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Re: Clyde will glide

Posté : 12.08.11
par Clyde69
Episode V : où je prends un cours de psychologie féminine

Novembre 2010. Je ne te l'ai pas encore raconté, mais depuis quelques mois, je fréquente assidûment les réunions d'une association féministe. FTSien et féministe, cela peut surprendre, voire paraître totalement antinomique. Mais je ne le crois pas, et pense à l'inverse que mener de front la découverte de ces deux mondes m'a aidé à y rester, dans l'un comme dans l'autre, moi-même.

Pour être honnête, c'est d'abord par intérêt professionnel (je suis amené à travailler très régulièrement sur des thématiques telles que l'égalité professionnelle, la lutte contre les violences ou l'accès à la contraception et à l'avortement...) que je m'y suis intéressé. Et puis je dois avouer qu'échanger au sens large, sur le « genre » m'a plu...

Le milieu féministe n'est pas la caricature que l'on peut en faire... les femmes que l'on y croise sont très diverses, elles y viennent avec des histoires très différentes, et leurs débats sont souvent animés, pour ne pas dire plus. Il y a les « essentialistes » pour qui il y a des valeurs masculines et féminines (et que le monde irait moins mal s'il n'avait pas été bâti uniquement autour des valeurs masculines de violence et de compétition), les universalistes pour qui les femmes sont des hommes comme les autres et que le genre n'est qu'une construction culturelle qu'on nous met dans le crâne, celles qui voient le sexe comme un rapport de domination et veulent abolir la pornographie ou la prostitution, celles qui pensent à l'inverse que l'émancipation sexuelle suppose que les femmes fassent ce que bon leur chante de leurs corps y compris le marchander. Des étudiantes et des retraitées, des mères de famille et des vieilles filles, des hétéros, des lesbiennes, des bis...

Les mecs, s'ils sont peu nombreux, se ressemblent par contre un peu tous... de gentils AFC discrets qui ne prennent la parole que lorsqu'on les y invite, et ne manquent pas une occasion de s'autoflageller et de renvoyer les femmes à leurs statut de victimes... Et puis il y a moi, au cœur de ma période la plus arrogante (voir épisode III). J'argumente, je provoque, je plussoie, je conteste, je m'affirme, bref, je fais le coq. Les ressorts de mon engagement intriguent autant que sa sincérité ne fait aucun doute. Je sens le trouble et j'en joue. La présidente de l'asso me lâche « au fond t'es notre mascotte... on devrait t'utiliser pour recruter de nouvelles militantes ». Homme-objet pour féministes, je kiffe...

C'est dans ce contexte que je rencontre Anya. Cette jolie jeune femme de 28 ans est aussi discrète dans ses prises de parole que spectaculaire physiquement. Je ne sais pas ce qu'elle pense, et ne connaît du son de sa voix qu'une pointe d'accent que je n'identifie pas, d'un pays de l'est, probablement. Elles est en permanence dans l'observation, acquiesce et conteste du regard, et si je sens ses yeux sur moi, ils me fuient lorsque je cherche à les fixer.

Un soir après un repas où j'étais le seul homme et où j'étais sous le feu de leurs interrogations quant à mes motivations féministes, toutes les filles me font la bise pour me dire au revoir... Toutes sauf Anya, qui est déjà à une dizaine de mètres de là... Je l'appelle, elle se retourne et je lui lance « je me trompe où je te fais peur ? ». Elle hausse les épaules et s'en va. Ok, c'était nul.

Ou pas. Quelques jours plus tard, le week-end où Agnès est avec son ex (voir Episode IV), Anya m'envoie une demande sur Facebook, on est tous les 2 connectés, je saute sur l'occasion...
C : merci de ton invitation
A : Ben de rien. Qu'est-ce que tu fais de beau sur fb ?
C: j'occupe un long week-end pluvieux, comme toi j'imagine...
A : s'occuper à perdre son temps, c'est vite une mauvaise habitude
C : je ne perds pas mon temps, j'ai calé deux déjeuners !
A : tu as bien de la chance. Pour moi le week-end s'annonce long.
C : toi aussi tu vis seule loin de tes bases familiales ?
A : oui, je suis de charente-maritime...
C : et moi breton... tu veux sortir ce soir pour ruminer notre manque d'océan ?
A : Pourquoi pas. Oui. Tu ne pourras plus dire que j'ai peur de toi comme ca...
C : tu avais quand même l'air pressée de fuir...
A : c'est mon côté sauvage... à apprivoiser...
C : Groarrr ! Tu m'en diras tant...
C : laisse-moi ton numéro, je t'appelle en fin d'après-midi.
Numclose. Je la retrouve devant un bar... fermé. Il pleut des cordes, on se kinotte gentiment sous un parapluie, à la recherche d'un lieu accueillant. Après des discussions sur mon boulot, le sien, nos engagements, elle entre dans le vif du sujet...
A : Bon, dis-moi la vérité. Ton féminisme, c'est un plan pour draguer non ?
C : En tout cas ce n'est pas contradictoire. J'assume de séduire parce que je crois que les femmes connaissent les règles du jeu aussi bien que nous, et qu'elles ont aussi le droit de jouer avec nous. Si je devais culpabiliser, refouler, ou penser que je les manipule, alors c'est que je me sentirai supérieur. Les « gentils garçons » sont au fond bien plus sexistes que moi.
A : c'est une vision originale, mais je crois que tu es dans le vrai...
La discussion dérive vers les rapports de séduction, le cul, son mariage foiré par la frustration et son divorce qu'elle est décidée à vivre pleinement... Ses intentions sont de plus en plus claires, les miennes beaucoup moins avouables. Je n'ai lancé cette invitation que par égocentrisme. Pour confirmer l'impression que j'avais qu'elle pouvait être intéressée. J'ai ma réponse... Mais j'ai une copine. Après une longue torture intérieure sur fond de « j'y vais ou j'y vais pas ? », je fais retomber doucement la pression, prétexte une fausse invitation pour la suite de la soirée, et finis par m'éjecter au bout de deux heures. Je suis un allumeur.

Trois jours plus tard, elle vient régler ses comptes par chat...
A : Tu sais que tu as presque réussi à me faire douter de mes charmes ?
Je ne sais plus ce qu'elle m'a dit d'autre, mais j'ai passé un sale quart d'heure... Je publie un statut qui dit «  ne pas oublier de commander La psychologie féminine pour les nuls au père noël ». Elle like. Je vais attendre plusieurs mois avant de retrouver une fenêtre de tir qui me confirmera que j'avais été trop con ce soir là...
Maître Yoda a écrit :Fais le, ou ne le fais pas. Il n'y a pas d'essai.

Re: Clyde will glide

Posté : 12.08.11
par Permafrost
T'as un bon style. Agréable et humain, tu retranscris bien tes émotions et les instants que tu vis. Tu maîtrises l'écrit, ça m'étonne pas que t'aies un bon game online, et offline bien sur :mrgreen: . Je m'abonne à ton diary !

Re: Clyde will glide

Posté : 29.08.11
par Clyde69
Episode VI : où je one-itis un jour, one itis toujours.

31 décembre 2010. Voici une dizaine de jours que je sors avec Aurélie. Mais je te parlerai d'elle une prochaine fois et je te le promets, il sera vraiment question de cul (ca c'est pour le teasing)... Car ce soir c'est réveillon. J'ai sorti mes plus beaux atours de rockeur ringard avec perruque blonde, lunettes rondes, jeans déchirés et chemise de trappeur... et je vais revoir Alice.

Si tu te souviens bien (sinon, c'est tout en haut de la page, dans l'épisode I), mon « rendez-vous » avec Alice s'était soldée par un silence de six semaines, durant lesquelles je n'ai rien trouvé de mieux à faire qu'une dépression, une crise d'adolescence et une rupture. Nous sommes donc en août lorsqu'elle décide de m'envoyer un mail, que je peux résumer en trois points :
Alice a écrit :A : Nos échanges ont été trop rapides, trop intenses, et ils nous ont dépassés
A : Lors de notre rencontre, tu n'étais pas toi-même, pas naturel. Je sentais le mec complexé qui voulait que je remarque combien il était devenu beau.
A : J'avais d'importants problèmes de santé, qui m'ont sans doute conduite à chercher une écoute ailleurs, un regard masculin qui ne soit pas compassionnel.
Saisissant l'occasion, je lui réponds simplement que j'aimerais chatter avec elle, que ca ne prendra qu'un quart d'heure, que j'ai quelque chose d'important à lui dire. Je ne veux pas qu'elle apprenne ma rupture par une tierce personne, mais je ne veux pas non plus la lui annoncer par mail comme si tout était lié, quoi que j'en pense... Ce quart d'heure aura duré près de trois heures...
A : Au fond, tu étais mon échappatoire, comme je comprends aujourd'hui que j'étais la tienne. Je me sens coupable. Je m'en veux de penser que nous nous sommes mutuellement utilisés.
C : L'important ce n'est pas pourquoi nous avons souhaité cet échange. L'important c'est ce que nous en avons fait. Notre écoute mutuelle était sincère, je ne regrette pas ce que je t'y ai donné, pas plus que ce que tu m'as apporté.
A : il n'empêche que maintenant que nos problèmes sont réglés, je ne sais pas encore si je souhaite continuer à discuter avec toi. Si tu n'es plus une échappatoire, alors que sommes nous l'un pour l'autre ? Je ne veux pas avoir à répondre à cette question.
C : Mes problèmes ne sont pas réglés, je n'en mesure pas encore la portée... Mais ce n'est pas ta question. Je veux croire que si nous avons cette discussion aujourd'hui, c'est que nous n'avons pas totalement renoncé à être amis.
Cette histoire d'échappatoire me plaît bien. Parce que ce sera la seule fois, en un an, qu'elle me dit autre chose que la version officielle selon laquelle « je me suis fait des films ». Mon ego avait besoin qu'on lui dise que non, il s'était bien passé quelque chose, fut-ce pour de mauvaises raisons.

Nous chatterons ainsi quotidiennement pendant une semaine, toujours à son initiative. Elle veut savoir avec insistance comment je vais, comment je m'organise, et aussi s'il y a une fille derrière ces brusques changements dans ma vie. Je sens surtout chez elle de la culpabilité, elle veut que je la rassure sur le fait que ce n'est pas « de sa faute ». Je me refuse d'ailleurs à la rendre responsable, elle n'aura été que le révélateur de maux plus profonds... Et parce que je suis sincère dans ma proposition d'amitié, je veux banaliser notre relation. Nous reprendrons d'ailleurs un verre fin août, avec son époux... et puis plus rien. Elle aura finalement choisi, pour des raisons qui lui appartiennent et que je ne cherche pas à connaître, de ne pas donner de suite. Je respecte ce choix.

Jusqu'au 31 décembre.

Je suis heureux de la revoir. De l'eau a coulé sous les ponts et je pense être sincèrement passé à autre chose. Je me fais un tas de films sur ce que j'ai à lui dire. Que je ne lui en veux pas. Que je vais bien. Et que c'est en partie grâce à elle. Mais rien ne se passe comme prévu.

Passé les banalités d'usage au moment de se saluer, elle passera la soirée à m'éviter, à ne pas croiser mon regard... et à ne pas avoir à me faire la bise aux douze coups de minuit. Nous sommes des fantômes l'un pour l'autre, et cela me fait mal. Je passerai une bonne heure seul, sur le balcon, à noyer mon mal-être dans le whisky et le tabac. Peut-être espérais-je en vain qu'elle viendrait m'y parler.

Et puis l'alcool aidant, je reprends le dessus et commence à danser, à chanter, à faire le show. Un instant je croise son regard. Vide. Triste. Mélancolique. Cela a peut-être duré deux secondes, ou dix, ou trente, mais cela m'a paru une heure...

Le lendemain, je parle de ce moment avec ma meilleure amie, qui me confie qu'Alice lui en a parlé dans les mêmes termes. Elle lui a dit qu'elle avait été heureuse de me voir, que c'était un premier pas qu'elle n'avait pas su gérer mais qu'elle se sentait aujourd'hui prête à reprendre le dialogue, sans toutefois être capable d'en prendre l'initiative. Je laisse passer quelques jours avant de lui écrire ce que j'aurai voulu lui dire. Elle me répond qu'elle est flattée, mais qu'elle ne mérite pas d'être remerciée, qu'elle s'en veut toujours.

En mars, j'apprends qu'elle est enceinte, et l'appelle pour la féliciter. Depuis, nos relations se sont quelque peu normalisées, c'est à dire aseptisées. Nous avons recommencé à nous vanner sur facebook, nous nous sommes croisés à quelques soirées, et il nous arrive – rarement - de chatter. Sans jamais revenir ouvertement sur les événements de l'an dernier, ils demeurent présents et nous interdisent de devenir réellement amis. Moi non plus, je ne veux pas avoir à répondre à la question « que sommes-nous l'un pour l'autre ? »

Un an après, je ne suis pas guéri... Je ne veux pas l'être et c'est toujours avec délice que je me réveille au milieu d'un rêve qu'il lui arrive de hanter. Je me dis parfois que si j'ai choisi cette vie, si j'ai tant de mal à m'engager dans une nouvelle relation, c'est que je veux être libre le jour où elle le sera....

Re: Clyde will glide

Posté : 30.08.11
par Clyde69
Merci m'sieur Holden...

Je pense tout autant de bien de ton style (écrit comme dans l'approche). J'ai la faiblesse et la prétention de penser que la séduction peut-être un art et que même quand on ne conclut pas, on doit avoir l'exigence de vivre et de faire vivre des moments qui restent gravés dans des mémoires... Je sens ca aussi chez toi, et ca me fait beaucoup de bien quand je vois tous ces "autoproclamés players" qui écrivent comme dans les sms et sont infoutus de nous faire partager une quelconque émotion (alors j'imagine à elles...)

Par contre, maturité c'est un peu fort, j'ai plutôt le sentiment de lutter contre mon âge (mal du siècle)... tu parlais de quelle A ? (ouais elles s'appellent toutes A mais ce n'est pas fait exprès, je change les prénoms en conservant l'initiale réelle)

Re: Clyde will glide

Posté : 30.08.11
par Clyde69
Parenthèse

Je comprends pourquoi j'ai mis tant de temps et ai eu tant de mal à écrire ce billet sur mes relations avec Alice. Après l'avoir écrit, j'ai eu envie de chatter avec elle... elle va bientôt accoucher, l'excuse était toute trouvée. Beaucoup de non-dits et de sous-entendus...
Alice a écrit :tout le monde ne s'intéresse plus qu'à mon ventre, ca m'a fait du bien de sentir que tu t'intéresses à moi.
Je me sens comme un flipper qui vient de claquer.
Same player shoot again

Re: Clyde will glide

Posté : 02.09.11
par Clyde69
Episode VII : où je baise comme un homme
Georges Brassens a écrit :Qu'elle le taise ou le confesse, c'est pas tous les jours qu'on lui déride les fesses
Tu l'auras certainement remarqué depuis que j'ai fait de toi mon journal, je parle bien plus facilement de mes sentiments/émotions/états d'âme/doutes et certitudes que de cul. J'ai d'ailleurs remarqué que je ne suis pas le seul, les ftsiens ayant pour fâcheuse habitude de considérer le fclose comme ce but ultime, cette victoire sur soi-même et le monde cruel qui nous condamne à l'Afcisme, plus que comme une interaction dans le process de séduction. Bref il se demande plus souvent comment parvenir à cette fin que ce qu'il peut y trouver.

Comme si, au fond, l'aisance sociale avec la gent féminine serait un gage de vie sexuelle épanouie, et qu'en devenant un « séducteur», on deviendrait par la même occasion un « bon coup ». C'est évidemment lié - la confiance en soi est là aussi fondamentale – mais ca n'a pourtant rien de mécanique. Car si j'ai pris conscience quasiment du jour au lendemain que je pouvais avoir des skills pour conclure, cela m'a pris plus de temps pour m'assumer au pieu.

Je dois d'abord avouer que je venais de loin, ma LTR ayant été, de ce côté là aussi, castratrice. Après des premiers mois à la limite de la nymphomanie (on vivait à distance et passions alors nos week-ends au pieu / en voiture / en forêt / en cabine d'essayage...) et où elle avait réussi à dire à ma mère que j'étais un super coup dès leur première rencontre... le quotidien et la vie familiale ont rapidement gâté l'affaire. C'est devenu répétitif et conventionnel, elle demandait à ce que ca aille vite (rapport à ce qu'elle était elle-même très rapide et ne se donnait pas la peine de sembler être toujours avec moi une fois qu'elle avait eu un orgasme), parlait d'accomplir son « devoir », ne trouvait rien de plus excitant que de fermer les yeux pour imaginer qu'elle était avec un autre (et de me le dire, surtout)... et puis forcément, ca a fini par s'espacer dramatiquement tant on était plus en phase... Lors de la rupture, le sujet « sexe » est devenu explosif et nous a valu de beaux échanges de mails où elle me reprochait de la baiser comme une mère de famille et où je lui rétorquais qu'elle jouait à aimer ca plus qu'elle n'aimait y jouer.

Bref, tu connais le cocktail :
Clyde a écrit : manque de confiance en soi + peur du jugement, = absence de prise de risque
Donc sexualité pépère. Sans compter quelques retards à l'allumage, problèmes que je n'avais pas connu jusque là et qu'il eut été de mauvaise foi d'attribuer au tabagisme et à la vieillerie. Notamment avec Agnès (voir épisode IV) mais bon, on était assez bourrés pour s'endormir avant qu'elle ne s'en rende compte.

Mais ca, c'était avant Aurélie.

Décembre 2010. Aurélie a 25 ans et fréquente le même groupe féministe que moi, a parfaitement capté mon jeu avec Anya (et pense que je me la suis faite), et connaît mes histoires de drague sur internet par d'autres amis communs. Bref, pour la première fois je suis confronté à une réputation, et c'est précisément ce qui l'attire...

Pour ma part je sais par ces mêmes amis qu'elle a rompu sa LTR commencée à l'âge de 16 ans depuis quelques mois, et que depuis elle multiplie les plans cul. Aussi, lorsqu'elle m'envoie un mail pour me demander un doc qu'elle a oublié en réunion, mon arrogance du moment me fait immédiatement penser qu'elle me veut (ce qu'elle nie toujours aujourd'hui, il y a débat).

Première date : sortie en boîte de jazz et retour en taxi, sa mère squatte chez elle pour cause d'alerte neige et je sais que je ne coucherai pas ce soir là. Mais je tente le « goodbye kissclose » qu'elle évite en détournant le visage, avant d'exploser de rire. Grrmpff. Je rentre et trouve un message sur facebook qui dit simplement :
Aurélie a écrit :Sois pas fâché, je suis joueuse ;-)
S'en suit une session de chat où l'on parle ouvertement et quasi-exclusivement de notre rapport à la séduction, et au sexe. Elle en a marre des mecs qui se rhabillent en 30 secondes, de traverser la ville à moitié à poil à 2h du mat' et de prendre son café toute seule. Mais elle ne veut pas non plus retomber dans une histoire où l'on partage plus de parties de Wii que de jambes en l'air. Je lui fais part de mon addiction à la drague et du fantasme d'un couple où l'on aurait la sécurité affective sans renoncer à la liberté sexuelle. Elle adhère. On baise toute la nuit suivante.

En réalité, je ne drague plus vraiment. Mais je sais que j'en ai le droit et que rien ne l'excite plus que de me voir « faire le coq ». Je m'éclate dans cette relation, et je crois avoir trouvé un point d'équilibre. Je me surprends même à publier sur facebook un statut où je parle de bonheur.

Sauf que le 31, je revois Alice. Et que je vais croiser la route du méchant H1N1 pour me punir de m'être moqué de Bachelot. Et qu'un événement familial change totalement ma logistique vis à vis des gosses. Bref, je vois Aurélie de moins en moins, ca me saoule de la baiser à date et heure fixe, ca me saoule encore plus de recevoir 30 sms par jour pour compenser, et je cogite. Avant de rompre au bout de deux mois.

Deux semaines plus tard, elle m'écris que je lui manque, où plus précisément que mon corps lui manque. Parce qu'elle a confiance en moi, qu'on partage une vraie complicité sexuelle, qu'elle ne peut s'empêcher de penser que je reste celui qui la libérera totalement. Et puis elle a une phrase magique :
Aurélie a écrit :Par exemple, j'aurais aimé explorer avec toi le plaisir anal...
hum...
Clyde a écrit :Toi, tu me prends par les sentiments...
Humain trop humain, tu comprendras que je n'ai trouvé meilleure réponse que de lui proposer un contrat de Fuckfriendage. Elle pose comme condition qu'on ne s'interdise pas de dormir ensemble même si ce n'est pas non plus obligatoire. Et moi qu'on en parle pas à nos amis communs. Bien évidemment, chacun fait ce qu'il veut de son côté et l'on a pas à se justifier si l'on arrête tout. Deal.

Aurélie, c'est le genre de fille qu'un mec empoté prendrait pour une plante verte au lit. Elle ne prend aucune initiative, te regarde avec des yeux de merlan frit avant de lâcher « euh... je sais pas » quand tu lui demandes ce dont elle a envie, communique très peu sur son plaisir (enfin pendant, après elle te fait une réputation de meilleur coup du monde auprès de la moitié de la ville). Mais lorsque l'on me demande si c'est une bonne affaire, je réponds simplement « elle est ouverte à tout »... Si tu assumes de prendre toutes les initiatives, c'est l'inverse d'une plante verte, plutôt une pâte à modeler. Elle ne dit jamais « non ». Une vraie soumise.

Pendant 4 mois et à raison d'une ou deux fois par semaine, nous aurons donc ce que j'appellerai une « liaison pornographique ». Nous dévalisons les sex-shops de la région, faisons des photos hardcore (même pas en rêve tu me les demandes), trouvons de nouveaux usages à nos locaux professionnels respectifs, battons ses records de capacité, découvrons les clubs et la sexualité de groupe... etc, etc... Nous ne sommes pas Fuckfriends par peur de nous engager, ni dans l'attente de jours meilleurs, mais pour repousser nos limites.

Entendons-nous bien, je ne prétends pas que le gonzo soit la forme la plus épanouissante de sexualité, et je ne traverserai pas cette période sans états d'âmes ni prises de tête, mais ce n'est pas mon sujet du jour... Mais j'apprends l'insouciance, le détachement, le jeu. Je ne me représente plus le sexe comme un support devant véhiculer des sentiments. Quels que puissent être ces sentiments et quelle que soit la nature des relations que j'aurai en parallèle ou après cette histoire, mon approche s'en trouve transformée : j'assume mon animalité et invite mes partenaires à libérer la leur.

En un mot, je ne drague plus pour les « avoir », mais pour leur faire partager des moments de plaisir.

Re: Clyde will glide

Posté : 02.09.11
par Mr.Smooth
j'assume mon animalité et invite mes partenaires à libérer la leur.
En te lisant j'ai mis le doigt sur un de mes plus gros problèmes.

Re: Clyde will glide

Posté : 02.09.11
par Clyde69
Holden Caulfield a écrit :C'était ta première relation comme ça ou y'en a eu d'autres avant ?
Bah j'ai été étudiant... tout ce qu'on a fait n'était pas une découverte non plus...

Maintenant, jeune j'étais tout sauf entreprenant, disons que je me laissais facilement violer. Enfin même pas toujours, je dois être le seul étudiant du monde à avoir refusé un FFM parce qu'une des deux filles était une grosse conne.

C'était la première fois que je faisais fasse à une telle passivité et à y répondre par l'escalade, oui... Depuis c'est presque devenu une habitude, comme si je les prenais un peu coincées exprès pour être regardé comme un grand initiateur (enfin je crois surtout que la différence, c'est que depuis un an, comme je ne me fais plus violer, je corrompt des filles un peu coincées que j'aurai jamais eu avant)
et pour les photos, c'est un non définitif ?
figure toi que j'ai failli écrire "même pas en rêve tu me les demandes, Holden" :mrgreen:
Mr.Smooth a écrit :En te lisant j'ai mis le doigt sur un de mes plus gros problèmes.
Je finis de lire ta prose et on en reparle, Smoothie.

Re: Clyde will glide

Posté : 04.09.11
par tibdeconne
Ton journal est bien écrit (pas étonnant que tu sois aussi bon en drague online!) et intéressant. Au risque de répéter ce qu'a déjà dit Holden, on sent la maturité (sans doute due à ton âge), et j'aime bien le fait que tu fasses part de tes états d'âmes/sentiments :wink:

Re: Clyde will glide

Posté : 05.09.11
par BlackJack
Il y en a pour tout le monde, ton journal est instructif comme il est agreable. Les divers évènements transcrits s'aventurent sur un eventail d'emotions et d'envies. En plus de cela tu as le merite d'avoir quelques années d'expérience. En bref, il ne se lit pas en diagonale :D

Il y a une evolution constante de ta personnalité, dans quel sens, on verra!

Si ca a ete dit et redit, c'est que c'est vrai, tu ecris bien. Si je peux te poser une question, quel est l'auteur qui t'as le plus influencé?

Have fun.