Partir dans une ferme africaine sur un coup de tête

Note : 15

le 10.04.2023 par Gafano

13 réponses / Dernière par FK le 16.04.2023, 11h30

Etat d'esprit / psychologie / dev perso / vie intérieure.
Un forum pour celles et ceux qui s'intéressent au dev perso, à l'équilibre intérieur, à la psychologie. Surmonter ses blocages, ses croyances limitantes, nourrir et développer ses forces, etc.
C'est décidé, je pars en Afrique pour vivre l'expérience humanitaire dont j'ai toujours rêvé.

Mon ingénieur ne s'en remettra pas quand je lui dirai que je n'avais pas d'autre choix que de quitter la France. C'était ça ou me perdre. Il passe en ce moment de superbes vacances en famille et je ne sais pas encore comment lui annoncer ça.

Dans le fond, je n'ai jamais su pourquoi j'avais autant besoin de vivre des aventures insolites et trépidantes. J'ai fait l'erreur de retourner bosser trop vite après un burn-out mal digéré et me revoilà de nouveau dans une situation insolite, poussée par un besoin de survie irrépressible.

Toute ma famille me soutient, mais j'ai peur. Je pars uniquement parce que la peur de me sentir en laisse est plus forte que la peur de l'inconnu. J'ai pris un aller simple et j'espère trouver du sens à ma vie.

- Y a-t-il des gens qui sont partis à l'autre bout du monde sur un coup de tête ?
- Que faut-il que je prépare ?
- De quoi faut-il que je me méfie ?
- Comment dire à mon date d'un mois que c'est fini entre nous ?

Je ne pense pas qu'il m'attendra. J'aurais vraiment voulu être une personne plus stable. J'ai l'impression que quand je touche au bonheur à un endroit, quelque chose ne va pas ailleurs. J'étais prête à me mettre en couple avec lui mais ma souffrance au boulot est trop importante pour agoniser en longueur dans une entreprise que je pourrais critiquer pendant des heures.

Voilà, j'ai donc moins de deux semaines pour faire ma valise, les billets sont pris. Tous les soirs de la semaine je vais faire individuellement mes adieux à mes amis, qui en réalité, ont fini par comprendre que j'avais vraiment ras-le-bol de boulot de merde.
Je passerai sur la tentative de te raisonner même si les décisions comme ça ne sont que des impulsions, mais à mon avis tu devrais en parler avec quelqu'un de qualifié.
Si ton boulot te saoule pose ta dem et trouve un moyen de faire ta vie qui te convient, va pas t'expatrier dans un kibboutz ou que sais-je. Je dis pas que l'humanitaire n'est pas une bonne vocation, juste que tu mélanges les décisions, et que là tu n'y vas pas pour y aller, mais pour fuir, te fuir, et fuir ce qui t'oppose de la résistance par rapport à ton idéal.

Côté préparation:
-un tel/ carte sim de secours si c'est pertinent pour l'endroit où tu vas
-copie numérique de tes papiers dans un cloud sécurisé
-copie papier bonne qualité de tes papiers
-moyen de paiement numérique en ligne pour les villes/aéroport en cas de perte de tes moyens matériels.
- suivant les pays c'est mieux de pas avoir du cash ou des objets précieux (bijoux ou montres..) sur toi.
- quelques médicaments de base et vaccins en fonction de l'endroit où tu vas : traitement antipaludéen préventif par exemple
- j'imagine que tu vas pas complètement dans un endroit perdu donc le briefing sur la méfiance tu le feras avec les gens qui accueillent les voyageurs comme toi. C'est contextuel. M'enfin pas aller se balader seule dans la savane, pas télégraphier que tu es une touriste avec tes fringues et ton équipement, faire profil bas tant que tu connais pas l'endroit, c'est le mieux. Ne pas prendre les taxis qui ne semblent pas officiels, et si tu peux les faire appeler avant par des locaux en qui tu peux avoir confiance.
-à Compléter en fonction de ce qui me viendra mais tu dois bien avoir des guides pour ton pays de destination.

- ta date d'un mois, ça n'a pas encore vraiment commencé? Annonce lui normalement, pas par message, et parlez-en, avant de présumer quoi que ce soit.
Bon j'ai pas grand chose à rajouter sur ce que dit Onmyoji.

Tu sembles te fuir toi même et fuir les impasses dans lesquelles tu te retrouves. Sauf que le dénominateur commun de ces impasses c'est toi.

Pour avoir quitté cet univers des grandes boites en ayant démarré cadre, je pige ce que tu décris et tes frustrations. Simplement je pense qu'il vaut mieux corriger petit à petit ce qui te gêne après l'avoir identifié, que renverser la table complètement. Il est probable que même sur un autre continent et même en changeant de système économique, tu retombes sur certaines des problématiques auxquelles tu n'as pas su t'adapter.
Reste que cette expérience nouvelle peut t'aider à réfléchir, identifier ce qui te gène et ce que tu cherches, ce que tu peux encaisser et ce que tu refuses, et avancer. La fuite est parfois utile pour prendre du recul. Elle ne peut être la solution.

Pour ton date, fait ça bien. Il ne t'attendra évidemment pas, mais s'il a été correct avec toi et que tu as passé de bons moments avec lui, il le mérite. Et il n'y a pas d'intérêt à faire du mal à autrui. Qui plus est tu ne sais pas vraiment quand tu reviendras. Arrange toi pour le voir, expliques lui, passez un bon moment ensemble si vous en avez envie et hop. Propre quoi.
Pour te répondre juste sur le point logistique : ça dépend fort du pays dans lequel tu vas. Pour avoir pas mal voyagé en Afrique du Nord et de l'Ouest, la donne n'est pas du tout la même si tu pars au Maroc ou au Sénégal par exemple.
Est-ce que tu as déjà voyagé seule en dehors de l'Europe ? Tu comptes partir combien de temps environ ? (même si tu n'as qu'un aller simple, tu sais sans doute déjà si ça se compte en semaine, mois... ou années :wink: ).

Et si tu vas bosser dans une ferme, fais le via une organisation style WWOOF et lis bien les commentaires sur les fermes dans lesquelles tu postules pour ne pas te faire (complètement) exploiter. MP si tu veux plus d'infos.
J'ajouterai : pas d'angélisme romantique. Certains endroits sont dangereux, et n'ont que faire des bonnes intentions qui t'animent. Sois prudente et smart, où que tu ailles. Et sois consciente que le danger peut venir de n'importe où : des locaux, civils ou flics, comme des gens qui gravitent dans le milieu humanitaire. Je ne fais pas de généralités, mais la densité de fdp y est équivalente à n'importe quel autre milieu; à ceci près que la distance / le huis-clos peut désinhiber, voire servir de parfait terrain de chasse aux prédateurs, surtout quand ils voient arriver des jeunes femmes qui se cherchent.

Méfie toi également des pratiques abusives dans les fermes comme l'a évoqué @Jalapeno en effet. Beaucoup beaucoup de situations anormales, où l'on exploite la naïveté et la bonne volonté des gens. Le tableau n'est pas tout noir, mais mieux vaut se défaire de tout idéalisme trop naïf avant de partir.

Pour ton date, quitte le correctement oui : qui sait, vous vous retrouverez peut-être à ton retour, ou plus tard. S'il n'est pas trop con, et que tu fais les choses proprement, il n'y a aucune raison pour qu'il te raye définitivement.
D’accord avec les autres intervenants.

Les invitations à la prudence sont normales et sans lien avec ta qualité personnelle.

Le voyage initiatique permettant le passage à la maturité est un thème classique de la littérature et du cinéma.

Avoir envie de cela à 25 ans, ça ne me paraît pas déconnant.

Comme il a été dit, gare aux aspects romantiques/romancés/storytellés du truc.
Oui, pour en rajouter une couche:
Tu n'es peut-être pas dans l'état psychologique qu'implique une telle aventure. Dans un milieu plus commun pour toi, tu pourrais aussi trouver à aider si c'est ça qui te fait vibrer, sans te mettre en danger, du fait que tu vas aller forcément dans un milieu défavorisé, avec un entourage mal identifié (et si peut attirer les connards et gens dangereux, des pseudo chefs qui prennent la tête à tout le monde aux chacals de tous poils) des règles que tu connais pas et des repères de toutes façons pas sûrs.
Merci pour vos réponses très éclairantes.

Ma décision est prise. Je pars. Pas dans n’importe quelles conditions mais pour ne pas avoir de regrets. J’ai envie d’essayer autre chose.

Mes amis et proches suivront de très près mon parcours. Je regrette de pas avoir pris le temps de me remettre de mon burn-out. D’anciens collègues m’avaient prévenue. Trop inquiète de ma perte de revenus, je me suis précipitée. Et voilà où j’en suis, à lâcher des amis et proches pour explorer mes limites. Je regrette de blesser mon date, qui même s’il n’est pas amoureux, a senti que j’allais lui annoncer une mauvaise nouvelle.

Dans mon malheur j’ai fait de superbes rencontres dans mon nouveau boulot, je sais qu’en revenant rien ne changera, amis et proches seront là pour m’accueillir. Ils s’y attendaient de toute façon, je n’ai pas eu besoin de leur dire que c’était un besoin non négociable. Je ne sais pas si quelqu’un/ un mec équilibré attendrait une fille paumée qui sort de sa prison dorée mais je ne me voyais pas rester, me soumettre à une autorité dont je n’approuve pas les décisions managériales et surtout me perdre en chemin.

J’ai des réponses à trouver, de nouveaux endroits à explorer et des limites à tester. Je ne veux plus attendre pour vivre ma vie… Je reviendrai peut-être dans quelques semaines, mais en ayant obtenu des réponses. J’aurais tous les éléments pour comparer et choisir.
Quel est le lien entre partir loin et démissionner?
Trouver un autre job, dans une boîte qui a plus tes valeurs? Devenir indépendante pour voir ce que ça fait que mener sa barque et manager?
D'ailleurs la démission est-elle la seule voie de sortie?
Se faire entendre, changer de service, de fonction?
D'ailleurs partir, ok, mais l'humanitaire étant ce qu'il est, un milieu très difficile et qui ne roule pas sur l'or, dans des milieux tendus, c'est pas "free for all, c'est bon faites comme vous voulez". Les décisions seront certainement pas toutes collégiales et "bienveillantes". Y en a certaines avec lesquelles tu seras pas d'accord, qui seront abruptes, débiles réellement ou selon ton point de vue, et des fois tu te tromperas mais tu seras pas d'accord et tu ne le comprendras pas.

Je te conseille quand même de faire les choses bien en terme de départ de ta boîte au niveau réglementaire, parce qu'à ton retour, les critères des recruteurs n'auront pas changé, que tu ailles dans ce domaine ou un autre, quelqu'un qui peut te planter salement du jour au lendemain, faut avoir envie de lui faire confiance, on ne peut pas le faire les yeux fermés...

Pour le reste, c'est illusoire d'attendre toutes les réponses. Personne ne les a, surtout sans définir son problème. Ton problème, tu ne le définis pas vraiment. Tu retires juste la main de la flamme parce que tu as le sentiment que ça chauffe, mais tu n'en es même pas sûre. Tu n'as peut-être pas trouvé la bonne manière de fonctionner avec ton management. Peut-être que ce sont les valeurs de ta boîte ou ce qu'elle est obligée de faire pour fonctionner dans son domaine qui te débectent et dans ce cas ce n'est pas le bon domaine. Tu es peut-être juste tombée sur un connard, comme tu aurais pu tomber avec quelqu'un avec qui tu aurais pu être pote.
Et pour l'instant, tu ne peux pas le savoir parce que ta seule réponse à toutes situations de conflit, c'est de faire le crabe. Un pas de côté pour ne pas affronter le problème, le surmonter ou voir vraiment que ça passera pas. Mais tu en tirerais une meilleure expérience.
Plutôt que de chercher un nouveau domaine à chaque fois, une nouvelle échappatoire.

Bonne chance quand même à toi, parce que tu vas en avoir besoin en partant sans plan.
Bon on fait un peu les avocats du diable et les oiseaux de mauvais augure, mais ce n’est pas nécessairement parce qu’on pense que tu ne dois pas partir. On te pose simplement les questions et remarques afin que tu prennes ta décision en toute connaissance de cause et pas pour de mauvaises raisons.

Moi ce qui me gêne dans ton message c’est la pluie de grands mots et de grands principes. Y a un parfum de romanesque qui se dégage de tes mots et par expérience c’est souvent source de désillusions derrière.

Une fois encore partir, tout comme revenir d’un burn out sont des décisions qui méritent peut être plus de patience et de questionnements.

Faire, avancer, oser c’est très important. Simplement il ne faut pas confondre l’audace et la précipitation.

N’attends pas de partir pour te poser les bonnes questions.

Qu’est ce que je fuis exactement
Qu’est ce que je vais chercher dans cette aventure
Qu’est ce que j’ai a perdre dans cette aventure
Qu’est ce que je veux
Ou puis je le trouver

Bref. Bon courage à toi. La vie a tendance a me montrer que les grands principes ne servent à rien sans nuances.
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