Strange Days

Note : 7

le 13.02.2012 par Edvard Dolokhov

107 réponses / Dernière par Edvard Dolokhov le 21.06.2014, 13h32

La vie est faite de virages, d'obstacles à surmonter, d'audace, de surprises et de rencontres décisives. Racontez votre histoire, entrez dans la légende; partagez vos cheminements, vos interrogations, vos rencontres, vos aventures - foirées ou réussies, c'est pas le plus important - et recevez les avis et conseils des autres membres.
Tu gagnerais peut-être à travailler sur l'image que tu as de toi en premier lieu :wink:
Joyeux bordel, mais j'y travaille.
Cela peut te sembler chelou mais : tu t'en fous, qu'elles soient vraiment intéressées ou pas. Parfois, j'étais pas du tout intéressée, jusqu'à ce que le mec fourre sa langue dans ma bouche. Ca peut être le déclic dont une nana a besoin ; et si tu ne tentes rien, tu ne sauras jamais si ça aurait pu marcher.
Une nana qui passe la soirée avec toi, vient chez toi après... mec, dans sa tête elle est déjà d'accord. Je sais que ce n'est pas facile de faire le premier pas, mais une fois que c'est fait, en général tout roule.
Une table de ping pong dans ton appart .. putain je suis tellement jaloux.

C’est assez frustrant de te lire Edvard, on sent que tu as tous les ingrédients pour avoir un succès fou mais ça bloque encore.

Tu dis que tu as eu beaucoup d’échecs mais sincèrement on en lit pas beaucoup dans ton journal. Un des seuls que j’’ai en tête (si on peut appeler ça un échec) c’est la nuit avec Violette, quand elle était bourrée. Franchement c’est light.
Ça serait déjà moins frustrant pour toi (et pour nous :p) de te voir plus essayer de choses, quitte à te foirer.
Vois ça comme une manière ludique de level up et d’apprendre, plus que comme des échecs à proprement parler.


Sinon concernant la confiance en toi, c’est un peu un truc qu’on sort à tort et à travers mais moi je ne ressens pas trop ce problème chez toi. Tu as l’air de vraiment être un mec qui s’apprécie, qui intéresse les nanas, qui leur donne envie de passer du temps avec toi et d’aller plus loin. Pas de souci à ce niveau-là, t’es pas needy et t’es intéressant.
Par contre tu es clairement trop fataliste, tu baisses trop vite les bras, et tu n’as pas une vision toujours très objective de ce qui se joue devant toi (tu te descends souvent, tu te remets en cause, alors qu’il n’y a aucune raison). Le coup du rock avec Violette en est un parfait exemple.

En tout cas tu es quelqu’un de très attachant et tu as l’air un chic type. Tu me donnes envie de te bouger les fesses pour aller au charbon et de te donner des bouffées d’optimisme. Tu verras que la frustration que tu peux souvent ressentir partira trèèèèès très vite dès que tu auras eu le petit déclic qu’il te manque aujourd’hui.
Lux : en effet, ça me semble assez zarb, merci pour cette info ça me sera bien utile.

Cellar Door : merci merci, ouais comme je le disais je tente pas assez souvent, j'ai un peu une phobie du rejet, du coup je me lance que quand je suis à peu près certain, ça me fait probablement foirer des coups, t'as raison.
J'y travaille, j'espère mettre un peu moins de 20 ans pour y arriver :p.
« Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher. » C. B.

Le rosé a commencé à me monter à la tête après le cinquième verre. Ou le quatrième, peut-être, je ne sais plus. Mes camarades éclusaient un peu moins vite que moi, mais le breuvage ne les laissait pas indemnes non plus. Nous étions tous en costards, et j’étais de loin le mieux sapé de la bande. Je portais une veste en velours beige, un nœud pap’ bleu marine, en velours lui aussi, un gilet gris, une chemise à col blanc et fines rayures bleues, des boutons de manchette en forme de tête de mort, un pantalon bleu nuit et des bottines en daim noir. D’ici quelques heures, nous devions nous rendre dans un fort militaire désaffecté pour assister à un Gala. Entrée à 30 balles, 3 consos par tête. Ça fait pas lourd, c’est pourquoi nous avions prévu de picoler comme des Kosovars d’ici là. Il faisait particulièrement chaud, et je prenais l’air sur le balcon, en profitant pour reluquer les nanas arrivant au compte-goutte avec une bouteille à la main. Sarah portait une robe d’été avec des papillons imprimés et des ballerines bleu nuit, comme mon nœud pap. Elle est plutôt bien gaulée, avec un petit air à la Scarlett Johansson. Malheureusement, elle a eu la fantaisie de se foutre un anneau dans le nez. Mauvais point. Margot n’était pas mal non plus, dans sa robe violette avec une seule bretelle, mais celle-là je la laissais à mon coloc. En fait, je n’avais pas grand-chose à me mettre sous la dent pour le moment. Je me contentais de parler un peu à tout le monde, de mettre de la funk à pleines balles, et de boire avec assiduité.


Le niveau d’alcoolémie ambiant a commencé à grimper pépère au fur et à mesure que les bouteilles se vidaient. Je me suis enfermé dans la salle de bain pour fumer un buzz en compagnie de Jean-Mouloud, un pote arabe. Il portait une chemise et un gilet noir, une cravate rouge vif, un perfecto défoncé et des épaules de Grand Maréchal. Le diable en personne. J’ai pris soin de pisser copieusement dans la douche au passage. On sait jamais. Vers 23h, j’ai retrouvé mon coloc complètement pété dans le salon. Il tenait à peine debout et marmonnait des trucs inaudibles. J’ai passé 20 minutes à le convaincre de se mettre en route pour la véritable sauterie. J’étais relativement impatient, suffisamment attaqué pour me sentir apte à affronter une foule d’inconnus en costard. Surtout, ma queue commençait à me travailler, et Emeline m’avait certifié qu’elle serait présente. Je n’ai quasiment aucun souvenir du voyage aller, hormis quelques bribes virevoltant dans les limbes de ma mémoire. Je me revois très vaguement en train de hurler des obscénités en compagnie de mon coloc et de Jean-Mouloud sous l’œil interrogateur des passants. Mais tout semble noyé dans un nuage de brume opaque.


Je suis tombé sur Emeline un peu par hasard. Elle était ravissante dans sa robe de Gala, même si sa mèche partait un peu en couille. J’ai tenté à maintes reprises de lui arranger ça mais elle n’aimait pas trop que je la touche. Pas de ma faute. Une phobie des contacts physiques. Soit. Elle ne voulait pas que je m’assois trop près d’elle, non plus, mais je devais probablement être un peu lubrique. Distance minimale de sécurité. Nous avons parlé un petit moment. Sans pouvoir établir un fil linéaire et rationnel de nos échanges verbaux, je suis capable de me remémorer quelques grands moments. Des phrases à elle, notamment. « Tu as un charme fou, surtout quand tu fais ce regard-là. » suivi un peu plus tard d’un « T’es un peu un connard aigri malgré tout ». J’ai dû déconner sévère entre les deux. J’ai tenté de la convaincre d’aller à l’encontre de ses instincts conjugaux pour se vautrer dans le stupre et la luxure en ma compagnie, laissant son encombrant ami sur le bord de la route. J’ai eu une tirade relativement inspirée à l’encontre de la monogamie. Mais ça n’a pas trop marché. Il faut dire que la raison n’a que peu d’emprise sur le cœur des femmes. Elle connaissait un monde fou, et nous étions régulièrement interrompus par l’un ou l’autre de ses potes ronds comme des queues de pelle qui venaient me priver un moment de son attention. Frustrant. J’ai fini par la perdre. J’ai dansé un rock avec Sarah, puis avec Myriam, une petite arabe d’un mètre cinquante, que j’ai fini par emballer après une passe particulièrement inspirée. Elle a attendu que je passe ma main sous sa robe pour remonter jusqu’à ses seins et les caresser sous son soutif pour m’annoncer solennellement qu’elle avait un copain. C’est con pour lui. Elle est partie avant la fin en m’annonçant qu’elle tenait à me faire mijoter un peu. Je lui ai dit que c’était une belle connerie. Je ne sais plus ce qu’elle a répondu. Je suis redescendu avec la sécu. Des types plutôt sympas. Mon coloc, de son côté, a somptueusement cocufié sa nana avec une meuf en couple. Bordel, Emeline, pourquoi tu suis pas leur exemple ?


Le lendemain, j’avais un mal de crâne atroce, un déficit sur mon compte courant et du vin rouge sur ma veste en velours. Il pleuvait des cordes dehors. Température ambiante : 7 degrés.
Ma dernière semaine en province fût ponctuée de cuites mémorables, de rendez-vous foireux et de délires incompréhensibles émanant d’esprits dérangés mis en relation cosmique par le pouvoir de la boisson et de substances aux propriétés psychotropes ingurgitées volontairement.
Je devais voir Violette en début de semaine (non, ne riez pas). On était censé prendre un verre en ville puis dîner chez moi. J’avais prévu de lui faire une poêlée de légumes assortie de viande rouge soigneusement sélectionnée, le tout arrosé de Chianti et de rosé haut de gamme, puis de la culbuter sauvagement sur mon canap. Malheureusement, cette garce a décidé au dernier moment que je ne méritais décemment pas qu’elle m’accorde une soirée complète sur son précieux temps libre, et ce plan alléchant sur le papier s’est mué en un échange d’une heure autour d’un cocktail à base de rhum dans un bar communiste. Une foule d’émotions se tiraient la bourre à l’intérieur de mon crâne, juste avant de m’y rendre. J’étais relativement désappointé à l’idée de la voir pour la dernière fois, mais le fait qu’elle n’en ait visiblement rien à foutre m’interdisait de fantasmer cet instant en une scène d’adieux déchirants. J’aurais voulu n’en avoir rien à cirer non plus et expédier la chose comme la pire des banalités, voir même ne pas m’y rendre. Mais j’en étais foutrement incapable. Cette dernière rencontre fut donc assez étrange. Sitôt en sa présence, je ne pensais plus à rien et prit même plaisir à sa compagnie. Elle était souriante, sympa, et même un peu volage. Ma jambe touchait la sienne. Nos pupilles jouaient au chat et à la souris. Incongru. Ça ressemblait plus à un premier rendez-vous qu’à une scène d’adieux. Une vraie bouffeuse d’hommes qui s’ignore, la bourgeoise. Elle s’est barrée au bout d’une heure et demi pour rejoindre un type de l’ump. Je l’ai raccompagnée. Je voulais lui dire qu’elle allait me manquer, mais je ne l’ai pas fait. Tant mieux. Elle m’a fait une bise appuyée, m’a souri, s’est retournée. J’ai maté son cul à l’étroit dans son pantalon moulant pendant qu’elle s’éloignait. Puis elle disparut derrière un groupe de personnes, et ce fut tout.


Cette relation me laisse un goût étrange, quelque part entre l’échec, le gâchis et l’enchantement. Comme lorsque l’on s’éveille au milieu de la nuit, après un rêve particulièrement bandant, et qu’on réalise que ce n’était que notre inconscient qui nous jouait un tour. J’aurais pu la baiser, je crois, mais je ne le saurai jamais. Peu importe. Vous trouverez sans doute que je lui accorde bien trop d’importance. J’ai tendance à m’attacher rapidement à n’importe qui. C’est l’émotivité qui veut ça. J’aime toujours mon prochain beaucoup plus qu’il ne m‘aime, lui. C’est probablement le cas de tous les Alceste.


Juste après, j’ai rejoint Myriam. Elle, je n’ai pas eu à la supplier pendant des semaine. C’est elle qui a demandé à me voir, un peu plus tôt dans la journée. Elle tenait probablement à clarifier les choses suite aux évènements du Gala. Il faut dire qu’elle ne boit jamais, ne se drogue pas, et était donc en parfaite possession de ses capacités physiques et mentales au moment des faits. Et que cet enflure de Jean-Mouloud nous avait filmé en pleine action et avait diffusé la séquence à toute la promo. Nous avons parlé un moment. Elle m’a dit qu’elle me sentait un peu indécis. Je lui ai dit que c’était toujours le cas. C’était aussi le cas pour elle. Comme je ne devais pas la revoir avant septembre prochain, je lui ai donné rendez-vous dans quelques mois. Dont acte. Je ne suis pas sûr qu’elle me plaise vraiment. Un peu trop sage pour moi. J’aime les salopes, les flinguées, les accidentées de la vie, les écorchées-vives. Oui, Eddy est auto-destructeur.
J’ai dit adieu à beaucoup de personnes, ces derniers temps. Après Violette, j’ai aussi revu Emeline, probablement pour la dernière fois. Elle m’assure qu’on se reverra sur Paris à l’occaz, mais j’y crois pas trop. J’ai dit un peu plus haut que je m’attachais très vite. C’est vrai. D’un autre côté, je conserve une certaine lucidité. Avant une séparation, beaucoup se promettent de se revoir le plus vite possible. Ce n’est pas mon cas. D’expérience, je sais que la géographie éloigne, surtout lorsqu’on n’est pas du même sexe. Je ne compte plus les nanas qui ont versé des larmes en m’assurant qu’on se reverrait dès que possible et qui avaient toujours mieux à foutre ensuite. Peut-être qu’elle est différente. J’en sais rien. Dans tous les cas, j’en trouverais d’autres. Elles n’écriront peut-être pas dans Le Monde, mais bon.


Là aussi, il était prévu que l’on dîne chez moi après un verre en ville. J’avais prévu des nouilles au poulet, au gingembre et à la sauce aux huitres, avec du rosé, bien sûr. Que des trucs aphrodisiaques. Mais l’existence se conformant souvent à l’inextricable loi de l’éternel retour nietzschéen, le dîner aux chandelles s’est là encore mué en un échange d’une heure autour d’un verre. Je m’étais mis une tôle la veille, j’avais fumé 20 minutes avant et j’ai commandé une pinte, je n’étais donc pas tout à fait dans mon état normal. Je me sentais particulièrement lubrique et mon sur-moi s’était fait la malle. Je balançais un peu tout ce qui me passait par la tête. Ça l’a fait rire, beaucoup. Choquée, aussi. Un peu. Elle avait un cheveu blanc au milieu de sa crinière brune. C’est la chose la plus craquante que j’ai vu de la semaine, avec Violette qui se massait la jambe et le pied pendant une conférence tenue par un fervent défenseur du journalisme Gonzo, à la fac. Je ne sais pas trop quoi penser d’Emeline. Si j’avais eu un peu plus de temps et un je-ne-sais-quoi en réserve, je l’aurais sûrement culbuté. Même si ce n’est pas cela qui m’intéressait le plus. Elle a un côté fascinant, artistique. Partager un petit bout de sa vie doit être une sacrée expérience. Son mec a bien de la chance. J’espère qu’il est à la hauteur.


Pas d’adieux déchirants cette fois non plus. Juste un sourire, un geste hésitant, son parfum flottant encore un instant dans l’air après son départ.


Chaque fois qu’un monde prend fin, je me sens terriblement nostalgique. Avec lui, c’est tout une foule de visages, de rires, de cris, de corps qui disparaissent et ne subsisteront plus que dans ma tête, et dans ce que je coucherai sur papier. Comme toujours, j’ai le sentiment que je me suis foiré un bon paquet de fois, que j’aurais pu en faire bien davantage, que tous ces instants électriques ne revivront jamais plus. Je me souviens du tout premier verre que nous avons pris ensemble, cette année, avec mes nouveaux collègues. C’est là que j’ai vu Violette pour la première fois. Elle revenait d’Afrique, elle était bronzée, sacrément bandante. J’ai mis un peu de temps avant de remarquer qu’elle avait un cul énorme dans son jean écorché. Elle m’a taxé des gitanes et a fini complètement torchée. J’ai aussi rencontré Emmanuelle ce soir-là, je ne sais plus trop ce qu’on s’est dit, mais j’ai tout de suite remarqué son air aguicheur. Depuis ces premiers instants, j’ai volé d’une cuite à l’autre, écrit un peu tout et n’importe quoi, fourré ma langue un peu n’importe où, baisé quelques fois, pas toujours celles que je voulais au départ. Tout s’est passé en un clin d’œil. Le temps est une notion fascinante. On a beau le quantifier, sa perception nous échappe totalement, et des années peuvent paraitre des heures, un instant sembler figer dans l’éternité.


J’ai beaucoup appris. Je suis toujours déçu, même si j’encaisse mieux qu’avant. La faute à des talents trop faibles, un principe de désir trop grand, un principe de réalité inexistant. Peu importe. Je ne baise pas celles qui me font vraiment décoller, mais j’ai appris à vivre sans. Ça ne veut pas dire que j’y renonce. Je ne renonce jamais vraiment. Mais l’existence peut être supportable, même sans cela. Parfois, sans que l’on sache trop pourquoi, on est touché par un de ces instants magiques, ineffables et indescriptibles, qui vous font accéder à une délicieuse altérité, et procurent cette fameuse chaleur dans le bas ventre. C’est avant tout pour eux que je vis. Pour quelques mots susurrés au petit matin, un mordillement de l’oreille, une fille qui s’endort dans vos bras, emmitouflée dans vos vêtements, une danse endiablée, à deux, sur un vieux rock démodé, un battement de cil et une moue amusée, un café au soleil en compagnie d’une nymphe. Pour un massage de Valentine après une baise enivrée, Violette qui danse dans sa robe à fleurs, Myriam qui me susurre une chanson dans le creux de l’oreille, Emeline collée tout contre moi dans le clair de lune.


E. Dolokhov
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] A lire le 02.05.13, 01h35 par Mr.Smooth
J’veux des plans sur la commode
J’veux Tellier sur mon Ipod
J’veux l’amex black de ta mère
J’veux la voiture de ton père

J’veux pas de noyau dans ma cerise
J’veux que tu redresses la tour de Pise
Je veux jouir dans une 2 chevaux
Et je vais le faire derrière ton dos.


- Baby baby baby

Si par hasard l’envie vous prend de vous enivrer dans la capitale, faites donc un crochet par la rue Mouffetard, entre 18 et 22h. Cherchez l’enseigne clinquante du « Cap rouge ». Installez-vous sur l’un des nombreux fauteuils écarlates digne d’un bordel des années 30. Troquez ensuite trois euros contre une pinte. Puis cinq contre un cocktail, un Bloody Mary, de préférence. Répétez l’opération autant de fois que nécessaire.


En dépit de la météo capricieuse et du désistement tardif de plusieurs de nos compatriotes, c’est à ce petit jeu que mon ami Léonard et moi-même avons décidé de nous prêter vendredi dernier. Léonard est un camarade de longue date. Il a un physique avenant, mange n’importe quoi et passe le plus clair de se temps à ingérer des drogues en tous genres. Il m’inquiète un peu. Je m’inquiète aussi, parfois. Nous avons commencé à descendre tranquillement quelques binouzes, des tubes NRJ à pleine balle dans les oreilles. Tant pis. En sortant fumer une gitane, je me suis fait alpaguer par un noir à casquette qui était en quête d’un peu de tabac pour rouler un joint. M’efforçant autant que possible d’aider mon prochain dans la plus pure tradition chrétienne, je lui ai donné satisfaction. Il m’a remercié à plusieurs reprises, m’a dit s’appeler Brahim et m’a promis de revenir me faire profiter de son herbe chamanique. Je n’y croyais pas trop.


Pourtant, 20 minutes plus tard, alors que je me trouvais de nouveau au fond du bar en train d’écluser de la blonde en compagnie de Léonard, j’aperçus le dénommé Brahim me faire de grands signes depuis la rue. Il était avec un pote à lui, qui m’a aussitôt dit s’appeler Brahim, lui aussi. Il était un peu moins grand, portait une casquette et la barbe. Une sorte de jumeau démoniaque. Ils fumaient chacun un énorme pétard. J’ai tiré dessus à plusieurs reprises. Sur ce coup-là, ils ne s’étaient pas foutus de ma gueule : leur truc m’a envoyé sur orbite avant que je n’ai le temps de comprendre quoi que ce soit. J’ai commencé à leur raconter un peu tout et n’importe quoi : mon voyage à Amsterdam l’an passé, la difficulté pour s’approvisionner en herbe correcte à Grenoble, l’hégémonie du sexe féminin, la dichotomie du bien et du mal, les champis, Mahomet, la supériorité des bretelles sur la ceinture. A ce moment-là, trois copines à moi ont rappliqué. Elles avaient une grosse demi-heure de retard, des visages plus que charmants et des fringues de parisienne. J’ai fait fumer l’une d’entre elles qui s’est rapidement retrouvé dans un état similaire au mien. Nous avons recommandé à boire. Deux autres compagnons nous ont rejoints.


Léonard, qui m’avait confié vouloir arrêter la came en début de soirée, a commencé à se mettre dans tous ses états parce qu’il n’arrivait pas à joindre son dealer. Il a fini par réussir à l’appeler avec mon portable et s’est tiré à Châtelet pour choper de la D. J’étais de plus en plus pété et je balançais des conneries à tout le monde, ponctuées de grands éclats de rire. A un moment, deux des meufs sont parties bouffer, un de mes potes est parti retrouver d’autres compères et les autres sont sortis fumer. Je me suis donc retrouvé seul à la table en compagnie de mes pensées et d’une quantité impressionnantes de pintes encore à moitié pleines. J’ai passé un temps indéterminé à piocher dedans un peu au hasard tout en m’interrogeant sur le sens de la vie pour 9 dollars 99, l’amour physique et sans issue, et sur le diamètre adéquat des joints d’étanchéité pour conduit d’évacuation de climatiseur de morgue.


Sarah, une amie de Grenoble qui était de passage à Paris pour le week-end, m’a proposé de la rejoindre. Elle était dans l’appart de sa sœur en compagnie d’une copine. J’ai hésité un moment. Les meufs sont revenues, ont vu que le niveau de leurs verres avaient sacrément descendu et ont commencé à pousser une gueulante. Comme j’avais fini le mien et que Sarah insistait pour que je vienne, j’ai mis les voiles. Je suis arrivé sur les coups de minuit, après un détour chez l’arabe du coin pour acheter deux bouteilles de rouge bas de gamme. Sarah a un visage magnifique, malgré son piercing dans le pif. Mais sa pote, Caroline, était encore plus bandante. Une petite garce de bonne famille aux yeux noirs où défilent des pulsions défendues, des trains grande vitesse en route pour l’orgasme, des rêves érotiques qu’on voudrait sans fin. Un sourire coquin et railleur, une bouche qui semblait dire : « T’es bien mignon mon coco, mais tu me sauteras que quand je l’aurais décidé, et j’ai l’intention de te torturer un petit moment… ».
Elles fumaient toutes les deux comme des pompiers et ont flingué mon paquet de Gitanes en moins d’une heure. Le rouge s’est également mis à couler à flot alors que nous nous prêtions au jeu idéal pour parler de cul sans interruption : le célèbre « Je n’ai jamais ». J’ai ainsi appris qu’elles tenaient toutes les deux à se taper une autre représentante du beau sexe. J’ai fantasmé un moment sur l’éventualité d’un plan à trois.


Léonard nous a rejoints peu de temps après, armé de deux buvards de LSD et de dix paras de md. Les filles ont tapé dans ceux-ci pendant que nous nous partagions l’acide. Je suis descendu racheter des clopes avec Caroline. Je lui ai dit que j’adorais son parfum. Elle m’a remercié. Elle a galéré pour remonter les quatre étages. Je me suis foutu gentiment de sa gueule.


Comme au bout d’une heure Léonard et moi ne ressentions absolument rien, nous nous sommes rabattus sur les paras restants. Les nanas ont commencé à décoller au moment où j’ai avalé le premier. Vingt minutes plus tard, Léonard les a rejoints dans les hautes sphères du plaisir narcotique tandis que je demeurais désespérément cloué au sol, correctement beurré mais pas camé pour un sous. J’ai pris un deuxième para, puis un troisième. Les effets se sont fait ressentir à ce moment-là. La sensation est assez difficile à décrire. C’est comme si d’un seul coup une énorme décharge de plaisir brut et hors-taxes vous envahissait. Une sensation de bonheur instantané vous pénètre, vos émotions sont décuplées, vous vous sentez euphorique, vous pénétrez dans la stratosphère avec un pétard géant accroché dans le dos. La musique animait mon corps comme une marionnette. J’avais envie de toucher un peu tout et n’importe quoi, mais surtout Caroline. J’ai commencé à mettre des morceaux à la limite de l’obscène. Doucement, je lui susurrais les paroles dans le creux de l’oreille, lui caressant le corps de ma main gauche, jouant avec son bras de la droite, et embrassant régulièrement sa main et ses cheveux. Son regard devenait obsédant. Sombre et provocant. J’ai rarement autant apprécié une danse. C’était tribal, chamanique et très doux en même temps.


La md vous fait aussi aimer tout le monde. Moi qui suis déjà un bisounours ultra-sensible d’ordinaire, je me suis transformé en une mitrailleuse crachant des rafales de tendresse, 1m90 et des poussières de sérotonines et d’endorphines. J’ai dit à Sarah qu’elle était magnifique et que si son mec avait été rayé de l’équation j’aurais passé l’année à la harceler. Elle me répétait qu’elle était folle de joie que je sois là, cette nuit, dans cet appart où le vice régnait en maître, où l’air devenait bleu électrique. Je l’ai serrée contre moi un moment, et je l’ai embrassée. Gentiment. Plusieurs fois. Sans trop mettre la langue. Son mec est un type sympa. Je ne pouvais pas en faire plus.


Caroline a mis une parfaite musique de chagasse parisienne et a commencé à se trémousser dessus comme une bacchante. J’avais envie d’elle. J’ai recommencé mon cirque avec son bras, mes lèvres et ma main droite. Puis j’ai recommencé, sur ces lèvres cette fois.


Les heures se sont écoulées comme des secondes, moi enchainant les pistes, dansant avec Caro, la tripotant raisonnablement ; Sarah chantant en me regardant avec tendresse ; Léonard prostré sur sa chaise avec un sourire béat en travers du visage ; Caroline et ses yeux en trou noir. Un vortex irrésistible avait envahi le milieu de la pièce, nous ballotant dans tous les sens, nous faisant perdre la notion du temps et des choses, fusionnant âmes et corps dans un interminable ballet psychédélique. La meuf de Léo nous a rejoints avec le premier métro. Nous avons fumé un pétard, puis ils sont partis et je suis resté seul avec Caroline et Sarah. Nous avons maté des photos sur son ordi. Sur certains clichés, on les voyait toutes les deux à poil dans une baignoire. C’était troublant. On aurait dit des clichés pris après l’acte. Dehors, le jour a commencé à se lever. Nous n’avions pas vu le temps passer. Nous avons patienté jusqu’à 9H. Ouverture du franprix et des buralistes. Les filles voulaient sortir racheter des clopes et à boire. Je suis sorti de l’immeuble avec mon cuir et mes solaires, le vent fouettant doucement mon visage, et une nana à chaque bras. La lumière matinale inondait la rue. Nous étions tous encore passablement pétés, les filles portaient elles aussi des lunettes de soleil. L’atmosphère était étrange. Irréelle. Nous avions l’air d’un mac et de deux pin-up camés en pleine virée orgiaque. Je me souviens m’être dit que quoi qu’il m’arrive, qu’aussi bas que je puisse tomber à l’avenir, il me resterait toujours ce moment. Qu’Eddie finisse clochard à New-York, mendiant dans l’Altaï, prisonnier politique en Iran ou simplement loser sans couleurs en banlieue parisienne, il n’oubliera jamais ce 11 mai 2012, ce cliché de lui-même avec un sourire d’extase, les yeux fatigués derrière ses lunettes noires, avec deux créatures de rêve à ses côtés.


Je continuais à faire des câlins à Caroline, mais elle ne voulait plus que je l’embrasse. La fidélité conjugale, peut-être. Ou pire. Elle avait des taches de rousseur. Je trouvais ça mignon. Nous avons racheté deux bouteilles de rouge et une de Lambosco, puis nous sommes remontés. J’ai commencé à siroter un peu de vin mais les nanas se sont rapidement effondrées dans le pieu de Sarah. Je ne bois jamais tout seul, alors j’ai suivi leur exemple. Il était 10h du mat’. J’ai somnolé environ 3h, puis Caroline est partie. J’ignore si je la reverrai un jour. Je l’espère. Je le crains.
Sarah a fait des crêpes au sarrasin, puis nous avons maté des conneries sur internet, allongés dans son lit. Je lui ai demandé si elle avait déjà couché avec Caroline. Négatif. Nous avons parlé un moment. Puis j’ai pris une douche dans sa baignoire-sabot, je me suis rhabillé, lui ai dit au-revoir, et je suis parti.


Il faisait toujours beau. Je me sentais encore un peu bizarre. Elle habitait à deux pas de la tour Montparnasse. J’ai décidé d’aller à pied jusqu’aux jardins du Luxembourg et de prendre le RER là-bas. J’étais quelque part dans les limbes, entre euphorie et mélancolie. Le Grand Soir, c’était hier. Caroline défilait en permanence dans ma boîte crânienne. Ses yeux maquillés, fondus au noir, sa voix un peu rauque enchainant les couplets érotiques, mes mains sur son corps, ses bras et son visage. Une succube venue de nulle part pour hanter éternellement mes nuits. Elle est passée comme une étoile filante. Encore une. Les nymphes défilent beaucoup trop vite dans ma vie, laissant chaque fois un peu d’extase, de contemplation, de regrets et de nostalgie.


Je passe mes dernières heures dans la capitale. Demain je prendrai le train pour Berlin. Je sais exactement comment cela se passera. Je mettrai mon sac dans le porte bagage, je m’assiérai côté fenêtre, et, au moment du départ, je les imaginerai toutes, les unes après les autres, me faisant un petit signe de la main sur le bord du quai, m’envoyant des baisers avec la bouche, le regard dans le vague, un peu triste. Et moi, je voudrai leur répondre, mais il n’y aura personne. Une vieille ou un couple de quadras disant au-revoir à leur gosse, peut-être. Mais pas de carrosse blanc ni de nymphe aux yeux envoûtants devant ma porte.

E. Dolokhov
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] Like ! le 12.05.13, 16h39 par Loyd
  • [0] A lire le 12.05.13, 16h55 par Mr.Smooth
  • [0] Sympa :) le 12.05.13, 17h31 par Snow
  • [0] Sympa :) le 16.05.13, 01h45 par Jay Anderson
Bon on te l'a déjà dit mais je vais te le redire, tu as une très belle plume ! Ca donne envie de faire des soirées avec toi, de côtoyer les filles de chez toi qui ont l'air euh comment dire ... sympathiques ! :blbl:

Voilà pour les compliments, ça c'est fait.

Sinon si je peux me permettre de te donner un conseil ce serait d'insister un peu plus en soirée avec les filles. Il te manque pas grand chose à chaque fois pour arriver à tes fins (et franchement dans la majorité des cas c'était gagné).

On a l'impression en te lisant que sur le coup tu es satisfait d'avoir eu l'attention que tu recherchais, que tu as la confirmation que tu plais à la fille. Mais tu ne tentes pas assez quand elle te plait vraiment. Et après tu regrettes et tu y penses encore et encore et ça te tourmente.

Même si tu prends un mini vent qu'est ce que ça peut faire ? Tu es dans l'ambiance, tu passes une bonne soirée, la fille aussi, le mieux que tu ai à faire selon moi c'est de retenter et de persévérer un peu plus. Si tu l'as embrassé soit plus insistant, les filles adorent qu'on prenne les choses en main (consciemment ou non). Et par pitié la prochaine fois que tu es dans un lit avec une nana, lance toi ! Parce qu'il n'y a rien de plus frustrant que de dormir sans rien faire avec une fille. Au pire elle te dira non et le résultat sera le même, mais tu auras tenté ! (Bon je pense que tu as déjà tiré les enseignements de ces erreurs mais il fallait que ça sorte ^^).

Ton histoire avec je ne sais plus qui ou tu lui fais des massages, que tu la caresse etc et ou tu attends qu'elle se manifeste en retour m'a interpellé. J'ai été dans un cas similaire avec une fille qui avait pourtant un mec depuis 3 ans (même si ça allait plus) et j'ai eu beaucoup de mal à me lancer (je faisais même pas de caresses ni rien moi) car je me disais qu'elle avait un mec etc et puis car elle ne semblait pas prête à passer à l'étape supérieure.
Mais bon j'ai porté mes couilles comme on dit, je l'ai finalement embrassé en me disant "oh et puis merde qu'est ce que je risque ?" et ça a payé.
Chaque situation est différente forcément, mais je pense qu'on peut être quand même d'accord pour dire que lorsque tu te retrouves à dormir avec une fille c'est qu'il y a forcément moyen.

Bref j'ai hâte de lire la suite de tes aventures et réflexions :wink:
Merci l'ami.
Pour ton conseil, je sais, je suis pas assez insistant et je me débine trop vite, j'ai longtemps crû qu'au premier refus c'était mort. Mais j'essaie vraiment de bosser là-dessus et les dernières fois j'ai toujours tenté un truc. ça n'a pas marché à chaque fois mais au moins j'ai tenté.

Pour la nana que j'ai ramené dans mon lit et que je n'ai pas baisée (enfin les nanas, puisque c'est arrivé deux fois) le principal souci est qu'elles étaient ivres mortes. Je ne regrette pas de ne pas les avoir baisé sur le coup, si c'était à refaire je le referai. Ce que je regrette c'est qu'ensuite ça n'ait mené à rien (échec en tentant de les emballer plus tard etc).

Hum pour ton dernier paragraphe je ne vois pas exactement à qui tu fais référence, je n'ai pas le souvenir d'avoir câliné une nana sans rien faire ensuite, en revanche ça m'est arrivé plusieurs fois que la meuf se laisse tripoter dans tous les sens mais qu'elle refuse que je l'embrasse. C'est horriblement frustrant, ça me donne l'impression d'être une pute ou un jouet sexuel.

Merci pour tes encouragements en tout cas ;).
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] De rien le 17.05.13, 10h21 par Jay Anderson
Répondre