Il est 16h35, la place est quasi vide, seul quelques badauds traversent la place. Je rentre dans le 1er bar venu, commande un café, joue quelques minutes aux échecs sur mon phone, et décide d’aller dehors me fumer une clope. Je sors donc.
On se les gèle. Je fume en grelottant quand mon regard est attiré par un groupe de trois mecs, à la terrasse du café d’à côté, sous des parasols chauffants. Je les observe. Un quatrième gus arrive en courant, mort de rire, et vient s’assoir avec les autres. Ils rigolent de bon cœur. Je suis intrigué par ce qu’ils font. Un des mec pointe du doigt quelque chose sur la place, et tape dans la main de celui qui vient d’arriver. Je regarde dans la direction du doigt pointé. Un grand dadet est en train de discuter avec une nana. Intérieurement je me dis « des chasseurs des rues ».
Je rentre dans le bar où m’attend la fin de mon café allongé, le fini, paie la note, 3 euro ! Le barman a dut me prendre pour Rockefeller, avec mon costard cravate… Je sors un peu vénère par le prix de la conso, et décide d’aller m’installer à une table juste derrière celle des mecs pour mieux les observer.
Le cinquième arrive à la table et se pose, il a l’air dépité. Les cinq mecs sont stylés. N°1 est un petit black à lunettes, chaussure de ville, jeans semi slim, veste de costume en velours noir, chèche beige, petite barbe collier ; N°2 est lui aussi black, style sportswear classe, écharpe en soie (?) blanche ; N°3 est typé tunisien, je me souviens plus ce qu’il portait ; N°4 est un petit blanc, lui aussi à lunette, typé latin ibérique, sapé business cool ; et N°5 est un géant, type armoire à glace autrichienne : « Le Blond » du sketch de Gad Elmameh.
Je commande un nouvel allongé (à un prix raisonnable celui-là) et regarde leur manège. Les deux Black et Le Blond se lèvent et vont dans trois directions opposées de la place. Une nana passe, Le Blond l’accoste, je ne sais pas ce qu’il lui dit, il est bien trop loin, et mes tympans sont congelé par le froid. J’en suis maintenant certain, c’est un boot camp ! J’écoute les deux autres discuter de phrases d’accroches, et de technique pour aborder les femmes dans la rue. Je prends un cours sur les méthodes des cinq lascars.
Au bout d’un moment, ne tenant plus, j’interpelle N°4 :
On échange pendant cinq, dix minutes. J’explique que je suis de Nantes, que je suis là pour affaire. Les cinq mecs sont tous de retour à la table, ils se présentent, sont potes depuis le lycée, et viennent de temps en temps s’entrainer à aborder des nanas dans la rue, pour le « fun » et pour le cul… Normal. Je demande aux mecs s’ils abordent avec des accroches idiotes et décalées, du types « Veux-tu être la princesse de mon cœur » (Merci Blusher). Ils me répondent que non, ils ne savent/n’osent pas faire, et me demande si je le fais. Je reste évasif… N°1 me met au défi !M : Vous êtes en plein Boot Camp ?
N°4 : (l’air étonné et mal à l’aise, comme un petit garçon prit en train de faire une bêtise) : Heu… Oui…
M : Je me permets de vous écouter depuis tout à l’heure, parler de vos techniques d’accostages...
Putain, j’aurais mieux fait de fermer ma grande gueule. Je me débats, résiste, trouve des excuses : « dsl les gars mais j’ai pas le temps, mon prochain RdV m’attend » « J’ai vraiment pas le temps mon RdV est à l’autre bout de Tours… » Rien n’y fait. N°2 dit à ses comparses que je suis une petite bite de blanc. La réflexion pseudo raciste me (ré)chauffe les oreilles. Je décide de relever le défi ! Ils vont voir ces culs terreux qui est le Yoyen !
Une HB7 passe pas loin de la terrasse du café. N°1 me dit : « Elle ! »
Je me lève. Mon palpitant bat la chamade. La meuf commence à s’éloigner, je lui cours après, et la dépassant. Je me mets en biais, ralenti mon allure, me retourne progressivement et lui dit :
Et elle se casse, me laissant comme un gland au milieu de la place. N°1 m’avait suivi et faisait mine de téléphoner. Il me regarde mort de rire. Je ne me laisse pas abattre et vais accoster une autre nana à l’autre bout la place qui est en train de passer dans l’autre sens. HB7 encore. Idem que pour la première, je lui cours après, la stop dans sa marche, elle a des écouteurs sur les oreilles, je lui dit :M : Hi coquine ! Ca farte ? C’est quoi ton petit nom propre ? (ndlr : Avec le timbre de voix qui va bien… ; Merci Brice de Nice pour tes vannes pourries ! Je kif !)
HB7 : Quoi ??? (visiblement, elle ne m’a pas entendu)
M : (je racle ma gorge discrètement) Tu sais ce que j’aime chez toi ?
HB7 : (se remettant à marcher) Je m’en tape !!!
Je me bats encore quelques seconde pour tenter de la revoir et de prendre son n° ou son FB, rien n’y fait, elle se casse.M : Salut !
HB7² : Salut…
M : Ca farte coquine ?
HB7² : Quoi ?
M : Tu connais pas Brice de Nice ?
HB7² : C’est pour les nazes !
M : (A ce moment je vois que ça part à nouveau en couilles, je tente donc un autre truc) Tu veux être la princesse de mon cœur ? (d’un ton abattu et mielleux, avec un regard de cocker)
HB7² : (surprise et amusée) Pourquoi faire ?
M : (n’oubliez pas, je suis en costard cravate) Pour sauver Willy bien sûr ! (le truc m’ait venu comme ça)
HB7² : Et c’est qui Willy ? (en rigolant de sa connerie)
M : Bah… un gros orque ! Tu sais… la baleine blanche et noire… qui mange des phoques. Tu serais pas un peu limité toi ? (j’adore cette vanne)
HB7² : (agacée) Je sais ce qu’est un "phoque" merci !
M : Tu veux dire un "orque". On dirait que je te perturbe.
HB7² : Heu… Non…
M : (ne l’écoutant pas et la coupant) Tu sais ce qu’on va faire ? On va aller se réchauffer dans un bar autour du nectar qui te fera plaisir. Ça te permettra de reprendre tes esprits !
HB7² : Non, j’ai pas le temps, une copine m’attend.
M : Bah, tu l’appelles, et tu lui dis de nous rejoindre ! (d’un ton directif)
HB7² : Ca va pas être possible…
M : (Je la coupe encore, je sais ça ne se fait pas) Pourquoi ? (je la mets en justification)
HB7² : Parce que j’ai autre chose à faire !
M : Une autre fois peut-être ?
HB7² : Tu lâches pas l’affaire toi !
M : Jamais ! C’est quoi ton n° qu’on puisse se caler une date ?
HB7² : C’est pas la peine d’insister…
Putain de merde ! Je vais y arriver ! Fait chier, j’ai vraiment envie de partir sur une bonne note, et que cette bande de dragueurs de bas étages ne se foutent pas de ma gueule jusqu’à la nuit des temps… Même s’il est peu probable que je les recroise un jour.
Je suis remonté comme une pendule, mon stress c’est transformé en excitation.
Une superbe femme passe entre moi et N°1. 35-38 ans, blonde dans les 1m75, montée sur ses talons de 8 ou 10cms (donc, plus petite que moi sans ses talons... Mais plus grande avec), style business, superbe manteau en fourrure ocre,… HB9.5, voir 10 en fonction des goûts. Je vois N°5 qui se dirige vers elle, je suis plus prêt. Je l’aborde :
Là je décide de jouer franc jeu, lui explique la situation, que des mecs que je ne connais pas m’ont lancé un défi, que je suis entre deux RdV, que je suis de Nantes,… Bref, la totale. Je lui dis que je la trouve vraiment magnifique, mais qu’elle doit le savoir, et je lui propose de prendre un café, pour faire connaissance, quitte à arriver en retard à mon RdV. Elle me dit qu’elle n’a pas le temps, mais que ce serait avec plaisir une autre fois !!! Quand elle me dit ça, intérieurement je suis en transe. La nana pourrait être top model. C’est la 1ère fois que je suis en train de conclure un NC avec une femme aussi belle, sans qu’elle et moi n’ait un gramme dans le sang. Je lui demande son 06 de la manière la plus simple, elle me le donne.M : Hi coquine ! Ca farte ?
HB : Oui, ça farte ! et toi ?
M : (Woohoo !!! Elle rentre dans le jeu ; on va voir si elle connait son classique) Tu sais ce que j’aime chez toi ?
HB : (en rigolant, visiblement elle sait ce que je vais dire) Nonnnnn… (D’un ton complice)
M : Mon reflet dans tes yeux !!!
HB : Tu m’as cassé !
M : (Trop cool, elle joue, j’enchaine dans l’idiotie) Tu veux être la princesse de mon cœur ?
HB : … (Elle est morte de rire) C’est quoi ? Une caméra cachée ?
Les mecs sont verts. Je retourne à ma table. Je suis le roi du monde. Plus rien ne peut m’atteindre. Je discute encore quelques minutes avec les mecs, on échange nos FB (comme un con, je leur donne mon FB perso et pas celui dédié aux rencontres divers et variées de la vie, je ne les accepterais donc pas, et puis franchement, je m’en bats les couilles, j’ai assez d’amis). Et je me casse vers mon RdV. Vous me croirez ou pas, j’ai fait l’un de mes meilleurs RdV depuis que je suis dans ma boite… une putain de négo raisonnée à mettre dans les annales des écoles de commerce.
La suite ?
Et bien, j’ai rappelé la nana une semaine plus tard. On est allez prendre un café ensemble en fin d’après-midi, entre deux de mes RdV. On a fait connaissance, elle a 36 ans, elle est carde financier dans une boite internationale, elle a deux gamins de 9 et 7 ans, elle est divorcé, c’est une mangeuse d’homme (quand une femme vous dit ça, vous savez comment ça va finir), on a bien rigolé, et on s’est dit qu’on se ferait un resto une prochaine fois.
La prochaine fois fut deux semaines plus tard, un vendredi. Il fut extrêmement difficile de la convaincre que c’était la seule date où je pouvais venir avant plusieurs semaines, je compris pourquoi ensuite. Je me suis donc ensuite arrangé pour caler des RdV sur Tours ce fameux vendredi. Et oui, si ça doit se terminer au plumard, autant que je n’ai pas à me lever le lendemain matin et me taper deux heures de route pour revenir sur Nantes et être à mon agence, la tête dans le cul. Durant ces deux semaines, et avant de caler ce RdV plus ou moins galant, on a discuté par SMS. D'ailleurs, cinq ou six jours après notre « date café » elle m’a même appelé pour savoir quand je revenais sur Tours, bref, elle était demandeuse. Nous nous revoyons donc dans un resto qu’elle avait choisi. L’endroit était sympa, la nourriture correcte, mais pas exceptionnelle. Je fus galant, et lui laissais régler sa part. Puis on se dirigea vers le bar où j’avais rencontré les cinq mecs. On vida quelques Tequilas et autres shooter de Vodka. Puis, rien ! Elle avait ses règles… On est quand même allé chez elle prendre un dernier verre. J’ai eu le droit à une petite pipe (pas extraordinaire cette pipe, soit dit en passant). On a dormi ensemble, et le samedi matin je suis rentré chez moi, après lui avoir été chercher des croissants et pris un petit dej.
On s’est ensuite revu quasiment à chaque fois que j’étais sur Tours, jusqu’à ce que je rencontre ma nana actuelle. Et oui, je suis un homme fidèle !
