De ce que j'ai vu chez moi et chez mes amis on apprend vite à apprécier des styles de musique différents, à jouer de ce qu'ils expriment par rapport à notre état d'esprit du moment, en adéquation ou en décalage, un peu comme ce que Marymorgane décrit.
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J'ai une règle d'or: PAS DE HEAVY METAL QUAND JE CONDUIS. ça me rend impatient, malpoli avec les autres automobilistes et globalement imprudent.
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Pour la mécanique de la musique, j'ai appris un jour dans un sound system que le reggae était toujours sur un rythme de 80 battements par minutes, pile sur le rythme du coeur quand on est au repos, ce qui place l'auditeur dans un état de bien-être puisque cela s'accorde avec le rythme de son propre corps.
On peut facilement utiliser le principe pour des musiques dynamiques à 120 bpm et des musiques endiablées à 180 bpm ou plus...
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Pour répondre à la question de départ du post, j'ai plus l'impression que c'est notre style de vie et notre vision du monde qui influencent ce qu'on écoute.
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J'ai aussi remarqué un truc, pas sur le style de vie mais sur la vision de la vie: je me méfie comme de la peste des personnes qui ne supportent pas les musiques très tristes ou violentes.
Quelqu'un qui me dit "radiohead c'est cafardeux" et/ou "le heavy metal c'est de la merde c'est du bruit et puis les mecs ils ont que de la haine" ou qui déclare de manière prétentieuse "tu vois moi j'aime les trucs qui prennent pas la tête et qui donnent la pèche, tu vois, positive attitude yeah"...
En général quelqu'un qui ne supporte pas les ambiances ou sentiments négatifs dans l'art, c'est comme par hasard quelqu'un qui n'hésite pas à vomir sur ses contemporains tout ce qu'il a de négatif en lui.
C'est quasiment une question de traitement des déchets: qu'est-ce que tu fais de ta mauvaise humeur, de la merde que tu as dans le cerveau (on en a tous)? Tu l'évacues dans un coin ou tu la fous sur la gueule de tes collègues-amis-famille-âmes soeurs?
Les grecs anciens avaient déjà trouvé le principe avec leur tragédies: ils donnaient vie aux pires malheurs via le théatre et les faisaient vivre à l'audience, pour qu'elle se décharge de ses propres malheurs et de ses angoisses. C'est une vraie soupape appelée catharsis.
A côté de ça les gens qui ne s'intéressent qu'aux trucs joyeux s'en remettent totalement à la méthode coué, et bien entendu ça a ses limites. Franchement si il suffisait d'écouter Charles Trenet pour que tous nos soucis s'envolent, ça se saurait. Mais il y a des gens qui y croient et quand ça ne suffit pas

Que les spécialistes de la psychologie me corrigent si nécessaire, mais quand ça chauffe, tout le monde a un comportement soit dépressif, soit caractériel
- dépressif: tourné vers soi-même, tendance à l'introspection
- caractériel: tourné vers les autres, tendance au cassage de couilles
Avec notre rapport à la musique et à l'art en général j'ai l'impression qu'on a un indice de ces deux tendances chez chaque personne.
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Après il y a le goût artistique.
Je suis toujours choqué par la pauvreté d'esprit, la théorisation du mauvais goût qui se cache derrière cette conviction débile selon laquelle beau = agréable. On n'est pas des intellos tous les jours, la pop music et les comédies américaines commerciales c'est sympa de temps en temps, mais tout le temps putain... Alors quand on vient me démontrer que c'est comme ça et pas autrement je sors le lance-flammes. Je me suis calmé à la longue, mais à une époque je m'amusais à démonter cette idée avec ce petit syllogisme caricatural:
Le réquiem de Mozart c'est triste
La danse des canards c'est joyeux
Donc la danse des canards c'est génial et le réquiem de Mozart c'est de la merde.
Fin du débat. Merci au revoir.