[A] Changer par amour (ou pas)

Note : 107

le 29.04.2016 par Jalapeno

40 réponses / Dernière par Haskeerlos le 21.09.2016, 12h44

C'était plus simple du temps de papa & maman. Pour celles et ceux qui veulent échanger autour de la vie de couple et des relations, et des différentes formes que tout ça peut prendre. Polyamour ou monogamie, relations libres, jalousie, engueulades dans la cuisine, routine, infidélité, la totale.
Je ne sais si l'âme-soeur existe (je me méfie de ce terme) mais de belles rencontres oui.
Qui peuvent être simples, sans rapports de force, qui nous permettront de nous adapter à l'autre, de l'influencer, de se laisser influencer, sans manipulation et sans pour autant que la personnalité des deux partenaires s'effacent.

Sartre disait "se sentir aimé est ce qui nous justifie d'exister".
Si nous avons la chance de vivre un lien équilibré, et j'y crois, nous pouvons nous sentir pousser des ailes, puiser dans ce lien la force d'entreprendre une action, de concrétiser un projet qui nous tient à coeur alors que seul(e) nous le remettions sans cesse à plus tard.

Et cette force procurée par l'amour n'oppose en rien le "je" au "nous". Nous passons de l'un à l'autre en toute confiance, je vais même dire en toute sérénité.

La vie prend tellement plus de relief lorsque nous avons la chance de la regarder à deux.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] 100% d'accord le 30.04.16, 12h25 par Worthy
  • [+2] +1 le 01.05.16, 13h12 par Spring
Je reviendrai sur d'autres points mais j'ai envie de remettre deux choses en perspective:
-être romantique et sensible, considérer l'existence d'une âme soeur, n'empêche pas d'être réaliste et pragmatique. Faut pas croire que parce qu'on sait se départir de la facilité du cynisme qui se veut supérieur, on est totalement idiot.
On peut même considérer qu'une personne est une âme soeur sans croire qu'elle sera parfaite. Personne n'est parfait. La personne qui l'est "pour moi", à mon sens, c'est celle dont les défauts s'accordent aux miens. Ceux que je peux supporter chez elle (même si chez d'autres se serait rédhibitoire). Pas parce qu'ils sont compensés par le reste mais parce que l'on sait que leur expression est différente du truc qui nous fait vraiment crisser lea dents. Ou que la source n'est pas la même.
Et puis même si des défauts ne s'accordent pas, faut faire un peu preuve de maturité. L'idéal c'est joli mais en fait aucun domaine de la vie n'offre de relation parfaite. On peut en vouloir un de toutes ses forces en amour mais on finit par se priver de belles relations et je l'ai fait pendant des années. Quand j'ai arrêté ces conneries je me dis rendu compte que toutes ces relations auraient pu marcher très fort si j'avais été moins capricieux et que j'avais transigé sur des soi disant points essentiels.
Alors je dis pas que ceux qui veulent pas transiger sont immatures mais je crois pas avoir renoncé à mon idéal pour autant. Simplement j'ai trouvé une autre manière de l'exprimer.
-Pour "se priver d'un mode de communication parce qu'on flirte plus en couple et c'est pas bien", qui dit que la personne avec qui on se met en couple ne remplit pas les "fonctions" pour le fait de savoir qu'on plaît etc.
Je m'en fous un peu de savoir que je plais à n'importe quelle fille. Par contre une fille que j'ai choisie, que je fais rêver, oui oui oui.
Exactement comme une fille dans la rue à qui on fait un compliment, son feeling sera pas le même si le mec lui plaît ou est lambda.
Et c'est justement pour ça qu'on se met en couple ou qu'on devrait le faire. Parce qu'on a pas besoin d'une autre personne que l'autre et qu'elle nous suffit. Qu'elle est suffisamment riche d'esprit etc pour nourrir tous les besoins relationnels qu'on a du point de vue de l'attrait.
Sinon effectivement ça reste un peu creux.
Et on va me parler de biologie (coolidge, ocytocine), mais il y a bien des gens qui sortent de ces cadres incomplets.

Tout ça pour dire, encore une fois, le couple peut être un choix heureux. Pas facile mais heureux et satisfaisant malgré les adaptations de chacun. Tout vouloir c'est souvent se leurrer par expérience
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Il y'a du vrai... le 30.04.16, 22h27 par MaryeL
  • [0] C'est pas si simple le 01.05.16, 12h52 par Worthy
  • [0] C'est pas si simple le 02.05.16, 12h13 par Blusher
-être romantique et sensible, considérer l'existence d'une âme soeur, n'empêche pas d'être réaliste et pragmatique. Faut pas croire que parce qu'on sait se départir de la facilité du cynisme qui se veut supérieur, on est totalement idiot.
On peut même considérer qu'une personne est une âme soeur sans croire qu'elle sera parfaite. Personne n'est parfait.
Je ne crois pas que quelqu'un ici ait avancé que:

- être romantique et sensible impliquait de considérer l'existence d'une "âme-soeur"

- ni qu'être sensible et/ou romantique empêchait d'être réaliste ou pragmatique.

Toute la tension du couple moderne (et sa fragilité) se joue sur cette ambivalence entre nos côtés pragmatiques dans ce qu'ils ont de plus maximisateur au sens économique du terme (la recherche de partenaire sur aum qui ressemble tant à du Monsterboard) et d'autre part notre attachement, notre élan vers une sorte de transcendance avec l'amour romantique comme mythe intemporel. A ne faire que l'un ou que l'autre, on est hémiplégique des choses de l'Amour.
Et puis même si des défauts ne s'accordent pas, faut faire un peu preuve de maturité. L'idéal c'est joli mais en fait aucun domaine de la vie n'offre de relation parfaite.
On tend vers l'infini mais on ne l'atteint pas.
-Pour "se priver d'un mode de communication parce qu'on flirte plus en couple et c'est pas bien", qui dit que la personne avec qui on se met en couple ne remplit pas les "fonctions" pour le fait de savoir qu'on plaît etc.

Je m'en fous un peu de savoir que je plais à n'importe quelle fille. Par contre une fille que j'ai choisie, que je fais rêver, oui oui oui.
Oui, ben c'est bien alors. On donnait un exemple là, cela n'a pas valeur de modèle à suivre ou quoi que ce soit. Cela pourrait être intéressant d'établir, une liste de "fonctions" que remplit ou non la personne avec qui on est en couple. :D Une sorte job description.
Tout ça pour dire, encore une fois, le couple peut être un choix heureux. Pas facile mais heureux et satisfaisant malgré les adaptations de chacun. Tout vouloir c'est souvent se leurrer par expérience
Tout vouloir: c'est quoi ce "Tout"? Qu'inclus-tu là-dedans? Evidemment on peut être trés heureux en couple.
Qu'entendez-vous par "âme soeur" ?
-Alex a écrit :Qu'entendez-vous par "âme soeur" ?
C'est une bonne question, je pense que ça permettra de dissiper quelques malentendus :wink:
Personnellement j'utilisais le terme "âme sœur" dans son acception la plus courante : l'idée qu'il existe quelqu'un qui pourrait nous compléter parfaitement - ce qui sous-entend qu'on cherche à être complété et que ça peut-être fait de façon parfaite.
Wikipedia propose cette définition : "L’âme sœur est un concept qui évoque une compatibilité amoureuse qui serait parfaite entre deux individus."
Et également cette petite histoire :
"Les êtres humains, à l’origine, auraient été constitués de quatre bras, quatre jambes et d’une seule tête à deux visages. Qui aurait craint leur pouvoir, les aurait coupé en deux, les condamnant à passer le reste de leur existence à rechercher la part manquante."
Onmyoji a écrit :Et puis même si des défauts ne s'accordent pas, faut faire un peu preuve de maturité. L'idéal c'est joli mais en fait aucun domaine de la vie n'offre de relation parfaite.
Désolé si mon point de vue n'était pas clair, mais si tu relis le premier post il n'est aucunement question de zapper de partenaire au moindre problème pour atteindre un idéal utopique, bien au contraire. Le cœur de la question pour moi, c'est de savoir quand est-ce que les limites de la relation sont franchies et dans quelle mesure ces limites sont négociables.
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  • [+2] Ca va mieux en le disant le 02.05.16, 11h27 par Blusher
Blusher, quand tu dis qu'il faut offrir aux âmes romantiques l'éclairage de la rationalité, ça implique que quelque part tu considères que ces gens là planent complètement.

Tout vouloir=vouloir des choses pas toujours compatibles. Et spécialement le beurre l'argent du beurre etc.
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  • [0] Prends un peu de recul le 01.05.16, 21h11 par Iskandar
  • [0] Du calme le 01.05.16, 23h49 par Blusher
Jalapeno a écrit : Personnellement j'utilisais le terme "âme sœur" dans son acception la plus courante : l'idée qu'il existe quelqu'un qui pourrait nous compléter parfaitement - ce qui sous-entend qu'on cherche à être complété et que ça peut-être fait de façon parfaite.
Intéressant comme question : Peut-on attendre d'être complété par son / sa partenaire ?

Quelle est la nature de ce "complément" ?

Je pense qu'en tant qu'individu, on n'est pas psychiquement autosuffisant. On a besoin des autres (famille, amours, amis, collègues de travail / clients, etc...) pour nous nourrir au sens propre comme au sens figuré.

Si on s'en tient uniquement aux relations amoureuses, je pense qu'on a besoin aussi de l'autre pour nous compléter. Déjà pour nous apporter l'intensité d'amour (émotionnel et charnel) que nous ne pouvons nous donner seuls. Aussi pour nous compléter sur des qualités et aptitudes que nous n'avons pas, et ainsi améliorer les possibilités qu'on peut avoir dans notre vie. Et enfin pour nous rendre compte de nos failles et nos limites, et chercher à les dépasser.

C'est dans ce cadre là que se pose la question du changement.

Pour moi tout le monde n'est pas fait pour s'associer ensemble. Si deux personnes se trouvent au même endroit et se plaisent à un instant t puis sortent ensemble, il y a des raisons.
Si on s'en tient uniquement aux relations amoureuses, je pense qu'on a besoin aussi de l'autre pour nous compléter. Déjà pour nous apporter l'intensité d'amour (émotionnel et charnel) que nous ne pouvons nous donner seuls. Aussi pour nous compléter sur des qualités et aptitudes que nous n'avons pas, et ainsi améliorer les possibilités qu'on peut avoir dans notre vie.
Mais si on retient cette partie, où est la frontière avec la dépendance à l'autre ?
Onmyoji a écrit :Blusher, quand tu dis qu'il faut offrir aux âmes romantiques l'éclairage de la rationalité, ça implique que quelque part tu considères que ces gens là planent complètement.
Je comprends mieux, il y a un malentendu sembe-t-il.

Quand je dis qu'il peuvent bénéficer de l'éclairage de la rationalité, cela ne signifie rien d'autre que de soumettre à l'examen critique certaines croyances limitantes. On fait ça depuis le début de FTS.

1/ Or l'amour romantique se fonde sur un mythe. Pour rappel, un mythe est un récit moral, souvent religieux ou quasi-religieux, destiné à expliquer et simplifier la réalité. Il a pour fonction de permettre une forme de contrôle social et favoriser l’émergence d’une identité collective.

Dans nos cultures, nous venons de citer le mythe Platonicien de l'homme et de la femme cherchant la moitié dont ils ont été séparés. Son origine est le Banquet de Platon où Aristophane, poéte comique de l'époque affirme que Zeus pour se prémunir du pouvoir des hommes les séparent en deux:
« Je crois avoir trouvé, dit-il, un moyen de conserver les hommes et de les rendre plus retenus, c'est de diminuer leurs forces. Je les séparerai en deux par là, [190d] ils deviendront faibles ; et nous aurons encore un autre avantage, ce sera d'augmenter le nombre de ceux qui nous servent : ils marcheront droits, soutenus de deux jambes seulement ; et si, après cette punition, ils conservent leur audace impie et ne veulent pas rester en repos, je les séparerai de nouveau, et ils seront réduits à marcher sur un seul pied, comme ceux qui dansent sur des outres à la fête de Bacchus. »
C'est un mythe, une allégorie, une inspiration poétique de premier ordre sur laquelle on a produit une masse considérable d'oeuvres artistiques de premier plan.

Mention spéciale et trés peronnelle pouur celle-ci :) :

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Ces mythes sont importants parce qu'ils nous permettent notamment de réenchanter le monde, particulièrement dans une culture post-religieuse.

Pour autant, cela n'exclut pas de se livrer à l'examen critique de certaines normes et traditions qui en découlent surtout lorsque celles-ci produisent les effets négatifs qui nous sont réguliérement exposés sur le SOS Love (idéalisation excessive, incapacité à exprimer ses besoins réels, honte, culpabilité, doutes, pensée magique, fatalisme etc.)

Car un mythe ne représente pas un mode d'emploi trés sûr pour appréhender le réel. On ne peut que tendre vers l'infini mais jamais l'atteindre. La recherche de perfection est "asymptotique".

Quand on part du principe que telle et telle personne sont prédestinées, on ne fait rien d'autre que de céder à un biais cognitif, on écrit l'histoire a postriori en se disant que si c'est arrivé c'est que cela devait arriver.

Quand un couple sortant de la phase d'amour passion refuse d'y voir une phénomène physiologique tout à fait normal et y voit au contraire, un signe de la fin de leur amour, c'est trés dommage. Il faudrait au contraire leur expliquer que cela s'explique trés bien mais qu'il leur revient d'inventer leurs façons de s'aimer plus et mieux plutôt que de regretter ad vitam eternam les frissons des premières étreintes.


2/ L'autre approche serait le matérialisme le plus total, qui ne considérerait les êtres que comme des automates cherchant à maximiser leur satisfaction de la maniére la plus efficiente possible. La réduction de l'être à sa plus pure rationnalité, sans affect, sans idéaux, une sorte de machine ne disposant in fine que de peu de libre arbitre et encore moins de sens moral.


L'une et l'autre sont des réductions simplistes et qui ne prennent en compte ni l'infinie complexité de nos structures sociales, ni nos aspirations collectives et individuelles, ni notre insatiable curiosité ni notre inextinguible créativité. L'une comme l'autre de ces deux logiques excluent lorsqu'on les pousse à l'extrême la possibilité d'un libre-arbitre.

La premiére parce qu'elle implique l'existence d'un destin implacable dont nous ne serions que les marionnettes, un mektoub ou un Grand Créateur dont nous subirions les volontés. L'autre parce que, mal comprise, elle induirait en erreur en laissant à pensant que nous sommes tout entier livrés à nos déterminismes biologiques, sociaux ou autres.

A vrai dire, je suis convaincu que l'une et l'autre, 1/ la poésie qui enchante le monde d'une part et 2/ d'autre part la raison et le savoir se complétent magnifiquement pour nous donner accés à des relations nous permettant d'exprimer notre pleine humanité.


Dans une interview, Brian Goodwin expert en biologie théorique explique ceci:
"Many people think reality is prosaic. I don't. We don't explain things away in science, we get closer to the mystery. If it's a romantic view of science, so be it. It'd be a dull world without it."
En ce sens, la science et la raison ne font que dévoiler plus avant l'ineffable beauté des mystères qui nous préocupent. La raison nous permet de nous libérer des passions pour accéder à la liberté réelle. Ce serait un mauvais procés de reprocher à ceux et celles qui se penchent sur les questions du sexe et de l'amour de leur ôter leur valeur esthétique, morale ou poétique. Je dirais même qu'ils contribuent souvent à les exalter.


Onmyoji a écrit : Tout vouloir=vouloir des choses pas toujours compatibles. Et spécialement le beurre l'argent du beurre etc.
L'idée fondamentale d'Arthur Koestler, un auteur qui m'a profondément influencé, est que tout acte de création est essentiellement un acte de bisociation de deux matrices de pensée apparemment incompatibles. Ces "matrices de pensées" sont des compétences, des représentations, des pratiques ou des process fixes, conventionnelles.

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Un acte créatif consiste précisément à trouver un point d'intersection à deux matrices supposément indépendantes et incompatibles. C'est comme cela que la science est allée de découverte en découverte et c'est également le principe sous-jacent derriére un jeu de mots, tout à coup la collusion de mots se révélant soudain polysémique provoque une incompréhension temporaire et une tension qui trouve sa résolution dans le rire.

La création ainsi entendue entraîne comme conséquence inévitable la destruction de certains dogmes.

"Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait." était une citation fréquente aux débuts de FTS. C'est ce même élan de créativité qui devraient nous faire considérer avec la plus grande circonspection toute tentative de définition dogmatique des façons appropriées ou non de mener ses affaires amoureuses.

Créer des façons nouvelles, radicales, personnelles, inventives et écologiques de "vouloir le beurre et l'argent du beurre" procéde trés exactement de cette exploration créative. Ne pas nier ce que nous savons du réel mais l'appréhender dans sa complexité tout en y insufflant nos rêves et nos idéaux pour vivre pleinement, voilà en somme la vie créative à laquelle nous sommes invités de prendre part.

Dans la pratique, ce pourrait être un couple qui se lance dans un mindmapping pour résoudre la tension entre envies de rencontres et préservation de leur intimité ou qui se livreraient à des jeux d'association de mots pour déterminer ensemble leur prochaine destination de vacances. Cela me paraît préférable à une engueulade à l'ancienne pour essayer de cadrer envers et contre tout à des habitudes et des traditions qui ne correspondent aux besoins réels d'aucun des partenaires.

Donc changer par amour : oui. Et même l'amour est une force motivationnelle incroyable pour changer ensemble et faire évoluer, réinventer ensemble la relation du couple.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+2] A lire le 02.05.16, 13h59 par Jalapeno
  • [+2] A lire le 02.05.16, 14h11 par Worthy
  • [+2] A lire le 02.05.16, 15h16 par Iskandar
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