Jalapeno a écrit :De ce que je comprends, tu parles de deux choses différentes : faire ce que tu aimes (jouer au foot ou manger des sushis par exemple) et faire du bien au gens (aider une mamie à porter ses courses ou donner à manger à un sans abri).
Différentes, mais compatibles.
Jalapeno a écrit :Dans le premier cas, tu prends du plaisir spontanément parce que c'est quelque chose vers lequel tu es attiré et que tu as choisi instinctivement.
Et si mon instinct me dicte d'aider les autre ?
Jalapeno a écrit :Je ne suis par contre pas persuadé que le plaisir soit direct et inné dans le deuxième cas parce qu'il requiert souvent un "petit" sacrifice (porter un caddie super lourd ou se les geler dans la nuit glaciale si je reprends les exemples ci-dessus).
Donc, si j'ai bien compris, tu penses que la "pesanteur" du sacrifice pèse plus sur la balance de nos émotions que le constat des bienfaits que notre action aura sur les autres ?
Jalapeno a écrit :C'est une vision un peu sombre de l'humanité mais je pense qu'il faut soit y avoir été éduqué, soit avoir beaucoup d'empathie (et/ou de bonnes aptitudes sociales) pour réellement prendre du plaisir à aider les autres.
Ce qui reviendrait à apprendre à aimer ?
Jalapeno a écrit :C'est sans doute ce qui freine "l'effet bisounours" et malheureusement les bonnes actions ne se propagent pas comme une trainée de poudre -- ça me rappelle le film "Pay It Forward" avec Kevin Spacey, tu l'as vu ?
Les bonnes et les mauvaises actions ne se valent-elles pas ?
Pourquoi les "mauvaises actions" se répandent-elles mieux que les "bonnes" ?
Je n'ai pas vu le film, mais si ça peut donner des pistes de réflexion, je le ferai surement. Merci
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Venusian a écrit :Comme tout, être dépourvu de compassion peut être problématique ça peut mener du côté obscur mais rien n'est irrémédiable, ça peut se travailler.
Tu penses donc qu'il est possible de travailler sa compassion ? T'as des exemples ? Une méthode ?
Je sais bien qu'il est possible de réduire notre sensibilité, comme la peur de l'approche par exemple, mais l'augmenter au delà de son niveau "naturel", je ne savais pas.
Intéressant, tu m'apprends là quelque chose. Merci !
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Mr.Smooth a écrit :Je participe à des actions sociales à Marseille toutes les semaines (je donne des cours en bénévolat en ZEP), mais j'ai jamais ressentis ce côté "bonne action qui devrait me faire du bien"
Je donne ces cours parce que je trouve ça intéressant de me confronter à un autre réalité et non pas "la réalité", parce que j'aime donner des cours et les petits à qui je les donne, et parce que j'aime bien les gens avec qui je le fait.
Donc tu fais ce qu'on va appeler une bonne action "égoïste", car tu le fait pour toi (pour faire le lien avec ce que tu dis par la suite).
Mr.Smooth a écrit :J'ai un certain set de pensées:
-> j'ai conscience que ce que je fait ne rendra pas le monde meilleur de toute façon
-> j'ai néanmoins la certitude d'en aider quelques uns, que j'ai vu décoller
-> je n'ai aucun appel vers le "monde meilleur", je n'y crois pas
-> j'ai envie de faire un cours le mieux possible par amour du travail bien fait: les faire beaucoup participer, répondre à toute question de culture G et cie.
Et tu ne penses pas que si tu en aide juste quelques uns, ça participe déjà à rendre le monde meilleur ?
Moi, je crois que si.
A titre personnel, je pense que rien est impossible pour celui qui y croit, et que le fait de penser que la chose est impossible, rend la chose impossible (pour lui, les frères Wright doivent en savoir quelque chose).
Mr.Smooth a écrit :Plutôt, je vois ce que je fais comme un win/win: d'un côté ça m'éclater d'aller aider deux classes de 5 eme en difficulté, de l'autre ils aiment aussi beaucoup ça (personne à l'écoute, réponse à des questions diverses, déconne mais sérieux aussi)
C'est marrant, j'ai travaillé en collège, et j'ai fait l'expérience inverse : je déteste aider les gens qui n'ont pas envie qu'on les aide.
La chose la plus gratifiante, au final, était de donner les cours aux élèves dont la langue maternelle n'était pas le français.
Mr.Smooth a écrit :Je ne fais pas ça par idéal mais parce que j'aime ça tout simplement, enfin cette activité là. Je pense que c'est sans doute assez efficace pour faire les choses bien puisqu'on attends rien en retour. Paradoxalement, dans notre groupe, ce sont les personnes qui font le plus ça par plaisir (de donner les cours) que par idéal qui y vont le plus.
Disons que tu a quand même un retour, c'est le plaisir que ça te donne de le faire.
Mr.Smooth a écrit :Toujours dans le win/win, j'avais fait bien trop de curry thai une fois alors que j'était tout seul, et à la place de jeter le truc comme d'hab, je me suis rappelé du type SDF en bas de chez moi dans le parc. Il me restait des assiettes creuses en carton d'un WEI, et je lui ai apporté tout simplement. Win/Win.
Si tu y gagne, c'est parce que ça t'a fait plaisir de lui rendre service, c'est ça ?
Et imaginons que tu n'y ai pas pris plaisir dans les mêmes conditions, alors même que c'est toi qui a tenu à le faire, d'où pense-tu que ça viendrait ? D'un manque de compassion ?
Peut-on réellement manquer de compassion alors que l'on a tenu à réaliser l'action ?
Mr.Smooth a écrit :PS: bon je surjoue vraiment mon côté cynique, en vrai, ayant eu une vie très facile depuis tout petit, c'est beaucoup plus facile pour moi de donner, j'aime ça voilà. J'avoue. Bordel. Mais je le fais pas pour "rattraper" un karma quelconque.
J'aime aussi beaucoup donner, mais ça ne me fais pas toujours plaisir (alors même que la démarche vient de moi).
Ca sonne peut-être paradoxal, mais c'est l'impression que j'ai.
Et je ne le fais pas non plus pour "rattraper un karma quelconque", pour te paraphraser, ni par crainte d'un jugement divin.
Mr.Smooth a écrit :Ca c'est intéressant. Pour ma part, j'ai aucune compassion symbolique (genre les victimes d'un truc que je ne connait pas me font rien, je m'en fout) mais si c'est une personne que j'ai en face de moi, je vais avoir une empathie extrêmement forte.
Parce que d'une certaine manière, je sais que je peux agir. Si le mal est déjà fait ou que je ne peux rien faire, je n'aurais pas d'empathie (et j'ai même tendance à titre personnel à trouver ça lourd).
Un exemple comme ça: un flirt rapide m'as raconté son histoire avec son mec abusif et elle a pleuré, bah j'ai pleuré aussi (c'était pas des sanglots, j'étais pas triste mais ça m'avait rendu émotif)..
C'est comme ça.
Pourtant, ce qui est curieux, c'est que pour l'histoire de la fille, le mal était fait et tu ne pouvais rien faire, n'est-ce pas ?
A moins que tu ai pensé que tu pouvais lui remonter le moral ?
Ceci dit, ça m'est arrivé aussi
Mr.Smooth a écrit :Mais du coup, il y a une question assez intéressante dans ton sujet, qui rejoint un débat que j'ai eu avec ma grand mère:
->peut on faire le bien égoïstement?
Putain mais merci quoi !!
C'est exactement ce à quoi je pensais, mais je n'ai pas réussi à l'exprimer correctement.
Mr.Smooth a écrit :Pour elle non, pour moi oui. Au final, ce qui compte pour moi c'est pas de ressentir du bonheur en aidant les gens, mais de faire en sorte que ce soit moins le bordel ici bas (aussi illusoire que cela puisse paraitre)
Peut-on réellement faire en sorte que ce soit moins le bordel sur la durée, et surtout, en en sortant indemne (sans sacrifier énormément sa vie), s'il on éprouve aucune forme de plaisir lors de son combat ? (cf. Mère Thérésa).
Mr.Smooth a écrit :->deux personnes font le bien pareil, l'un égoïstement (ou sans conscience de le faire), l'autre par compassion. L'un a-t-il plus de mérite que l'autre?
Pour moi non.
->corollaire: est ce que quelqu'un qui fait le mal à dessin est pire que celui qui fait le mal malgré lui?
Plus jeune j'aurais dit oui, maintenant plutôt non. Je trouve que c'est pareil sauf qu'au moins celui qui le fait à dessin est prévisible. On n'agit pas de la même manière sur l'un et l'autre par contre.
Je pense que celui qui fait le plus d'effort à le plus de mérite, et manifestement, celui qui fais le bien sans s'en rendre compte n'a pas eu besoin de faire d'effort.
Et pour moi, faire le mal intentionnellement est encore plus condamnable, car c'est dans la nature humaine de faire des erreurs sans le vouloir.
Si on prend l'exemple de la séduction, ne pense tu toujours pas que celui qui a blessé émotionnellement et intentionnellement celle qu'il convoite est pire que celui qui a commis une maladresse due au manque d'expérience ?
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Jalapeno a écrit :Venusian a écrit :Comme tout, être dépourvu de compassion peut être problématique ça peut mener du côté obscur mais rien n'est irrémédiable, ça peut se travailler.
Oui c'est ça qui est potentiellement problématique, pas le fait de prendre du plaisir ou pas lorsqu'on aide quelqu'un.
Encore une fois, je pense que ça joue sur l'échec ou la réussite de l'entreprise sur le long terme.
Comme l'a dit Mr. Smooth, ceux de son groupe qui viennent le plus au collège sont ceux qui prennent le plus de plaisir, ce sont donc ceux qui ont un plus gros potentiel d'impact.