[One-Itis] Une histoire !

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le 20.02.2006 par Brutus

2 réponses / Dernière par Pierre le 21.02.2006, 04h39

La vie est faite de virages, d'obstacles à surmonter, d'audace, de surprises et de rencontres décisives. Racontez votre histoire, entrez dans la légende; partagez vos cheminements, vos interrogations, vos rencontres, vos aventures - foirées ou réussies, c'est pas le plus important - et recevez les avis et conseils des autres membres.
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La première fois qu’il l’avait vu, il ne l’avait pas trouvé jolie.

C’est ça, en fait, qui aurait du lui sonner la cloche. Faut toujours se méfier des Miss Tout-le-monde. C’est trop souvent des bombes à retardement, réglées pour vous péter au coin de la gueule exactement quand il faut, juste au moment où vous alliez changer de route. Contrairement à la jolie fille qu’on connaît déjà par cœur, qui se lit avant d’être écrite, la banale à tout a dévoilée.
Un gros boum ça fait. Après ça, c’est déjà foutue, vous avez perdu l’équilibre, vous avez bêché, et même si vous piquez un sprint magnifique, que vous y arrivez presque, l’espoir vous fera toujours faire une connerie au dernier centimètre…et ainsi de conneries en conneries jusqu’à ce qu’elle se tanne et disparaisse, sans un adieu, à la mode du fantôme.
Alors là il vous reste plus qu’à brailler et espérer que tout ça sorte vite de vous, comme un accouchement.

Il l’avait donc regardée vite fait au bord de l’eau, sans insister.
Le tableau avait rien eu de motivant c’est vrai : pas un pet de seins et des hanches tièdes qui se perdaient en fesses anonymes.
C’était la bonne femme du trottoir, celle qui passe à coté de vous tous les jours, tellement invisible qu’on l’accroche tout l’temps au passage. Qu’on ne s’excuse pas, qui ne s’excuse pas et qui se fraye un chemin dans notre oublie.
Comment son pote avait pu penser qu’il l’a trouverait de son goût, lui qui savait qu’il ne se tapait que des tops, des Dames Haute Gamme? Vraiment, il ne catchait pas. Y’avait erreur.
Même qu’au cour de la journée, il avait finit pas complètement l’oublier, comme un Mardi.

C’est le soir enfin que tout s’est dégueulé. Lui et quelques chums avaient été s’acheter de la bière dans un dépanneur pas loin. 24 canons, de quoi se tisser un mal de tête serré.
Ils bambochaient dans un parc, pas loin du bord de l’eau où ils avaient passés la journée, à bonne distance de la civilisation. C’était l’été et Celsius était en grande forme alors les quilles se vidaient presque toute seule, en une bonne rincée.
Bientôt ils les eurent toutes calées et les vessies demandaient à être soulagées. Les gars allaient pissés le mousseux dans les buissons, à l’aise, au frais du vent, en visant les fourmis et les feuilles, un truc de mâle.
Sauf que la, la greluche, elle a eu une envie elle aussi, et les filles ça pisse pas dans les buissons. Du moins, pas elle, et surtout pas devant des poilus comme eux.
Comme elle était déjà pas mal radeau, il fallait que quelqu’un l’escorte aux toilettes publiques, et notre homme, toujours princier, s’était enrôlé pour la mission, comme un con.
Ils s’étaient en aller par la rue qui longeait le parc, vers nulle part précisément, en misant tout sur le coup de chance. Une grosse chiotte chimique laissée là pour eux ou bien le petit resto perdu, qui accueille les pisseurs aventuriers à bras ouvert, avec des toilettes bien propres, qui manquent jamais de p-cul et où y’à toujours un Lysol Vanille à porter de main…

Ils avançaient donc dans la nuit, vers l’inéluctable, en silence…

Vous le savez, y’a rien de plus chiant que le silence quand on bâfre les trottoirs avec un inconnu, encore plus si c’est une inconnue. On est prêt à tout pour trouver le sujet qui va dissiper le malaise. Ça commence toujours Classique, avec des phrases clés, puis on rebondit sur un truc qu’elle a lâchée, pour faire rire ou pour faire semblant de s’intéresser...
C’est ce que notre ami a fait.
Il la faisait parlée, comme il faut faire avec les dames, en plaçant une bonne réplique à droite à gauche et tout ça semblait bien marché parce qu’elle riait…

Boum.


« Un regard, un sourire et c'est tout
Et depuis je ne pense qu'à vous
Nuit et jour sans trêve votre souvenir
Hante tous mes rêves d'un fou désir »


Préfoutu notre gars.
Y’a pas fallu gran’chose en faite, presque rien.
Le déclenchement amoureux s’est fait sur une connerie qui voulait tout dire. Un rien de tout.
« C’était son regard, on y plongeait en chute libre » dira-t-il plus tard. Y’a des trucs qui ne s’expliquent pas, et que si on s’essaient quand même à théoriser, on a tout de suite l’air d’un con. C’était un peu le cas pour son histoire de regard, il y avait eu beaucoup plus car personne ne se serait fait chier autant pour un regard, ç’aurait été très cave.

Ce « regard » comme il disait, ça avait vraiment été une belle tape. Clac ! Ça féerisait la fille carrément, tout était soudainement parfumé au Bon Goût chez elle.
Son invisibilité opaque, sa poitrine désertique, ses hanches inertes et tout le barda, c’était devenu une belle leçon de pudeur, de féminité. Pour rien au monde finalement elle nous aurait encombrée le paysage avec une silhouette plantureuse et un cul qui déborde…

Ils avaient fini par abandonner l’idée d’une chiotte publique.

- Ha pis fuck !... Tien, sérieux… va dans le petit buisson là-bas ! Y’a personne aux alentours… t’es tranquille !... je vais surveiller...
- …Je serai pas capable… c’est pas la même chose pour les filles !…
- Ben va falloir te faire à l’idée ! C’est ça ou la tache sur les pantalons, inexplicable, qui va te suivre toute ta vie…
- Okay… bon !…je vais essayer mais regarde autour…
- Inquiète toi pas, vas y, pense aux chutes d’eau…

Elle a fini par évacuer, de peine et de misère, malgré le fait qu’il n’y avait personne au kilomètre….
Et quand elle est revenue, là ! Y’a eu un « moment de grâce ».
Je vais vous torcher ça simplement, un « moment de grâce » c’est quand on sait pertinemment que c’est le bon moment, qu’on à juste à se tendre un peu pour cueillir les papilles. Une remise de prix que tout notre être nous pousse à aller chercher, parce que c’est la seule action pertinente. D’habitude, si y’a pas eu de « regard », ça roule. Le prince embrasse la princesse, il la ramène, se la fait en levrette et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.

Mais justement y’avait eu un « regard ». C’était un acquis, un sésame, et quand on a peur de perdre quelque chose, c’est qu’une question de temps avant qu’elle s’en aille.
Il avait dédaigné l’occasion, mais comme on ne la lui fait pas à l’Occasion, on peut être sûr qu’elle ne se remontre jamais vraiment, elle nous taquine un peu… nous appelle et se sauve aussitôt… c’est tout.
Sur le chemin du retour, il a alors sprinté comme un malade pour tenter de se reprendre, pour trouver le bouton rewind, mais rien à faire. Plus moyen de recréer ce putain de « moment de grâce »…

Quand on marche vers quelque part, fatalement, on y arrive. Ils ont donc finis par se retrouver dans le parc du début, sauf qu’il ne restait plus qu’un seul de ses amis, celui qui voulait lui présenter la fille… qui ne savait rien du « regard », et du « moment de grâce » et du mariage a venir, et des enfants et du petit chien Paulo, une bête magnifique.
Ils étaient tous les trois pas mal saouls. Il commençait à faire froid dehors, ils ont donc décidés d’aller finir la soirée chez l’ami.
Mais juste avant de quitter, il avait été remettre une coulée dans les buissons et la biquette et son ami était à environ une dizaine de mètres en avant de lui quand…

a) elle se retourna soudainement, et dans un nuage de vent et de poussières elle leva un long doigt prophétique vers lui en disant : « C’est décidé, tu es l’homme de ma vie, tu me mouillasse comme personne parce que t’es un « vrai » et les femmes aiment les « vrais »’.
b) elle embrassa son ami devant ses yeux, un long baisé, terriblement long, sans pudeur.


La première réponse c’était ce qui se passait dans la tête du malheureux, la deuxième réponse c’était ce qui se passait dans ses yeux.
Un gars sensé s’aurait dit « Regarde moi cette salope !...», aurait craché et aurait rentré chez lui se faire un willypop en s’inventant des scènes dans le buisson. Mais un amoureux est insensé, même s’il n’est amoureux que depuis 10 minutes.
Ces 10 minutes pour lui c’était déjà un gros sacs de sentiments, de plans détaillés de projets à venir, de souvenirs pas encore taillés, bref d’un monde à faire...
Et quand la chose auquel on tenait à taillée la route, on a qu’une seule idée, obsédante, c’est d’aller la rechercher.

Après ça, tout ce qui s’est passé les 6 mois d’après, c’est de la littérature. Je pourrais vous raconter qu’il l’a hébergé gratos, on the bras, qu’il lui a fait 1000 concessions, les plus basses bassesses et qu’en retour elle la putasser, l’a fait courir comme un chien, à jouée du mensonge, et enfin, qu’au finish il a jamais pu retrouver la cadence, mais enfin…

Faut toujours se méfier des Miss Tout-Le-Monde, ce sont des bombes à retardement.
Ca prête à sourir le fait que tu racontes cette histoire à la troisième personne, ça montre aussi que tu l'as digéré depuis le temps. J'ai beaucoup apprécié la lecture de cette dernière, même si il faut par moment comprendre les mots ou expressions quebecoises qui diffèrent de notre français hexagonal, ça a toutefois son charme.

Ce que tu nous raconte là, c'est presque du vécu, je me permet de te dire "je comprends".

// Tout ce qui brille n'est pas or (SHB? :o) et les trésors de grande valeur sont bien souvent cachés à des endroits inattendus (Miss Tout-Le-Monde), encore ne doit on pas perdre la précieuse clé (le JUS :mrgreen:) du coffre en cours de route //
C'est mignon.

Peut être l'excitation de pisser derrière un buisson ou le soulagement de l'avoir fait on largement contribué à son état mais bon, ça n'entre dans aucunes théories de sarges reconnues à ce jour ! :mrgreen:

Cependant, cela conforte la théorie selon laquelle l'alcool est l'ennemi du player. (la bière en particulier ...)
Brutus a écrit : Et quand elle est revenue, là ! Y’a eu un « moment de grâce ».
Une sorte de LMR du Kclose, en quelque sorte ...
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