ceci par rapport à cela… etc. Une des solutions facile est de se tourner vers son enfance : a-t-il eu une enfance plus adaptée que moi? Aurais-je du avoir un passé plus douloureux? Une éducation plus dure? Mes parents sont responsables de tout … etc
Au final, il en résulte que :
- on projète nos problèmes vers d'autres personnes (parents, instituteurs, amis d'enfance …) pour se dédouaner . Une bonne façon de se dire que ce n'est pas de notre faute au final, et qu'on y peut rien. Et finalement ne rien faire: c'est le destin.
- on se compare à d'autres personnes, qui n'ont pas le même modèle d'enfance que soi, et on s'imagine que ce modèle est responsable de leur assurance. Sans se poser la question si il n'y a pas eu d'autres éléments de leur environnement entre hier et aujourd'hui qui auraient pu les influencer.
Pour ma part, j'ai longtemps cherché à comprendre ce qui s'était passé dans mon enfance. J'ai longtemps montré du doigt ma mère comme trop couveuse. Les forums parlent de "trop soutenir l'enfant". Je l'ai longtemps critiqué de ne pas m'avoir laissé faire des choses.
Il y a certainement du vrai dans tous ça. Pour autant, on a souvent une explication rationnelle à ses questionnements, et pourtant dans beaucoup de cas, il s'agit de la mauvaise réponse! La plupart des psychothérapies cherchent d'ailleurs à se détourner de ses idées toutes faites pour prendre conscience des vraies raisons de ses troubles.
Je profite des fêtes , et de mes retours de quelques jours chez mes parents pour refaire le point. J'aime me retrouver dans mon lieu d'enfance, et jouer à la madeleine de Proust, au visionnage de vieilles photos, ou au questionnement de mes parents, de leur propre enfance… Je découvre une nouvelle facette d'eux que je n'aurais pas imaginer, et qui peut m'expliquer en partie ma façon d'être.
Quoi qu'il en soit, chercher dans l'enfance n'a pas été la bonne solution. C'est une démarche qui prend beaucoup de temps, et exige du recul. Cela n'apporte qu'un plus (la cause) mais pas la solution (la conséquence).
Chercher à analyser les mécanismes passés et présents
J'essaye d'analyser comment j'ai pu réagir dans le passé, et le comparer à maintenant. Ceci me permet de voir le chemin parcouru, et ce qu'il y a encore à faire. Un bon moyen de faire gonfler son estime de soi. D'ailleurs, n'est ce pas une des raisons de la rédaction de cet article ? ;-) D'autre part, ceci me permet aussi de relativiser sur ma timidité, et de mettre en valeur tous les éléments positifs dans le tableau noir que je me faisait de mon passé. Il est intéressant de questionner les proches sur son passé pour constater certains faits que l'on avait occultés.
Au collège et au lycée, je me souviens d'être réservé en classe, à ne jamais prendre la parole en public, à avoir des difficulté à m'intégrer dans les discussions de groupe, à ne pas parler aux filles, ne pas aborder les thèmes en rapport avec le flirt. Je n'ai pas eu de copines à cette période, ce qui était pour moi une grande source de frustration. Il était impensable pour moi d'aborder ce sujet avec mes parents, et je rougissais à l'idée d'être accompagné d'une fille devant eux. Ne mangeant pas le midi au lycée, je ne suivais pas les groupes de jeunes, les potentiels histoires de couple, les rituels de jeux … etc. Bref, un gars pas à l'aise …
Pourtant, en se penchant de plus près, je me suis aussi aperçu que je n'avais pas eu de difficulté pour me constituer un bon groupes d'amis, que j'étais plutôt apprécié des gens, et que cela ne m'avais pas empéché de faire un tas de soirées, où chacun se cherche au travers de l'alcool … Je n'ai jamais été mis à l'écart. Mes moyens de me démarquer ont été de faire des bande dessinées, avec caricature des profs, des élèves, où je pouvais me lâcher.
Certains diront qu'il s'agit d'une surcompensation (voir article sur la timidité) ?
En bref, on peut vite dramatiser sa situation passée, mais un travail de mémoire permet de vite se rendre compte de la réalité des faits. Pour ma part, j'ai pu en conclure que mon problème se focalisait surtout sur la relation avec les filles, et le regard des autres.
Changer d'environnement pour changer d'état d'esprit
J'ai constaté que les changements de vie, d'environnement sont propices à des changements d'états d'esprit, des caps, des déclics. Pour ma part, deux grands événements ont participé à mon changement.
- L'entrée à la Fac : la liberté d'étudier à sa façon, l'indépendance , la rencontre de dizaines de nouvelles personnes . La possibilité de nouer des contacts, et enfin d'avoir des amies filles, et enfin pouvoir se confier dans l'intimité à quelqu'un. Les associations, les soirées étudiantes, la fête … Tout ceci m'a permis de m'ouvrir aux autres, et surtout d'avoir mes premières histoires avec des nanas, et premiers rapports sexuels…
Pourtant, après ces bribes de progressions (souvent facilitées par l'alcool…), s'est déroulé une grande traversée du désert affectif. Cantonné à mon cercle d'amis, bizarrement célibataires endurcis, filles ou garçons, je n'ai pas eu de nouvelles histoires pendant près de trois ans. Mon estime de soi en a pris un coup, le cercle vicieux : peur de ne pas avoir d'expérience avec les filles, j'évite les filles, donc je n'ai pas d'expérience avec les filles! Je n'ose rien faire, jamais de tentative en dehors d'un contexte de soirée(et encore), et demander un numéro de téléphone à une fille me parait impensable (que va-t-elle penser de moi? Elle va me prendre pour un malade! ), et ne parlons même pas d'un rencard. Peu de sorties en dehors de mon groupe habituel. Je vivais un peu comme Bill Murray dans "Un jour sans fin" !
Certains diront qu'il s'agit d'une introspection (voir article sur la timidité) ?
- La deuxième partie de mes études et l'entrée dans la vie professionnelle : le grand choc
Changement de ville : loin des parents, véritable indépendance, loin des anciens amis, je décide de partir dans une région où je ne connais personne. Prise de poste, prise de responsabilité, nouveau statut. Ici, personne ne connait mon passé. Je ne peut me soumettre à des rituels de vieux potes, vu qu'ils ne sont plus là. J'apprends à me faire connaitre. Pas évident de faire le premier pas. Je m'y force. Je me force volontairement à rentrer dans une association pour connaitre des gens et prendre un poste avec responsabilité, chose que je n'aurai jamais imaginé faire avant (la frousse). Je rencontre des gens qui me disent des choses sur moi sans artifice. Dur à encaisser au premier abord, mais terriblement vrai! Je côtoie des amis plus agés que moi, qui ont de l'expérience avec les filles, et qui osent aborder le sujet de la séduction sans tabous. Et me donnent des conseils! La drague me parait ENFIN quelque chose de normal, que l'on peut aborder entre amis, contrairement aux gens fréquentés auparavant. Je prends conscience que ce n'est pas un drame d'aborder les filles en soirée. Que prendre un numéro de téléphone n'est pas perçu comme un appel au viol, mais tellement courant chez les filles (j'aimerai parfois être dans le corps d'une bombe sexuelle le temps d'une soirée pour voir ce qu'elle endure…). Mes schémas de pensées se modifient progressivement. Pourtant, j'ai toujours un mal fou à sortir avec une fille. Une année dans cette nouvelle ville passe, et je suis encore et toujours célibataire.
Ce que m'ont apporté les techniques de séduction d'internet

Je décide de prendre le taureau par les cornes : au cours de l'été, je découvre des dizaines de sites, ebooks sur la séduction sur internet. A la rentrée, je me décide: trop c'est trop, marre d'être seul et de ne pas réussir avec les filles, marre qu'on me demande pourquoi je suis célibataire. Je dévore tous les bouquins pendant l'été et je me met à suivre les préceptes des maitres de la séduction !
Des bons et des mauvais . Beaucoup de méthodes "miracles" qui me paraissent aujourd'hui inadaptées: il n'y a pas de méthode miracle, comme il n'y a pas de méthode miracle pour maigrir en une semaine!. Malgré tout, ces lecture m'ont ouvert l'esprit :
- la séduction est un jeu, et il y a des règles à respecter comme dans un jeu de société, certaines fois on perd et il faut le reconnaitre.
- il faut savoir plonger dans le précipice. Se lancer sans réfléchir aux conséquences, éviter de se demander ce qui va se passer avant d'aborder une fille.
Au final, j'ai réussi emballer une fille à une soirée en suivant scrupuleusement les méthodes. Ca a été assez incroyable! Malgré cela, je n'ai pas tenté de coucher avec elle le soir même, alors qu'à posteriori, c'était ce qu'il fallait faire. C'est là que j'ai constaté les limites de ces techniques : ma timidité ne m'a pas permis d'affronter le problème en entier (aller jusqu'au bout …). Je dirais que tout ceci est un moyen de foncer les yeux fermés sans se poser de question, en suivant des règles. Ce qui est bien, c'est qu'au final, on se lance , on parait sur de soi auprès des autres (ou tout au moins, on imagine dans le regard des autres que l'on est sur de soi ….) et on tente des expériences. Ce qui est moins bien, à mon avis, c'est que l'on a tendance à utiliser les mêmes techniques à tout le monde, et à croire que ça marchera à coup sur (un peu comme une martingale au casino) et on en oublie le côté humain. D'autre part, ce n'est pas parce qu'une technique marche avec un séducteur, qu'elle est adapté à une autre personne souhaitant séduire. Je me suis retrouvé à faire des trucs, ou dire des trucs qui étaient totalement inadapté à la situation, ou à ma manière d'être. Sans parler des phrases d'accroches mal traduites en français … :-)
Vers une autre approche : le théâtre d'improvisation

La même année, je décide de faire le pas: je m'inscris à un atelier d'improvisation. Aucune idée de se que je vais y faire, et j'ai un peu de réticence au premier abord. C'est pourtant ce qui m'a apporté le plus dans toute cette histoire. Et probablement la meilleure chose que j'avais à faire depuis des années!
Je vous parle d'un cours d'improvisation sans représentation publique. Le but de cet atelier était de se sentir mieux dans son expression orale et gestuelle, se relier à soi même et à l'autre, se rencontrer dans sa créativité pour communiquer dans sa justesse, accepter son lâcher prise, sa créativité, et surtout s'amuser ! En bref, cette atelier était surtout un laboratoire où l'on pouvait expérimenter des choses, en petit groupe, sans jugement (il n'y aucune compétition, ce n'est pas un esprit "match d'import" classique). Je me suis retrouvé à revivre le même état d'esprit que dans une cour de récréation : on a envie de faire des choses, on le fait, on ne réfléchit pas, on s'amuse. L'improvisation vous donne les clefs pour ne pas réfléchir à ce quo va dire avant de parler.
Petit à petit, j'ai ressenti la différence dans mes relations : j'ai changé de posture, osé regarder dans les yeux, parlé avec le corps, osé le toucher, le contact physique. Je me suis étonné à pouvoir parler devant une assemblée de 100 personnes sans problème.
La même année, je sors avec quelques filles (vraiment belles en plus !), j'ai aussi des histoires d'un soir. Je reprend confiance en moi, et les quelques expériences me permettent d'apprendre beaucoup pour la suite. Peu à peu, avoir un rencard est moins stressant. Je suis encore très déstabilisé lorsque je sors avec un fille (pourquoi ne rappelle t elle pas ? qu'est ce que j'ai fait ? etc) mais au moins, j'arrive à conclure. J'essaye de m'habiller mieux, je prends conseil auprès de mes amies (très bonne idée). J'entend des compliments me concernant, ce qui fait chaud au coeur. Je comprend enfin que je peux être séduisant !
Les fluctuations d'estime de soi : ce qui reste à faire, et un peu de TCC !
Certains diront qu'il y a eu une nette amélioration, non ?
C'est vrai qu'en l'espace de 3 ans, j'ai profondément changé. Pourtant: timide un jour, timide toujours! Je suis désormais très à l'aise pour parler dans des groupes, en public, lorsqu'il faut se représenter. Pourtant, je reste encore bien bloqué quand il s'agit de parler dans l'intimité avec une fille.
Je me suis mis à fréquenté une fille avec qui le courant passait bien. On s'est tourné autour, et je l'ai raccompagnée plusieurs fois au seil de sa porte et là : blocage! Pas moyen de conclure. Pourtant, elle était elle aussi dans l'attente de ça. J'ai fini par tout avouer à une soirée un peu trop arrosée, mais elle n'a pas appréciée la manière dont avait tourné les choses: elle m'a avoué qu'elle aurait préféré que cela se passe dans un autre contexte. Après quelques jours de flottement, on finit par sortir ensemble malgré tout.
Bref, il me faut encore des situations de soirée, d'alcool pour vraiment conclure avec quelqu'un. En soirée, j'ai encore ces blocages, qui m'empêchent d'aller aborder directement une fille. Si je suis en bonne voie avec l'une d'elle, si je danse collé serré, je ne vais pas au bout des choses, et je n'ai pas forcément la force de trouver les bons mots. Je préfère me taire et laisser parler le corps.
Il me reste plusieurs points sur lesquels me concentrer:
- améliorer le contact physique. Un ami psy m'a donné des conseils, tirés de la thérapie cognitivo-comportemental: si quelque chose t'angoisse, il faut y aller pas à pas. Estimer d'abord les situations qui angoisse, et les trier par ordre croissant de niveau d'angoisse. Commencer par ce qui parait le moins difficile (par exemple: toucher l'épaule de quelqu'un trois secondes) jusqu'à ce que ce geste paraisse anodin. Puis passer à la situation plus angoissante: tenir le bras de quelqu'un par exemple) et faire de même. Faire ça pas à pas, jusqu'à tenter la situation la plus angoissante (noté 10/10 en niveau stress!) pour qu'elle devienne normale. En gros, il faut éviter de se donner des buts trop difficile dès le début, mais commencer par ceux réalisables. On risque moins les échecs.
- ne pas avoir honte de dire les choses : que quelqu'un me plait. Peut-etre faut il employer les mêmes techniques de TCC …
Conclusion
Voilà ce que j'avais à raconter. Je suis habituellement contre les messages de forum où une personne lache tout sur sa vie, sur des dizaines de pages, mais je pense que dans mon cas, je peux peut être donner quelques idées à certains, ou tout au moins leur montrer que la situation n'est pas si désespérée et qu'elle peut changer, à condition d'avoir l'envie de la faire. Quelquefois, c'est l'environnement où l'on vit qui bloque: pour ma part, le changement de ville, de vie, m'a permis de me décharger de contraintes imposée par mes proches. Je conseille vivement aux gens timides d'oser se lancer dans des domaines qui leur paraissent inconnus ou difficiles (rentrer dans une association, faire du théâtre…). Ceci permet de se créer un nouveau réseau de personnes. Privilégiez le contact avec des gens à l'aise, et qui peuvent vous donner des conseils en séduction . Et pour finir, ce sont les expériences répétées, et différentes, qui permettent de s'adapter à des situations, et de ressentir de moins en moins de gène.
N'hésitez pas à donner votre avis, et à me poser des questions , car j'ai beaucoup à apprendre, et à transmettre !
HAVE FUN !