Tu vois après avoir été Ingénieur et très bien payé dans la construction, j'ai monté une petite boite d'artisanat du BTP.
Qu'est-ce qui t'a donné envie d'effectuer ce changement ?
Oui évidemment le travail paye. D'ailleurs s'il ne le faisait pas, qui irait encore travailler pour autrui ?
Cf mes réponses précédentes.
Il existe beaucoup de boulots (env 30% si on en croit les chiffres que j'ai mis en lien dans mon précédent post) qui paient moins de 1400€ nets / mois pour un temps plein, beaucoup de boulots qui sont contraignants physiquement ou qui ont des horaires atypiques, sans pour autant atteindre des bon salaires.
Rationnellement, à ces salaires là, si on met dans une balance d'un côté les coûts (essence, usure véhicule, prix du repas consommé à l'extérieur, diminution des aides et tarifs réduits spécifiques, etc...) et de l'autre côté le gain associé au revenu, la question de l'intérêt financier à aller travailler se pose.
Si en plus de cela, les boulots en question offrent peu de perspectives crédibles d'évolution à moyen terme, peu de monde va être motivé pour candidater. Du moins en ce qui concerne les personnes pour qui la paye est une motivation principale.
Parce qu'à côté de cela, il y a des secteurs où les gens se tiennent à leur travail, alors que celui-ci est peu payé et présente des conditions difficiles (social, associatif, paramédical, culturel, restauration, etc...).
Cela remet donc en cause l'idée qu'aller travailler, ça paye forcément. Et cela montre aussi qu'il existe d'autres motivations à aller travailler, et qu'elles sont importantes à explorer, car justement, elles permettent de persévérer lorsque le travail ne paie pas, ou fait vivre des frustrations.
Le fait est que si t'es bien payé, qu'on te fait pas chier, que tu peux littérallement rien faire à ton travail, est-ce que c'est un problème sincèrement (au niveau macro, pour ta structure surement mais pour toi je veux dire?).
>tu peux apprendre une nouvelle langue
>tu peux travailler sur une start up (en faisant gaffe! tu travailles sur ton ordi perso)
>ect..
Le vrai pb. des bullshit jobs c'est quand t'as le sentiment vérifié que t'es constamment sur la sellete. Là oui.
Je me suis retrouvé 2 fois dans des jobs où je n'avais littéralement rien à faire de la journée.
J'avais en tout et pour tout 30 minutes de travail effectif par jour. Le reste du temps je regardais des vidéos, j'apprenais des choses sur internet.
La 1ere fois, j'étais plus jeune, il s'agissait de mon premier post. J'ai fait une dépression, et je suis parti.
La 2e fois, comme j'avais déjà vécu la chose, j'en ai d'abord parlé avec mon supérieur hiérarchique en espérant qu'il me donne du boulot (lui qui croulait sous le travail et les mails), qui a éludé le problème ("oui il faut prendre des initiatives pour proposer ses sujets et créer son propre poste"). Je suis parti avant de faire une dépression, mais j'ai quand même ressenti la déprime venir.
Dans les 2 cas, l'existence et la pérennité de mon emploi n'étaient pas menacés.
En fait, quand ce genre de choses t'arrive, au début tu te dis que tu peux te servir de ce temps pour toi, pour apprendre une langue, monter une boite, ou faire des tâches au boulot pour te libérer du temps chez toi pour pratiquer un instrument par exemple. Mais dans la réalité, t'es pas non plus libre comme si t'étais chez toi. T'es sur ton lieu de travail, t'es censé montrer que tu travailles.
C'est ça qui est épuisant quand t'as rien à faire. C'est que tu te dois de faire illusion. S'il existe un poste vide dans une organisation, c'est pas un hasard. C'est souvent parce qu'il faut donner de l'importance à un chef. Et souvent dans ces cas là, il y a d'autres postes qui sont également vides. Du coup tout le monde fait semblant de travailler, et personne ne veut reconnaître que tu n'as rien à faire car ça remet trop de choses en question.
Au final, c'est beaucoup plus fatiguant de faire semblant de travailler que de travailler vraiment.
Ce qui me surprend depuis le début avec le sujet -Alex, c'est que tu sembles oublier une règle fondamentale: oui, le boulot classe les gens. Et oui, à toutes les époques, vaut mieux être dans un boulot avec le statut social du médecin ou du maire d'aujourd'hui que celui de professeur des écoles par exemple. Et surtout non, ce n'est pas qu'une question de fric. Et ça, c'est déjà une sacré réponse à pourquoi travailler. Smooth parle de travailler son physique pour séduire. Ben c'est un peu la même idée. Et je répète, pas qu'une question de fric. Le travail, ça donne une place dans la communauté.
Oui.
En gros, ton couple dans le village paumé, ben ils risque de s'éloigner encore plus de l'emploi qu'un couple, toute chose égale par ailleurs, qui vit dans un bon bassin d'emploi.
[...]
Ensuite, sur le cas que tu cites, je serais curieux de voir ce que ça donne niveau confort. Ou niveau légalité... (boulot au noir). En tout cas, village paumé, pour trouver du boulot... sauf s'il sont déjà en train de faire du boulot au noir: ça rapproche de l'emploi (d'où que quelque part, c'est peut-être pas si mal de bosser au noir...).
Ben dans le cas que je cite, les gens en question ne sont pas gênés par le fait d'être loin d'un bassin d'emploi, vu qu'ils ne cherchent pas à travailler...
Je pense que s'ils voulaient se rapprocher de la ville, ils le pourraient. Ils pourraient toujours faire une demande de logement social ou conventionné. Dans le HLM il n'y a pas que des bâtiments et des quartiers pourris. Il y a aussi des constructions récentes, un bâtiment en logement social dans une rue standard avec des logements relevant du parc privé.
Il faudrait probablement qu'ils fassent l'effort de travailler sur un emploi peu payé et en ville le temps de monter le dossier, puis d'invoquer la raison : "rapprochement du lieu de travail" pour leur demande.
Mais une fois le logement obtenu, ils pourraient objectivement arrêter de travailler et continuer d'occuper leur logement en ville.
Dans ce cas là, t'as une réponse directe à ton sujet :
pour pouvoir avoir une vie confortable dans les villes qui discriminent par le prix.
Donc faut essayer de trouver un travail a 40K +
Soit environ 2500€ nets par mois. Cela ne concerne qu'environ 20% des postes.
Quid des éléments de motivation des 80% autres ?
La question est : le travail paye-t-il mieux ou moins bien que d'autres alternatives ?
C'est une reformulation pertinente.
Suite à ce qu'on a écrit depuis le début du sujet, on voit qu'il est toujours possible de :
- Jouer avec les règles du système pour obtenir un confort similaire à beaucoup de travailleurs à plein temps, en ne travaillant pas ou peu
- Occuper un emploi à plein temps, et gagner une paie parfois conséquente, en étant inoccupé la majeure partie du temps
- Travailler au noir
On a parlé du travail en tant qu'activité professionnelle, du travail en tant qu'emploi, et du travail en tant qu'effort construit et répété dans le temps.
La question "pourquoi travailler" se décline aussi bien sous la forme "pourquoi exercer une activité professionnelle, se rendre au travail, y compris s'il paye peu, plutôt qu'être sans activité professionnelle" que sous la forme "pourquoi exercer un emploi qui implique des efforts et des exigences plus importantes plutôt qu'un autre qui implique peu d'efforts, y compris si le 2e emploi paye plus".
Bien sûr, la réponse sera toujours individuelle. Mais j'aime bien savoir comment les autres raisonnent sur ces sujets.