Episode VIII : où c'est dans les vieux pots...
Un pote a écrit :Il y a deux fenêtres de tir pour choper une femme mariée :
- un an après son mariage,
- un an après la naissance d'un enfant.
Non, je ne dis pas cela en prévision de la proche naissance de Roman (le prénom que j'ai donné au fils d'Alice, et qu'elle déteste...). Je nierai d'ailleurs avec l'énergie d'un Eric Woerth y avoir jamais pensé... Non, si je cite cette théorie c'est pour te parler de Fanny...
Fanny, c'est une cible que j'avais a long time ago dans une galaxie far far way, lorsque j'étais étudiant et empoté. On avait bien failli flirter à deux-trois reprises mais je n'ai jamais su saisir ma chance. La première fois, en marge d'un tournoi universitaire, elle était venue avec une copine dans notre chambre d'hôtel pour masser les « stars » de l'équipe de basket que moi et mon camarade de chambre étions à l'époque. La seconde, je l'avais ramenée chez elle après une soirée étudiante mais sa copine – toujours la même – était bourrée et vomissait partout. La dernière fois, je l'avais invitée à une soirée chez moi où une autre fille avait fini par me mettre le grappin dessus... Tout ça, c'était il y a quinze ans...
Février 2011. Fanny est une femme mariée avec trois enfants, dont le dernier a fêté son premier anniversaire. La fenêtre de tir où, grâce à facebook, nous reprenons contact. Il faut dire que le net, c'est son défouloir : épouse de cadre sup' expatrié, sa journée se résume bien souvent à attendre l'heure de la fin de l'école, puis celle – tardive – du retour de son mari. Elle a compris à la lecture de mes statuts que je suis séparé, et que mon célibat n'est pas une solitude. Elle m'envie.
Nos discussions tournent autour de la difficulté de la vie de couple, de sa soif d'aventures et de la culpabilité qu'elle en éprouve... Son mari l'aime comme au premier jour, elle est toujours la femme parfaite, ils ont une belle situation et d'adorables enfants. Comment a-t-elle le droit de douter d'avoir la plus merveilleuse des vies ? Pousse-au-crime, je lui parle de FTS, qu'elle trouve génial, mais regrette « qu'on ne fasse pas le même pour filles »... Peu à peu, le « projet adultère » devient obsessionnel, elle ne sait pas si elle fait peur aux hommes ou s'ils font semblant de ne pas comprendre, ce qui revient au-même. Parallèlement, le ton de nos discussions devient de plus en plus trash, on parle sextoys, échangisme, cravate de notaire, le moindre mot susceptible d'être à double-sens, la moindre photo publiée, devient prétexte à dérapage. Je deviens une espèce d'amant virtuel :
Fanny a écrit :Tu sais pourquoi j'aime nos dicussions ? Parce que ce que tu préfères chez moi, c'est tout ce que mon mari déteste.
Avril 2011. Fanny me demande si j'ai prévu de passer sur Paris la semaine suivante. Non, je ne l'ai pas prévu, mais elle insiste et tient à préciser qu'elle rentre seule en France, pour une semaine. Elle a convaincu son homme de revenir au pays, et elle vient chercher un logement... A vrai dire je n'avais jamais projeté rien d'autre que ce petit jeu virtuel, et son invitation me prend de court. Ai-je raison d'y voir une proposition ou suis-je excessivement orgueilleux ? Est-ce vraiment une bonne idée de rouvrir les vieux dossiers ? Ne vais-je pas être déçu, ou la décevoir, quinze ans après ? Vais-je faire quatre heures de train pour avoir à gérer une très probable LMR ? Je ne suis pas mort de faim – j'ai ma FF – et puis surtout j'ai une autre cible en vue (voir épisode suivant)... Bref, après quelques jours de valses hésitations, j'ai plein de bonnes mauvaises raisons pour renoncer à inventer un prétexte professionnel bidon...
Elle fait mine de ne pas s'en formaliser et nos échanges ne s'en trouvent pas vraiment modifiés. Si ce n'est que comme un joueur de poker, je teste régulièrement pour me situer... Elle est plus forte que moi : reste excessivement joueuse dans le virtuel, mais fuis dès qu'elle sent que je sonde ses intentions dans le réel.
Quelques temps plus tard, elle m'invite à sa crémaillère à la rentrée. Et me précise « compagne fortement recommandée, enfants interdits ». J'accepte, et lui signifie que je trouverai quelqu'un pour m'accompagner. Quelques jours avant la date convenue, elle m'écrit pour me dire de ne pas chercher d'hôtel, qu'on a qu'à prendre sa chambre d'amis.
C : Dejà que tu m'imposais de venir accompagné, maintenant tu fais du chantage au logement ?
F : T'as tout compris : si tu te tiens pas bien avec mes copines, tu dors dans la rue !
C : Ok, je te promets de te réserver l'exclusivité de mes regards ambigus
F : T'as intérêt, c'est ma soirée de princesse.
C : Bon d'accord... Et puis on se croisera peut-être « par hasard » dans la salle de bain...
F : Même pas, vous avez une salle de bains privative... c'est nul le confort des maisons bourgeoises.
Septembre 2011 : La soirée donc. Au premier regard, je regrette mes tergiversations. Je la veux. On passera beaucoup de temps tous les deux, mais par intermittence, sous prétexte d'aider au service et tout le toutim. Je me demandais comment l'isoler mais je n'en ai même pas besoin, c'est elle qui lance la conversation dans la cuisine devant plein de gens qui me sont inconnus... Après tout pourquoi pas, plus c'est gros et assumé, moins ils peuvent imaginer qu'on cache quelque chose.
F : J'ai bien compris que tu n'étais pas encore prêt à me voir seule, j'espère qu'il y a assez de monde pour que tu n'aies pas peur de moi...
C : Je n'ai pas peur de toi, j'ai pas pu me dégager.
F : Te justifies pas. L'important c'est que tu sois là, c'est un premier pas.
Et à nouveau au moment de mon départ (là on était isolé sur le pas de porte, conjoints respectifs dans une voiture) :
F : Préviens-moi quand tu es à Paris. Et plus d'excuse bidon, hein ?
Quelques jours plus tard, débriefing sur FB...
F : C'était un plaisir... Partagé j'espère.
C : Tu étais parfaite.
F : Mon mari ne se souvenait pas de toi, mais il a bien apprécié la discussion.
C : Je ne devais pas être marquant, comme garçon;-)
F : Pas pour les autres garçons... moi je ne t'ai pas oublié;-)
F : Il faut que je te tire les vers du nez pour avoir un compliment ?
C : « Parfaite » c'est pas un compliment ?
F : Trop générique. On y croit pas. Trouve quelque chose de plus spécifique.
C : Ok. Tu préfères que je parle de ton tajine ou de ta chute de reins ?
F : Je misais plutôt sur mon esprit. Mais je prends les compliments, hein ?
(...)
C: Dis-moi, tu te souviens si tu as cligné l'œil gauche ou droit en me disant «plus d'excuse bidon » ?
F. Non pourquoi ?
C : J'ai lu dans un bouquin : œil droit, complicité intellectuelle, œil gauche, complicité sensuelle. Depuis je m'en veux d'avoir manqué de sens de l'observation.
F : Ca devait être le gauche. C'est toujours le gauche. Je ne cligne jamais l'oeil droit.
C : Moi non plus en fait... on doit être des handicapés de l'intellect.
F : En même temps, la complicité sensuelle c'est notre truc à nous...
F : Virtuellement... Physiquement, tu vas bien à ta copine. Tu fais un parfait accessoire.
C : T'es encore plus douée que moi pour les compliments...
C : Mais j'assume mon côté toyboy pour peoples.
F : C'est exactement ca, t'es une bimbo des pages people.
C : Ca me va, les people, ils se refilent leurs jouets usagés...
F : Arf... j'aimerais être un jouet usagé...
(...)
C : Je dois filer. Je te tiens au courant quand je repasse vers chez toi.
F : Bises... Clin d'oeil gauche... Mais n'oublie jamais que je suis une allumeuse.
Sounds like a game over... J'ai peut-être gâché ma fenêtre de tir, elle ne s'est peut-être jamais ouverte... Je trouverai bien une occasion d'en avoir le cœur net.