Merci pour ta réponse : effectivement, j'avais bien conscience que l'exemple que je donnais pouvait être considéré comme un argument en faveur du caractère falsifiable de l'evopsy.
Néanmoins, j'ai toujours l'impression que l'evopsy peut-être utilisé à tord et à travers et que deux raisonnements complètements contradictoires peuvent être construits pour expliquer les mêmes observations. Et je ne suis pas sûr que ce problème soit complètement décidable.
Comme tu as soulevé des points intéressants, j'en profite pour préciser quelques idées.
Tout d'abord, l'expérience des jumeaux, soulèvent de nombreux problèmes méthodologiques (en plus de ceux, évidents, relevant de l'éthique). Il est facile de voir que nous sommes énormément conditionné par notre éducation dans laquelle nous vivons, par la culture familiale et nationale, par notre langue (dont les limites et richesses du vocabulaire vont avoir un impact sur notre conceptualisation du monde). Pour pouvoir évaluer la nature de nos conditionnements génétiques, il faudrait être capable de contrôler ces variables annexes. Vaste programme...
De plus, si on fait le postulat (qui est le mien) que la part de l'innée est relativement faible par rapport à nos acquis culturels, on pourra chercher longtemps avant de pouvoir évaluer précisément l'importance de notre conditionnement inné.
Je ne suis pas ethnologue, mais il me semble que les comportements suivants sont très répandus:
- femmes préférant un petit nombre de partenaires fidèles, hommes préférant la diversité
- grand-parents s'occupant de leurs enfants
- altruisme envers les gens de son groupe social, plus qu'envers les "étrangers"
C'est typiquement le type de présupposé que j'ai pu lire en evopsy et qui n'est pas démontré.
Assez systématiquement, je vois des "observations" qui ne sont que des lieux-communs et qui peuvent être interprété de façon très différente de celle proposé par l'evopsy.
Prenons un exemple:
- femmes préférant un petit nombre de partenaires fidèles, hommes préférant la diversité
Bon tout d'abord, moi qui fréquente les milieux libertins, je peux te dire que je ne l'aurais pas postulé de cette manière. Quand tu vois ta copine s'éclater dans un gang-bang tu as tendance à relativiser ce type d'affirmation. Ceci dit, j'admets que ma vision est parcellaire et nécessairement biaisé, mais j'affirme sans aucun doute que celui qui a émis cette idée à l'origine était tout aussi biaisé que moi.
Ensuite, même une étude statistique ne serait pas un argument convainquant car une explication sociétale serait largement autant applicable. Je t'en propose une, issue du matérialisme historique de Engels que je trouve autrement plus puissant.
L'evopsy postule que les hommes sont conditionnés pour être bien sûr de n’élever que sa descendance.
Le matérialisme historique, lui, postule que les hommes ont construit des normes sociales pour s'assurer que c'est bien sa descendance qui va hériter de sa PROPRIETE. Il va donc construire des normes sociales, et des lois pour s'assurer que la liberté sexuelle de la femme soient réfrénée, interdite et réprimée. Une fois ces normes sociales assimilées, elles vont ensuite être transmisess par tout le corps social dans son ensemble, et notamment par les femmes qui sont longtemps en charge des enfants.
Une fois cette situation installée, un observateur un peu rapide et distrait (oui, je parle des evo-psy...) observera que les femmes ont moins de rapports sexuels que les hommes, et que par conséquent elles ont moins de désir de diversité et qu'enfin tout ceci peut s'expliquer par un conditionnement biologique. Sauf qui si conditionnement il y a, il vient en fait de la société patriarcale...
Pour terminer ce laïus qui n'est qu'une petite introduction au matérialisme historique, je rajouterais que cette théorie est testable: en effet elle postule qu'une société sans transmission de propriété privée aura une plus grande tolérance envers la sexualité féminine. Deux exemples sont données pour illustrer cet état: Tout d'abord Spartes, qui était un société collectiviste et qui autorisait une grande liberté sexuelle aux femmes (elles avaient, par exemple, le droit d'inviter des étrangers à coucher avec elles, même si elles étaient mariées). Le contraste avec la situation athénienne est criant: elles avaient là-bas un statut intermédiaire entre le citoyen et l'esclave... L'autre exemple est aussi l'Egypte antique dans lequel toutes les terres étaient propriétés du Pharaon. Les fermiers n'étaient que locataires. De façon similaire la liberté sexuelle féminine y était bien plus développée et tolérée.
Enfin un dernier point qui me gonfle dans l’evopsy.
Pour expliquer une observation actuelle (généralement parcellaire), on postule un comportement innée (qui reste à démontrer) qui s’expliquerait par une adaptation préhistorique QUE L’ON NE CONNAIT PAS. Et ça, excusez-moi du peu, mais ça me troue le cul : de nouveau nous projetons nos fantasmes et préjugés pour expliquer un situation sur laquelle nous ne connaissons rien. La répartition des rôles en fonction du sexe à cette époque nous est complètement inconnue !
Bref, l’evopsy explique du vent avec du vent…
Tout ça pour dire, que je vois l’evopsy comme un réductionnisme à la vue courte qui veut donner des explications trop simples à des phénomènes éminemment complexes.
Enfin, une petite illustration cadeau :
http://imgs.xkcd.com/comics/savannah_ancestry.png