Syndrome d'Asperger, faut-il en parler ?

Le Syndrome d'Asperger n'ayant été reconnu comme une maladie qu'assez récemment, au début des années 90, y'a une quantité non négligeable de psys qui n'ont pas vraiment été formé à le diagnostiquer correctement, d'autant plus que les premiers protocoles de dépistages généraient pas mal de faux positifs.

Je t'invite moi aussi, donc, à contacter un spécialiste pour établir un diagnostique selon le protocole plus mature d'aujourd'hui.

S'il est confirmé, et si il est assez présent (tous les Aspergers ne sont pas touchés autant, selon la façon dont leur cerveau s'y est plus ou moins bien adapté) tu peux parfaitement en faire part ton entourage pour expliquer (et non "excuser") dans certaines situations l'incompréhension ou l'attitude surprenante telles qu'elles ont été perçu par les autres.

Si maintenant l'idée c'est d'attirer l'attention sur toi, alors là je déconseille fortement. D'abord parce que si souffrir d'un trouble du développement permettait de chopper plus ou plus facilement, cela se saurait depuis longtemps ;-) et surtout parce cela peu être pris - exactement comme ici - avec scepticisme et donc pour au mieux de l'hypocondrie, au pire pour un problème d'égo. Quand bien même le syndrome est réel.
Et puis aussi parce que je ne suis pas sûr qu'une Lizbeth Salander version mec fasse fantasmer les nanas...

La Patate a écrit : C'est pour ça que c'est plutôt compliqué de répondre à ce sujet. Face à une maladie comme ça, oui en effet je mesure peut être mal mes propos. C'est pourquoi j'insiste sur le fait de revoir un médecin. Je ne sais pas comment cette maladie "évolue" ou si elle disparaît, mais si comme tu l'as dis c'est passager, il est possible que Animale reste avec cette image en tête de la personne malade. Alors que ça se trouve il ne l'est pas autant qu'il le pense. Cependant si les nouvelles ne sont pas les meilleures, je pense qu'il faudrait justement plutôt en parler au médecin. Je ne crois pas que le forum soit assez armé pour guider une personne avec une maladie dans ses relations.Je suis désolé animale, ne le prends pas comme une attaque, ou critique, ou étiquette de personne malade. Je ne sais pas comment faire assez clair pour m'expliquer sans sortir des grands mots.

Weeler a écrit :Ne fais pas ça pour t'attirer la sympathie des gens, ça serait contreproductif, mais pour que la communication passe mieux.
Parfaitement d'accord!

Comme c'est une maladie neurologique et génétique, elle ne se guérit pas telle qu'elle, en général le médecin prescrit des anxiolytiques pour rendre ce genre de patients plus calmes et apaisés. Les symptômes en tant que tels ne disparaissent pas réellement mais ils peuvent être masqués avec l'habitude et les années.
Mais passé un certain âge, ce genre de traitement a plutôt tendance à inhiber qu'à apaiser. C'est mon ressenti. Depuis un mois je fais une pause dans mon traitement, et je pensais être plus énervé que ça. Il n'en a rien été. Au contraire une forme de désir d'aller voir les autres pour ce qu'ils sont réellement m'anime !

Le psy(chiatre) qui me suit estime que j'ai dépassé la plupart des problèmes que j'avais avant, dans le sens où j'ai pris conscience de ce qui n'allait pas. Après comme toujours, ce qui me reste à travailler, c'est la façon dont j'y réagis. Ce psy connaît le syndrome dont je suis atteint même si on n'en parle jamais ouvertement. Je lui ai parlé dernièrement de mes rapports avec les femmes, il m'a conseillé de me dévoiler, de plus extérioriser ce que je ressens quand il y a déjà une connexion, sans trop en faire.

Bref, m'ouvrir aux autres et sortir de ma coquille, sans donner l'impression que je suis une menace.

Topic intéressant. J'ai peu d'idées qui me viennent en tête comme ça, mais je peux te donner l'une ou l'autre piste, que j'ai "découvertes" de par mon expérience de vie de personne à la base pas à l'aise socialement et/ou ne sachant pas toujours adopter la bonne posture (mais je fais des efforts et ai fait des progrès notables

) et le fait que j'ai un bon pote asperger... qui ne se rend pas forcément compte quand il fait un truc 100% WTF au point de pouvoir inquiéter qui ne sait pas qu'il est asperger.

1) Je te conseille déjà d'agir avec un certain pragmatisme (en fait, tous mes conseils suivent celui-là), en ce sens que la situation est telle qu'elle est, et que rester dans son coin à se poser des questions ne va pas te faire avancer : ose te lancer... quitte à te planter, ça arrive.

2) Si ce n'est déjà fait, trouve-toi un pote qui pourrait te servir de "guide social" avec qui t'es en confiance et qui te considère comme un pote avant de voir tes défauts, qui puisse t'indiquer quelle attitude adopter (ou pas) dans telle ou telle situation donnée. C'est ce qu'un pote a fait avec moi un bout de temps et que je fais quand j'en ai l'occasion avec mon pote aspie

3) Un autre truc, n'hésite pas à lire, te documenter sur tout et n'importe quoi. Absolument tout et n'importe quoi, et pas te limiter à des trucs ultra-méga-précis connus de peu. Je vais sans doute le faire cracher dessus, je peux te conseiller trois lectures : Madmoizelle, GQ et The Good Life, ça te permettra de t'ouvrir à des tas de trucs, certes un peu mainstream/bobo/je-ne-sais-quoi, mais potentiellement mieux connus de tous.

4) N'aie pas peur de paraître ridicule ou de pouvoir être pénible sans t'n rendre compte : même les individus les plus extravertis et les plus sociables ont eu des moments de solitude où ils ne savaient pas où se mettre. Si tu n'en fais pas un drame tu n'auras que les plus relous qui se braqueront là dessus. maintenant, tire quand-même els enseignements nécessaires que tu peux extraire de ces situations

5) Aussi, bosse la première impression : comment te saper, bien te coiffer, prendre soin de toi, te brosser les dents, blah blah blah... je crois que tu vois la chanson

Ça va ENORMEMENT t'aider (si ce n'est déjà le cas) pour établir un bon premier contact. Du moins ça passe mieux que le gars qui EN PLUS d'être socialement gaffeur ne donne pas envie a priori de lui causer ou d'être près de lui.

6) Là c'est un conseil plus vécu, n'hésite pas à demander à tes bons potes s'il y a des choses qui peuvent gêner dans ton attitude, pour une simple raison : un pote n'aime pas forcément faire de la peine à un autre pote et n'osera du coup pas tout dire s'il y a des trucs "dérangeants" chez toi.

3615 mylife a écrit :Un exemple tout chaud j'ai appris il y a deux semaines environ que ma voix n'est pas agréable à entendre, limite un peu pénible. Pas que j'articule mal (au contraire, 'parait que j'articule bien), mais je n'ai manifestement aucune tonalité et ai une voix monocorde, qui ne sonne pas "juste" et pour tout dire, pénible à écouter sur le long terme. Il a fallu que j'aille trouver mes potes et leur demander sincèrement ce qu'il en était et es langues se sont déliées. S'ils ne voulaient sans doute pas me blesser, j'aurais sans doute apprécié avoir connaissance de ce genre d'infos plus tôt. Donc, au moindre truc sur un doute, je te dirais n'hésite pas à demander Et pour la petite histoire, j'ai pris rendez-vous chez une pote logopède, histoire de régler ce problème

7) Enfin, un bon moyen d'apprendre à avoir des conversations normales et détendues, c'est Omegle, rien qu'avec le chat sans caméra : les nexts sont rapides, ça va devoir t'apprendre à affiner ta répartie et à t'adapter

Si t'as une question, hésite pas; et si d'autres trouvent que j'ai oublié de dire un truc ou que j'ai dit une connerie monumentale (ce qui est tout à fait possible, note

), qu'ils n'hésitnt (justement !) pas à le dire

!

Ahh Omegle, ça a l'air pas mal et efficace ce truc ! J'ai commencé à essayer.

Par contre c'est chaud, je dépasse jamais les 4 répliques X) quand c'est une personne qui me parle. Et quand c'est moi qui engage la conversation j'ai pas de réponse X)

EDIT : premier vrai échange assez long. C'était une fille, plus jeune que moi.
En gros on a fait connaissance et tout, elle m'a demandé si j'avais snapchat ou Facebook. Je lui ai dit que oui, on s'est donnés nos Facebook sans s'ajouter, car je lui ai dit que j'ajoutais rarement des personnes que je ne connais pas physiquement, mais que dans ces cas-là je parlais par SMS. Elle m'a dit "ok pas de problème on parle par SMS si tu veux

".
Puis fluff. A la fin je lui ai dit je me déco, "on peut parler par SMS". Bon, elle a clos la discussion

La Patate a écrit : j'ai beaucoup de mal à faire ressentir et faire partager mes émotions. Je les garde beaucoup pour moi, du coup je donne l'impression que je suis froid. Soit je les montre de façon exagérée soit je les garde complètement pour moi, quitte à ne pas les assumer
Je suis pareil. On me reproche souvent ma froideur, mais je considère ça comme "normal". Un trait qui m'est propre et que j'utilise plus comme une qualité plutôt qu'un défaut.

Justement, comment arrives-tu à te débrouiller pour faire passer ce trait comme une qualité ? Je suis curieux de le savoir

La froideur te permet de ne pas trop t'afficher dans certaines situations. En gros c'est le Parefeu des sentiments. Si quelqu'un essaye de t'énerver ou te provoquer (même dans la séduction, si une fille essaye de te faire courir derrière elle pour de mauvaises raisons), même si au fond ça te fait chier, ça ne se voit pas. Et essayer de "provoquer" quelqu'un qui a l'air de s'en foutre c'est pas vraiment intéressant. Ensuite ça me sert dans mon travail. Je suis en contact avec des clients, et ça évite à certains de me raconter leur vie. En gros ça te permet un peu de "trier" les gens avant même qu'ils viennent te parler si tu ne les sens vraiment pas. Mais la froideur elle est un atout pour moi, pas pour les autres. Je ne sais pas si j'ai bien réussi à m'expliquer.

Bonsoir !

Pour te répondre, je pense que le syndrome d'asperger est quelque chose qui nous dépasse tous ici. Hormis les psychologues et les personnes qui ont rencontré des personnes ayant ce syndrome, il va être difficile de t'aiguiller. Il vaut mieux ne pas parler d'un sujet que l'on ne connait pas que de faire des suppositions complètement aléatoires seulement parce qu'elles nous semblent bonnes à dire.

Enfin ce n'est que mon humble avis.

Si tu cherches de l'air, tu devrais peut-être en parler à ta famille ou tes amis, rencontrer des personnes qui en savent plus que nous.

Je peux éventuellement te dire qu'il y à quelques jours je me suis intéressé à Daniel Tammet, tu devrais peut-être te renseigner à son sujet. Cet homme est passé sur Canal et il expliquait qu'il avait vaincu son autisme.

Bonne chance

Tu pourrais m'envoyer le lien de la vidéo s'il te plaît ?

J'en ai parlé à mes parents de mes difficultés mais il semble qu'ils aient eu les mêmes difficultés que moi jeunes, sans me le dire... ma mère m'a dit que pour elle l'amitié était quelque chose de faux, et mon père a abandonné ses études au bout de 2 ans car malgré ses excellents résultats, un manque devenait pour lui insupportable. Et il est parti à l'étranger où il a erré pendant 10 ans.

Je sais que mes parents ne recevaient jamais, ou très peu d'amis à eux, et ma mère a même du mal à accepter que j'invite trop de monde à la fois dans sa maison.
A mes amis, n'y aurait-il pas un risque de les soûler avec ça ? Et pour les spécialistes (tu parles de ceci, je pense), je parle de mes problèmes à mon psy, mais il me répète à l'envi que j'ai dépassé tous mes problèmes... alors voilà, du coup je suis perdu, j'ai l'impression d'avoir épuisé toutes les sources d'info.

Si ton psy ne t'aide pas, peut-être qu'il faudrait en voir un autre .. ? Simple supposition, à toi de décider. Enfin, si tu continues de voir quelqu'un qui te répètes que tes problèmes sont dépassés, c'est qu'il doit aimer ne pas trop se prendre la tête avec quelqu'un qui lui règle ses honoraires :p

Voici la vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=JLk68GlpAjk

Intéressante cette vidéo de Daniel Tammet (je connaissais le personnage mais sans savoir qu'il s'en sortait bien). A un moment il parle de libérer ses intuitions... je pense que c'est la clé. Ca veut dire qu'il faut être capable d'accéder à son ressenti profond, ne pas en avoir peur... comment sans paraître bizarre/creepy/needy ?

Heureusement que je ne paie pas, il est rattaché à un centre médico-psychologique, et je le vois tous les 2 mois, voire 3. Avant c'était toutes les semaines mais il a jugé que ce n'était plus indispensable de me suivre aussi souvent... après une petite recherche, il s'avère que malheureusement il n'y a pas de psy spécialisé Asperger en Gironde, tous les spécialistes sont quasiment en région parisienne.

Et justement, si je ne prends pas un psy qui est en CMP, là il va falloir que je débourse plus non ? J'ai vu que certains demandaient entre 50 et 70€ par consultation... c'est pas dans mon budget ça, ou alors je ne mange pas de la semaine

Du coup j'essaie de me tourner vers des associations traitant des aspies, mais apparemment ce sont plus des associations qui concernent les parents d'enfants aspies, que des jeunes adultes aspies en eux-mêmes.
J'ai envoyé un mail à la fondatrice d'un des blogs les plus suivis sur le syndrome d'Asperger (elle est aspie elle-même), j'attends sa réponse et voir si on peut échanger sur le sujet.