Merci d'avoir pris le temps de me lire et de me répondre

Vos avis sont tous intéressants et constructifs.
Balzac
Dans quel cadre tu as du mal à les accepter ? En projetant tes faiblesses sur le monde extérieur, donc, le jugement des personnes, le paraître, la "normalité", ... ?
Hmmm.
Il y a une partie de moi qui arrive à rire de certaines faiblesses, en fait, à les tourner en dérision.
Mais sinon, pour le fait d’être sans pitié envers mes faiblesses disons morales ou de volonté essentiellement, je pense que c’est un mécanisme de survie qui perdure, lié au fait de devoir tenir le coup du quotidien à l'époque où j'étais en souffrance. Sans une autodiscipline rigide, c'était impossible. Le côté "t'as mal ? Tiens bon quoi qu'il en coûte".
Quand je parle d'autodiscipline rigide, c'est assez particulier car je ne corresponds pas forcément à l'idée qu'on peut se faire d'une personne disciplinée (je peux arriver en retard, être bordélique, faire de la procrastination... je suis spontanée et parfois distraite, maladroite...) et pourtant c'est ce que je suis au fond (image là encore validée par ceux qui me connaissent bien).
C'est un peu comme si je m'imposais des standards très élevés. Comme si j'avais
besoin que ces standards soient élevés pour me pousser vers l'avant. S'ils sont trop indulgents ou médiocres à mon goût, ça ne me suffit pas. Un peu comme une personne qui aurait besoin d'un corset bien rigide pour se sentir le dos suffisamment soutenu.
Car tu sembles être, de ce que je lis, un minimum à l'aise avec toi-même.
C'est complexe en fait.
A l'aise avec mes pensées/mon intellect, certainement. Dans le sens où je maîtrise bien la cartographie de mon propre continent mental, j'en appréhende assez bien les contours, les forêts de souvenirs, les hauteurs libres, les zones de danger, les portions souterraines.
A l'aise avec mes émotions, ça dépend.
A l'aise avec mon image de moi, ça dépend aussi, avant c'était catastrophique, ça l'est sûrement moins mais il y a du boulot.
A l'aise avec ma féminité vraiment ça reste difficile.
A l'aise dans des circonstances sociales, ça va carrément mieux qu'avant mais ça reste assez imprévisible. A l'aise quand quelqu'un me plaît en face de moi, là non, c'est fatal à quasi tous les coups.
Il y a certainement aussi un leurre quand on m'appréhende à l'écrit. L'écrit est la partie la plus calibrée et maîtrisée de ma communication. A l'écrit, oui, je suis plutôt à l'aise. IRL c'est autre chose.
Est-ce que tu t'amuserais à insulter ou traiter des personnes que tu connais ou pas ?
Par exemple, "d'idanaptée", "tu es un idiot", "t'es trop [x]"
J'imagine que non. Pourquoi ?
Car tu respectes l'individualité de chacun, ce qui le compose. D'autant plus dans ses faiblesses où tu dois certainement éprouver de l'empathie. Car tu apprends à connaître, à laisser l'autre entrer en toi de par ses perceptions, valeurs. Puis tu estimes ce que tu gardes ou non dans ta vie.
Pourquoi, alors, te flageller de la sorte envers toi-même puisque tu ne ferais même pas ça avec des inconnus ?
Tu surestimes mes qualités morales
Insulter de vive voix, non. J’ai des principes (et des tabous). Ainsi qu’un puissant contrôle de mes nerfs. (Par le passé, j’ai cependant déjà pété des câbles, blessé des gens).
Après, oui, clairement, il y a une partie de moi qui va parfois jauger l'autre avec une vague suffisance. Cela relève plus de l'instinct primaire que du rationnel. Une sorte de mépris de la faiblesse/de la médiocrité/du manque de volonté/de l'apitoiement sur soi et de tous les comportements qui y ressemblent de près ou de loin. Même si après je tranche les aspérités de ces ressentis en rationalisant et en me rappelant que personne n'est parfait, et que ce n'est pas parce qu'une personne a un moment de faiblesse qu'elle EST faible (de même que ce n'est pas parce qu'on trébuche qu'on ne sait pas marcher).
Je suis très loin d'éprouver de l'empathie pour toutes les faiblesses des autres. On me considère souvent comme "gentille" mais je ne me reconnais pas du tout dans cet adjectif (je préfère "loyale" ou "droite" par exemple). Pour moi, mes bons comportements envers les autres sont produits, quand ce n'est pas par de chaleureux sentiments pour eux, par une discipline personnelle, non par une nature de caractère.
Je n’extériorise pas tous mes ressentis négatifs et je régule ça car je considère que les autres n’ont pas à faire les frais de ces standards intransigeants que je peux avoir. Donc oui, in fine, je suis plutôt perçue comme une personne qui soutient positivement les autres. Mais, me connaissant bien, je sais que… au fond de moi, je ne suis pas si « gentille » que ça XD
Me concernant, je me respecte et j'accueille justement des moments où je peux faire de la merde, comme n'importe qui. En blessant quelqu'un par des mots involontairement, par exemple. En sachant que je peux aussi faire du mal à un autre être humain. Que je peux me tromper, avoir des jours moins bons.
Ça dépend tellement des personnes, des situations, des paramètres.
Ta façon de voir est saine, et certainement à travailler pour moi. Dans des cas similaires, chez moi, il y a parfois un "j'ai merdé. Mince, ça m'énerve, j'ai merdé." qui reste collé à mes semelles mentales comme un vieux chewing-gum dont je ne me débarrasse pas tout de suite
À partir de là, je ne peux pas me dire que je suis une merde, ou peu importe.
Je prends le recul, je ressens -surtout- toutes les émotions que ça évoque en moi. Je laisse mon inconfort s'exprimer puis j'apprends et je calibre mieux pour de prochaines situations similaires. J'éprouve de la gratitude pour toutes ces choses.
Ou alors, dans mon anxiété. J'en ai encore quelques fois.
C'est une faiblesse, mais une force en même temps. Tout dépend de comment on voit la chose dans l'instant.
Je ne la vois plus comme un problème. Mais comme une expérience de ma vie qui m'apprend des choses.
Et je la respecte pour ce qu'elle est. Ni plus ni moins qu'une anxiété.
Ça ne me définit pas. À moi de décider d'en faire une alliée ou une ennemie.
Hmmm. Ce que tu expliques me fait penser au verbe "accueillir". Un de mes amis l'utilise beaucoup. Il "accueille" ses émotions négatives (ce qui ne veut pas dire qu'il se laisse posséder et téléguider par elles) et c'est aussi ce que d'une certaine façon tu sembles arriver à faire, avec finesse. Tu n'apparais pas complaisant envers toi-même, juste dans une forme d'écoute.
Avec mes émotions négatives, je suis peut-être davantage dans un rapport de force (les dompter, les dominer, les maîtriser) que dans un rapport d'accueil/d'écoute.
Demande toi pourquoi et de quoi tu te protèges en empêchant ces choses extérieures d'entrer dans ton intimité.
Et quelles sont les bénéfices secondaires que tu gagnes à te couper de ces entrées dans ton espace intime.
Et que tu induis indirectement dans tes relations, afin de continuer à satisfaire des schémas qui ne semblent plus te convenir.
Pour la forteresse psychique, je parle du passé. Je me fermais pour plusieurs raisons :
- Sentiment de ne pas pouvoir être comprise des autres et de ne pas les comprendre, quelle que puisse être ma bonne volonté à cet égard. (Ce n'était pas que dans ma tête, des adjectifs comme "bizarre", "différente", revenaient souvent pour me désigner, de la part des autres).
- Sentiment qu'ils n'avaient rien à m'apporter (puisque j'étais habituée à me "porter" toute seule).
- Couche de protection, cf l'adage "ton secret est ton prisonnier, s'il fuit, tu seras son prisonnier".
- Peur d'être jugée en négatif, moquée, engueulée, rabaissée (ce qui s'est souvent produit quand j'étais enfant/ado).
A l'heure actuelle une bonne partie de mes problèmes sociaux sont résolus, certains perdurent, notamment ceux relatifs aux échanges de type "séduction". Je ne me ferme plus totalement. Je me ferme « sélectivement », aux personnes avec lesquelles je n’ai vraiment pas d’affinité, mais je suppose que je ne suis pas la seule à le faire ?
Ce qui est chiant aussi c'est évidemment ma difficulté à m'ouvrir naturellement à quelqu'un qui me plaît.
Toujours ce rapport à l'intimité, et te dévoiler.
Sur le plan cérébral, si on me questionne sur ma vie, je n'ai aucune fausse pudeur.
Sur le plan physique, je n'ai aucune pruderie.
En revanche oui, sur le plan émotionnel, et ta phrase me fait réfléchir là-dessus, je crois que ce n'est pas facile pour moi d'accepter de me dévoiler. Je n'aime pas montrer mes faiblesses. Je peux mal accepter la pitié des autres, le fait qu'on s'inquiète "trop" pour moi. Ca peut me rendre distante, voire agressive si je ressens ces sentiments extérieurs comme trop intrusifs, voire coulants et condescendants. C'est une affaire d'orgueil et d'ego, même pas seulement de pudeur.
Nonchalance
Je comprends ta façon de voir, pour le pardon. Je ne fonctionne pas tout à fait comme toi - même si je peux éprouver de la colère envers qui m'a blessée, et que je considère ça comme une façon de me rendre justice a posteriori, je tâche ensuite de dépasser cette colère et de passer à des sentiments plus neutres, non pas pour raisons morales mais utilitaristes - je vis au bout d'un moment la colère comme une déperdition d'énergie dans une direction négative et je préfère me rendre de nouveau propriétaire de cette énergie afin de la dépenser dans une voie plus positive. Je n'absous pas toujours la personne de ses torts mais je parviens à la laisser derrière moi.
Mais après, c'est mon chemin et j'ai tendance à penser que chacun a le sien (certains pardonnent, d'autres non, etc.) qui conviendra en fonction de sa personnalité, son caractère... si le tien te convient c'est bien aussi sans doute^^
je n'écoute pas les voix qui essayent de m'enfoncer ou celles qui sont implantées dans ma tête depuis que je suis tout petit et qui me dénigrent.
Ce que j'ai mis en gras me parle. J'essaie de ne pas me laisser téléguider par ces "voix". Dans ton cas, si j'ai bien compris, elles sont toujours là ? Envisages-tu un futur où elles pourraient cesser de t'apostropher psychiquement et juste se transformer dans ton esprit en zones de silence apaisé ?
Moi, c’est mon cas – à long terme je vise à fonctionner en unité apaisée et cohérente et non plus en cacophonie.
Je te conseille de voir un psychologue si tu en as les moyens.
J’en vois une de temps en temps de façon assez irrégulière. Ce que j’aime chez ma psy, c’est son énergie. C’est une très belle femme, extrêmement charismatique, j'apprécie son rayonnement et son côté "battante". Le courant passe bien avec elle. Elle est bienveillante mais aussi franche et directe si elle doit mettre un point sur un I quelconque. Elle me tire vers le haut.
Je note volontiers toutes les références que tu partages, je vais voir ça, et si tu veux poursuivre en MP, pourquoi pas.
Perlambre
Des hanches si étroites, pas de sein, des jambes interminables.
Ma première réaction en te lisant a été d'imaginer non pas un "brésilien" mais une super jolie femme, élancée et svelte
Tu m'étonnes que ton copain soit séduit.

Je trouve ça très classe, les femmes avec ta silhouette, surtout quand c'est bien porté/assumé, ce qui semble être ton cas aujourd'hui.
Je pense qu'être séduit/séduite par quelqu'un ne s'explique pas toujours. C'est parfois une lueur dans le regard, la chaleur d'une main…
Ce qui est intéressant pour moi, c'est que, même si je ne ressens pas les exemples que tu donnes comme purement matériels (quand tu parles de regard et de chaleur, je ne t'imagine pas tant charmée par le physique pur et brut de la personne que par une forme d'aura, de qualité de présence, de magnétisme émanant d'elle, quelque chose comme une personnalité exsudant à travers le geste, l'incarnation), ce sont quand même des éléments de charme qui passent
par le corps. Pour avoir cette lueur et cette chaleur que tu décris, et qui te poussent à entrer en connexion, il faut, je pense, "habiter" son regard, ses mains, et son enveloppe physique, avec harmonie et confiance. Et je crois que c'est précisément l'une de mes difficultés. Ton partage me fait donc réfléchir.
j'ai une espèce de joie de vivre communicative.
C'est assez paradoxalement ce qu'on dit parfois de moi aussi, malgré mes "ombres", mon fond plus logique/intellectuel qu’émotionnel et tout ce qui s'ensuit. On me perçoit souvent comme positive. J'avais demandé à ma psy comment elle me voyait, elle m'avait répondu "comme une personne bienveillante et chaleureuse".
Cependant, c'est certainement très subjectif et dis-moi si je me trompe (parce que ce n'est pas évident d'imaginer sur quelques paragraphes une personne qu'on n'a jamais vue évoluer en vrai).
A ta lecture, je n'ai pas juste l'impression que tu sois joyeuse et chaleureuse, mais aussi assurée. J'imagine une femme qui a appris à porter haut la tête. Pas arrogante, juste "je sais qui je suis, je suis qui je suis, je sais projeter qui je suis, je m'assume".
Est-ce le cas ?
(Clairement ce n'est pas encore le mien

j'y bosse bien sûr.)
Nonchalance et Perlambre
Il y a aussi une règle très importante à respecter pour toutes les personnes, passé sombre ou pas: il faut être capable de dire les choses au bon moment et de se taire quand il le faut. Le but étant d'arriver à un point où vous pouvez tout vous dire ou presque mais ça ne se fait pas comme ça. Je vois beaucoup de personnes qui veulent assumer leur part sombre et qui balancent tout à la gueule de l'autre d'un coup trop tôt dans la relation. Il ne faut pas confondre partager son intimité et l'imposer sans l'accord de l'autre.
Nonchalance a raison sur un point : ne jamais déverser sa "merde" sur un partenaire. S'il y a confiance, y aller par petites touches et encore... à mon sens il vaut mieux garder pour soi l'essentiel.
Possible que je ne gère pas cette « règle » comme vous, ou pas comme il faut. Bien entendu je ne vais pas déballer tous mes traumas au premier rencard.
Après, je suis très franche et je ne sais pas mentir/dissimuler. Il suffit qu’on m’interroge un peu sur mon enfance/ma relation avec mes parents/ma santé pour savoir certaines choses. Et une personne qui est amenée à me voir régulièrement DOIT savoir (pour ma maladie, j’ai une discipline de vie qui fait que je suis obligée de gérer mon alimentation et d’autres choses d’une certaine façon).
Ce que j’essaie d’éviter d’imposer, c’est une forme de « pathos » ou de demande affective/psychique, l’Autre n’étant pas ma nounou, mon thérapeute ou mon sauveur. En revanche, les faits sont les faits.