FrenchKiss a écrit :Pour chopper une fille qui a conscience de sa "haute valeur" ( = qui est très recherchée et qui le sait), il faut soi-même être meilleur que les autres mecs à ses yeux à elle (elle ne s'abaissera pas au niveau d'un mec qui n'est pas à sa hauteur selon elle).
La "belle" et le "clochard", c'est l'exception, pas la règle.
La règle, c'est la "belle" et le "prince".
On peut décider de voir le problème en termes compétitifs ou coopératifs. Au moment où elle rencontre un mec, crois-tu vraiment qu'elle passe en revue tous les mecs qu'elle a rencontré pour établir ou remettre à jour le classement des prétendants? Il s'agit probablement d'une croyance qui tient principalement au conditionnement culturel. Même si c'est le cas, on aura d'ailleurs une meilleure chance de faire bonne impression en ne rentrant pas dans ce petit jeu.
La compétition est toxique. point barre. Les loups chassent en meute, les oiseaux volent en formation et à ce que je sache vos organes ne sont pas en train de se tirer la bourre pour savoir lequel est le plus fort sinon vous seriez mort.
Une comparaison portant sur 82 études à propos de ce sujet a produit des résultats sans équivoque: sur 82 études, les chercheurs n'ont trouvé
qu'un seul cas d'organisation où le mode compétitif était plus efficace que le mode coopératif. 1/82, ce sont des résultats rarissimes en sciences sociales.
Johnson, David W., and Roger T. Johnson.
Cooperation and Competition: Theory and Research. Edina, Minn.: Interaction Book Co., 1989.
Par ailleurs, et pour revenir au sujet de la séduction et de la sélection sexuelle, je ne crois pas que ce domaine fasse exception.
D'une part parce que quand ils adoptent un mode coopératif, les hommes et les femmes s'avèrent ensemble particulièrement créatifs... Au passage, si vous peinez à trouvez des sujets de conversation ou à maintenir un échange vif et divertissant avec votre interlocutrice c'est sûrement parce que, précisément, vous vous êtes mis en tête que vous êtes en train de passer un test pour vous distinguer de tous les autres mecs.
SCHRUIJER S.G.L., MOSTERT I. (1997),
“Creativity and sex composition : an experimental illustration”, European Journal of Work and Organizational Psychology, 6(2), 175-182.
D'autre part, cette idée selon laquelle les femmes recherchent en priorité des traits de dominance chez leurs prétendants a amené certains à en tirer des conceptions un peu simplistes voire erronées.
La raison première de notre survie en tant qu'espèce n'est pas notre capacité à nous mettre sur la gueule les uns les autres mais au contraire notre altruisme et notre générosité. Nos cerveaux sont câblés pour cela. Ainsi un gamin de deux ans se baissera pour ramasser un objet que vous venez de faire tomber.
Les processus neurologiques à l'oeuvre sont également les mêmes selon que l'on aide quelqu'un ou que l'on s'aide soi-même. Une foule de recherches en neurosciences et en sciences du comportement soutiennent la thèse selon laquelle nous sommes éminemment et naturellement empathique et altruiste. Il y aurait donc un avantage évolutionniste certain à choisir un partenaire sexuel qui pratique davantage la coopération et l'altruisme plutôt que la compétition à outrance dans sa forme la plus agressive (pratique du rejet, violence réelle ou symbolique etc.)
A vrai dire, je n'ai même jamais fréquenté un seul séducteur couronné de succès qui se souciait d'avoir des rivaux potentiels dans un bar. Ce n'était pas leur vision du monde. En général, les séducteurs seront plutôt des mecs qui soit ignoreront soit deviendront potes avec les autres mecs du bar.
Exemple: Quand deux Américains sont venus draguer ma copine dans mon bar préféré par exemple, je les ai chacun complimenté sur un truc: la voix grave pour l'un, la ressemblance frappante avec Clint Eastwood pour l'autre. Surpris et flattés, ils m'ont remercié et ont entamé la conversation avec moi. J'ai indiqué à ma copine la présence d'une jolie brune à qui elle voulait parler un peu plus tôt dans la soirée et elle est allé lui parler. Une fois avec les deux zozos, je les ai présenté à deux copines et je suis retourné me commander un verre. Coopératif, cela ne veut pas dire soumis. Cela ne veut pas dire qu'on ne pose jamais ses limites. Et cela ne veut pas dire non plus qu'on doive abdiquer tout esprit critique. Dans l'exemple ci-dessus, j'ai au contraire étendu mon influence par la coopération. Les deux mecs étaient mis en confiance par les compliments et reconnaissants que je leur ai présenté des filles. L'un d'eux a fini la nuit avec une de mes potes. Celle-ci m'a remercié de lui avoir présenté un beau gosse. Ma copine s'est fait une nouvelle amie.
Maintenant, imaginez un scénario purement compétitif...
Quand on change de paradigme et ce n'est plus :
"moi contre le monde".
Et cela fait comme une grande bouffée d'air frais. Vous pouvez regarder tout le monde dans les yeux. Vous avez
10.000 fois plus de charisme que lorsque votre mode de représentation des interactions sociales étaient englué dans cet idée de compétition. Le problème pour beaucoup de personnes, hommes en particulier, c'est qu'en bon zombie décérébrés par un passage en Ecole de Commerce (ou d'ingénieurs, merci le système de prépa d'ailleurs) on imagine même pas qu'il y ait une alternative à la compétition.
"maaaais, c'est NORMAL la compétition. C'est BIEN la compétition."
Et quand on leur explique, ils mettent de l'eau dans leur vin:
"Oui mais, UN PEU de compétition, c'est bien."
Non, un peu c'est moins toxique que beaucoup. Mais est-ce que vous iriez boire
"un peu" d'eau de Javel sous prétexte que c'est moins dangereux que d'en boire beaucoup? Non. Bon, vous tenez la réponse.
La raison, disais-je pour laquelle il paraît si difficile à certains de nos contemporains de s'extirper de ce mode de pensée compétitive, c'est qu'il a été érigé en règle de fonctionnement de
notre système économique. Remarquez que j'ai souligné 'notre' car c'est un cas assez unique dans l'histoire des civilisations. Aucune autre société, présente ou passée n'a érigé l'accumulation matérielle et du progrès économique un principe fondamental. Dans d'autres cultures au contraire, le partage et le cadeau sont au coeur de l'organisation économique.
http://en.wikipedia.org/wiki/Potlatch
Enfin, le potlatch on leur a quand même bien interdit et de manière bien violente. Cela remettait trop en cause les fondements de notre système de laisser subsister de pareilles traditions.
Car il y a, au coeur de la doctrine capitaliste à laquelle nous nous referrons tous (et pas que pour des affaires strictement matérielles, économiques ou financières) une hypothèse à la fois caricaturale et fausse: celle de l'homo economicus. Selon cette hypothèse adoptée par les économistes classiques (Adam Smith et Ricardo entre autres) nous n'aurions de cesse que de maximiser rationnellement notre intérêt propre. Conceptuellement, cela a dû grandement leur simplifier la tâche. Seul problème: c'est faux (comme expliqué plus haut).
Je crois que c'est ce genre de croyance qu'il faudrait exploser au semtex pour avancer enfin dans sa vie amoureuse. Parce que trimer dans ses études et au boulot en s'imaginant que c'est une vaste compét' ou tous les coups sont permis, soit... Mais appliquer les mêmes recettes à notre vie amoureuse et sexuelle... Non merci. Personnellement je m'en suis bien abstenu et cela fait vraiment, vraiment une putain de différence.