Et
les traumas, on en parle?
Tu as raté les bonheurs de l'adolescence, mais tu as tout autant raté les malheurs de l'adolescence.
A propos de mon adolescence à moi, pour dresser une vue d'ensemble, disons qu'il y a eu beaucoup de prises de tête (le loisir préféré des ados), de déconvenues, et bon an, mal an, les moments de bonheur ont été rares et chers payés (et sans pénétration

).
ça s'est débloqué vers... 18 ans!
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J'ai un ami qui a passé son adolescence à l'écart des filles. Trop
"petit garçon qui rentre à la maison après l'école et qui y reste", et sans doute une certaine sagesse de ne pas s'être lancé dans la danse alors qu'il était aussi séduisant qu'un petit garçon de 10 ans.
Il a dû avoir son premier baiser vers les 21 ans, APRÈS avoir vécu le parcours quasi-monastique de la préparation aux concours des grandes écoles et la réussite à ces concours.
Il me voyait comme l'autre face du miroir et avait des complexes par rapport à moi. Je n'ai jamais trop réussi à lui faire comprendre que son trajet était cool, qu'il s'était épargné tout un tas de merdes.
De toute façon, peu importe comment il se voyait, me voyait, me comprenait, il s'est très bien débrouillé: après quelques histoires qui ont fini en queue de poisson, il s'est marié vers 26 ans. A ce jour il est toujours avec sa femme et il est l'heureux papa de deux enfants.
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Quoi qu'on fasse, on a toujours les amertumes qui vont avec notre parcours.
A ce titre,
la première relation sexuelle est emblématique. Pour beaucoup ça a été traumatisant ou bof bof (souvent un peu des deux, et donc un traumatisme léger).
Et il faut vivre avec. C'est ce que les gens font.
A mon niveau ça a été différent: c'était génial, parfait, au-delà de ce que je peux décrire.
On était jeunes, beaux, on baisait comme des castors, et on s'aimait.
Et en plus, perfection de la perfection, c'était notre première fois à tous les deux.
Champagne les gars!
Mais je ne suis resté avec cette fille que le temps d'un mois de juillet, puis elle est partie en vacances au mois d'août, et peu avant son retour j'ai reçu une lettre de rupture qui disait en substance "j'ai trop envie d'aventures et d'expériences".
Résultat --> Viré du paradis à coups de pieds au cul, comme un Adam biblique!
Ironie de la culture pop, cette chanson et son leitmotiv "Heaven kicked you out", sortie la même année...
Therapy? Going nowhere - lien vers le clip sur youtube
Viré du paradis, donc, et bien entendu empoisonné par le souvenir de ce paradis perdu. Au bas mot, ça m'a pris
des années à drainer le poison. (je le mets en gras car même longtemps après avoir laissé tout ça loin derrière, chaque fois que j'y repense je me prends une vague de rancœur contre ce monde de merde

)
Autant pour la première fois tellement géniale...
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Toi
tu n'as même pas encore vécu ta première fois et déjà tu lui fais des reproches...
Si tu prends trente seconde pour y réfléchir, tu ne trouves pas ça stupide?
Tu ne penses pas que tu pourrais t'autoriser un peu d'enthousiasme, un peu de "miam j'ai hâte d'y être" ???
ça se passera comme ça se passera, peut-être que tu refuseras certaines occasions pour cause de "je viens de la rencontrer en boîte, ça ne rime à rien", je ne sais pas, mais quoi qu'il arrive ça sera un palier, une évolution, enfin tu sais bien.
L'optimisme n'est pas une option
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Je te dis ça pour relativiser ta situation et cette "absence" de vie amoureuse durant l'adolescence. Pour moi
ton parcours n'est rien d'autre qu'une possibilité de plus dans un univers qui n'est au bout du compte qu'une gigantesque soupe de statistiques.
Comme le dit Marilyn Manson:
"God is just a statistic"
Posthuman - lien vers le clip sur youtube
C'est pas sympa pour Dieu, d'ailleurs je n'ai rien contre lui, mais tes questionnements prouvent une fois de plus que nous faisons partie d'un vaste ensemble de probabilités pures et dures qui se réalisent de façon totalement chaotiques, et on a du mal à assumer ça pour nous-même.
Nous nous regardons nous-même avec un jugement superficiel et terriblement conformiste: dès qu'il y a un truc un peu inhabituel, on a tendance à en conclure que c'est un problème, alors que le plus souvent c'est juste comme ça et qu'il n'y a rien de problématique
apriori.
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Méfies-toi du jugement. De ton jugement et de celui des autres.
En tant qu'êtres humains, beaucoup de filles sont de parfaites connes. Elles jouent au juge alors que c'est très difficile de juger quelqu'un, et souvent inutile.
Alors si tu n'es pas fier de ce que tu es, tu vas te faire défoncer. Tu vas t'entendre reprocher, (souvent implicitement) d'être toi-même et tu seras d'accord, ce qui est une hérésie.
ça se passe entre toi et toi, moi je ne serai pas là quand tu te regardes dans le miroir pour te faire une petite tape dans le dos et te dire que tu es trop cool.
Seulement, de loin, je me dis juste que tu peux tout à fait t'autoriser à être fier de ce que tu es. ça ne sera que justice, et ça ne pourra que t'aider, d'une manière ou d'une autre.
Regarde:
Tu es très bien comme tu es. Tu es pur, tu es neuf, et ça fera le bonheur d'une fille pas conne. Car il y en a.
Si tu n'arrives pas à être fier de ça, personne ne le fera à ta place.
Les filles aiment les hommes qui s'assument. Qui savent qui ils sont et qui en sont fiers.
Quant à Dieu,
"il se rit de ceux qui maudissent les conséquences des causes qu'ils chérissent" - Bossuet