Je suis un ancien lecteur du forum, sur lequel je me rendais souvent il y a maintenant 13 ans (ça remonte...). Quand j'ai découvert FTS, j'ai tout de suite éprouvé l'impression partagée par la plupart de ses membres à leur première lecture : l'article sur "Bob l'AFC", la sensation de lire un diagnostic douloureusement précis de ce qui ne va pas dans leur rapport aux femmes, et plus largement aux relations sociales, la volonté de changer...
Sauf qu'à l'époque j'avais 15 ou 16 ans, pas vraiment d'expérience avec les filles - peu d'expérience de la vie tout court de toute façon -, et les gens ici m'ont assez unanimement dit "get a life", que c'était sans doute pas l'endroit pour un ado, et que mon ton un peu condescendant était malvenu pour quelqu'un qui n'avait rien vécu. En quoi ils avaient amplement raison.
Bref, à la suite de ça j'ai changé de ville pour mon entrée dans le supérieur, et j'ai arrêté de venir sur FTS. Si donc j'y reviens, c'est un peu par curiosité, un peu par nostalgie (parce que certains textes et journaux de membres emblématiques étaient quand même de sacrés morceaux de bravoure, toujours chouettes à lire), et un peu pour faire une sorte de bilan ou de relance dans ma vie.
Merci donc FK pour ce forum, pour le travail d'entretien que ça doit nécessiter, pour la décision de l'avoir conservé malgré la moindre affluence depuis quelques années. Les réseaux sociaux ont probablement pris le relais des forums, mais - et pourtant j'appartiens plutôt à la génération RS - on n'y trouve pas l'esprit d'entraide et d'émulation propres aux forums.
Merci aussi, à l'ensemble de la communauté qui m'avait remis du plomb dans la tête à l'époque, pour sa sagacité et sa capacité à dire les choses de manière cash et cependant avec bienveillance dans le fond.
Enfin, merci FTS, pour les quelques conseils glanés ici et là qui m'ont été utiles plus tard, dans le grand bain des relations humaines ; mais surtout pour quelque chose qui, à ma connaissance, était hélas assez unique dans le monde des sites consacrés à la séduction. Je veux parler de l'accent placé sur la sanité, dans tous les sens du terme. Ici, beaucoup de membres insistaient pour rappeler que le forum ne remplace pas une thérapie, que la séduction n'est pas l'alpha et l'oméga du bonheur, et que les femmes, toutes les femmes, sont - et doivent être traitées comme - des êtres humains comme les autres, à savoir avec dignité et respect. A l'heure où les discours masculinistes se répandent dans la société et sur internet, où le fossé se creuse entre une jeunesse féminine plus progressiste et une frange de jeunes hommes de plus en plus réactionnaires, voire carrément misogynes, ce site a globalement conservé une boussole morale qui me semble à la fois rare et précieuse. Pour nombre de jeunes qui se cherchaient, dont je faisais partie, le simple fait de lire un rappel de telles évidences a sans doute joué un rôle primordial.
Aujourd'hui ma vie me plaît, dans l'ensemble le ton de ce post c'est feel good

Sans m'étendre - mais après tout c'est le but d'un journal, lira qui voudra ! - voici à gros traits à quoi ça ressemble.
J'ai 28 ans, je vis dans une grande ville et je travaille dans l'enseignement, dans deux matières différentes qui me plaisent l'une et l'autre. Après quelques turpitudes les premières années, mon cadre de travail actuel me plaît, le salaire n'est pas mal, même s'il va très certainement stagner pendant fort longtemps - fonction publique oblige... - et si j'ai des plans et envies de changement pour l'avenir, j'ai l'avantage de n'avoir aucune nécessité immédiate à initier ce changement. Côté vie sociale, c'est assez riche ; pendant plusieurs années ça l'était même trop, j'avais beaucoup de cercles sociaux différents et donc du mal à voir tou.te.s les potes régulièrement.
Enfin, côté cœur, j'ai eu deux relations longues, la toute première qui a duré 3 ans, puis une seconde, qui me correspondait beaucoup plus et a duré 5 ans. Je regrette certains de mes comportements pendant cette seconde relation, notamment parce qu'on a passé 3 ans en couple libre (tout en habitant ensemble en plus) et que je n'ai pas géré ça de manière suffisamment mature à mes yeux, mais je suis resté en super termes avec mon ex et je suis très heureux qu'on ait "réussi" cette rupture, d'un commun accord. Pendant longtemps j'ai eu des doutes avec les go, pas vraiment confiance en moi, et puis petit à petit, en murissant, en apprenant à me connaître, à me mettre en valeur aussi (socialement, par les vêtements, un peu de muscu etc.), c'est venu tranquillement.
Aujourd'hui je peux dire que je plais assez naturellement. Ça peut aussi être un piège précisément à cause de ce côté naturel, parce que, bien qu'aimant beaucoup charmer et étant assez "joueur", j'ai rarement besoin de prendre des risques, et donc c'est quelque chose à quoi je ne me suis jamais vraiment confronté. Mais je vois pas non plus spécialement pourquoi j'irais prendre des râteaux par pur masochisme ou par volonté un peu artificielle d'engranger de l'expérience ; je fonctionne plutôt en ayant appris à "sentir" quand il y avait attirance réciproque, à signifier la mienne par le simple enthousiasme de passer du temps avec quelqu'un, et à gérer ma frustration quand je sens que cette attirance n'est pas réciproque, en me disant que ça ne marche pas à tous les coups. Bref, j'ai rarement dragué, si par-là on entend "tenter de devenir attirant aux yeux de quelqu'un pour qui on ne l'est pas du tout au départ". Je préfère partir d'un intérêt ou au moins d'une curiosité déjà présente, pour la faire grandir naturellement par une conversation intéressante, une manière spontanée d'apprendre à connaître l'autre etc.
Cela dit, pendant longtemps j'ai eu le sentiment de manquer d'expérience avec les filles. Après ma première relation, à 20 ans je n'étais sorti qu'avec une seule personne, j'ai eu quelques expériences ensuite puis je me suis de nouveau mis en couple pour une longue période. D'où l'idée de la relation libre (idée partagée avec mon ex, bien sûr, bien que de son côté ç'ait été pour d'autres raisons). C'est à partir de là, donc depuis en gros 3 ans, que j'ai vraiment vu que je plaisais et que j'ai réellement multiplié les aventures. J'en ai un peu joué, je crois que je voulais aller au-bout de cette découverte, donc l'an dernier j'ai entretenu jusqu'à une dizaine de relations en même temps. Et là j'ai senti que ça ne me plaisait plus, ça faisait trop, et ça devenait presque épuisant, comme une forme de travail : toujours se relancer dans un date le lendemain d'un précédent, avoir des relations forcément superficielles au bout du compte parce qu'on ne voit la personne que toutes les 3 semaines max, faire le même programme, certes sympa mais toujours identique (expo ou ciné - restau - nuit ensemble - je pars ou elle part le lendemain), et surtout des relations dans lesquelles j'étais amené à souvent décevoir les meufs que je voyais parce qu'elles attendaient finalement une relation avec plus de présence, et qu'on peut pas courir 10 lièvres à la fois et être pleinement présent sur tous les bords. Donc j'ai fini par lier une relation exclusive avec une meuf dont j'aime le caractère, qui est chouette et mature affectivement (en tout cas j'en ai l'impression et on arrive du moins à parler de nos attentes respectives). Je lui ai dit que je ne souhaitais pas m'engager dans un avenir à long-terme (aka un couple) pour autant, parce que je ne m'en sentais pas l'envie tout simplement, et jusqu'à présent ça lui convient, on kiffe juste tous les deux le temps qu'on passe ensemble et on verra s'il en advient autre chose ou si c'est effectivement un bout de chemin qu'on parcourt en s'accompagnant quelque temps.
Étant donné ce cadre de vie, je ne conçois pas ce journal comme un ensemble de comptes rendus d'expérience de dragues. La séduction en fera certainement partie, mais justement ça n'est à mon sens qu'une partie des relations humaines, elle-même partie de l'épanouissement personnel. A vrai dire je ne sais pas si j'écrirai souvent à l'avenir, mais si c'est le cas j'aimerais que ça prenne plutôt cette forme-là, une sorte de carnet de bord d'étapes de vie. Ça m'a l'air cohérent avec la pente plus "épanouissement perso" de FTS que je trouve assez saine.
J'ai fait le passé et le présent, maintenant l'avenir. Quelles envies, quels projets, quelles possibilités ?
Ça va arriver un peu en peu en vrac... J'y reviendrai sans doute ultérieurement dans d'autres posts pour creuser tout ça parce que pour l'instant ça n'est pas très clair
- J'aimerais dépasser ma peur de l'engagement, classique je pense chez les mecs dans la vingtaine. Ça veut pas forcément dire s'engager sur du long-terme, mais bien dépasser la peur elle-même : donc si on s'engage, le faire avec confiance, en sachant pourquoi, et si on ne s'engage pas, que ça soit alors une vraie décision en connaissance de connaissance, et non simplement l'expression d'une angoisse. J'ai tendance à vite me détacher affectivement des meufs avec qui je relationne. Dans le monde des relations légères et sans lendemain c'est pas trop un problème, ça évite même des peines de cœur, mais ça naît malgré tout d'une difficulté à nouer des relations authentiques et profondes. Quand j'éprouve ça je me déçois, parce que j'aimerais être capable de surmonter la disparition de l'attirance vive des débuts, qui souvent ne repose pas sur grand-chose, pour pouvoir appréhender la beauté d'une personne dans sa profondeur. Mais d'un autre côté, je reste attiré par l'idée de nouvelles expériences avec de nouvelles relations, par l'excitation et la fraîcheur des nouvelles rencontres. Peut-être que c'est juste une histoire de temps, qu'on mûrit naturellement sur ce point ? Si certain(e)s ont des vues là-dessus, nourries par leur expérience, ça m'intéressait !
- J'ai du mal à gérer mon temps libre (c'est certes un problème de luxe). Il est souvent parasité par 1/ de la procrastination dans ses multiples formes, notamment les écrans 2/ des angoisses qui me donnent l'impression que ma vie sera ratée si je n'accomplis pas telle ou telle chose (notamment sur le plan pro). Pour le point 1, j'essaye de me détacher de mon tél par tous les moyens, et le plan depuis quelques semaines c'est d'avoir transformé mon smartphone en "dumbphone" (= supprimer toutes les applis qui ne servent pas strictement à envoyer des messages, écouter de la musique ou trouver son chemin ; donc y compris le navigateur internet). Pour l'instant ça marche plutôt pas mal !
- Professionnellement, j'ai quelques angoisses. En gros l'endroit où j'en suis arrivé me convient objectivement, mais il offre peu de perspectives, et en gros je suis dans une institution qui se casse la gueule. J'ai un poste très privilégié de ce point de vue ; si l'institution était le Titanic, j'occuperais une cabine en haut, donc pour l'instant on est un peu préservé mais ça durera pas forcément. Or d'une part j'ai pas envie, si ça devient davantage la merde - ce qui, vu l'orientation du paysage politique du pays, risque fort d'arriver - de me retrouver coincé dans une situation naze parce que j'aurai pas de possibilité de quitter le navire ou bien qu'il sera trop tard. D'autre part, j'ai encore un sentiment d'inaccomplissement à ce niveau : même en admettant que l'espèce de niche que j'ai trouvée demeure, je ne me vois pas y passer les 40 prochaines années. Quelque chose me dit que je me décevrais moi-même en faisant ça. En plus le métier que j'exerce est assez déclassé socialement par rapport à ce qu'il était il y a des décennies, et, quoi qu'on en dise, le regard social ça compte ; peut-être pas pour tout le monde, mais je crois y être assez sensible. Donc j'ai envie de ce côté de m'ouvrir des perspectives, sans forcément aller jusqu'à faire radicalement autre chose, mais pour ne pas avoir le sentiment que j'exerce ce métier )à défaut d'avoir pu faire autre chose. Cela dit, j'ai pas non plus envie d'être matrixé par le taff et d'y passer ma vie, ou bien de lier toute la réussite d'une vie au prisme du travail. Le plan de ce point de vue, c'est probablement de reprendre des études en parallèle, sur mon temps libre, en essayant malgré tout de faire en sorte que ça ne rogne pas trop sur le reste - les loisirs, les relations, les amis, la famille. Et c'est là qu'il y a un arbitrage nécessaire à faire entre les rêves et projections d'un côté et le réel de l'autre. Dans ma vie d'étudiant je m'imaginais que tout était possible, que rien n'était figé, qu'à condition d'un travail conséquent on pouvait, au fond, assez facilement passer d'études et d'un métier dans un domaine à des études et un métier dans un domaine complètement étranger, qui n'avait rien à voir. J'ai pris conscience que le facteur temps impose une limite inamovible : on n'a pas tout le temps du monde et ça oblige à faire des choix, on ne peut pas multiplier les projets indéfiniment et abstraitement, sous peine sinon de ne rien mener à terme. Cela dit c'est aussi une limite positive : ça force à se poser des questions, à faire le tri entre les véritables projets de fond et ceux qui ne sont que des lubies passagères. Pour l'instant beaucoup de domaines m'attirent mais je sais maintenant que je ne peux pas tous les explorer de manière significative. Concrètement à ce stade il y a : a) approfondir en doctorat l'une des deux disciplines que je pratique déjà pour enseigner plus tard dans le supérieur b) le droit c) les sciences (physique & maths notamment). Je ne sais pas lesquels de ces domaines sont réellement envisageables à titre de projets pro et résisteront au test du temps, qui exige constance et engagement.
- Dans les loisirs, c'est un peu pareil : pendant longtemps j'ai eu l'illusion qu'on pouvait tout mener de front, maintenant je me rends compte que maintenir un certain niveau dans un sport, un instrument de musique etc. c'est du temps. Je parle même pas de progresser, là c'est encore un autre niveau d'exigence. Donc j'accepte maintenant de me concentrer sur les loisirs que je préfère et/ou ceux que je pratique depuis le plus longtemps. J'ai envie de continuer à creuser la guitare, de prendre un peu de masse ou un corps un poil plus dessiné à la muscu, peut-être de commencer la boxe. Et de continuer à lire, voir des films et apprendre des choses régulièrement, sans me reposer sur mes acquis. Peut-être que l'une des solutions c'est de pratiquer avec d'autres personnes, qu'on trouve une source de motivation plus forte comme ça ; donc j'envisage de reprendre des cours de guitare, de trouver un club pour la boxe etc.
Pour finir en tirant un trait vers mon adolescence et donc ma fréquentation de FTS à l'époque : en relisant mes anciens messages j'en rougis, j'étais très péremptoire et donneur de leçons sur des choses dont je n'avais aucune idée ni expérience... Mais justement j'aimerais garder le même compte parce que j'aime bien mesurer cette distance : même si avec le recul je trouve souvent insupportable l'ado que j'étais, je pense qu'il a fait comme il a pu avec les outils qu'il avait. Peut-être le soi du futur se dit toujours un peu ça face au soi du passé. J'espère juste, et très sincèrement, ne pas adopter les mêmes travers et ne pas avoir cette même attitude égocentrée ou narcissique. Finalement je crois qu'au fil du temps on progresse de deux manières : en devenant meilleur dans certains domaines, mais aussi en ramenant nos ambitions et nos représentations à des choses plus mesurées, en quittant la prétention à l'absolu pour mieux prendre la mesure de ce qu'on ne sait pas faire, ce qu'on ne connaît pas ou pas bien... Bref, en devenant plus modeste. C'est l'une des choses les plus heureuses qui ait pu m'arriver, et très heureusement ça peut encore progresser là-dessus.
J'aime beaucoup certains préceptes de la sagesse grecque de ce point de vue, par exemple celui qui dit "Rien de trop" (mêden agan). C'est un appel à la mesure, à la modération en toute chose.
Merci de votre intérêt ou juste de votre lecture si certain(e)s ont pris ce temps, et dans tous les cas ça m'aura au moins permis un petit hommage au forum et une sorte de bilan d'étape personnel, que je poursuivrai peut-être de temps en temps. La vie, quoi !