Petites discussions autour de la mort

Note : 29

le 27.05.2015 par Cellar Door

29 réponses / Dernière par Balzac le 18.06.2015, 00h32

Etat d'esprit / psychologie / dev perso / vie intérieure.
Un forum pour celles et ceux qui s'intéressent au dev perso, à l'équilibre intérieur, à la psychologie. Surmonter ses blocages, ses croyances limitantes, nourrir et développer ses forces, etc.
Au contraire, la plupart des traditions spirituelles tendent à démontrer l'inverse
Soit on accepte la mort par illusion (vie après la mort, réincarnation, etc...) soit un accepte la mort par résignation.

Et les quêtes spirituelles autour de la mort tournent autour de ces illusions. Et une fois qu'on a compris ça, bah tu retombes sur mon message du dessus.

Je peux comprendre qu'un certain nombre de gens aient besoin de vivre dans l'illusion:
90% de l'humanité (voire plus) croit en une vie après la mort. Et s'ils croient cela, c'est parce qu'ils en ont besoin, pour accepter de mourir un jour.

Mais perso, ce n'est pas mon truc.
Je peux comprendre qu'un certain nombre de gens aient besoin de vivre dans l'illusion:
90% de l'humanité (voire plus) croit en une vie après la mort. Et s'ils croient cela, c'est parce qu'ils en ont besoin, pour accepter de mourir un jour.

Je te trouve un peu dur là Ash. Je fais clairement partie des gens qui pensent que la mort n'est qu'une étape mais je pense que j'ai réellement commencé à accepter la mort par résignation via mon travail. Et pas juste pour être rassuré.

Je vais essayer d'organiser les pensées au fur et à mesure que j'écris.

Tout d'abord, j'ai une philosophie de la mort que je me suis construit à travers :
mes lectures de fictions (Bernard Werber par ex) ou culturelles (signification des chiffres ou comparaison entre les différentes croyances en cosmogonie)
des films ou même discussions qui m'ont fait réfléchir (Holden confirmera que passé un certain niveau de défonce, on peut avoir des discussions étonnement censées, philosophiques et intelligentes; ou discussions avec des gens qui disent avoir vécu une NDE)
des expériences un peu bizarres que je ne raconte que rarement de peur d'être envoyé en HP ("I see dead people")

Et tout ceci de me faire penser qu'il est POSSIBLE que ça ne s'arrête pas comme ça. Sans pour autant que ça soit religieux. Je ne développe pas plus ça serait hors sujet. Mais je peux aussi me tromper et j'en suis conscient. Pourtant, ça ne change pas mon rapport à la mort.




Deuxième chose: la mort fait partie de mon job (milieu médical). J'ai connu beaucoup de gens qui sont maintenant décédées, j'ai vu des gens mourir en direct, certains sont même morts sous mes mains. Et j'ai appris que c'est comme ça, c'est la vie. On ne peut rien y faire, nous somme si peu face à cette force.


Mais j'ai aussi appris autre chose. Il y a deux manières "d'accepter" la mort: se créer une carapace et la "vraie acceptation", comprendre que ça fait partie de la vie sans pour autant éviter d'y penser. Je pense, à titre personnel, que ne pas y penser n'est qu'une fuite qui finit par nous déshumaniser, par nous faire oublier l'empathie. Déformation professionnelle de certains ou solution de facilité qui donne une illusion d'acceptation? Je ne sais pas.

La mort est partout autour de nous sans même qu'on la voie et accepter c'est la voir et savoir lui sourire. Ça peut paraître bizarre ce que je dis mais c'est comme ça que le vois.


Après, je rejoins aussi ce que dis Ash sur le fait de prendre conscience que le temps est compté. Ça m'a fait penser à ce discours de Steve Jobs à la remise diplôme de je ne sais plus quelle université, je ne sais plus quelle année. Ça permet de philosopher la mort de la voir comme ça. Peut être de se rassurer aussi en ce disant qu'on accompli ce qu'on avait à faire.




Par rapport à toi Cellar, j'ai été étonné que ce soit toi qui lance ce sujet. Tu dis souvent être très fataliste et la mort n'est-elle pas la fatalité par excellence?

Et ce passage aussi
Exemple récent : J'étais en avion, je n'ai jamais eu peur en vol, mais cette fois-ci je ne sais pas pourquoi j'ai commencé à imaginer l'avion se planter (surement l'actualité joue, bref).

A ce moment là, l'idée de partir m'est apparue comme insupportable. J'ai passé plusieurs minutes d'angoisse, avant enfin de canaliser mes craintes et en acceptant que si l'avion devait se planter, je ne pouvais rien y changer, donc ça ne servait à rien de stresser.

Je me demande: peur réelle de la mort ou juste peur du crash et des idées que ça véhicule (panique, stress, souffrance....) ??

Car comme Owen, je pense craindre plus la souffrance que la mort en elle-même. Ne serait-pas ton cas aussi au fond? Il n'y a que toi qui le sais ça.


Perso, je ne pense pas avoir peur de la mort mais je ne le saurais vraiment que lorsqu'elle frappera à ma porte.


Voilà, ça part un peu dans tous les sens aussi mais le sujet est tellement vaste qu'en parler sur un forum devient vite une épreuve.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] J'allais le dire le 28.05.15, 12h18 par Bald_Soprano
Perso, j'ai été confronté à la mort très tard.

J'ai perdu tous mes grand-parents étant gamin, des oncles et tantes pas assez proches de moi pour me faire prendre conscience de la mort. C'était comme un fait divers, ça ne me touchait pas. Et il y a cinq ans, j'ai perdu ma mère, ça a été une vraie claque. Première vraie confrontation avec la mort (mais alors… on meurt vraiment… on nous met sous terre et c'est fini), jusqu'alors, c'était comme si je savais qu'on va tous y passer, mais tant que ça ne me touchait pas, je n'en prenais pas pleinement conscience.

Depuis, ma philosophie, qui était déjà de l'ordre du carpe diem, profiter tout ça tout ça, est très centrée autour de l'idée de la mort. Je ne vois pas ça comme quelque chose de glauque, mais je m'y réfère beaucoup, et je crois que j'y pense au moins une fois par jour. Ça permet de recentrer pas mal de choses: éviter les embrouilles futiles, les prises de tête inutiles, oser dire aux autres ce qu'on a sur le coeur…

Un autre gros avantage, c'est que se référer quotidiennement à la mort me fait sentir plus vivant que jamais. Il y a quelques temps, je suis allé faire un petit tour aux catacombes de Paris (les catacombes "légales" à Denfert). Des inscriptions gravées dans la pierre: "en allant vous coucher le soir, ne penser pas que vous allez nécessairement vous réveiller le lendemain". Et tous ces squelettes entassés, tous ces gens qui ont eu aussi une vie et qui ne sont plus, ça donne à réfléchir. Je me mettais "à leur place" et je me disais, s'ils ont encore un peu de conscience, que doivent-ils penser? "ah si j'étais encore vivant, je ne me serais pas pris la tête pour telle ou telle chose".

Comparés à eux, j'ai toujours la chance de respirer, de sentir l'air, d'avoir chaud, d'avoir froid, de voir des arbres, des petits coins de ville sympas. C'est comme si apprendre à mourir, ou avoir conscience de la mort exacerbait mes sens.

Un inconvénient est que pendant un temps j'ai eu du mal à me projeter sur le long terme du coup, construire quelque chose. Je me dis "à quoi bon (faire des enfants, acheter un appart', etc…), puisqu'on va crever?". Mais ça a tendance à s'atténuer avec le temps.

Parfois, comme toi, le soir avant de m'endormir, je me mets à penser à ma mort, et l'idée du néant, l'absence de conscience, m'angoisse. D'autres fois, je parviens à l'accepter.

Je crois qu'en définitive, et pour reprendre ton exemple du crash d'avions, mourir ne me fait pas si peur que ça. Au-delà du fait de mourir, je crois que je crains surtout la manière.

Mourir doucement dans son sommeil, c'est certainement pas pareil que de mourir dans un crash d'avion. Au-delà du fait de mourir, c'est penser à la douleur et aux sensations physiques ressenties pendant la chute, la brulure du carburant, la dislocation de mon corps, c'est comment? rapide pas rapide? je perds connaissance avant? enfin tu vois le délire.

Après, j'ai ouïe dire qu'il n'y avait que dans les films que les gens meurent en s'éteignant doucement et paisiblement sur leur lit d'hôpital, et serrant la main d'un proche… Toute mort serait donc plus ou moins douloureuse et ressentie. Mais bon, on en sait rien, aucun mort n'a pu nous le dire…
C'est ouf comment vos messages me permettent d'avancer dans mes réflexions.

@Splif : Ma peur n'a rien à voir avec la douleur physique, ce que je trouve insupportable c'est de me dire que je vais arrêter d'être, soit de suite, soit dans x années.
Et je m'en veux de penser comme ça alors que ma philosophie de vie est à l'opposée, comme tu l'as bien souligné.

Puisque mon passage sur terre n'a aucune importance (au niveau global des choses), et puisque je ne vais garder aucun de mes souvenirs dans l'au delà, pourquoi veux-je vivre le plus longtemps possible ?

Après réflexions, je pense que :

1) Je suis rattrapé par mon ego, comme souvent :)

2) Je conçois l'absence de vie comme une fin, ce qui crée cette inacceptabilité.

Solutions ?

- Continuer à faire un travail d'humilité et se rappeler que sa vie n'a pas plus de valeur qu'une autre. Que son existence n'est pas autocentrée. Pas facile tout les jours, c'est un vrai travail au quotidien.

- Prendre du recul par rapport à la vie et penser avec un autre prisme que notre dimension temporelle.
La mort n'est qu'un retour aux origines, un retour à l'état d'avant naissance.
Si nous faisons parti d'un tout, alors la mort n'est qu'un retour à ce tout.
la seule chose que nous perdons c'est notre individualité, mais a-t-elle plus d'importance que la vie elle-même ? ==> Retour à la case ego.

Bon là on est clairement en pleine philosophie. Je me suis rematé Interstellar dernièrement et ça m'a beaucoup inspiré concernant "penser avec un autre prisme, penser sans la temporalité et sans l'individualité".
splifstarz a écrit : Deuxième chose: la mort fait partie de mon job (milieu médical). J'ai connu beaucoup de gens qui sont maintenant décédées, j'ai vu des gens mourir en direct, certains sont même morts sous mes mains. Et j'ai appris que c'est comme ça, c'est la vie. On ne peut rien y faire, nous somme si peu face à cette force.
Suis ok avec toi dans l'idée splif, mais as-tu l'impression que ça "immunise" dans la vie perso ce genre d'expériences? C'est une chose que de côtoyer tout ça de près, au quotidien et dans son job, une autre que de le vivre personnellement non?
Accepter que ça fait partie de la vie est une chose, se sentir prêt à ce que tout s'arrête demain en est une autre (en ce qui me concerne en tous cas)
Je te rejoins dans le sens où nous ne sommes rien par rapport à cette force, mais pour moi ça ne rend pas l'idée moins effrayante.
splifstarz a écrit :La mort est partout autour de nous sans même qu'on la voie et accepter c'est la voir et savoir lui sourire. Ça peut paraître bizarre ce que je dis mais c'est comme ça que le vois.
Une petite parenthèse MyLife:

Mon père est aussi un fervent "partisan" de l'après, des énergies diverses et variées, de l'idée que des choses continuent, sous une autre forme. ça fait des années qu'il marche sur ce chemin psycho/spirituel (rien de religieux non plus), qu'il fuit les toubibs comme la peste (s'il le peut), qu'il ne jure que par le bio, les minéraux, les huiles essentielles... (spéciale dédicace splif: il me raconte souvent des trucs desquels il me dit: "mais ça je ne peux pas le dire à tout le monde, sinon ils vont me foutre à l'asile!")

Des symptômes suffisamment alarmants l'ont tout de même poussé à se frotter à la médecine traditionnelle, la machine était lancée : examens complémentaires, longue attente des résultats.. Durant toute cette période de stand-by son discours était archi posé et serein malgré un tableau brossé un peu flippant (au vu des symptômes et 1ers résultats). Il commençait déjà à poser ses pions pour nous préparer, se préparer : "de toutes façons si c'est cancéreux, je ne veux pas entendre parler de chimio", "j'accueillerai ce qui se présentera quoi qu'il en soit", "j'hésite à en parler autour de moi parce que je ne veux pas que les gens me renvoient leurs peurs alors que je n'en ai pas" etc. Je le sentais vraiment dans l'acceptation, et ça collait assez bien avec son mode de vie et ses schémas de pensées.

Bref, les résultats tombent: "rien de grave", contrairement à ce à quoi il s'était préparé.

Son discours après la consultation : "ça allait jusqu'à ce que j'aille à ce rendez-vous, une fois là-bas, je me suis rendu compte que toutes mes histoires d'accueillir ce qui se présenterait, c'était de la couille en barre (oui, mon père dit "couille en barre" à 67 ans j'vous jure!) J'ai réalisé à ce moment là que je n'étais pas du tout prêt à passer de l'autre côté. C'est dingue cet espèce d'instinct de survie qui m'a sauté à la tronche d'un coup."

Tout ça pour dire que...je crois que les choses peuvent vite devenir différentes quand on est réellement confronté de façon personnelle à une possible fin imminente.
splifstarz a écrit :Car comme Owen, je pense craindre plus la souffrance que la mort en elle-même.
C'est étonnant parce que la souffrance est moins inéluctable que la mort :wink: (sauf cas particuliers évidemment)
splifstarz a écrit :Voilà, ça part un peu dans tous les sens aussi mais le sujet est tellement vaste qu'en parler sur un forum devient vite une épreuve.
Oui ça me fait le même effet! Mais c'est super intéressant de partager ces différents points de vue.
Suis ok avec toi dans l'idée splif, mais as-tu l'impression que ça "immunise" dans la vie perso ce genre d'expériences? C'est une chose que de côtoyer tout ça de près, au quotidien et dans son job, une autre que de le vivre personnellement non?
Immunisé? Non et heureusement. Je me trouverai flippant d'être insensible à la mort d'un enfant ou de ne pas être touché de ne pas avoir su réanimer quelqu'un. C'est justement pour ça que je différencie l'acceptation et la carapace, que je trouve déshumanisante.

J'accepte la mort mais elle me touche toujours. Je ne suis qu'un homme après tout. Et je tiens à le rester. Je ne veux pas ressembler à ces toubibs qui connaissent tellement le corps qu'ils en oublient ce qu'il y a à l'intérieur.



Accepter que ça fait partie de la vie est une chose, se sentir prêt à ce que tout s'arrête demain en est une autre (en ce qui me concerne en tous cas)
C'est justement pour que j'ai aussi écrit:
Perso, je ne pense pas avoir peur de la mort mais je ne le saurais vraiment que lorsqu'elle frappera à ma porte.


le père de Lulla a écrit :C'est dingue cet espèce d'instinct de survie qui m'a sauté à la tronche d'un coup."
Je pense que le mot le plus important de cette phrase c'est instinct. On reste des animaux après tout. On ne contrôle pas tout. Ceci explique-t-il cela?

Il y a des gens qui désirent mourir car elles souffrent et quand elles se sentent enfin partir, ben non, elles ont une espèce de sursaut de survie. C'est super impressionnant à voir d'ailleurs. Tu vois le visage qui passe de souffrance à paisible puis sursaut et re-souffrance avec les râles "Laissez moi mouriiiiiiiiiir".

L'instinct ma cocotte (je peux t'appeler comme ça?), l'instinct.





Et je voudrais juste revenir sur ça
Après, j'ai ouïe dire qu'il n'y avait que dans les films que les gens meurent en s'éteignant doucement et paisiblement sur leur lit d'hôpital, et serrant la main d'un proche… Toute mort serait donc plus ou moins douloureuse et ressentie. Mais bon, on en sait rien, aucun mort n'a pu nous le dire…
Histoire de garder espoir, sachez que ça arrive plus souvent que vous ne le pensez. J'ai pas de chiffre précis mais il est largement concevable de mourir sans souffrance. Je sais que les morts ne parle pas, cependant, on a beaucoup évoluer ces dernières années concernant l'évaluation de la douleur, même chez les patients ayant une communication "réduite". On sait donc maintenant que même en soins palliatifs, tout le monde ne souffre pas de la même manière, déjà parce qu'on a tous une tolérance différente à la douleur; ensuite parce que le mental joue beaucoup aussi et qu'être en paix permet d'éviter certaines souffrances.

Je pourrais vous raconter des dizaines d'anecdotes là dessus mais ça virerai en HS.
En lisant ce topic, ça me rappelle les malaises vagaux que je faisais plus jeune.

Je me sentais tombé, mais je n'avais aucun moyen d'arrêter le malaise, le bourdonnement intense dans la tête, tout mon corps se laissait aller pendant quelques secondes. Rien. Je ne voyais rien, je ne sentais rien, je n'étais plus. C'est différent de l'expérience du sommeil, un état d'inconscience est assez violent.

Quand je me reveille, je ne me suis souvenu de rien, de qui j'étais, de qui était mes parents pendant quelques minutes.

Je ne dis pas que j'ai connu une expérience de la mort, personne ne peut la décrire, juste que j'ai vécu cette perte de conscience.

Et bizarrement, je l'ai assez bien vécu.

Sinon, je n'ai jamais non plus été confronté à la mort, ou en tout cas celle d'un proche suffisamment proche pour que cela m'affecte.

Je pense que je suis assez pragmatique avec cette question. Si cela vient, que cela vienne. Ainsi va la vie, ainsi est la mort.

Je changerai peut être d'avis, mais ne maîtrisant pas tout, je ne peux maîtriser le fait de mourir ou pas quand je prends l'avion...
Ash, comme spliftarz je te trouve dur, mais ca ne m'étonne pas trop car je commence à m'habituer au rejet pur et simple de l'apres sous raison cartésienne ou autre.

Je ne vois pas en quoi imaginer un "apres" serait une illusion, quelque chose d'erroné. On n'a pas encore de preuve, c'est vrai, mais on n'a pas non plus infirmé la possibilité.

En revanche, de nombreux livres et expériences plus ou moins sérieux existent, sur les NDE (Expériences de mort imminentes), ou simplement sur les relations avec les esprits.

Parmi eux se cachent beaucoup de conneries et de charlatans, j'en conviens. Mais à ma connaissance je ne connais pas de livre qui ait prouvé que la mort c'est la destruction pure et simple, sans rien derriere. Tout comme je n'ai pas de preuve tangible (juste des indices) d'une vie apres la vie.

Des phénomènes troublants en revanche il y en a pas mal. Sans explication valable.

Pour reprendre un parallele, quand Aristote (si c'est lui) parlait d'atomes, il ne les avait pas encore prouvés. Mais on s'est rendu compte des centaines d'années plus tard que ben ouais, sur des indices il avait eu raison.
Je ne sais pas s'il est possible d'être dans l'acceptation complète par anticipation si on ne croit pas à un après
CQFD : La raison ne suffit ici pas. Je ne suis pas partisan de la raison cartésienne car elle limite les expériences et au final laisse la place aux angoisses. Quand on n'a pas d'explication rationnelle, on flippe. Pourquoi? Le monde est-il lui-même rationnel?

Edit : Même en y croyant y'a moyen de flipper hein...

Ca c'est l'apparté. Concernant le rapport à la mort :
Mon père est aussi un fervent "partisan" de l'après, des énergies diverses et variées, de l'idée que des choses continuent, sous une autre forme. ça fait des années qu'il marche sur ce chemin psycho/spirituel (rien de religieux non plus), qu'il fuit les toubibs comme la peste (s'il le peut), qu'il ne jure que par le bio, les minéraux, les huiles essentielles...
Notons que le cliché de l'apres lié aux spiritualités new age est tenace, mais qu'on peut tres bien avoir une attitude d'entre deux : croire aux cristaux et aller voir un chirurgien, ca n'est pas incompatible.


Le vrai truc c'est bon : on peut tenter de s'y préparer, il n'y a que quand la mort nous guette réellement qu'on commence à y penser. La plupart du temps on préfere l'oublier, et parfois elle nous rattrape. C'est un peu la meme différence entre le mec qui fait de la boxe, pensant se préparer au fight et le moment ou il se fait embrouiller dans la rue. Entre la théorie et la pratique...

L'idée serait donc de "pratiquer" la mort le plus possible pour mieux la connaître. S'en rapprocher afin de l'accepter et de se sentir encore plus vivant car on l'a approchée de pres.

Dans les pistes dont j'ai entendu parler :

- Sports extrêmes.
- Méditation.
- Méditation enterré sous 3m de sable / terre. J'ai un pote qui fait ca, je peux vous dire que ca a l'air puissant.
- Rituels chamaniques : temascals, ayahuasca, san pedro, amanite, sapo, transe...
- Séjours de survie.
- Jeûne.
- Art?

J'ai dans l'idée qu'une bonne manière de faire c'est de se retrouver seul dans la nature pendant quelques jours : la peur de la mort est souvent associée derriere à celle de la solitude, à n'être rien, sans contact avec les autres.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Intéressant le 28.05.15, 16h43 par splifstarz
Oula vaste sujet.

ça me parle beaucoup. Je vais essayer de faire un truc un minimum compréhensible.
J’ai été confronté à la mort plusieurs fois. Pour moi-même de différentes manières et celle des autres aussi.
Pour moi-même ça a été particulier. Pour parler d’une de ses manifestations, ça a été une fois où j’étais à deux doigts d’y passer, broyée par un bateau. Je me suis vue morte et ça a déclenché une grosse angoisse pendant plusieurs jours et une phobie. Je crois que je peux dire que j’ai peur de la mort. Je l’ai approché d’autres manières moins accidentelles aussi.

Je me souviens qu’à 15 ans j’ai traversé une période de plusieurs mois où la mort était devenue une angoisse récurrente. Je faisais des crises d’angoisse avant d’aller en cours et je me sentais à côté de la vie, comme si j’étais extérieur au monde. C’était très étrange. Je crois que ça avait aussi un peu un lien avec les livres que je lisais à l’époque. J’ai commencé à avoir très peur qu’il n’y ait pas d’après. Le retour au néant. Cette idée me terrorisait. Quel sens avait l’existence alors ? Pourquoi se battre, pourquoi tout ça si c’était pour disparaitre ? Pour que les souvenirs, l’amour s’envolent ?

Et puis ça a fini par me passer plus ou moins je ne sais pas trop comment. Pourtant ça reste une interrogation régulière. Et j’ai peur de la plupart des façons de mourir. J’ai une peur panique de la noyade, du naufrage par exemple alors que j’adore l’eau. Pendant des années je rêvais de tsunamis et de bateaux qui coulent alors que j’étais bloquée à l’intérieur. Ça date même d’aussi loin que je me souvienne cette relation à la mort. Toute petite je ne voulais jamais me coucher parce que j’avais peur de ne plus me réveiller.
Aujourd’hui, je ne sais pas trop si je crois à un après et même si je dois l’espérer. Un après c’est bien mais sous quelle forme ? Et puis si je crois, je ne sais ni l’expliquer ni délimiter ma foi, alors pour l’instant je n’en suis pas à intégrer la mort à tout ça. Pour dire l’exacte vérité, je chasse ce sujet de mon esprit quand ça refait surface parce que l’absence de réponses scientifiques a tendance à ne pas me rassurer. Par contre, je pense qu’il n’est pas impossible que l’on finisse par lever le mystère de la mort un jour.

Je crois que ce qui m’angoisse le plus dans la mort c’est de perdre les personnes que j’aime. C’est ma fin de vie avec les autres qui me fait peur. Je crois.
Et il y a la question de la temporalité. Interstellar en est un bon exemple. Là aussi mon rapport au temps n’est pas très serein. Nostalgie de périodes terminées ou même anticipées. L’angoisse du temps qui passe, la difficulté à accepter de vieillir, la fascination pour la nuit où la marque du temps n’existe quasi pas, l’obsession pour minuit et pour la mer sans limites. Comment ça je suis bizarre  ?
C’est bientôt mon anniversaire et cette année pour la première fois je me suis dit plusieurs fois « je n’aurais plus jamais 20 ans » (sans blaaaague, quel éclair de génie n’est-ce pas ?). Et ça me perturbe un peu. Juste un peu de le penser.

Et puis il y a la mort des autres. J’y ai été confrontée plusieurs fois et j’en garde un souvenir mitigé. Ça te renvoie forcément à notre propre condition. Et puis il y a l’amour. Ça change la façon dont on vit la perte. Et si on n’est « pas assez malheureux », on doit culpabiliser ? C’est tout un tas de questions qui se rappellent à moi depuis quelques jours et j’ai du mal à vivre avec l’ambiguité des sentiments que ça provoque. En tout cas j’ai beaucoup beaucoup beaucoup de mal à imaginer perdre les personnes qui comptent pour moi. J’aurais du mal à ne pas le vivre comme un drame. Au final peut-être que mon stress de la mort vient de là, j’ai surtout peur de perdre les autres. La peur de l’avenir commun qui disparait, des souvenirs qui risquent de s’effacer, des odeurs qui s’estompent, des mots qui s’oublient. De façon générale j’ai beaucoup de mal à accepter que je puisse oublier.

Quant à comment intégrer la mort à notre quotidien, je ne sais pas trop. C’est pas toujours évident de trouver un équilibre entre vivre dangereusement et être trop prudent. Depuis quelques jours j’ai envie de faire quelque chose et je n’arrête pas de réfléchir si « c’est la bonne chose à faire ». Ma mère m’a dit « la vie est courte, si tu as envie d’y aller, alors vas-y ». Pourtant je n’arrive pas à mettre ça en application, parce que je réfléchis trop aux conséquences futures. Et ça m’emmerde.
Si je devais mourir demain ? Je dirais aux personnes qui m’entourent à quel point je les aime. On ne le dit pas assez. Et je ferais l’amour jusqu’à mourir. Je voudrais mourir pendant l’orgasme dans les bras de celui que je voudrais. Ça doit être délicieux de mourir comme ça.



Cellar, je me permets juste une petite remarque qui m’a sautée aux yeux. Est-ce que de façon générale tu as du mal avec les contradictions quand elles te concernent? Parce que ce que j’ai l’impression de lire aussi que c’est cette idée de contradiction entre ta philosophie de vie et tes émotions en pratique qui te gênent. Est-ce que tu penses que de ne jamais arriver à ça mais arriver au moins à la véritable acceptation de ta contradiction pourrait être une solution ? Ou ça te semble vraiment insuffisant comme objectif pour te sentir bien avec ça ?

( Comme d’habitude mon message, c’est le booordel. Je suis désolée)
Arf mais vous êtes déprimants !

J'ai trouvé ça triste de lire certaines de vos réponses, un truc m'a surtout sauté au pif, c'est notamment les propos de Ash, cette façon de dire qu'il faut avoir peur de la mort pour vivre pleinement. Cette idée que c'est parce qu'on manque de temps qu'il faut en profiter.

Finalement cette idée de peur de la mort me fait froid dans le dos en fait...

Comment bien vivre dans la peur ?
Comment bien vivre dans la précipitation ?

C'est méga flippant d'imaginer quelqu'un vivre comme ça. Et puis je ne comprend même pas comment c'est possible.

Cette idée de vivre en se disant qu'il faut faire le plus possible parce qu'on a pas le temps, parce quelque chose d'horrible, de noir et de ténébreux va nous arriver.

C'est pas nouveau, se presser de faire les choses ne veux pas dire bien les faire.

Ash a écrit : 2) Si tu jamais tu mourrais demain, qu'est-ce que ça changerait à ta vie d'aujourd'hui?
Et donc pourquoi en avoir peur ?
En avoir peur est juste un moyen de rendre influente ta futur mort sur ton vivant présent.

Ma question est si vous savez que vous mourrez ce soir à minuit, qu’aimeriez-vous faire ?

Préfériez-vous y penser chaque seconde qui passe et vous presser à finir ce que vous avez commencé ?
L'occulter totalement en faisant comme si rien allais arriver ?
Ou simplement en profiter ?

Plus on regarde loin, moins on voit autour de nous. Pensez aux oiseaux qui gazouillent, au soleil sur votre peau, aux sourires des gens autour de vous, aux odeurs que vous sentez, aux bruits que vous entendez. C'est ne pas profiter de la vie que d'essayer d'en profiter ?
Ash a écrit : Soit on accepte la mort par illusion (vie après la mort, réincarnation, etc...)
soit un accepte la mort par résignation.
Se résigner à mourir c'est refuser de vivre.
S'imaginer ce que peut être la mort n'est d’ailleurs pas illusion, mais croyance. Une croyance c'est un choix, une illusion n'en est pas un.

C'est méga-réducteur.

Y'a bien d'autres façon d'accepter, et accepté ou non, c'est une réalité, on meurt. C'est pas accepter la mort qu'il faut, mais ne plus en avoir peur et s'en refuser l'idée.

Là on part sur le débat de qu'est-ce que la mort, et franchement, cartésiens ou religieux, on en a foutrement aucune idée. On dresse juste une hypothèse infondée, que ce soit qu'on pense retourner poussière ou qu'on pense aller en enfer.

Le manque de fait prouvant que la vie après la mort existe ne suffit pas à prouver qu'elle n'existe pas.

Quand aux expériences de mort imminentes, les mots parlent d'eux même. Imminente veux dire juste avant. Et pas après.

Enfin bref, c'était pas le sujet ^^.

En tout cas, moi perso, le temps ne m'est pas compté, c'est juste un indicateur de combien j'aurais profité. Ce n'est pas un compte à rebours, c'est un chronomètre, et lorsque la mort appuiera sur le bouton, c'est pas le nombre de choses que j'aurais faite qui m'importe, mais bien la qualité du temps passé.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Bravo le 28.05.15, 18h51 par Cellar Door
  • [+2] Like ! le 28.05.15, 19h27 par Sathinelilly
  • [+2] Yesssss! le 19.09.16, 04h14 par oHreN
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