
Durant mes congés, je m'entraîne assidûment à combler mes points faibles en séduction, à savoir :
- un soupçon de timidité à résorber, qui m'empêche d'aborder rapidement les femmes qui me plaisent ;
- des difficultés à produire des openers adaptés à la situation, et personnalisés ;
- un manque d'aisance dans le fluff talk, qui fait que je concentre tous mes efforts à parler et pas assez à soigner mon BL et étudier celui de ces dames...
Hier, après m'être échauffé à adresser la parole aux passants, je rentre dans le Temple du Savoir

Pendant un moment, ce ne sont que vieillardes, enfants, racailles qui occupent les lieux. Mais bien vite, je repère une jolie femme aux cheveux longs, aux formes convenables, portant des lunettes (j'adore). Un petit effort de volonté pour me lever *avant* de penser à un quelconque opener, et je suis dans la rangée de livres. Pas d'EC, je me redresse, me campe sur mes jambes et d'un air narquois, je dis :
Je récolte un petit sourire timide et la Miss retourne à son tri de livres. Je laisse passer deux secondes en déplaçant des tomes sur leurs étagères. Je rembraie :Arsène Lupin a écrit :Et attention à ne pas prendre tous les livres, je surveille !
Elle répond brièvement non, d'une façon peu audible, en me regardant à peine. Cette poupoune me semble timide.Arsène Lupin a écrit : De votre côté du rayon, vous avez ce qui est "santé" ?
Je n'insiste pas pour le moment et je vais attaquer en deux temps, sinon plus. Je reviens au rayon dix minutes plus tard, avec le calepin et le crayon d'un bibliophile occuper à écrémer les bases de données informatiques et les rayons.
Miss est accroupie, son visage caché par ses longs cheveux. Elle ne m'a pas vue. Elle lit un ouvrage d'anatomie humaine, visible à ses écorchés et ses coupes d'organes. Tilt ! J'ai trouvé mon opener ! Je sors avec mon plus grand sourire :
Accroche réussie.Arsène Lupin a écrit : : Excusez-moi, êtes vous médecin ?
- Maïté : non, non pas du tout. *sourire*
- AL : je demande ça, vous lisez ces bouquins d'anatomie.
- M : ........
- AL : Justement, je me disais que je n'avais pas de chance, mon docteur est en congés et j'ai un peu mal à la gorge ces jours-ci. *grand sourire* Dites, quels sont les horaires d'ouverture de votre cabinet ?
- M : *rires* Mais je suis pas médecin !!!
- AL : Dommage ! Mais sérieusement, qu'est-ce que vous lisez ces trucs si déprimants alors qu'on est en août, qu'il fait beau et chaud ? Vous cherchez à vous soigner vous-même ?
Je vous épargne l'interminable fluff, qui m'apprend que je suis face à une incarnation d'une héroïne de Zola ou de Hugo : mari handicapé, pas de boulot, dépression, réflexion sur le divorce, etc.
Cette dépression a déjà bien atteint les capacités de conversation de la Miss et elle n'oppose pas de shit-test. Je lui conseille de changer d'air, de faire du sport.
Je place même un peu d'alpha en lui disant :
Elle n'oppose que peu de résistance, en disant que c'est la première fois depuis son mariage qu'elle prend un pot avec un homme qui l'a abordée. Plus tard, elle me dira refuser systématiquement les avances du style "vous êtes charmante, on peut faire connaissance ?" Cela ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd et achève de me convaincre de la nullité de ce type d'attaque.Arsène Lupin a écrit : Pour te détendre, tu devrais prendre le soir de la tisane ou du tilleul, tiens d'ailleurs, on va commencer ta cure de suite. Je vais prendre un café au bistrot d'en face pour me réveiller, tu vas m'accompagner.
Je prends garde à ne faire aucun kino sur cette cible dont le ramage n'est pas l'égal du plumage...
Je veille à terminer le dialogue en premier. Au moment du numclose, elle m'avoue ne pas avoir de téléphone. Par contre, elle veut mon numéro. Elle m'appelera d'une cabine, me dit-elle. Et parlera de mon existence à son mari.

Je retourne à la médiathèque, mais mes autres abordages ne donnent rien d'autres que des moues méprisantes, des sourires crispés ou des regards d'incompréhension. Mes openers :
Le lendemain...Arsène Lupin a écrit : - Vous croyez que ça passerait, ce DVD-vidéo tout rayé ? *en montrant une galette rayée.*
- Vous avez vu ? Il manque une sandale à votre pied gauche ? *avec un grand sourire, à une fille qui avait cassé une lanière de sandale, et qui la tenait avec son sac à main.*
.. Retour à la médiathèque pour restitution de livres et de CD. Un petit peu de sarge ?
Je m'échauffe en abordant quelques femmes, mais la médiathèque, en ce milieu de semaine d'août, est bien déserte.
Mais j'aperçois rentrer une femme à la belle silhouette, aux longs cheveux, avec de fines lunettes. Je craque

Je passe devant elle, elle me renvoie mon EC de façon neutre. En me retournant dix mètres plus loin, je ne la vois plus !
Je la recherche, mais une autre fille plaisante arrive, son abordage ne tirera qu'une réponse laconique. Rebroussant chemin, j'avise Miss Lunettes Intellos, assise seule à une banquette au coin "bandes dessinées".
Je me rapproche d'elle mais aucun opener ne vient ! *Gasp* Je prends une BD dans un des bacs, m'asseoit sur le même canapé et m'enquiert ensuite de la qualité d'une BD qu'elle a posé à côté d'elle, sûrement pour empêcher quiconque d'envahir sa sphère d'intimité...
Après sa réponse, je fais semblant de lire la BD en guettant son BL. Le mien reste neutre : droit, jambe côte à côte.
Elle a ses jambes croisées, mais elle est tournée légèrement vers moi, et sa main est posée sur la banquette, de mon côté.
Quelques minutes passent, je lis ma BD, toujours pour mon approche favorite en deux temps. Je n'ai plus peur de sortir un autre brise-glace pourri :
De sa réponse, je pose d'autres questions et la conversation démarre, elle a duré presque deux heures : partis des goûts artistiques en BD, littérature et musique classique contemporaine, nous dérivons vers nos loisirs puis nos occupations.Arsène Lupin a écrit : Vous avez l'air de lire des bonnes choses. Vous vous y connaissez bien en BD ?
Je n'ai aucun souci à guider le fluff, alors j'en profite pour le mettre en pilotage automatique et je veille à mon body language et au sien.
J'alterne le fait de me pencher vers elle, puis de revenir en arrière, bien droit contre le dossier de la banquette. Bras ouvert, puis un petit kino aux moments d'enthousiasme, ou en lançant une question : "Ha ! Toi aussi ! Ça alors !"
C'est en s'entraînant sur un aspect simple de la séduction qu'on arrive à l'intérioriser, à le mettre en "pilote automatique", laissant plus d'attention pour observer ou agir à d'autres niveaux, plus complexes. Je découvre maintenant et totalement la réalité de cette lapalissade.
Durant le début de la conversation, j'avais mentionné le fait que mon meilleur ami était dessinateur professionnel. Je remarque cet ami, visiteur régulier de la médiathèque, qui se dirige vers le coin BD, donc vers nous.
Je fais un peu de social-proof en présentant l'ami à ma cible. Le dit ami, WBAFC au stade terminal et encore vierge à 31 ans, comprend la situation et quitte le coin, gêné de me voir à l'oeuvre. Petite touche de social proof, mais qui n'était pas indispensable.
J'essaie à modeste dose une autre astuce des PUA de FTS : l'ancrage (je crois que c'est le nom) en évoquant le bonheur de se trouver à la campagne, dans la nature, dans la beauté et le silence.
Il est presque 18 heures, l'heure de la fermeture du bâtiment. Je propose de terminer la conversation autour d'un café, en formulant le fait que je prendrais mon café quel que soit sa réponse, pour le prétexte "de me réveiller". Sa réponse est négative car elle "doit bouger".
Je fais l'alpha :
Sans rien dire et très calmement, je tape son prénom et lui dit :Arsène Lupin a écrit : Attends deux secondes, Véronique, s'il te plait, j'attrape mon portable au fond de ma sacoche.
(Merci à cette contribution d'un PUA de FTSArsène Lupin a écrit : Voilà, il ne manque que ton numéro dans mon portable.

Elle s'exécute. Je la raccompagne à la sortie du lieu, en l'assurant du plaisir de notre conversation. Elle me fait remarquer que je ne lui ai pas donné mon numéro. Je fais l'étourdi, elle prend son GSM, rentre mon prénom et me laisse saisir mon numéro.
On se sépare sur une bise, un petit kino sur son épaule et un clin d'oeil, alors que le haut-parleur nous "invite à regagner les sorties".
Bilan de cette seconde approche : si la cible nous est favorable et si on ne fait pas d'erreurs rédhibitoires, les astuces des PUA fonctionnent même à un faible niveau de maîtrise, donc ils sont immédiatement exploitables.