Re: Clyde will glide
Posté : 12.08.11
Episode V : où je prends un cours de psychologie féminine
Novembre 2010. Je ne te l'ai pas encore raconté, mais depuis quelques mois, je fréquente assidûment les réunions d'une association féministe. FTSien et féministe, cela peut surprendre, voire paraître totalement antinomique. Mais je ne le crois pas, et pense à l'inverse que mener de front la découverte de ces deux mondes m'a aidé à y rester, dans l'un comme dans l'autre, moi-même.
Pour être honnête, c'est d'abord par intérêt professionnel (je suis amené à travailler très régulièrement sur des thématiques telles que l'égalité professionnelle, la lutte contre les violences ou l'accès à la contraception et à l'avortement...) que je m'y suis intéressé. Et puis je dois avouer qu'échanger au sens large, sur le « genre » m'a plu...
Le milieu féministe n'est pas la caricature que l'on peut en faire... les femmes que l'on y croise sont très diverses, elles y viennent avec des histoires très différentes, et leurs débats sont souvent animés, pour ne pas dire plus. Il y a les « essentialistes » pour qui il y a des valeurs masculines et féminines (et que le monde irait moins mal s'il n'avait pas été bâti uniquement autour des valeurs masculines de violence et de compétition), les universalistes pour qui les femmes sont des hommes comme les autres et que le genre n'est qu'une construction culturelle qu'on nous met dans le crâne, celles qui voient le sexe comme un rapport de domination et veulent abolir la pornographie ou la prostitution, celles qui pensent à l'inverse que l'émancipation sexuelle suppose que les femmes fassent ce que bon leur chante de leurs corps y compris le marchander. Des étudiantes et des retraitées, des mères de famille et des vieilles filles, des hétéros, des lesbiennes, des bis...
Les mecs, s'ils sont peu nombreux, se ressemblent par contre un peu tous... de gentils AFC discrets qui ne prennent la parole que lorsqu'on les y invite, et ne manquent pas une occasion de s'autoflageller et de renvoyer les femmes à leurs statut de victimes... Et puis il y a moi, au cœur de ma période la plus arrogante (voir épisode III). J'argumente, je provoque, je plussoie, je conteste, je m'affirme, bref, je fais le coq. Les ressorts de mon engagement intriguent autant que sa sincérité ne fait aucun doute. Je sens le trouble et j'en joue. La présidente de l'asso me lâche « au fond t'es notre mascotte... on devrait t'utiliser pour recruter de nouvelles militantes ». Homme-objet pour féministes, je kiffe...
C'est dans ce contexte que je rencontre Anya. Cette jolie jeune femme de 28 ans est aussi discrète dans ses prises de parole que spectaculaire physiquement. Je ne sais pas ce qu'elle pense, et ne connaît du son de sa voix qu'une pointe d'accent que je n'identifie pas, d'un pays de l'est, probablement. Elles est en permanence dans l'observation, acquiesce et conteste du regard, et si je sens ses yeux sur moi, ils me fuient lorsque je cherche à les fixer.
Un soir après un repas où j'étais le seul homme et où j'étais sous le feu de leurs interrogations quant à mes motivations féministes, toutes les filles me font la bise pour me dire au revoir... Toutes sauf Anya, qui est déjà à une dizaine de mètres de là... Je l'appelle, elle se retourne et je lui lance « je me trompe où je te fais peur ? ». Elle hausse les épaules et s'en va. Ok, c'était nul.
Ou pas. Quelques jours plus tard, le week-end où Agnès est avec son ex (voir Episode IV), Anya m'envoie une demande sur Facebook, on est tous les 2 connectés, je saute sur l'occasion...
Trois jours plus tard, elle vient régler ses comptes par chat...
Novembre 2010. Je ne te l'ai pas encore raconté, mais depuis quelques mois, je fréquente assidûment les réunions d'une association féministe. FTSien et féministe, cela peut surprendre, voire paraître totalement antinomique. Mais je ne le crois pas, et pense à l'inverse que mener de front la découverte de ces deux mondes m'a aidé à y rester, dans l'un comme dans l'autre, moi-même.
Pour être honnête, c'est d'abord par intérêt professionnel (je suis amené à travailler très régulièrement sur des thématiques telles que l'égalité professionnelle, la lutte contre les violences ou l'accès à la contraception et à l'avortement...) que je m'y suis intéressé. Et puis je dois avouer qu'échanger au sens large, sur le « genre » m'a plu...
Le milieu féministe n'est pas la caricature que l'on peut en faire... les femmes que l'on y croise sont très diverses, elles y viennent avec des histoires très différentes, et leurs débats sont souvent animés, pour ne pas dire plus. Il y a les « essentialistes » pour qui il y a des valeurs masculines et féminines (et que le monde irait moins mal s'il n'avait pas été bâti uniquement autour des valeurs masculines de violence et de compétition), les universalistes pour qui les femmes sont des hommes comme les autres et que le genre n'est qu'une construction culturelle qu'on nous met dans le crâne, celles qui voient le sexe comme un rapport de domination et veulent abolir la pornographie ou la prostitution, celles qui pensent à l'inverse que l'émancipation sexuelle suppose que les femmes fassent ce que bon leur chante de leurs corps y compris le marchander. Des étudiantes et des retraitées, des mères de famille et des vieilles filles, des hétéros, des lesbiennes, des bis...
Les mecs, s'ils sont peu nombreux, se ressemblent par contre un peu tous... de gentils AFC discrets qui ne prennent la parole que lorsqu'on les y invite, et ne manquent pas une occasion de s'autoflageller et de renvoyer les femmes à leurs statut de victimes... Et puis il y a moi, au cœur de ma période la plus arrogante (voir épisode III). J'argumente, je provoque, je plussoie, je conteste, je m'affirme, bref, je fais le coq. Les ressorts de mon engagement intriguent autant que sa sincérité ne fait aucun doute. Je sens le trouble et j'en joue. La présidente de l'asso me lâche « au fond t'es notre mascotte... on devrait t'utiliser pour recruter de nouvelles militantes ». Homme-objet pour féministes, je kiffe...
C'est dans ce contexte que je rencontre Anya. Cette jolie jeune femme de 28 ans est aussi discrète dans ses prises de parole que spectaculaire physiquement. Je ne sais pas ce qu'elle pense, et ne connaît du son de sa voix qu'une pointe d'accent que je n'identifie pas, d'un pays de l'est, probablement. Elles est en permanence dans l'observation, acquiesce et conteste du regard, et si je sens ses yeux sur moi, ils me fuient lorsque je cherche à les fixer.
Un soir après un repas où j'étais le seul homme et où j'étais sous le feu de leurs interrogations quant à mes motivations féministes, toutes les filles me font la bise pour me dire au revoir... Toutes sauf Anya, qui est déjà à une dizaine de mètres de là... Je l'appelle, elle se retourne et je lui lance « je me trompe où je te fais peur ? ». Elle hausse les épaules et s'en va. Ok, c'était nul.
Ou pas. Quelques jours plus tard, le week-end où Agnès est avec son ex (voir Episode IV), Anya m'envoie une demande sur Facebook, on est tous les 2 connectés, je saute sur l'occasion...
Numclose. Je la retrouve devant un bar... fermé. Il pleut des cordes, on se kinotte gentiment sous un parapluie, à la recherche d'un lieu accueillant. Après des discussions sur mon boulot, le sien, nos engagements, elle entre dans le vif du sujet...C : merci de ton invitation
A : Ben de rien. Qu'est-ce que tu fais de beau sur fb ?
C: j'occupe un long week-end pluvieux, comme toi j'imagine...
A : s'occuper à perdre son temps, c'est vite une mauvaise habitude
C : je ne perds pas mon temps, j'ai calé deux déjeuners !
A : tu as bien de la chance. Pour moi le week-end s'annonce long.
C : toi aussi tu vis seule loin de tes bases familiales ?
A : oui, je suis de charente-maritime...
C : et moi breton... tu veux sortir ce soir pour ruminer notre manque d'océan ?
A : Pourquoi pas. Oui. Tu ne pourras plus dire que j'ai peur de toi comme ca...
C : tu avais quand même l'air pressée de fuir...
A : c'est mon côté sauvage... à apprivoiser...
C : Groarrr ! Tu m'en diras tant...
C : laisse-moi ton numéro, je t'appelle en fin d'après-midi.
La discussion dérive vers les rapports de séduction, le cul, son mariage foiré par la frustration et son divorce qu'elle est décidée à vivre pleinement... Ses intentions sont de plus en plus claires, les miennes beaucoup moins avouables. Je n'ai lancé cette invitation que par égocentrisme. Pour confirmer l'impression que j'avais qu'elle pouvait être intéressée. J'ai ma réponse... Mais j'ai une copine. Après une longue torture intérieure sur fond de « j'y vais ou j'y vais pas ? », je fais retomber doucement la pression, prétexte une fausse invitation pour la suite de la soirée, et finis par m'éjecter au bout de deux heures. Je suis un allumeur.A : Bon, dis-moi la vérité. Ton féminisme, c'est un plan pour draguer non ?
C : En tout cas ce n'est pas contradictoire. J'assume de séduire parce que je crois que les femmes connaissent les règles du jeu aussi bien que nous, et qu'elles ont aussi le droit de jouer avec nous. Si je devais culpabiliser, refouler, ou penser que je les manipule, alors c'est que je me sentirai supérieur. Les « gentils garçons » sont au fond bien plus sexistes que moi.
A : c'est une vision originale, mais je crois que tu es dans le vrai...
Trois jours plus tard, elle vient régler ses comptes par chat...
Je ne sais plus ce qu'elle m'a dit d'autre, mais j'ai passé un sale quart d'heure... Je publie un statut qui dit « ne pas oublier de commander La psychologie féminine pour les nuls au père noël ». Elle like. Je vais attendre plusieurs mois avant de retrouver une fenêtre de tir qui me confirmera que j'avais été trop con ce soir là...A : Tu sais que tu as presque réussi à me faire douter de mes charmes ?
Maître Yoda a écrit :Fais le, ou ne le fais pas. Il n'y a pas d'essai.