Il y a quinze ans, je découvrais le monde de la séduction. Ou plutôt, je découvrais tout ce que je ne connaissais pas du tout et qui révélait mon mal-être maladroit mais plein de bonne volonté.
À l'époque, je ne le savais pas, mais ce que je désirais le plus dans toutes ces histoires, c'était un contact plus intime avec la féminité qui m'était réfusée. C'était clair pour moi dès très petite : si je pouvais refaire ma vie, je serais une fille. Cette identité de mec était quelque chose avec qui j'avais appris à faire avec parce que je ne pensais pas avoir le choix. La séduction était du coup mon moyen pour sortir un peu de la misère quasi-permanente dans laquelle je vivais. Mais je ne voulais pas être avec une fille, au fond de moi, je voulais être à sa place.
J'étais une femme transgenre réprimée et je ne le savais pas.
1500 à 1700 approches plus tard, ayant connu une forme de succès et plusieurs de ceux qui alors faisaient alors les têtes d'affiche ici dans le début des années 2010, j'étais toujours poursuivie par le malheur. Et j'ai tout lâché pour me concentrer sur mes études et mon début de carrière—les tripes nouées du dégoût de devoir faire 5 à 10x plus d'efforts de la plupart des gens que je connaissais pour ne serait-ce qu'avoir un peu de vie sociale, amoureuse et sexuelle.
Dix ans plus tard, je me faisais la promesse de me tuer si je continuais à ressentir ce malheur d'ici mes quarante ans. Et un soir de février, après des années à imaginer la fin (pour que les souffrances s'arrêtent), j'ai senti l'envie de sauter d'un pont. Je me suis arrêtée, j'ai appelé les urgences, et puis cinq semaines d'hospitalisation.
Une rencontre magique plus tard et des champignons magiques, et j'ai compris qui j'étais vraiment et que mon malheur était d'être née dans le mauvais corps—mais qu'aujourd'hui on pouvait changer.
Un peu plus de deux ans plus tard, je passe inaperçue et même je sens le regard insistant des hommes. Et je suis devenue pute.
Et dans ce journal, je vais raconter ce que j'ai appris depuis. Sur l'amour, sur l'attirance, le sexe, les dynamiques sociales et ainsi de suite.
Je boucle le cercle, mais celui-ci évolue. C'est une spirale. Qui est revenue aujourd'hui à la tangente d'un point de départ : ici, sur FTS.
Un tour de la spirale
- Notes et commentaires reçus par ce post :
- [+3] Bienvenue le 20.05.25, 19h51 par FK
- [+3] Bienvenue le 20.05.25, 21h50 par Jalapeno
(re)bienvenue du coup, tu écris très bien, et c'est un regard intéressant qu'on n'a jamais eu ici, hâte de lire la suite 