L'expérience "Fauve ≠" est une expérience musicale qui doit être vécue.
Je vais en parler comme d'une expérience personnelle et non un critique. Je ne veux pas non plus donner de note, parce que je ne sais sincèrement pas quoi en penser. C'est pas un truc sans queue sans tête, c'est quelque chose de plus... complexe. Ça me parle autant que ça m’exaspère, m'enchante autant que ça m'énerve.
Mais d'abord, Fauve ≠, c'est quoi ? Un collectif artistique parisien d'une vingtaine de personnes tournant principalement autour de cinq amis. Le mystère autour de ce groupe est savamment entretenu... et c'est sans doute un plus. Ils ont réussi à faire mettre les personnes en retrait au profit de l'expérience sensible et sensorielle, et c'est tout à leur honneur.
Le point fait sur "qui sont-ils ? T'occupe, ils veulent pas qu'on le sache !" passé, attaquons-nous à ce qu'ils font concrètement. Et pour ça, je vais me fendre de deux avis, l'un pour dire en quoi c'est du génial en barre, l'autre pour dire combien c'est chiant et pénible aussi. Parce que oui, pour ce que j'en ai compris, Fauve ≠ c'est les deux pour moi. En même temps ! Prêt-e-s pour cette expérience ? Allons-y.
Fauve ≠, c'est génial. Déjà, je me sens obligé d'en parler d'une manière dont je n'ai jamais parlé d'une expérience musicale, et ça, c'est déjà un exploit. Ensuite, musicalement, c'est très bon, j'aime beaucoup. Notamment, les cœurs sur plusieurs des morceaux qui apportent une certaine profondeur, force et mélancolie... un peu comme comme des voix des anonymes qui s’expriment -enfin-, soutenant la voix mélancolique qui exprime haut et fort ce que de nombreuses personnes ont un jour pensé tout bas sans oser le dire.
Aussi, le donquichottisme, celui des combats perdus d'avance mais qui méritent qu'on se lève contre eux, parce que ne pas s'engager serait déjà mourir une fois avant même d'avoir vécu, Fauve ≠, c'est aussi ça : un rejet de l'absurdité de l'existence, de l'indifférence du monde et de la grisaille des gens; la volonté d'écraser le fatalisme. Vaincre n'est peut-être pas possible, pas refuser l'est. Et Fauve ≠ nous le dit tellement bien. Pour tout ça, Fauve ≠ est une expérience musicale unique.
Fauve ≠, c'est chiant. Mais vraiment. C'est quoi ? Une bande de hypsters qui trouvent trop conformiste de dire qui ils sont, qui trouvent tellement anti-mainstream de se la jouer "mouhaha, tu ne sauras jamais qui je suis !" ? Ou alors ils ne font qu'un écho au vide de leurs morceaux... Parce que les morceaux, parlons-en ! A quoi avons-nous à faire ? Des gens qui trouvent tellement plus chouette de geindre plutôt que que d'agir. Oui, la vie c'est pas toujours chouette. Non, personne viendra te sortir de là par compassion.
Et c'est pas tout ! Fauve ≠ n'invente rien. Ils ont fait que prendre leur place dans la liste des groupes et artistes qui parlent du mal-être de manière plate et sans saveur. Parce que si c'est pour geindre, on a fait le tour. Et puis, c'est quoi ce discours ? Mec, si tu ne sors pas du confort de ta complainte, ça n'ira pas mieux. Si t'es triste, c'est aussi ta faute. Tu ne veux pas agir ? N'agis pas. Mais viens pas nous faire chier dans ce cas. Ici les gens, se bougent, agissent, ont peut-être des illusions, se prennent des désillusions, mais ils AGISSENT, ce que tu ne fais pas. T'as toutes les cartes en main, ose jouer le jeu, bon sang. Pour tout ça, Fauve ≠ est une expérience... unique.
... et entre ces deux opinions, je n'arrive pas à me faire mon avis, à pencher que pour l'un. C'est ça l'expérience Fauve ≠, une expérience qui donne un sentiment quelque peu... ≠.
Et vous, votre avis sur Fauve ?
Fauve, une expérience ≠ ?
Mon avis c'est que les instrus sont terribles mais que les paroles ou le côté larmoyant de la maniere de déclamer m'ennuie mortellement.
Pour les chansons que je connais en tout cas.
Pour les chansons que je connais en tout cas.
Owen, je crois qu'on est connecté. Comme il l'a dit, les instrus sont géniales. Toutes dans leur genre, aucune ne m'a déplu. Après, je trouve qu'il y a beaucoup de hype par rapport au chant, que je trouve moins harmonieux que ce que je peux entendre ailleurs (au hasard dans le Rap), et qui sert souvent un certain conformisme dans ses opinions, même si certaines vérités sont intéressantes.
Premièrement, je pense qu'on est tous d'accord pour dire que c'est musicalement très très bon, si on omet le chanteur, auquel je n'accroche pas du tout.
Deuxièmement, du côté des différentes chansons, il y en a qui me font mourir de rire tellement je trouve le texte réchauffé et mal dit, à tel point que j'ai parfois envie de mettre des claques au chanteur ; d'autres qui provoquent des échos inattendus. Comme si une poésie singulière se dégageait de l'ensemble d'un texte, qui pris bout par bout n'a rien de bien intéressant. Un splendide ensemble composé de parties médiocres. Je dois avouer que c'est la première fois que je suis confronté à ce genre de sensation.
Rien que pour ça, ils ont toute ma considération.
Deuxièmement, du côté des différentes chansons, il y en a qui me font mourir de rire tellement je trouve le texte réchauffé et mal dit, à tel point que j'ai parfois envie de mettre des claques au chanteur ; d'autres qui provoquent des échos inattendus. Comme si une poésie singulière se dégageait de l'ensemble d'un texte, qui pris bout par bout n'a rien de bien intéressant. Un splendide ensemble composé de parties médiocres. Je dois avouer que c'est la première fois que je suis confronté à ce genre de sensation.
Rien que pour ça, ils ont toute ma considération.
Je suis aussi entre deux feux : parfois certains textes me semblent très percutants, d'autres beaucoup moins.
En revanche je ne comprends pas trop la critique du "si tu es malheureux, agis au lieu de te plaindre". Avec ça, on n'aurait pas eu Baudelaire, donc moi je remercie les mecs qui continuent à se plaindre au lieu d'agir, en fait.
En revanche je ne comprends pas trop la critique du "si tu es malheureux, agis au lieu de te plaindre". Avec ça, on n'aurait pas eu Baudelaire, donc moi je remercie les mecs qui continuent à se plaindre au lieu d'agir, en fait.
Mh... je verrais deux réponses : une de mauvaise foi et une plus construite.
La première : Fauve n'a pas le talent de Baudelaire
La plus sérieuse : à la rigueur, que des gens choisissent de se plaindre au lieu d'agir, c'est leur choix. Cependant, je trouve un peu gonflé qu'ils s'en prennent comme ça au monde entier alors qu'une partie de la responsabilité de leur chagrin leur incombe. Qu'on soit triste, qu'on ait des passages à vide, qu'on ne sache pas comment agir à tel ou tel moment, je le conçois, ça arrive à tout le monde. Par contre, je trouve bien plus discutable le fait de se maintenir volontairement dans cet état et d'ennuyer tout le monde avec.
EDIT : Maintenant ils ont des chansons où malgré la morosité ambiante, il est tout de même question de se bouger; ce sont d'ailleurs les meilleures chansons à mes yeux, sans doute parce qu'il y a un espoir concret derrière.
La première : Fauve n'a pas le talent de Baudelaire
La plus sérieuse : à la rigueur, que des gens choisissent de se plaindre au lieu d'agir, c'est leur choix. Cependant, je trouve un peu gonflé qu'ils s'en prennent comme ça au monde entier alors qu'une partie de la responsabilité de leur chagrin leur incombe. Qu'on soit triste, qu'on ait des passages à vide, qu'on ne sache pas comment agir à tel ou tel moment, je le conçois, ça arrive à tout le monde. Par contre, je trouve bien plus discutable le fait de se maintenir volontairement dans cet état et d'ennuyer tout le monde avec.
EDIT : Maintenant ils ont des chansons où malgré la morosité ambiante, il est tout de même question de se bouger; ce sont d'ailleurs les meilleures chansons à mes yeux, sans doute parce qu'il y a un espoir concret derrière.
C'est marrant, Fauve me fait juste un peu penser à Klub des loosers.
Peut être aussi que ce groupe entretient et cultive volontairement le coté larmoyant-autoflagélation parce que c'est juste un créneau musicale rarement exploité. Donc source d'audimat et de revenue. Les artistes doivent manger aussi merde!
Peut être bien que tout ça est pondu à la suite d'une étude marketing tel le boysband moyen. D'où sortent ils vraiment, qui les finances, comment se sont ils fait promouvoir?
Ça serait tellement bon qu'en fait les mecs soient pas du tout torturés, que tout ça soit parti d'un simple délire qui dépasse un peu les auteurs eux mêmes.
Peut être même que ce soir, ils sont en train d'en parler autours d'une bière devant les chtis à Rio du style: "Bon allé... Faut qu'on leurs disent quand même qu'on les prend un peu pour des quiches depuis le début avec nos trucs de dépressif là. Y'en a marre! On veut être invité chez Patrique Sébastien comme tout le monde...T'es pas d'accord Marcel?.."
Bon vu de la province, ça fait très "parisien" comme style musicale.
Les clip sont bien montés, à l'image de la musique. Peut être même qu'eux aussi.
J'aime pas trop dans l'ensemble mais j'écoute quand même de temps en temps, parce que c'est pas inintéressant non plus. Il y a quelques punch lines qui valent le détours:
"J'suis pas quelqu'un de bien, j'suis pas une belle personne
J'suis une sale bête, une bouteille de gaz dans une cheminée"
Un trip musical différent de ce qu'on peut nous servir habituellement, ça fait toujours du bien dans l'horizon parfois morne et consensuel de la chanson française. Ça veut dire que c'est encore possible de sortir un projet à la fois esthétique, sensible, vraiment chelou et marquer les esprits avec ça. Mais encore une fois, y'a peut être un business qui pousse derrière.
En tout cas le fait que tout le monde en parle, chapeau!Beaucoup de groupes doivent salement les jalouser, comme toujours quand on réussi quelque chose dans un milieu ultra concurrentiel et sans pitié.
La mayonnaise semble avoir pris autour de leur formule étrange. Tant mieux pour eux.
Je vais les voir lors d'un festival cette été, je me ferai surement une meilleur idée. Dans le doute, je vais peut être emprunter quelques xanax à un pote, on sait jamais, si c'est trop long et douloureux...
Peut être aussi que ce groupe entretient et cultive volontairement le coté larmoyant-autoflagélation parce que c'est juste un créneau musicale rarement exploité. Donc source d'audimat et de revenue. Les artistes doivent manger aussi merde!
Peut être bien que tout ça est pondu à la suite d'une étude marketing tel le boysband moyen. D'où sortent ils vraiment, qui les finances, comment se sont ils fait promouvoir?
Ça serait tellement bon qu'en fait les mecs soient pas du tout torturés, que tout ça soit parti d'un simple délire qui dépasse un peu les auteurs eux mêmes.
Peut être même que ce soir, ils sont en train d'en parler autours d'une bière devant les chtis à Rio du style: "Bon allé... Faut qu'on leurs disent quand même qu'on les prend un peu pour des quiches depuis le début avec nos trucs de dépressif là. Y'en a marre! On veut être invité chez Patrique Sébastien comme tout le monde...T'es pas d'accord Marcel?.."
Bon vu de la province, ça fait très "parisien" comme style musicale.
Les clip sont bien montés, à l'image de la musique. Peut être même qu'eux aussi.
J'aime pas trop dans l'ensemble mais j'écoute quand même de temps en temps, parce que c'est pas inintéressant non plus. Il y a quelques punch lines qui valent le détours:
"J'suis pas quelqu'un de bien, j'suis pas une belle personne
J'suis une sale bête, une bouteille de gaz dans une cheminée"
Un trip musical différent de ce qu'on peut nous servir habituellement, ça fait toujours du bien dans l'horizon parfois morne et consensuel de la chanson française. Ça veut dire que c'est encore possible de sortir un projet à la fois esthétique, sensible, vraiment chelou et marquer les esprits avec ça. Mais encore une fois, y'a peut être un business qui pousse derrière.
En tout cas le fait que tout le monde en parle, chapeau!Beaucoup de groupes doivent salement les jalouser, comme toujours quand on réussi quelque chose dans un milieu ultra concurrentiel et sans pitié.
La mayonnaise semble avoir pris autour de leur formule étrange. Tant mieux pour eux.
Je vais les voir lors d'un festival cette été, je me ferai surement une meilleur idée. Dans le doute, je vais peut être emprunter quelques xanax à un pote, on sait jamais, si c'est trop long et douloureux...
Je suis persuadé que si j'avais Baudelaire devant moi aujourd'hui, on en parlerait comme d'un mec toxique à ne surtout pas approcher.
Quand je te lis, Raven, je me dis qu'avec ton cynisme t'aurais sans doute fait un très bon poète toi aussi, à cette période 
Il n'est pas trop tard;)
(par contre si on considère que "je suis une bouteille de gaz dans une cheminée" c'est de la punchline, c'est que l'art des bons mots s'est bien perdu)
(par contre si on considère que "je suis une bouteille de gaz dans une cheminée" c'est de la punchline, c'est que l'art des bons mots s'est bien perdu)